Le NPA

Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 01 oct. 2012, 23:22:43


Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 02 oct. 2012, 23:31:11

Que la rue se fasse entendre ! 26/09 PHILIPPE POUTOU Ex-candidat à la présidentielle pour le NPA

Nous n’avons pas le choix, la rentrée sociale ne doit pas être «normale», la rue doit se faire entendre. Nous avons eu un été sans surprise : envolée des prix, montée du chômage, multiplication des plans de suppressions d’emplois ou de fermetures d’usines. Les mauvaises nouvelles s’accumulent tandis que la précarité et la pauvreté continuent de s’aggraver. Derrière les chiffres, il y a des drames humains, des gens qui souffrent. Heureusement, certains ne se résignent pas. Il y a les luttes, les résistances légitimes comme celles des salariés de Fralib ou de Sodimédical, qui durent depuis plus d’un an, celles des salariés de PSA, et la mobilisation à l’usine Ford, où je travaille.

Il y a aussi tous ceux qui s’opposent aux fermetures d’hôpitaux ou de maternités, aux suppressions d’enseignants Rased dans les écoles. Ceux qui refusent les projets néfastes pour l’environnement et la santé des populations comme à Notre-Dame-des-Landes, à Bures, à Clermont… Et puis il y a la colère dans les «banlieues» qui s’est exprimée lors des émeutes dans les quartiers populaires d’Amiens. Une colère légitime face à la brutalité de la crise, à l’humiliation et aux discriminations, face à une violence sociale marquée par la répression policière, à une république incapable d’assurer le respect pour tous. Il y en a marre de ce monde sans autre perspective que la dégradation du niveau de vie de la majorité de la population.

Marre de ce monde capitaliste qui détruit les services publics, les collectifs, la vie sociale. Marre de cette crise qui permet aux grosses fortunes de s’enrichir en exploitant les classes populaires. Il n’y a pas de fatalité, le «désordre» provient de cette organisation économique dirigée par les capitalistes et les financiers. Les choses doivent changer radicalement.

Cette année, on a réussi à régler nos comptes avec un gouvernement réactionnaire, antisocial et raciste. C’est Sarkozy et sa bande que nous avons dégagés. Mais les élections ne font pas tout. Car, à la place, le nouveau gouvernement de «gauche» mène une politique sensiblement identique. Ce gouvernement avait promis une seule chose : «Le changement, c’est maintenant !» Et bien il a déjà renié son engagement ! Les patrons continuent de fermer des usines ou de supprimer des emplois, les salaires n’augmentent pas contrairement aux prix des fruits et légumes ou des carburants, les camps des Roms continuent d’être démantelés et les sans-papiers de se faire expulser. Le changement, le vrai changement viendra d’en bas, du monde des opprimés, car nous défendrons collectivement nos emplois, nos conditions de vie et de travail, notre droit de vivre dignement et décemment.

Nous devons retrouver la confiance en nous-mêmes, dans nos propres forces. Ce n’est pas évident tant nous avons subi de reculs ces dernières années, pris des coups, tant nous avons été divisés et éparpillés. Pour cela, nous avons besoin de reconstruire les réseaux militants, recoller les morceaux du mouvement social et donc faire tomber les barrières entre les milieux militants associatifs, syndicaux et politiques.

La colère existe mais cela ne suffit pas. Il nous faut espérer à nouveau et penser que nous pouvons agir ensemble ; que le progrès social, une vie meilleure pour tous, c’est possible. Il nous faut aussi une perspective politique claire : celle de répartir les richesses entre tous, donc celle de faire payer les grosses fortunes, de combattre le capitalisme et d’imposer une économie qui réponde aux besoins des gens et non aux profits d’une minorité, une économie qui préserve notre santé et notre environnement.

Seules des solutions radicales peuvent répondre à l’urgence sociale. Concrètement, il faut stopper les délocalisations, les fermetures d’entreprises, les suppressions d’emplois, dans le privé ou dans le public. Il faut annuler la dette publique illégitime et créer un monopole public bancaire contrôlé par les salariés qui mettrait le système de crédit au service de la société. Les revenus pour tous doivent être augmentés, c’est un revenu minimum de 1 700 euros dont nous avons besoin. Enfin, il faut un service public de l’énergie qui rompt avec la logique de rentabilité et qui permette de sortir du nucléaire dans les dix ans.

Il n’y a rien à attendre du gouvernement Hollande-Ayrault, qui ne veut pas affronter les financiers et les capitalistes et qui donc ne pourra pas répondre à l’urgence sociale. C’est pour ça que l’objectif politique de cette rentrée, c’est de construire une opposition qui soir à la gauche de ce gouvernement. On n’a pas d’illusions à se faire et nous n’avons pas le droit d’attendre.

Nous avons déjà fait l’expérience de la gauche au pouvoir et nous savons comment ça peut finir. Il ne faut pas que les déceptions finissent à nouveau à favoriser le retour d’une droite dure voire d’une extrême droite. Il nous faut donc préparer une riposte unitaire, une mobilisation générale des salariés, de la population. C’est possible avec l’ensemble de la gauche de la gauche, avec les associations et les syndicats.

Le NPA est de ceux qui appellent à la manifestation unitaire du 30 septembre contre la ratification du Traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), nous sommes de ceux qui veulent préparer une marche nationale contre les licenciements ou encore reconstruire des collectifs unitaires pour l’égalité des droits et contre le racisme. Pour stopper l’austérité, la dégradation de nos conditions de vie, la montée du racisme et des discriminations, alors la rue doit se faire entendre… maintenant.

Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 04 oct. 2012, 01:08:33


Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 05 oct. 2012, 00:02:54

Crise du NPA : expliquer... parce qu’il faut re-commencer DENIS GODARD

On ne s’attardera pas ici à démontrer la crise du NPA et à comparer la dynamique de départ avec la situation actuelle. Le constat d’échec est trop sévère pour s’attarder à l’argumenter. Nous avons échoué. Mais les raisons qui nous ont conduit à créer le NPA sont toujours là. C’est surtout parce qu’il faut recommencer qu’il faut comprendre pourquoi nous avons échoué.

Une des hypothèses développées dans ce texte est que le NPA n’est pas né. Mais cela ne signifie pas que rien n’a été fait. Cette expérience nous a mis en position de mieux comprendre les enjeux au niveau desquels nous n’avons pas réussi à nous situer. Et cette expérience a aussi contribué à modifier la situation dans laquelle nous devons opérer désormais.

C’est aussi parce que nous avons essayé, pour paraphraser Daniel Bensaïd, que nous avons gagné le droit de recommencer.

Thèse 1 - L’échec c’est nous

La tentation est toujours grande de relativiser nos responsabilités par des raisons externes : la période ou bien la création du Front de Gauche qui aurait limité notre « espace ». Il faut tordre le cou à ces mauvaises explications.

Comment peut-on faire d’une période qui — excusez du peu — a vu l’éclatement au grand jour de la crise systémique du capitalisme, quantitativement le plus grand mouvement de révolte sociale depuis 1968 en France (le mouvement des retraites), les révolutions arabes, le mouvement des Indignés en Espagne et en Grèce, le mouvement Occupy aux États-Unis, la raison de l’échec [1] d’un parti... anticapitaliste ? L’inverse est vrai : c’est l’incapacité du NPA à montrer son utilité dans cette période de crise du système et de révoltes de masse qui a été facteur de crise interne.

Les revers subis par les mouvements de lutte, la progression de forces réactionnaires – et en premier lieu celle des fascistes – n’invalident pas ce constat même s’ils peuvent contribuer à changer la situation dans laquelle nous opérons. Dans les périodes de crise profonde du système, l’élément subjectif devient déterminant. Les mêmes conditions peuvent bénéficier à des forces totalement opposées selon leur capacité à prendre l’initiative, à construire des réponses adaptées... ou selon la paralysie des forces adverses à le faire.

Les mois et les années à venir ne seront pas moins explosifs. Raison de plus de tirer les bons bilans.

C’est aussi parce que nous avons essayé que nous avons gagné le droit de recommencer.

Deuxième « mauvaise » explication, le Parti de Gauche et le Front de Gauche. L’espace pour le NPA a-t-il été soudain occupé par ces nouvelles réalités politiques ? Il faudrait sans doute préciser ce qu’on entend par espace [2]. Dans tous les cas cela n’a rien à voir avec une substance inerte et manipulable. On parle d’individus conscients dont nous pensons qu’ils et elles seront les acteurs et actrices de l’émancipation collective. La naissance du PG, puis celle du FdG ont été – légèrement – postérieures à celle du NPA. La vérité est encore inverse, ces forces ont – au moins en partie – bénéficié des faiblesses du NPA. L’incapacité à construire une force « utile » pour des dizaines de milliers de syndicalistes, militantEs associatifs, jeunes des quartiers, etc... ont conduit certainEs d’entre eux et elles à reporter leurs espoirs sur le FdG, au moins temporairement [3].

Les cristallisations électorales comme les cristallisations organisationnelles sont le produit – non mécanique – des processus en œuvre de polarisation politique, de radicalisation, d’expérimentation. Ceux-ci sont encore en cours. L’échec actuel du NPA n’est pas la fin de l’histoire.

Thèse 2 - Le « Nouveau » n’est pas né

Limite ou avantage, le mérite de l’initiative de fonder le NPA revient à la LCR qui est restée la seule organisation d’une taille conséquente dans le processus de fondation et a ainsi joué le rôle de force propulsive. Il n’était pas fatal que cela empêche la construction d’un nouveau parti [4]. Mais cela donnait une responsabilité centrale aux militantEs venuEs de la LCR pour « lâcher le ballon ».

Car toute structure, toute organisation, crée son propre conservatisme dans les raisonnements comme dans les pratiques. C’est ce qui donne à une organisation la stabilité nécessaire pour tenir dans des périodes difficiles et pour résister aux pressions de l’idéologie dominante. Mais ce conservatisme, qui comporte toujours des dangers, devient un réel obstacle lorsque la situation évolue et qu’il faut changer.

