Karadzic, le procès du monde entier

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François Desmond
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Message non lu par François Desmond » 03 mars 2009, 23:03:00

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LA HAYE (AFP) — L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a refusé mardi de plaider coupable ou non coupable devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, qu'il ne reconnaît pas, et le tribunal a décidé à sa place qu'il plaiderait non coupable.
"Je ne vais pas du tout plaider coupable ou non (...) ce tribunal n'a pas le droit de me juger", a déclaré Radovan Karadzic, 63 ans, qui se défend seul devant le TPI à La Haye et encourt la prison à vie.
"Je prononce donc un plaidoyer de non culpabilité à votre place sur les onze chefs d'accusation" de génocides, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, a réagi le juge britannique Iain Bonomy, conformément à la procédure, avant de lever l'audience.
Selon les statuts du TPI, les juges peuvent désormais fixer les dates des audiences de préparation du procès de M. Karadzic, qui ne devrait commencer avant plusieurs mois.
Radovan Karadzic apparaissait mardi pour la septième fois devant le TPI depuis qu'il a été arrêté le 21 juillet 2008 à Belgrade après avoir été en fuite pendant treize ans.
M. Karadzic, accusé par le procureur d'être le "cerveau" de la guerre de Bosnie, qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995, a remis en cause une nouvelle fois le droit du TPI à le juger.
"Aujourd'hui, je conteste (ce droit) sur la base de mon accord avec la communauté internationale, dont le représentant à l'époque était Richard Holbrooke", a-t-il déclaré.
Depuis son arrestation, Radovan Karadzic affirme qu'il a réussi à échapper pendant treize ans à la justice internationale grâce à un accord secret avec M. Holbrooke, négociateur américain des accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre de Bosnie en 1995.
Selon Radovan Karadzic, l'accord prévoyait que les poursuites à son encontre seraient abandonnées s'il se retirait de la vie politique et publique. M. Holbrooke a toujours nié l'existence d'un tel accord.
"Je défends un principe selon lequel on ne peut mettre fin à des guerres et signer des accords de paix par la tromperie", a affirmé M. Karadzic. Citant "un poète serbe", M. Karadzic, qui a publié plusieurs recueils de poésie pendant qu'il était en fuite, a conclu: "Mon procès devient le procès du monde entier".
M. Karadzic devait plaider mardi sur une nouvelle version de son acte d'accusation, actualisée en fonction des procès passés et des évolutions de la jurisprudence et déposée par le procureur en février. La version en vigueur au moment de son arrestation datait de 2000.
Le nouvel acte d'accusation comporte deux chefs d'accusation pour génocide, concernant le massacre de 8.000 Musulmans à Srebrenica (est de la Bosnie) en juillet 1995 et des crimes commis en Bosnie en 1992, et neuf chefs d'accusation pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, dont le siège de Sarajevo.
Il souligne que Radovan Karadzic était "la plus haute autorité civile et militaire" de la République serbe de Bosnie entre 1992 et 1996 et détaille les persécutions, exterminations, déportations, actes inhumains ou prises d'otages, commis dans 27 communes bosniaques par l'armée des Serbes de Bosnie.
Selon le procureur, il est l'un des principaux artisans d'un plan d'"expulsion définitive" des Musulmans et des Croates vivant dans des zones de Bosnie-Herzégovine convoitées par les Serbes de Bosnie, avec son ancien bras droit militaire Ratko Mladic, toujours en fuite.


AFP 03/03/2009






Karadzic, le procès du monde entier


«Chacun de nous est responsable de tout devant tous »
[ Fiodor Dostoïevski ]




« Le siècle dernier a hissé la désinformation au rang d'arme de guerre. Elle a été une auxiliaire précieuse de tous les totalitarismes dans leur ascension au pouvoir et dans la conservation de celui-ci.
Mais la désinformation, comme le fait observer Vladimir Volkoff, est une bille qui ne roule que sur un plan adéquatement incliné. Pour être désinformé, il faut y être prédisposé. Et nos sociétés fortement médiatisées présentent, de ce point de vue, toutes les dispositions requises. A la relativisation de la vérité, de la justice, de la morale, à la dégradation de la culture générale, à la simplification des faits par le filtre des médias, s'ajoute un sentimentalisme obligatoire qui conduit à une représentation toujours plus pervertie et plus influençable des réalités du monde.
Si tous les grands événements sont désormais marqués par une forte dose de mise en scène à destination des médias et de l'étranger, l'Histoire retiendra sans doute la guerre civile yougoslave comme un cas exceptionnel de manipulation médiatique et de désinformation institutionnalisée. Affirmer que tout ce qui a été diffusé à son sujet en Occident est empreint d'aveuglement ou d'hypocrisie semblerait exagéré et partisan ; pourtant, à considérer avec un peu de recul la tempête de dénonciations et d'injures soulevée autour du malheur yougoslave, on doit bien constater que ce qui devait être de l'information s'est réduit à une propagande comparable aux grandes campagnes de diabolisation qui ont accompagné et suivi les deux guerres mondiales. Avec cette différence que les journaux, cette fois-ci, n'étaient pas soumis aux ordres des Etats-majors, et que la nation sur laquelle ils s'acharnaient n'était en guerre avec aucun de leurs pays.
Les guerres récentes ont donc réactivé des théories de la propagande que l'on croyait inopérantes. Et les inquiétudes qui vont avec sur le fonctionnement des médias en régime démocratique. »