La décision, prise par une grande majorité de la LCR, d’impulser la création d’un nouveau parti n’était pas nécessairement un reniement de ses combats ou de ses idées. Mais elle signifiait que l’outil LCR tel qu’il avait existé n’était plus adapté aux tâches de la période.

À la différence de l’ancien, le nouveau n’est, par définition, pas déjà écrit. Il s’élabore, se teste, s’adapte, se construit. Pour être nouveau, apprendre à être utile dans une nouvelle période, le NPA ne pouvait se construire que selon un processus continu, avec des structures limitées au départ et les plus souples possibles, laissant une large place aux nouveaux et nouvelles, aux débats et expérimentations de toutes sortes [5].

La LCR a simplement ouvert les portes de sa maison. Avec générosité certes, et là n’est pas la question, on a mis la lumière, on a même offert le café. On a parfois déplacé quelques meubles.
Or la forme et les divergences à l’origine de l’éclatement actuel du NPA dessinent une évidence : la crise du NPA a toutes les apparences d’une crise de la LCR. Les divergences portent sur des questions (les alliances avec d’autres forces de gauche et le terrain électoral) qui déchiraient la LCR depuis plus d’une décennie. Tous les courants qui se sont constitués puis se sont séparés sont issus de la LCR : Gauche Unitaire puis Convergences et Alternatives et maintenant Gauche Anticapitaliste. Toutes les plate-formes qui se sont constituées depuis la naissance du NPA sur des modes hérités de la LCR ont été animées par des ancienNEs dirigeantEs de la LCR (à l’exception de la plate-forme 4).

Ce simple constat nous indique que ce qui a dominé le « nouveau » parti est « l’ancien ». La LCR a simplement ouvert les portes de sa maison. Avec générosité certes, et là n’est pas la question : on a mis la lumière, on a même offert le café. On a parfois déplacé quelques meubles. Mais c’était la maison de la LCR, celle que les membres de la LCR connaissaient, dont ils et elles connaissaient le fonctionnement. Les autres ne pouvaient qu’y être invitéEs. Et il s’est avéré que cette maison-là n’était effectivement pas adaptée aux tâches de la nouvelle période...

Thèse 3 - Une sous-estimation de la nouveauté de la période

1 / Seulement un espace à occuper...

Il faut encore comprendre pourquoi il y a eu cette résistance au changement de la part d’une majorité des membres de la LCR. Il ne s’agissait pas de mauvaise foi. Une large majorité avait voté pour la création d’un nouveau parti. Beaucoup étaient enthousiasméEs par les débuts du processus.

Alors pourquoi ? Essentiellement parce que les raisons données – au sein de la LCR – à la nécessité de construire le NPA, ne prenaient pas en compte toute la radicalité de la nouveauté de la période.

Du coup la conscience réelle de la nécessité de laisser le nouveau s’exprimer restait superficielle. Le strabisme, un œil vers le nouveau et un œil vers l’ancien, est un lourd handicap lorsqu’il s’agit de s’orienter.

Dans les analyses dominantes de la LCR, ce qui ouvrait une période nouvelle c’était fondamentalement « l’effondrement de l’URSS et des pays de l’Est combiné à la globalisation capitaliste néo-libérale » [6] : la fin d’un cycle né en 1917. De la crise des partis communistes et l’évolution néo-libérale de la gauche social-démocrate qui en découlaient, l’analyse déduisait donc l’idée qu’un espace s’ouvrait « à occuper ».

Mais dans tout cela on restait dans la problématique (par ailleurs étrange même si la formule frappait l’imagination), de plus en plus énoncée dans la LCR, celle des « révolutionnaires sans révolution », c’est-à-dire « sans horizon révolutionnaire immédiat » [7].

De la crise des partis communistes et l’évolution néo-libérale de la gauche social-démocrate, l’analyse déduisait donc l’idée qu’un espace s’ouvrait « à occuper ».
Ainsi ce qui importait principalement dans la fondation du nouveau parti étaient les délimitations programmatiques devant simplement être un peu plus larges que l’ancien afin d’attirer une partie des orphelinEs des partis traditionnels tout en restant dans une radicalité permettant le maintien, pour l’avenir, de perspectives révolutionnaires.

Cette conception consistant à ouvrir un peu la LCR programmatiquement ne pouvait conduire parallèlement, pour la majorité des membres de la LCR qu’à ouvrir un peu la LCR organisationnellement.

2 / ... ou un bouleversement plus radical ?

Dans cette analyse de la nouveauté de la période deux éléments sont restés marginaux, la crise systémique du capitalisme et surtout le retour des luttes de masse et d’une conscience anticapitaliste.

La crise systémique du capitalisme induit que nous parlons bien d’une nouvelle période de développement, sur la durée, de toutes les contradictions internes au système. Celles-ci ne pourront se résoudre qu’au travers d’une succession de crises politiques et de confrontations de grande ampleur.

En quoi cela est-il important ?

C’est au travers des expériences concrètes faites dans ce processus de crise et de confrontation que notre classe (au sens large) peut, à une échelle de masse, acquérir les niveaux de conscience et d’organisation la rendant apte à une transformation révolutionnaire. Et c’est dans ces expériences que seront mises à l’épreuve les différentes stratégies « partisanes ».

Pour ne prendre qu’un exemple actuel [8], durant les premiers mois qui ont suivi la chute de Moubarak en Égypte, les quelques révolutionnaires qui osaient critiquer l’armée étaient totalement marginaliséEs sur cette question. Un an plus tard leur position sur ce point est plus largement reprise et leur audience s’est développée, notamment dans la jeunesse.

L’autre élément déterminant est le retour de luttes de masse, les grèves de l’hiver 1995 en France, les révoltes de masse en Indonésie et en Corée du Sud, Seattle en 1999 et l’émergence d’un mouvement altermondialiste, les contre-sommets et forums sociaux, le mouvement mondial contre la guerre en Irak (pour ne prendre que des exemples qui précèdent le lancement du NPA)...

Dans ce processus dynamique a resurgi une critique globale du système, la conscience, au moins embryonnaire, que dans toutes les luttes spécifiques se joue une logique d’ensemble, que c’est un système qu’il faut combattre. Cela s’est exprimé d’autant plus fortement que l’hégémonie idéologique du modèle néo-libéral s’est effondrée avec la crise. Et une génération de dizaines de milliers d’activistes s’est forgée depuis maintenant près de quinze ans sur la base de ces expériences.

3 / De la propagande à la stratégie comme cœur du nouveau parti

Ce n’est donc pas un espace figé qu’il y aurait à combler. Ce sont des possibilités radicalement différentes qui s’ouvrent dans le combat pour une autre société.

Ce qui rend nécessaire et possible un nouveau parti, c’est la conjonction entre une période susceptible d’entraîner des millions d’individus dans l’action et l’émergence de dizaines de milliers d’activistes au sein de différents fronts du mouvement qui en sont la direction pratique, au jour le jour.

Sans eux et sans elle les centaines de conflits dans les entreprises chaque année seraient impossibles tout comme les mouvements généralisés, grèves et manifestations de masse (retraites, CPE, antiguerre...). Tout comme seraient impossibles le maintien héroïque de la lutte des sans-papiers, la mobilisation autour de la Palestine, les luttes contre le nucléaire ou des luttes locales comme celle menée contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, la lutte dans les quartiers, etc...

C’est ce qui fonde l’objectif d’une force qui les regroupe et les coordonne pour élaborer une stratégie d’ensemble permettant au mouvement d’obtenir des victoires et donner une perspective d’émancipation collective.

Une génération de dizaines de milliers d’activistes s’est forgée depuis maintenant près de quinze ans.
Les militantEs révolutionnaires seraient bien entendu tout désignéEs pour jouer un rôle dans ce processus. Mais cela nécessite, de leur part, une véritable révolution « culturelle » pour se mettre à la hauteur de la tâche car il faut rompre avec des raisonnements et des manières de fonctionner cultivées pendant des décennies de marginalisation de l’extrême-gauche, de « révolutionnaires sans révolution ». Il faut passer de « l’arme de la critique à la critique des armes » et ne pas sous-estimer le bouleversement que cela induit, dans la pratique comme dans la théorie, arrêter de se cantonner au propagandisme, au culte du « bon » programme, à l’incantation « à la grève générale » et à la critique des directions traditionnelles comme seule politique possible.

C’est cette révolution culturelle que nous n’avons pas réussi à accomplir : passer de la propagande défendue en extériorité vis-à-vis du mouvement à la stratégie élaborée au sein du mouvement. Elle exige non seulement une conscience des enjeux mais aussi de s’appuyer sur les milliers d’activistes du mouvement pour commencer à créer une nouvelle culture révolutionnaire, élaborant progressivement sur la base de nos expériences communes tout comme des acquis de la tradition révolutionnaire une stratégie capable d’entraîner l’ensemble du mouvement, reposant et reformulant les grands débats et le projet d’émancipation.

Thèse 4 - Le parti est resté extérieur aux préoccupations des activistes

1 / Parti des luttes... ou des élections ?

Malgré ce qui était annoncé, le NPA n’a jamais été conçu comme un parti des luttes, un parti du mouvement. Sur la lancée des résultats électoraux obtenus par Olivier Besancenot, il a fonctionné essentiellement comme débouché électoral. Rappelons-nous que sa fondation a d’ailleurs été précipitée pour pouvoir présenter des candidatEs aux élections européennes comme premier acte public à l’échelle nationale.

Pour des débats et des déchirements incessants (et sans issue !) sur la tactique électorale et des ressources nationales principalement investies dans les campagnes électorales, combien de discussions sur notre intervention dans les syndicats, la construction d’un mouvement antiraciste ou d’un mouvement contre la dette, la défense des services publics, la solidarité concrète avec les révolutions arabes ? Combien de débats et d’échanges d’expériences sur le développement des luttes dans nos quartiers ? Combien de ressources mises dans la construction, par tout le parti, d’échéances comme les contre-sommets de Copenhague, de Strasbourg ou de Francfort, la marche des sans-papiers, des collectifs contre la dette, etc... Sans parler de thématiques comme la répression ou le Front national, des nouveaux modes de mobilisation... et de fonctionnement.

2 / La politique à l’extérieur du mouvement

Cette orientation trouve ses racines dans une théorisation de l’autonomie du mouvement social non remise en cause et non discutée à la fondation du NPA. Dans la nouvelle période, cette théorie est devenue celle de la dépolitisation du mouvement.

Avec un mouvement en reflux dans les années 1980, dominé par des luttes défensives face aux profondes restructurations du capitalisme néo-libéral, les expériences concrètes des potentialités émancipatrices du mouvement de lutte se sont considérablement réduites. Cela a favorisé la séparation entre le terrain des luttes « sociales » et le terrain de la lutte « politique ». Cette séparation se concrétisera par l’apparition du terme de « mouvement social », englobant luttes et associations, opposé au champ politique réduit à l’affrontement entre partis, essentiellement sur le terrain électoral.

Cela aura des conséquences sur la LCR qui va revendiquer « l’autonomie du mouvement social ». Pour comprendre comment une telle conception a pu se développer il faut ajouter qu’elle a été nourrie et encouragée par une critique fondamentalement saine de la tradition développée par les partis traditionnels (et en premier lieu le Parti Communiste) d’une instrumentalisation du mouvement (syndical comme associatif) passant du statut de sujet de l’émancipation à celui d’objet des stratégies des partis.

Il faut passer de « l’arme de la critique à la critique des armes » et ne pas sous-estimer le bouleversement que cela induit, dans la pratique comme dans la théorie.

Au nom de cette conception les membres de la LCR vont de plus en plus intervenir de manière individuelle au sein des mouvements y jouant parfois un rôle clef et les nourrissant de leurs conceptions générales. Mais la stratégie à y défendre sera de moins en moins discutée au sein du parti et testée collectivement. Progressivement les conséquences seront profondes sur le fonctionnement du parti lui-même : une séparation s’institue entre les membres les plus impliquéEs dans les mouvements et ceux et celles qui animent le parti, sélectionnant des dirigeantEs du parti peu liéEs à la pression du mouvement, aux questions qu’il soulève et à la nécessité d’élaboration stratégique qu’il impose. Inversement cela accentue la tendance « pragmatique » des militantEs fortement impliquéEs dans des mouvements largement défensifs et spécifiques.

Dernière conséquence pour le parti : délaissant de plus en plus les discussions sur les questions soulevées par le mouvement, son champ d’intervention devient de plus en plus celui du positionnement vis-à-vis des autres partis sur le programme. Cela se traduira par une importance de plus en plus centrale donnée aux élections.

3 / Faire de la politique au sein du mouvement

Alors que le NPA naissait du développement de mouvements de masse, cette conception a, de fait, continué à dominer ses orientations et ses pratiques. Elle ne permet ni de répondre aux exigences de mouvements confrontés en permanence à la question de la logique d’ensemble du système ni de convaincre des activistes entraînéEs alors dans un champ extérieur à celui où ils et elles interviennent.

Oui à l’autonomie du mouvement mais il faut la penser jusqu’au bout : c’est le mouvement qui transforme la société, pas des individus élus ni des partis. Ou dit autrement : la transformation révolutionnaire de la société ne peut être l’œuvre que du mouvement de la majorité des exploitéEs et oppriméEs.

Cela ne signifie donc pas une autonomie du mouvement vis-à-vis de la politique mais que le mouvement lui-même évolue pour devenir politique. Politique au sens où il devient lui-même l’alternative [9], où il lutte pour le pouvoir, non en visant à substituer ses propres représentantEs à ceux et celles qui sont à la tête des institutions existantes, mais en visant à substituer ses propres formes collectives de pouvoir aux institutions existantes – en commençant à les construire dans les confrontations.

Cela ne signifie donc pas que le mouvement doit être séparé des partis mais que ceux-ci doivent prouver la validité de ce qu’ils défendent au sein du mouvement lui-même – et par ailleurs qu’ils ne pourront prouver cette validité qu’en comprenant et respectant les rythmes propres du mouvement et en élaborant une stratégie utile pour le mouvement.

Il en découle qu’une stratégie révolutionnaire est une stratégie qui apprend à défendre comment, au travers de toutes les expériences de la lutte de classe, sur tous les terrains (y compris électoral), le mouvement peut devenir politique – plutôt que théoriser une séparation entre mouvement social et mouvement politique.

D’où le fait que le parti n’invente pas cette stratégie de l’extérieur. Celle-ci devrait d’abord consister à favoriser la généralisation d’expériences et de dynamiques issues du mouvement lui-même : il suffit de regarder comment des exemples aussi différents que les Indignés, Occupy, les révolutions arabes, les occupations d’entreprises, les mouvements de refus de payer posent – au moins de manière embryonnaire – la question d’un autre pouvoir, d’une démocratie réelle et sont – en positif – l’expression de la défiance envers les institutions existantes telle qu’elle s’exprime aussi par l’abstention aux élections, le rejet des médias dominants ou les révoltes des quartiers qui cassent ce qui est identifié aux « institutions de la société ».

Thèse 5 - Des conceptions figées et imposées de l’extérieur au détriment de l’élaboration stratégique

1 / « Nos réponses à la crise » : la discussion stratégique avortée

La conception qui a dominé le NPA c’est que le « bon » programme (et les bonnes revendications) peut être apporté de l’extérieur du mouvement par le parti. D’où l’importance donnée aux élections comme manière de s’adresser à une audience de masse. D’où l’importance accordée aux délimitations programmatiques permettant de différencier entre les vrais anticapitalistes et les directions « traîtres ».

Si un programme est nécessaire ce devrait être un programme qui combine objectifs et moyens de les atteindre, un guide pour l’action. Ce ne peut être un programme « parfait » et figé sortant de la tête de quelques révolutionnaires, il doit être modifié en fonction des expériences faites et des évolutions. Le développement d’un tel programme est donc indissociable du développement du mouvement lui-même et de débats sur les expériences faites et les questions soulevées.

De ce point de vue rien n’est sans doute plus révélateur de l’échec du NPA que le texte « Nos réponses à la crise » voté lors du premier congrès. Ce texte aurait pu ouvrir un débat sur ce que serait une stratégie anticapitaliste dans une période de crise profonde et de luttes de masse.

Si on a discuté de la nature des revendications il a été impossible de faire avancer la discussion sur les moyens par lesquels ces revendications pourraient être mises en œuvre par le mouvement.
Mais la discussion est restée cantonnée à un contenu programmatique, une liste de revendications, pas assez radicales pour les uns et trop pour les autres tous et toutes obsédéEs par les délimitations à établir ou à ne pas établir avec le Front de Gauche.

Soyons clairs, la référence plus ou moins implicite pour beaucoup de camarades dans ce débat c’était le Programme de transition défendu par Trotsky en 1938 [10]. On ne discutera pas ici de la validité de cette référence. Ce qui frappe pourtant quand on reprend le programme de transition tel qu’il a été défendu par Trotsky c’est son côté programme d’action combinant à chaque revendication une forme d’organisation adaptée (renforcement et lutte au sein des syndicats + comités d’usine pour l’ouverture des comptes et le contrôle ouvrier, piquets de grève et milice ouvrières pour l’armement du prolétariat, conseils regroupant sur une base géographique les comités d’usine et les organisations de quartier pour le gouvernement ouvrier et paysan).

Cette articulation des revendications avec des formes d’organisation spécifiques du mouvement est exactement ce qui manque dans « Nos réponses à la crise ». Et si on a beaucoup discuté autour de la nature des revendications (réformistes ou révolutionnaires ?) il a été impossible de faire avancer la discussion sur les moyens par lesquels ces revendications pourraient être mises en œuvre par le mouvement.

2 / Pas besoin d’analyse concrète ?

L’absence de préoccupation stratégique – c’est-à-dire de répondre au « comment ? » – amène à une absence de préoccupation dans l’analyse concrète de la réalité. Cela a conduit à l’absence d’analyse d’un cycle long d’évolution (et donc de recomposition) de l’organisation capitaliste de la production, de la déstructuration de la classe ouvrière traditionnelle et de la reconstruction d’une nouvelle composition de classe.

C’est pourtant aussi la reconfiguration de la réalité de notre classe qui a mis en crise les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier. Y-a-il un sujet révolutionnaire privilégié ? Doit-on encore raisonner sur l’existence de secteurs productifs stratégiques ?

À supposer que oui, sont-ils les mêmes qu’il y a vingt ou trente ans ? Faut-il raisonner l’organisation des luttes de travailleurs par profession, par entreprise ou par secteur géographique ? Le développement des migrations et la féminisation ne modifient-elles pas l’articulation entre luttes contre les discriminations et luttes au sein même des entreprises ? L’éclatement des unités de production et des statuts, le développement de la précarité et le développement des services ne doivent-ils pas conduire à une évolution sur le rôle et les modalités des luttes de quartier ? Ces interrogations – mais on pourrait en citer d’autres – ont été absentes dans la construction du NPA. Sans parler des évolutions de l’État ou de l’impérialisme, du rôle des médias, des réseaux sociaux...

Y-a-il un sujet révolutionnaire privilégié ? Doit-on encore raisonner sur l’existence de secteurs productifs stratégiques ? À supposer que oui, sont-ils les mêmes qu’il y a vingt ou trente ans ?

Il s’agit bien de reconstruire un nouveau mouvement ouvrier capable de développer des stratégies et des formes d’organisation qui correspondent aux réalités nouvelles de la composition de classe. Cela doit se combiner aux résistances aux restructurations du capital de la part des anciens secteurs où les anciennes organisations sont toujours les plus implantées. C’est dans ces termes que devrait se poser l’articulation plutôt que dans l’alternative entre reconstruction et recomposition.

Thèse 6 - On est révolutionnaire ou on le devient ?