Pour avoir parcouru un certain nombre de forums parmi les plus actifs de la Grande Toile, pour y avoir publié moi-même certains posts et reçu certaines réponses, je me vois poussé aujourd'hui à formuler deux constats, sous forme de bilans, que j'aimerais provisoires:

  1. Les forums dit « politiques » ou « d'actualité » ressemblent bien davantage à des tchats et font montre d'un penchant pour les bavardages et les harangues unilignes en tous genres. La plupart du temps, les meilleurs articles, dans lesquels je ne compte pas les miens qui font office de boutades en comparaison, ne reçoivent que peu de réponses. La primeur est attribuée aux copinages : un tel a écrit ceci! C'est à se croire bien souvent tombé dans le registre d'un site de rencontre, où l'on cherche surtout à lier des amitiés, à faire connaître un pseudonyme, à dire que l'on existe et que l'on sait penser plus ou moins par soi-même.
  2. La manœuvre est le plus souvent stérile : au meilleur des cas, l'aspect encyclopédique des posts nourrissent nos convictions ou nos antipathies. On sent bien que nous prêchons des convaincus, ou que l'on affronte des ennemis obstinés. Stérile comme les débats télévisuels, ou nul ne veut admettre au grand jamais que l'autre marque des points par des analyses parfois plus justes que les siennes-propres. Rien en matière de collaboration intellectuelle, tout en matière de fierté et d'arrogance. Si j'ai raison, c'est que tu as tort!
    [/list:o]




    S'agissant du procès de Karadzic, je sais avant même d'entamer mon argumentaire que certains diront « oui cela est juste et même... »; et d'autres « absolument pas! ». Misère et vanité des partis-pris qui n'appelle pas à l'action réelle. Pour ceux qui seraient animés sincèrement de l'envie de connaître ce dossier et ses enjeux, je renvoie en fin d'article à un site complet, ne voyant pas l'utilité de gloser ce qui y est présenté exhaustivement. Car focaliser sur un aspect d'un tel événement (le Kosovo) mène tout droit à la propagande, à l'étroitesse de vue qui est si bien désignée dans l'extrait précédent, tiré de ce site, et sur lequel nombre d'entre vous retrouverons l'écho de leur propre sentiment.


    Il est clair que Radovan Karadzic ne saurait mieux dire quand il annonce que son « procès devient le procès du monde entier ». Nous le sentons bien, nous autres qui avons fait un pas de recul en dehors de l'évidence apparente des informations que veulent bien laisser filtrer nos médias. Il en était de même pour le procès Hussein, pour lequel je ne pense pas qu'il soit utile de rappeler ici l'abominable procédure et les sombres enjeux qui l'ont motivée.


    A l'intérieur même du bloc de l'Ouest, puisqu'il convient de nouveau de l'appeler ainsi, nous sommes la voix qui s'élève contre l'hypocrisie de notre propre vision axiologique du monde. Cet exercice de la raison est une fortune dont nous héritons à la faveur de l'histoire-même de la pensée « occidentale », et qui a tant de fois su renverser le cours de l'Histoire, à commencer par celle de notre propre pays. Si chaque culture a légitimement une raison d'être, la principale chose dont on a le droit de se sentir fier est la généalogie du génie humain. Oui, on peut à juste titre clamer pour soi ou devant le monde que « vive la France »! Mais que la France et son esprit vivent ne devrait pas nous inciter, comme c'est le cas, à proclamer derechef « vive la France et que la France vive partout hors de ses frontières ! ». Je dis « France », mais vous aurez compris que j'aurais tout aussi pu dire « Occident », voire « bloc de l'Ouest ». Le monde souffre déjà bien assez d'uniformité, et l'hypocrisie actuelle tient à se réclamer du respect des autres cultures, des autres philosophies de civilisations,tout en cherchant à leur imposer la nôtre. C'est ce que l'on nommait il y a deux siècles l'américanisme naissant, et qui aujourd'hui doit être appelé de son nouveau titre : l'impérialisme occidental.


    J'abandonne ici tout effort de rhétorique, il faut donner parfois la parole à son cœur et faire taire les contradictions de l'esprit. Alors, j'en appelle à ceux d'entre nous qui ne se contenteront pas de se révolter sagement derrière un poste informatique, de se livrer outrageusement à la simple critique sans un jour, quand l'occasion de montrer la portée de leurs convictions se présente, comme c'est le cas dans le procès Karadzic, montrer en quoi ces convictions sont pleinement assumées, ce qui revient à faire d'une parole un acte. Karadzic risque la prison à vie. Face à un tel tribunal, je n'hésite pas à dire que son attitude est exemplaire, et que ses paroles font échos à mes plus profondes convictions sur l'illégitimité d'un TPI auto-proclamé, rapine cynique et anachronique des vainqueurs de la seconde guerre mondiale.




    La parole citoyenne a pour vocation de générer l'action, et de constative, si les cœurs sont sincères, elle s'élance vers l'illocutoire, le pragmatique.


    Liberté pour Karadzic!




    François Desmond, fondateur du mouvement de pensée « Ni Dupe Ni Complice ».


    http://www.kosovojesrbija.fr/

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