Un parti ne peut élaborer une stratégie si ses membres ne sont pas impliquéEs dans le mouvement de différentes manières. Cela marche aussi dans l’autre sens : c’est au travers des débats nécessaires à cette élaboration et des tests faits au sein du mouvement que se forge une « nouvelle » conscience révolutionnaire collective parmi les membres du parti, et que peuvent être modifiées, enrichies, critiquées les conceptions antérieures.

Cela nécessite de rompre avec une conception de la théorie révolutionnaire émergeant toute faite de la cuisse de Jupiter (ou de celle de dirigeantEs de plate-formes) et, en miroir, une conception erronée du réformisme comme simple « manipulation des consciences ». On ne peut réduire l’emprise du réformisme à la trahison de directions « traîtres » de masses débiles qui se laisseraient abuser et auxquelles il faudrait révéler la vérité.

Le réformisme est le produit d’une conscience contradictoire produite par une expérience contradictoire. D’un côté l’expérience incorporée de la domination (exploitation et oppressions) et de la concurrence qui favorise le sentiment d’impuissance et fait apparaître comme réaliste l’idée que seulEs des éluEs peuvent améliorer les choses. De l’autre l’expérience des résistances à cette domination qui non seulement brise le carcan du chacun pour soi, recrée des solidarités mais aussi remet en cause le pouvoir du patron et la neutralité de l’État.

Il faut rompre avec une conception de la théorie révolutionnaire émergeant toute faite de la cuisse de Jupiter (ou de celle de dirigeantEs de plate-formes) et, en miroir, une conception du réformisme comme simple « manipulation des consciences ».
Ceci signifie que le réformisme ne peut être combattu uniquement sur le plan de l’idéologie (de manière propagandiste). Le retour de mouvements de lutte de masse, leurs expériences, leurs avancées comme leurs échecs sont la base d’une évolution des consciences à une échelle de masse. À condition de comprendre que cette évolution est elle-même processus. Il n’y a pas de tout ou rien ni au niveau individuel ni au niveau collectif dans l’évolution d’une conscience réformiste à une conscience révolutionnaire.

Lutter contre l’emprise du réformisme et développer une conscience révolutionnaire sont des phénomènes joints qui ne peuvent avancer par des proclamations ou des procès d’intention mais par des démonstrations concrètes pour favoriser toutes les expériences qui démontrent pratiquement la force collective que nous pouvons avoir et la supériorité d’une stratégie qui repose sur celle-ci vis-à-vis des stratégies institutionnelles.

Thèse 7 - On ne peut pas bricoler, il faut refonder

1 / Toujours possible... et nécessaire

La tâche de construire est toujours devant nous. L’audience gagnée par le Front de Gauche a montré la disponibilité de centaines de milliers de jeunes et de travailleurs à une perspective politique et radicale. Pris dans le carcan d’un cartel d’organisations dont les principales n’ont pas comme objectif l’auto-organisation et le développement de contre-pouvoirs mais un débouché institutionnel, le Front de Gauche ne peut-être le creuset de la force à construire. En dehors de ces organisations, dans la jeunesse, dans les quartiers, des luttes se mènent, souvent fragmentées.

La nature de la période rend non seulement encore possible la construction d’une force anticapitaliste, elle la rend plus que jamais nécessaire. Hors de la coordination des activistes du mouvement et de l’élaboration progressive d’une stratégie anticapitaliste les victoires deviennent de plus en plus difficiles pour des luttes spécifiques comme l’ont démontré notamment le mouvement sur les retraites, la lutte antiraciste ou le mouvement antiguerre.

Hors d’une perspective de transformation globale, d’émancipation, triompheront des « solutions » réactionnaires. Nous devons donc réessayer.
Lors du mouvement de défense des retraites, la stratégie des directions syndicales n’a pu l’emporter que par défaut parce qu’il n’existait pas une force rassemblant les dizaines de milliers de syndicalistes radicaux et radicales dans tous les secteurs et les régions, respectéEs par leurs collègues, ayant favorisé le développement de sections syndicales combatives voire la formation de comités de base, reliéEs à des jeunes dans la majorité des facs et des lycées, à des militantEs capables d’organiser le soutien des quartiers et proposant une stratégie alternative aux directions syndicales en généralisant les meilleures des expériences.

Dit autrement, des victoires, y compris partielles, exigent que soient proposées largement au mouvement des stratégies de confrontation avec la logique même du système et le développement de formes d’organisations de base et de contre-pouvoirs.

Mais c’est aussi à cause de la tendance générale actuelle du système qu’une force anticapitaliste est nécessaire. Hors d’une perspective de transformation globale, d’émancipation, triompheront des « solutions » réactionnaires. Nous devons donc réessayer.

2 / Refonder, le dire et le faire

Nous ne devons pas avoir honte de notre échec. Nous avons toutes et tous le mérite d’avoir essayé. Mais l’échec est là, il a démoralisé des milliers de militantEs et développé la défiance à une échelle encore plus grande.

Nous devons donc dire publiquement que nous avons échoué, c’est une des conditions nécessaires pour pouvoir être entendu dans notre volonté de réessayer. L’autre condition nécessaire est de dire que nous ne voulons pas rafistoler ce qui n’a pas marché mais que nous appelons à une refondation radicale du NPA.

Ces conditions, nécessaires pour être entenduEs, ne seront cependant pas suffisantes. Nous ne demandons pas à être cruEs sur parole. On nous jugera sur les actes. Et cela ne peut être différé.

3 / Par où commencer ?

Le nouveau parti ne se proclamera pas, ni dans son fonctionnement, ni dans son programme. Alors que les défections ont mis en difficulté les différentes structures du parti, des comités aux structures nationales (commissions, presse, CPN, CE...) nous devrions « profiter » de cette situation de relative vacance pour relancer un processus de fondation sur la base des comités locaux – les structures nationales se contentant, au moins temporairement, de « gérer » les affaires courantes.

De véritables comités de refondation devraient être autonomes – en ce qui concerne leur implication locale, leur type de fonctionnement, l’organisation de leurs débats – et coordonnés pour les campagnes nationales sur lesquelles ils s’accordent et les débats ayant trait à la refondation du parti. Ces comités devraient être des structures totalement ouvertes sur l’extérieur, favorisant notamment la participation aux réunions d’activistes du mouvement, même si ils et elles ne rejoignent pas le parti. À tous les niveaux nous devrions aussi favoriser des cadres de débats entre militantEs de différents partis de la gauche radicale.

Nous ne demandons pas à être cruEs sur parole. on nous jugera sur les actes. Et cela ne peut être différé.
De manière au moins transitoire le journal pourrait servir principalement d’organe de liaison entre les comités : échos des différentes expériences faites par les comités, agenda des mobilisations, réunions, événements militants, contributions au débat, etc...

Le pivot de ce processus devrait être l’implication dans le mouvement et l’élaboration de notre stratégie comme base des échanges d’expériences et base des débats, y compris théoriques. De ce point de vue, le développement des campagnes contre l’austérité et la dette – liées aussi bien au refus des plans de licenciements qu’à la solidarité internationale – et la lutte contre le développement du racisme et de l’extrême-droite devraient être des axes dominants de nos activités.

Conclusion

Rien ne serait sans doute pire que de faire du congrès du NPA qui s’annonce un faux semblant. Le processus qui mène à ce congrès doit déjà faire partie intégrante du processus plus général de refondation : en ne se limitant pas au débat interne mais en favorisant des débats ouverts avec l’extérieur sur tous les sujets et à tous niveaux, en lançant des chantiers prioritaires sur notre stratégie et notre fonctionnement sans exclure les débats plus théoriques (rôle du lien entre capital-travail, mouvement et institutions, oppression-exploitation...).

Ce processus sera vivant s’il prend comme base l’activité menée au sein des mouvements, les expérimentations faites par les différents comités et s’il ne prétend pas trancher à l’avance des débats ouverts.

En ce sens la préparation de ce congrès doit être conçue comme processus re-constituant à partir de contributions qui font des allers-retours dans les comités plutôt que de plate-formes constituées « au sommet » sur lesquelles devraient de positionner les membres du parti. Le congrès lui-même devra être conçu non comme une fin (de processus) mais une étape : le parti à construire devrait lui-même être conçu comme un parti-processus, un parti-expérimentation.

Enfin, dès ce congrès, la jeunesse doit être réintégrée au sein du parti, de ses comités, de ses expériences, de ses débats non comme corps séparé, mais comme cœur de son activité voire même comme moteur. C’est aussi la condition pour construire un parti d’avenir, un parti mouvement, un nouveau parti anticapitaliste. ■

Notes

[1] Il est vrai que des événements de telle ampleur peuvent être facteur de crises internes. En effet leur nouveauté et leur ampleur devraient créer de nombreux débats pour les analyser et élaborer des réponses à la hauteur dans toute organisation digne de ce nom. C’est même au travers de ces débats et des tentatives pour intervenir concrètement qu’un nouveau parti se forgera. Tout le monde conviendra que ce n’est pas de cela dont a souffert le NPA, hélas ! Nous parlons donc bien ici d’un échec.

[2] Pour plus de développements sur cette question « d’espace à occuper » voir ma réponse à un débat entre François Sabado et Alex Callinicos dès la fondation du NPA. Mais cette réponse elle-même est datée et montre ce qu’a apporté l’expérience du NPA, malgré l’échec : elle reste largement en deçà de la conscience des bouleversements à apporter dans l’approche de nos tâches. Cf les thèses suivantes.

[3] Et disons-le directement, le FdG a, sur le terrain électoral du moins, mieux saisi « l’air du temps » que le NPA : radicalité des discours de Mélenchon, appel à une campagne « participative » et reprise de modes de mobilisation comme les occupations de place... Mais, et ce sera un problème pour les camarades qui rejoignent le FdG, sa capacité à « capitaliser » l’audience électorale en force militante reste encore largement à prouver. Pour ma part je pense qu’il y a trop d’obstacles pour cela : force du PCF qui s’opposera à une « maison commune », focalisation sur les institutions, tensions entre les différentes forces...

[4] Cf Francis Sitel, « Nouveau Parti Anticapitaliste, espoirs et pièges » in Critique Communiste n°187, juin 2008. Pour Francis Sitel, qui connaissait bien la maison, la création d’un nouveau parti à partir uniquement de la LCR comme force organisée était dangereuse. Beaucoup de ses arguments sont intéressants. Le problème est qu’on ne part pas de ce qu’on rêverait d’avoir mais de ce qui est. Et que c’est à partir de cela qu’il faut trouver les solutions. À défaut on cherche des raccourcis. Francis Sitel a quitté le NPA dès sa fondation, avec la Gauche Unitaire. En rejoignant immédiatement le Front de Gauche elle a sûrement gagné des postes. Mais son évolution politique est telle que la Gauche Anticapitaliste l’oublie souvent dans les courants qui pourraient constituer un pôle anticapitaliste dans le FdG. Comme un avertissement pour la GA ?

[5] C’est ce qui me rend critique vis-à-vis des démarches axées principalement sur la critique du NPA en termes de fonctionnement et qui cherchent des solutions sur ce même terrain pour le relancer. Ces critiques sont importantes mais il me semble qu’elles manquent le principal et peuvent aboutir à des conséquences dangereuses : échanger des règles de fonctionnement contre d’autres, aussi figées, conduirait à court-circuiter la nature de processus, d’apprentissage, d’expérimentation... et donc ni à trouver les modes de fonctionnement adaptés ni à continuer d’impliquer de nouveaux et nouvelles activistes. À ce stade du moins, s’il devait y avoir une règle fondamentale ce devrait être la souplesse.

[6] Hélène Adam, Daniel Bensaïd, François Coustal, Léon Crémieux, Jacqueline Guillotin, Samuel Johsua, Alain Krivine, Olivier Martin, Christine Poupin, Pierre Rousset, François Sabado, Roseline Vachetta, De la LCR au NPA, http://www.preavis.org/breche-numerique ... e1155.html

[7] Samy Johsua, « Mélanges stratégiques », Que faire ? n° 5 (première série). Il en déduit notamment : « Hors période révolutionnaire, il est impossible d’avoir un parti populaire de masse (ou quelque chose qui s’en rapproche un peu) sans base institutionnelle ».

[8] Tous les processus révolutionnaires de l’histoire sont fascinants à étudier de ce point de vue, de 1848 en France à la révolution des œillets au Portugal en passant par la révolution russe de 1917 ou la révolution iranienne de 1979. Les échecs sont bien plus liés à l’incapacité des processus révolutionnaires à disposer de partis à la hauteur des enjeux qu’au manque de détermination et de radicalité des mouvements. Mais il est vrai que dans l’analyse historique il est plus facile d’en déduire que les « masses » ne sont pas assez ceci ou assez cela. Première manière de se dégager des responsabilités. L’autre manière étant de faire porter le chapeau aux directions « traîtres » de la classe. Confortable certes... mais pas très efficace pour donner une perspective.

[9] Pour une idée de ce qu’on entend par mouvement politique cf « Qu’est-ce qu’on veut : Tout ! », Que Faire ? n°8.

[10] Léon Trotsky, Programme de transition

Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 06 oct. 2012, 00:59:40


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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 06 oct. 2012, 20:03:46

FRONT DE GAUCHE, OPPOSANT OU PAS, IL FAUT CHOISIR Yvan Lemaitre Hebdo Tout est à nous ! 164 (04/10/12)

Interrogé récemment, sur France 2, sur son attitude à l’égard du gouvernement, Jean-Luc Mélenchon répondait : « Opposant, non. Ce que je rejette dans ce mot, ce n’est pas la conflictualité avec les socio-libéraux, je l’assume. Mais le statut d’opposant signifie qu’on a perdu, or nous somme les ayants droit de la victoire. Le chef de l’État a donné rendez-vous dans deux ans. D’ici là, notre devoir est de dire qu’on peut faire autrement. » Se définir comme une opposition à la politique de la gauche libérale signifierait que l’on a perdu. Étrange raisonnement. « Moi, ce que je veux propager, c’est un état d’esprit optimiste, dire qu’on n’est pas condamnés. » Oui, les salariés, la population ne sont pas condamnés à subir... la politique du gouvernement. Oui, nous sommes optimistes, c’est-à-dire confiants dans leur capacité à s’opposer à cette politique... sans attendre deux ans ! Sans respecter cette date, véritable miroir aux alouettes, sauf qu’elle correspond aux élections municipales !

Sans attendre, combattre l’austérité

Virer Sarkozy était une étape pour commencer à mettre un coup d’arrêt à la politique d’austérité et l’offensive réactionnaire qui l’accompagne et la justifie. Maintenant, alors que Hollande marche dans les pas de son prédécesseur, il nous faut sans attendre aller de l’avant. Les faux-semblants ne font que semer la confusion dans les esprits. Il est quelque peu hypocrite de dire que la manifestation du 30 est « une manifestation d’opposition aux politiques d’austérité » pour se refuser à la qualifier de manifestation d’opposition au gouvernement ! Comme de se contenter de reprocher à Hollande « que d’une manière générale, il a une vision très comptable et fataliste de l’action économique », à propos de l’engagement de ce dernier à inverser la courbe du chômage en un an. « Mais personne n’y croit. Comment pouvez-vous retourner la courbe du chômage en contractant l’activité ? », ajoute Mélenchon pour souligner, la France est « en train d’entrer dans un cercle vicieux ». Et il faudrait attendre deux ans ! Et attendre quoi ? Les résultats des élections municipales, le développement de la crise politique que la discussion sur le pacte budgétaire a révélée ? C’est bien là l’objectif du Front de Gauche en espérant que se constituera à l’Assemblée nationale « une majorité alternative » avec les Verts et la gauche du PS. Les résistances et les luttes contre les plans sociaux ne peuvent être conditionnées à on ne sait quelle tactique parlementaire. Les travailleurs n’ont aucune raison d’attendre pour s’opposer à la politique d’Hollande-Ayrault qui se plient aux exigences des banques et des patrons.

L’heure est à la construction d’une opposition de gauche à ce gouvernement. Nous y invitons le Front de Gauche. Il ne peut y avoir d’issue à la crise sans que les travailleurs et la population imposent leur gouvernement qui garantisse un emploi et un revenu, rompent avec les politiques d’austérité, annule la dette, socialise les banques en créant un service public bancaire unique et s’adresse à l’ensemble des peuples pour construire une autre Europe. Une telle politique ne se construira pas dans les calculs parlementaires mais au cœur des mobilisations.

Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 07 oct. 2012, 15:15:58


Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 08 oct. 2012, 21:33:15

En réponse à la "lettre ouverte" adressée par des militants du NPA à la Gauche Anticapitaliste
Remettre l’ouvrage sur le métier autant que nécessaire Sophie Agso ; Christophe Armen ; Charles Aubin ; Laurent Guindé 95 ; Samy Johsua

Trois camarades du NPA ont adressé une « Lettre ouverte » aux signataires (de la GA) d’une tribune dans Médiapart intitulée « Pourquoi nous allons rejoindre le Front de Gauche ». Il faut s’en féliciter puisque la preuve est ainsi apportée qu’existe une volonté de débat, de confrontation et surtout de conviction réciproque. Existent en effet des références anciennes ou plus récentes qui posent certains principes de départ communs. Éliminons de suite un faux débat d’orthodoxie qui vaudrait mesurer qui est le « véritable dépositaire » de ces principes. Tout le monde l’est par définition, sauf à les renier explicitement. Et d’ailleurs cela va au-delà des signataires de la lettre ouverte ou de la tribune de Médiapart pour s’élargir à des strates encore plus larges.

Principes communs ; et pourtant des divergences suffisamment sérieuses pour qu’elles aient conduit à une séparation. Il convient alors de savoir si sont en cause les principes eux-mêmes. Ou alors seulement leur interprétation à partir d’une analyse de période, voire de données plus conjoncturelles. Vous dîtes : « Nous estimons quant à nous que l’orientation que nous défendons au sein du NPA est dans la suite logique de la création de ce parti, et que votre choix de rejoindre le front de gauche est une rupture dans notre histoire militante : l’animation d’une organisation indépendante, révolutionnaire avec la LCR, puis anticapitaliste avec le NPA, qui défende les réponses anticapitalistes à la crise tout en proposant l’unité d’action la plus large en permanence, ouverte aux différentes formes de radicalisation qui apparaissent, et qui soit insérée dans tous les mouvements sociaux. » Vous l’estimez, de plein droit. Permettez cependant qu’un avis différent et circonstancié aille en sens contraire. Pour engager cette discussion avec profit peut-être faut-il se départir des certitudes trempées dans le béton, d’analyse hâtives et de jugements définitifs. Peut-être la « Lettre ouverte » laisse t-elle trop peu de place à des interrogations pourtant indispensables. Et peut-être que trop de fermeture dans l’abord de ces questions (fermeture directement opposée à « notre histoire militante » vous en conviendrez) les tue dans l’œuf avant même qu’elles aient pu mûrir. Inutilement d’ailleurs : les faits sont têtus en la matière comme ailleurs, et les questions fondamentales qu’on écarte par la porte reviendront par la fenêtre.

On va venir à ce qui préoccupe les camarades qu’on peut résumer en deux questions : le choix du FG (et auparavant l’analyse de ce qu’il représente dans la période) ; la nécessité d’un parti révolutionnaire indépendant. La seconde encore plus importante que la première, mais toutes les deux à discuter. Nous allons poursuivre le débat sans chercher absolument à répondre point par point, mais en se contentant de qui est essentiel. En sachant de plus que décider ce qui l’est, essentiel, est aussi partie prenante du débat.

Mais auparavant qu’on nous permette d’ajouter d’autres questions dans cet échange, à nos yeux tout aussi importantes, peut-être plus encore.

Dans la mobilisation qui démarre à propos du TSCG le NPA unanime a fait de l’hostilité au référendum un cheval de bataille prioritaire. Savoir si cette revendication est la bonne ou pas dans la conjoncture se discute évidemment. L’Assemblée a été appelée à voter très rapidement par Hollande pour justement clore cette issue, et la revendication peut perdre tout sens concret aussi vite. De plus il ne faut pas laisser s’installer l’idée que la forme compte plus que le fond (le « non » au traité). Dont acte.

Mais ce qui importe dans ce débat sont les arguments mis en avant par le NPA. L’un consiste à dire que la demande de référendum représente une manœuvre portée par le FG pour éviter de porter le fer contre le vote des élus PS aux Assemblées. Tous ceux qui ont assisté à une seule réunion du FG à un quelconque niveau savent pourtant que l’obsession du PC est de faire le siège de chaque député. Qui cela pourrait étonner ? C’est business as usual, ils font comme ils ont toujours fait. Sauf que cette fois-ci ils ne s’en contentent pas et se sont lancés dans une mobilisation de rue. L’argument est donc on va dire…étonnant, pour faire vite. Mais il y en a un deuxième, plus sérieux, plus profond, et bien plus grave. Celui qui indique que par nature le recours au référendum serait de l’électoralisme, position jusqu’ici seulement défendue par LO. Alors l’inquiétude grandit sur ce que cela signifie. On se rappelle la réaction de Philippe Poutou lors de la « menace » (tout à fait platonique d’ailleurs) de Papandréou d’organiser un référendum en Grèce. Une condamnation immédiate de la part du candidat du NPA. Comme d’ailleurs de la gauche en Grèce ? Sauf que dans un cas, celui du NPA, il s’agissait de s’opposer à un éventuel vote populaire au nom de la grève générale à venir. Alors que dans l’autre il s’agissait de demander justement ce vote, mais avec le pouvoir en jeu, autrement dit des Législatives, ce que d’ailleurs elle finira par obtenir. Il n’y a désormais aucun doute que, quelles que soient les conditions, tout appel au vote (et au référendum en particulier) allume une lumière rouge au NPA et que la réponse est invariablement « non ». Parfois c’est à juste titre, comme lors du mouvement de 2010 où l’appel aux urnes ne pouvait avoir d’autre sens que d’entériner avant l’heure l’échec du mouvement. Mais en réalité, si les arguments changent, plus largement, c’est la défiance systématisée devant toute expression par le suffrage qui paraît faire loi désormais.

Il s’agit d’une régression d’une importance fondamentale qui ne touche pas seulement à la conception du combat politique (thème récurrent des polémiques au NPA et auparavant à la LCR). Mais bien plus fondamentalement au bilan qui était tiré en commun sur ces questions démocratiques capitales quant aux choix du parti de Lénine et Trotski. Voici ce que disait le dernier Manifeste de la LCR : « Les limites de la réflexion sur la démocratie politique et l’importance du suffrage universel……ont …… désarmé la vigilance devant la montée de la bureaucratie. Rosa Luxembourg était consciente du danger……L’égalité des droits et le suffrage universel sont, comme acquis de « l’émancipation politique », un élément clé de toute démocratie ». Et encore : « En cas de conflit entre ces assemblées, le dernier mot revient au peuple, sur la base du suffrage universel. »

Alors que la dévalorisation des options socialistes et révolutionnaires s’appuie, et pas seulement de mauvaise foi, sur un bilan douloureux de la révolution russe et qu’il a fallu des décennies pour s’en émanciper sur ce point précis, les choix du NPA (et les argumentations qui les soutiennent) sont plus que préoccupants.

Autre point d’importance lui aussi, bien au delà des questions abordées par les signataires. Les camarades se réclament de l’internationalisme et critiquent le repli nationaliste du FG (spécialement de Mélenchon). On viendra à ces partis ci-dessous. Mais dans les textes, l’internationalisme est revendiqué aussi bien par le PCF que par le PG. Et par le NPA donc. Sauf qu’on voit bien que ce n’est pas comme pour le Port Salut. Il ne suffit pas que ce soit écrit dessus. Il en faut des preuves concrètes. Lors de la révolution sandiniste au Nicaragua il ne manquait pas « d’internationalistes » qui refusaient de la soutenir, au nom des trahisons à venir. Que ces trahisons fussent possibles, l’histoire a montré que c’était bien le cas. Et alors ? Depuis quand le véritable internationalisme juge t- il en fonction de ces risques pour éviter de se porter en soutien immédiat quand il le faut ? Et que constate t-on ? Que ce sont le FG (et aussi la majorité des responsables de la 4ème Internationale) qui se sont portés et se portent encore en soutien à Syriza en Grèce (ou au moins à sa proposition d’un gouvernement unitaire anti-austérité). En tout « internationalisme » le NPA a défendu que Syriza ne méritait pas un tel soutien, qu’il fallait au contraire épauler ceux qui le combattaient. Avec des arguments différents que ceux des staliniens du KKE, mais un résultat identique dans la division. Certes dans un cas (les sandinistes) il y avait une révolution les armes à la main. Mais dans le principe, les raisonnements sont les mêmes. A l’identique. Et tout aussi inacceptables de la part du NPA. Car ce n’est pas une petite affaire. La situation d’effondrement de la Grèce est le premier test de cette ampleur depuis le milieu des années 70 avec la révolution des œillets au Portugal, question dont la centralité est donc sans commune mesure avec les autres questions abordées par les camarades (qui ont bien entendu leur importance spécifique). En l’occurrence, « l’utilité » invoquée par les camarades est du côté du FG (et de la majorité des responsables de la 4ème Internationale) pas du côté du NPA. Stricte constatation. Mais qu’il faut discuter d’urgence puisque les confrontations principales restent probablement à venir en Grèce (sans parler du reste du Sud de l’Europe).

Il existe peut-être un lien entre ces problématiques et les autres questions abordées par les camarades. Entre le refus de soutenir sinon Syriza lui même (ce qui pourtant devrait aller de soi) au moins une alliance avec lui, et de l’autre côté la manière de principe d’aborder le FG et le choix de la GA de s’y intégrer. Là, il faut faire preuve de prudence et éviter donc les certitudes coulées dans le béton. Après tout, François Sabado, signataire de la lettre, fait justement partie des responsables de la 4ème Internationale en désaccord sur ce point capital, avec le NPA. Débat à suivre donc.

La question de l’austérité

Les camarades affirment : « Le FG n’est pas indépendant du PS ». C’est une question clé qui concerne le choix de la GA, et aussi beaucoup d’arguments échangés à ce propos entre nous. Notons toutefois ce qui apparaît comme une contradiction majeure. Les camarades, dans leur projet de bâtir une opposition de gauche à Hollande, affirment que «…les organisations membres du Front de Gauche, le FG lui-même sont incontournables dans cette politique ». On comprend bien que le FG n’est pas le PS, qui lui-même doit être distingué de l’UMP, et à son tour celle-ci du FN (pour l’instant). Mais quand même, sur le fond du fond, les politiques austéritaires social-libérales diffèrent très peu de celles de la droite. Et si le FG « n’en est pas indépendant », il devrait en toute rigueur être considéré comme un adversaire. La longue liste fournie par les camarades comme preuve de la non indépendance (et même de la soumission) va exactement en ce sens. En tout cas certainement pas pour justifier le terme d’« incontournable » dans la lutte contre l’austérité, encore moins comme partenaire durable possible. Puisqu’il serait coauteur de cette austérité. Pourtant il existe des appels aussi bien d’Olivier Besancenot que de Philippe Poutou à réaliser des accords contre la politique du PS qui s’adressent à LO et…au FG. Lequel « n’est pas indépendant du PS » ? Comment comprendre ces contradictions ? Que dans une politique visant une union dans les luttes, on vise large et sans a priori est une chose. Mais qu’on déclare « incontournables » des partis politiques spécifiques en est une autre. Sauf à sombrer dans l’opportunisme des rapports de force, là les mots ont un sens : on ne peut pas songer à une unité sérieuse contre l’austérité avec des partis qui, fondamentalement, la soutiennent, voire même n’en sont pas indépendants. Même la GA n’aurait pas songé à une chose pareille, il nous semble…

C’est que donc quelque part l’analyse est bancale, ou incomplète. Et pour saisir la question au fond, il faut revenir sur la conjoncture globale. Elle est marquée par la poursuite de la crise, sous des formes spécifiques à l’Europe. Et par la violence, inévitable au moins pour des années, des attaques contre le salariat, sans commune mesure avec ce que nous avons déjà subi. Dans ces conditions, être dans le train de ces politiques ou être contre voilà la ligne de fracture qui ne peut que produire ses effets, même progressivement. Il est toujours utile de mesurer au trébuchet les hésitations, les rétropédalages ou au contraire les accélérations le long de cette ligne de partage. Mais elle est la « grande question nationale » (pour reprendre un terme de Lénine) qui organise l’ensemble, à savoir les politiques de gestion de la crise. Le reste, (par exemple les discours qui accompagnent le positionnement à ce propos) a son importance, toujours. Mais cela vient en second. Les références que font les camarades aux expériences historiques sont toujours utiles pour ne pas prendre des vessies pour des lanternes. Mais elles sont inadéquates en l’occurrence. Dans tous les cas qu’ils citent, sous des formes différentes, le PC soutenait en fait le gouvernement. Les camarades croient-ils sérieusement que c’est ce qui se passe et se passera ?

De quel côté dans ce partage sont et seront les partis du FG, non dans le détail, mais globalement ? Et peut-on parler justement de tout le FG comme le font les camarades ? Contrairement à ce qu’ils laissent entendre, il ne fait aucun doute que le PG et Mélenchon sont contre les politiques d’austérité et il n’y a pas l’ombre d’un risque qu’ils s’y rallient dans l’avenir prévisible. Pour le PC, les choses sont plus complexes, c’est vrai. Mais la réponse ne fait pas non plus grand doute, sauf à assister à des bougés du PS. Les camarades expliquent justement le positionnement du PC par celui du PS. Celui-ci ne laissant pas la possibilité au second de trouver une place dans le dispositif global, il le contraint à rester dehors. Mais on est justement là au cœur de la question. Le PS peut-il faire autrement ? Il ne semble pas. Et le PC de son côté ? Pas plus. C’est ce que nous avons sous les yeux, ceux des camarades comme les nôtres. Et ce n’est qu’un point de départ. Qui peut penser une seule seconde que les choses iront en s’améliorant du point de vue des politiques d’austérité ? Et, conséquemment, qui peut penser que le PC ira soutenir demain en plus dur ce qu’il rejette aujourd’hui en version encore soft ?

Le PC ne se déclare pas dans l’opposition, c’est incontestable. Cela dit la LCR non plus après la victoire de Jospin en 1997. Nous n’avions pas d’élus, donc on ne sait pas ce que cette « non opposition » aurait entraîné comme vote. Mais pourtant il était clair que la rupture de la LCR n’était qu’une question de temps. En est-il de même pour le PC ? Non, et pour des raisons fondamentales. Abandonner l’idée d’une majorité acceptable avec le PS le conduirait inévitablement à autoriser l’exploration d’une autre voie que cette majorité, voie à inventer mais devenue alors inévitable. Explosif. Et la question sera très concrète au moment des municipales qui constitueront (probablement, on en est encore loin) un test très sérieux pour le FG. Les pesanteurs matérielles du PCF (notamment son appareil municipal) peuvent l’entraîner à des choix bureaucratiques de conservation de ses positions (et on peut le voir venir vite, dès 2013). Mais les faits sont, là encore et très bêtement, fortement têtus. Retour à la question de départ : une majorité nationale est-elle possible ? Imagine t-on vraiment que le PC suivra le chemin d’un Hollandréou ? C’est la raison pour laquelle la décision de non participation est la plus importante. Elle indique vers où ça ne peut qu’aller, avec plus ou moins de cohérence et de rapidité.

Pour l’instant, malgré la liste dressée par les camarades des manquements supposés, cette rentrée confirme plutôt cette issue avec non seulement la mobilisation contre le TSCG, mais surtout l’appel plus large à poursuivre unitairement contre l’austérité. Rien ne dit que ce sera suivi d’effets concrets, mais du point de vue politique, oui, ça confirme ce que disait la GA. Plus ça va s’approfondir, plus ce sera le cas. Mais même si en définitive le PC s’orientait vers le soutien aux politiques d’austérité, ce serait perçu sans doute aucun comme en rupture avec son engagement premier, et ce sont les camarades qui sont au FG qui seront les mieux à même de le faire valoir auprès des militants.

Sur ces points, on ne va pas se convaincre maintenant. Encore une fois, loin des certitudes en béton, il faut juste écouter les arguments des uns et des autres. De plus, la vie va donner des indications rapides. La GA est assez confiante de ce point de vue, mais attendons pour bénéficier de nouveaux éléments.

Le front social et politique

Que faut-il faire ? Avec qui et comment ? La réponse des camarades est : « … c’est de cette unité d’action, de front unique disions-nous, dont les exploités et les opprimés ont besoin face à l’austérité social libérale qui les attend. L’opposition de gauche se construira par des réponses successives dans les luttes impliquant des associations, des syndicats, des partis qui petit à petit s’unifieront dès lors qu’il y a cette volonté. »

Le problème le plus préoccupant dans cette façon de voir les choses tient en la définition du front unique : « unité d’action » résument les camarades. Ce n’en est qu’une partie. Ils laissent de côté la question politique, comme si une issue gouvernementale, une alternative globale pouvait être issue seulement de l’accumulation des luttes. Laissons de côté le débat historique à ce propos pour se contenter de la situation présente. Face aux politiques de la Troïka, les luttes ne suffiront pas. Elles vont même devenir en partie conditionnées à la possibilité d’offrir aux masses une autre issue, politique. Sinon, il est plus que clair que le risque FN ira en se renforçant. Les partis ne s’unifieront pas « petit à petit ». Il y faut une bataille spécifique.

Et puis quels partis ? Si on a bien lu (et on a bien lu), ni le PC ni le PG. Par nature de ces partis, aucune alliance durable ne pourrait s’envisager. Une telle affirmation est nouvelle : le NPA s’est au contraire et très explicitement battu y compris à son dernier congrès pour une « alliance durable ». Et cette nouveauté ouvre des horizons bien différents. Nous avions annoncé que (peut-être) les positions du NPA dans le cas de Syriza en Grèce fussent liées à ce débat précis. Nous y voilà. En Grèce non plus il ne semble pas possible pour le NPA de soutenir une alliance de gouvernement avec Syriza. Peut-être objectera t-on avec raison que Syriza n’est pas le FG ? Mais retour alors à la question ci-dessus : quelles sont les conditions pour qu’une telle évolution soit possible ?

Si l’impossibilité n’était pas la position de fond des camarades (nouvelle assurément) il y aurait dans leur lettre non seulement la liste des petites et grandes trahisons, mais les conditions auxquelles une telle alliance serait possible. C’est ce que la LCR puis le NPA ont eu comme politique. La GA a jugé que la rupture avec le PS était suffisante pour s’engager. Pas les signataires. Un désaccord incontestable, mais ce n’est qu’une partie du débat. Et, ne craignons pas de le dire, pas la plus importante. Désormais une telle issue serait écartée en son principe. Sans reprendre l’inutile bataille de légitimité, il semble bien qu’il y ait là un bougé de fond, non déclaré comme tel. Parce qu’enfin si ce n’est pas possible avec des secteurs réformistes, avec qui sera-ce possible ? Il y a donc une affirmation (encore implicite) que jamais ne peut se concevoir en Europe de nos jours une alliance à potentialité alternative globale qui regroupe réformistes et révolutionnaires. Et que même la lutte à ce propos (si on suppose que la réalisation effective sera difficile) serait confusionniste. Sans donc qu’il soit question d’y appeler, éventuellement y compris contre la volonté même de dirigeants réformistes, et à des conditions déterminées. En effet encore faudrait-il pour cela que soient exposées ces conditions. En l’absence, le choix isolationniste que cela suppose est de portée carrément historique. Dans l’explication de l’écart entre le vote FG et celui pour le NPA, les camarades notent : « l’aspiration au vote unitaire et utile à la gauche du PS pour peser sur sa politique s’est lors de ces élections portée sur le candidat le plus « crédible » électoralement ». Oui. Peut-être. Surtout quand on affirme que l’on est soi même hostile en son principe à cette aspiration unitaire, inlassablement désignée comme illusion mortifère. Non ?

Le rassemblement des anticapitalistes

Un des points forts de l’argumentation de la lettre tient en ceci que, par définition pourrait-on dire, l’indépendance d’une organisation révolutionnaire est garantie si on refuse tout front, toute alliance. Mais (en plus de l’isolationnisme que cela peut produire), est-ce que cela résout le problème plus général, plus central, du rassemblement des anticapitalistes ?

« Le Front de Gauche n’est pas LE cadre pour construire une force anticapitaliste » disent les camarades. On ne voit pas bien à qui s’adresse cette remarque, comme cette autre : « Mais cela n’a rien à voir avec la décision d’abandonner le travail de construction d’une organisation anticapitaliste indépendante. »

Il est possible que des camarades défendent une telle l’option du FG comme LE cadre pour ceci. La GA en tant que telle, dans tous les documents adoptés, n’a jamais considéré que tel était le cas. Et, dans sa majorité, elle ne considère même pas qu’il soit possible et utile de transformer le FG en parti d’une manière générale. Pour ces deux issues (ou même seulement la seconde) il faudrait en particulier une transformation substantielle du PC qui n’a pas eu lieu, malgré des évolutions par ailleurs. D’une manière générale le Front n'est pas un parti, donc ce n'est même pas seulement la question du parti large versus « révolutionnaire » qui se pose mais l'insertion dans un front politique qui sur la question décisive du refus de l'austérité, de la non participation au gouvernement sont considérés ou non du bon côté. Mais bien sûr des désaccords entre formations il y en a et il y en aura : programmatiques, déclarations des uns et des autres, mais aussi de postures (votes aux Assemblées...).

Et la question demeure. Il faut rassembler les anticapitalistes. Mais est-ce synonyme du rassemblement des révolutionnaires ? Les camarades se sont-ils convertis à cela ? Sans procès d’intention inutile, ce n’est pas bien clair. Ceci, comme on devrait le savoir, ouvre plusieurs types de questionnements différents. Au moins deux principaux. Le premier est dans la définition du contenu du terme de « révolutionnaire ». On ne dispose plus d’une vision claire et achevée à ce propos, et les choses ne se sont pas améliorées dans les dernières années. Au final la question est la même que celle de l’élaboration d’une stratégie apte à soutenir une rupture révolutionnaire. La panne sur ce point conduit non à une « table rase », mais quand même à une sérieuse prise de recul. Des « révolutionnaires » comme nos camarades qui en Grèce ont refusé l’alliance proposée par Syriza ne sont pas des ennemis bien entendu. Mais on hésiterait à leur laisser le qualificatif de révolutionnaires d’une manière monopoliste… Peut-on par exemple imaginer que le terme n’implique pas un attachement écosocialiste ? Ou qu’il souffre d’une quelconque ambiguïté sur les questions démocratiques (et en particulier quant au suffrage universel) ?

Le recours au terme ne résout donc rien en lui-même. Mais la question se complique en ce que si la référence « révolutionnaire » peut par moment être vide de sens, la référence réformiste elle, en ses diverses versions, veut bien encore dire quelque chose. Non seulement en ce qui concerne le respect des institutions en place et la soumission aux seules procédures électorales, mais dans la relation jour après jour avec les mouvements de masse et les perspectives d’auto-organisation et d’auto-émancipation. Certes. Mais là encore, si ces questions sont repérables et toujours présentes, elles ne sont pas autosuffisantes en définitive. Dire que « révolutionnaire » doit être ré-élaboré revient aussi à dire que le réformisme doit l’être aussi, ainsi surtout que la possibilité de collaboration dans un même parti de visions « révolutionnaires » très différentes. En définitive, malgré les échecs rencontrés, on ne peut guère aller plus loin que ce que disait le Manifeste de la LCR. « Ainsi, la période ouverte par la chute du Mur de Berlin en 1989 et la virulence de l’offensive capitaliste dans sa phase néolibérale ont modifié les enjeux et les lignes de partage à gauche. Il y a désormais deux gauches au sein de la gauche. L’une, dominée par l’idéologie et la pratique social-libérale, a abandonné définitivement tout

idée de changement de société. Elle est ainsi conduite à gérer le système aux conditions étroites fixées par la globalisation capitaliste, adoptant donc, à des libéraux. L’autre partie de la gauche rejette les limites et contraintes du système dans une perspective de changement réel. Ce partage entre les deux gauches ne coïncident pas avec les frontières actuelles des partis ou des organisations sociales tels qu’ils sont. Les soutiens du parti socialiste, des verts ou du parti communiste, comme les militants du mouvement social sont eux-mêmes traversés par cette partition. Dispersés, les partisans de l’anticapitalisme sont affaiblis. Nous militons pour leur regroupement dans une nouvelle formation, apte à exprimer politiquement le véritable rapport de forces en faveur d’une gauche 100% à gauche. Cette nouvelle force devrait regrouper les organisations et courants politiques se réclamant de la gauche radicale et toutes celles et ceux qui cherchent et chercheront une issue hors du capitalisme, qui refusent de se soumettre aux diktats du système en participant à des gouvernements de gestion de l’économie et des institutions capitalistes. Quand ce mouvement s’enclenchera, on peut supposer qu’il entraînera des parts des organisations politiques de la gauche actuelle, mais surtout des animateurs du mouvement syndical, altermondialiste, comme du mouvement social en général. »

Est-ce toujours le cadre dans lequel réfléchissent les camarades ?

Les camarades avancent : « …Il n’y a pas égalité entre vos forces, même augmentées de celles d’autres courants se réclamant plus ou moins de l’anticapitalisme comme les alternatifs, et celles du PCF et de Mélenchon avec le PG ». Et ce qu’ils disent n’est pas contestable. Mais déjà un regroupement écosocialiste au sein du FG améliorerait les choses, non ? Avec le NPA en plus, ce serait encore mieux, c’est l’objet même de nos débats…

Cela dit, ce qui est une constatation indéniable, c’est que les anticapitalistes sont plus dispersés que jamais. Les camarades conviendront aisément qu’il y en a plus hors du NPA qu’en son sein. Mais comment imaginent-ils résoudre le problème, eux ? Les choix de la GA ne sont pas les bons, les regroupements envisagés ne serviront à rien ? Admettons par hypothèse. Mais que proposent-ils, eux ? Une fois écarté même un front avec le PC et le PG (« par nature »), comment faire en sorte pour que se modifie le constat du Manifeste de la LCR « Ce partage entre les deux gauches ne coïncident pas avec les frontières actuelles des partis ou des organisations sociales tels qu’ils sont. » ? Comme la question n’est même plus posée (sauf sous la forme des « réponse successives dans les luttes »), par défaut s’impose alors la vieille idée du noyau pur et dur à développer. Ça ne marchait pas très bien hier, comment ça marcherait aujourd’hui ?

Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 10 oct. 2012, 01:34:58

DÉBAT AVEC LO: LA MANIF DU 30, UNE « DIVERSION » OU UNE ÉTAPE DANS LA LUTTE CONTRE L’AUSTÉRITÉ ? Hebdo Tout est à nous ! 163 (27/09/12) Yvan Lemaitre

Dans Lutte ouvrière du 7 septembre, un article intitulé « Le Front de Gauche et le traité européen : une diversion », critique la politique du Front de Gauche et la manifestation du 30 septembre à laquelle le NPA appelle. « Le Front de Gauche de Mélenchon et le PCF, qui en est la principale force militante, font de la campagne pour un référendum sur le traité budgétaire européen l’axe principal de leur rentrée politique. Ils ont d’ores et déjà programmé une manifestation sur ce sujet pour le 30 septembre. [...] Le traité européen, signé par Sarkozy et Merkel au début de l’année et proposé désormais à la ratification des Parlements des différents pays, contient en effet l’obligation de mener des politiques d’austérité. Mais ce n’est qu’une confirmation, à l’échelle européenne, de ce qui est en route depuis longtemps [...] Cette austérité, cette politique continûment appliquée par tous les gouvernements dans tous les pays, ne dépend pas des papiers que signent ou ne signent pas les politiciens européens... » écrit LO. Cette politique d’austérité tomberait-elle du ciel ? Un mal que l’on ne pourrait combattre ? Peut-être dépend-elle quand même de quelques papiers signés par des politiciens ? De quelques traités ?
« Rappelons qu’en 2005 le traité constitutionnel européen, réputé "graver l’austérité dans le marbre" fut rejeté par les électeurs en France lors d’un référendum et dans d’autres pays. L’austérité n’en a pas moins continué » poursuit LO. Bien sûr, le Non n’a pas suffit à enrayer la politique des bourgeoisies et de leurs États, il n’empêche que ce fut une victoire qui a compté dans le rapport de forces. Elle n’a pas suffi ? Pas plus que le mouvement des retraites n’a suffi à empêcher quelques politiciens de signer « un papier », une loi instituant la fin de la retraite à 60 ans. Avions-nous pour autant tort de nous battre ? Bien évidemment non. Ceci dit, si « aller demander un hypothétique référendum dont le résultat tout aussi hypothétique serait bien incapable de faire reculer le gouvernement et le patronat » est effectivement une diversion, manifester contre le traité budgétaire, non. « L’urgent est d’agir aujourd’hui pour organiser la riposte ouvrière » nous dit LO, oui, mais cette riposte, c’est une bataille politique face à la politique du gouvernement, une bataille qui implique de ne pas craindre d’être une force d’opposition à ce gouvernement et à sa politique. On ne peut en effet lutter contre « la vague de licenciements dans les grandes entreprises » que si on est prêt à affronter le gouvernement Ayrault qui « laisse les mains entièrement libres au grand patronat et continue d’appliquer la politique d’austérité déjà engagée sous Sarkozy ». Eh oui, la bataille contre les licenciements et l’austérité, le TSCG, est une même bataille qui suppose que les organisations ouvrières soient capables de « se mobiliser face à ce gouvernement dit de gauche, comme auparavant face à un gouvernement de droite », d’agir comme une opposition de gauche à ce gouvernement. Ce que refuse le FdG, et c’est là où nous devons porter la critique.
LO prend argument de la campagne pour le référendum du FdG pour ne pas appeler à la manifestation du 30, alors que l’appel unitaire à cette manifestation n’en dit pas un mot. Vous avez-dit diversion ? En tout cas, une erreur politique.

Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 10 oct. 2012, 23:44:00

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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 12 oct. 2012, 01:11:33


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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 13 oct. 2012, 00:45:22

Le Nobel… des marchands de canons !

Le prix Nobel de la Paix vient d'être décerné à l'Union européenne. Ce Nobel survient bien opportunément alors que l'union mise en œuvre par les vieilles puissances impérialistes dont la France et l'Allemagne est en pleine crise et menace de s'effondrer. Ces vieilles puissances ont au cours des trois dernières guerres sacrifié sur les champs de bataille des millions de vies humaines au nom des intérêts des marchands de canon pour se partager les anciennes colonies. Sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, après leur défaite dans les sales guerres coloniales, elles ont bien été contraintes d'essayer de s'entendre pour continuer à défendre les mêmes intérêts, ceux des patrons, des financiers qui aujourd'hui étranglent les peuples et plongent l'Europe dans la récession. Les puissances européennes ne sont pas devenues des puissances de paix ni pendant la guerre qui a mis à feu et à sang l'ancienne Yougoslavie, ni en Irak, ni aujourd'hui en Afghanistan ou en Afrique. Et elles sont les principaux marchands d’armes du monde.

En 2009, juste après son élection, Obama avait aussi reçu le prix Nobel de la paix, lui le chef d’État de la plus grande puissance militaire de la planète ! Aujourd'hui, c'est le tour de leur principal allié. Un nouveau geste de propagande pour le compte des maîtres du monde.

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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 14 oct. 2012, 00:54:51

A FLORANGE, THIBAULT ET POUTOU PRÉCONISENT UN CONTRÔLE PUBLIC (AFP)

FLORANGE (France / Moselle), 03 oct 2012 (AFP) - Le secrétaire national de la CGT, Bernard Thibault, et le candidat du NPA à la dernière présidentielle, Philippe Poutou, ont sous deux demandé un contrôle public de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle), où ils sont rendus séparément mercredi. "Pour ce secteur essentiel au tissu industriel du pays (ndlr: la sidérurgie), nous préconisons une maîtrise publique de ce type d'activité et, particulièrement, de cette usine", a déclaré M. Thibault à des journalistes devant la "porte de la vallée", une nouvelle fois bloquée depuis le début de la semaine par une intersyndicale CGT-CFDT-FO.

(...)

Nico37
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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 14 oct. 2012, 16:20:35


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Re: Le NPA

Message non lu par Nico37 » 16 oct. 2012, 01:08:01

BESANCENOT S'INTERPOSE LORS D'UN CONTRÔLE DE POLICE MUSCLÉ : UNE DISCUSSION TENDUE

Mardi 2 octobre, vers 18 heures 30, Olivier Besancenot est intervenu lors d'un contrôle de police qui se déroulait au pied de son immeuble, dans le quartier de Barbès. Selon les nombreux témoins, l'interpellation d'un vendeur de maïs à la sauvette se déroulait de façon "très brutale" - au point que plusieurs passants ont tenté de s'interposer. Scandalisé, l'ancien candidat à la présidentielle s'est précipité dans la rue, où une brève mais vigoureuse altercation l'a alors opposé aux forces de l'ordre. ParisMatch.com s'est procuré les images de cette scène. Ici, cerné par plusieurs policiers, Olivier Besancenot tente de sa faire entendre.

(...)

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