Qu'en pensez vous ?Depuis le début de l'été, les prix agricoles inquiètent. Aujourd'hui, la FAO l'atteste. Après 3 mois de baisse, les prix des denrées alimentaires sont bel et bien repartis à la hausse. Ils affichent une progression de 6% en juillet sur un mois. Grogne des agriculteurs français qui voient leurs coûts de production s'envoler. Inquiétudes du côté des pays les plus pauvres, où l'on redoute de nouvelles émeutes de la faim. En quoi la flambée des denrées alimentaires est-elle préoccupante?
D'où vient la flambée des prix alimentaires?
La hausse des prix des denrées alimentaires observée par la FAO est due pour une bonne part à la flambée des cours du maïs et du sucre. Sous l'effet de la sécheresse aux États-Unis, le prix du maïs a fait un bond de 23% au mois de juillet. Dans les grandes plaines américaines, depuis le début du mois de juin, les récoltes de maïs et de soja sont endommagées à cause des températures extrêmes et d'un sévère manque d'eau. Au début de l'été, les cours mondiaux des céréales se sont envolés de 30 à 50%.
Les cours du blé se sont également renchéris de 19%, sur fond de perspectives de production moins bonnes que prévues en Russie. Malgré la faiblesse de sa production de blé, la Russie a toutefois rejeté toute idée d'embargo à l'export de cette céréale, à la différence de qu'elle avait décrété en 2010. Cette initiative avait alors aggravé un peu plus encore la flambée des cours mondiaux.
Le sucre n'est pas en reste, il a lui aussi bondi, en raison des mauvaises conditions météo au Brésil, principal exportateur. Pour le sucre, des inquiétudes se font aussi sentir en Inde, où le retard de la mousson pourrait pénaliser les récoltes.
Fin juillet, la Banque mondiale se déclarait vigilante, car les stocks mondiaux de céréales à leur plus bas historique ont fait grimper les prix à des niveaux comparables à ceux de 2008 où les pays importateurs les plus pauvres avaient été secoués par des émeutes de la faim.
Qui en souffre le plus dans le monde?
D'après la FAO, la facture en céréales des pays pauvres importateurs pourrait atteindre un niveau record en 2012. En cause, l'explosion des cours et le taux de change défavorable. Les pays d'Afrique de l'Ouest sont les premières victimes de cette flambée des prix, d'après Malek Triki, porte-parole du programme alimentaire mondial dans cette zone.
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Et en France?
Très dépendants du maïs, du blé et du soja pour nourrir les bêtes, les éleveurs français ont des sueurs froides au vu de la flambée des cours. Dans l'élevage, l'effet de la hausse du prix des matières premières est immédiat car celles-ci représentent 80% du prix des aliments livrés.Mais les éleveurs ne sont pas tous logés à la même enseigne. Les éleveurs de porcs et de volailles sont en première ligne. Ils n'ont pas recours au fourrage et sont donc davantage tributaires des produits fabriqués.
Pour Jean-Michel Serres, président de la Fédération nationale porcine, une répercussion sur les prix est inévitable puisque, "dans le coût de production du porc, 65% des charges sont dues à l'alimentation et donc toute variation du prix des aliments a des conséquences lourdes sur le prix de revient". Les éleveurs de porcs estiment que le coût de production pourrait passer à 1,80 euro le kilo, contre 1,60 euro actuellement.
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Réguler les marchés agricoles?
Pour tenter de contenir la flambée des cours et leurs conséquences, Nicolas Sarkozy avait promis plus de régulation. Après les émeutes de la faim causées par les prix record des céréales en 2007-2008, le G20 agricole de juin 2011 s'était attelé à la lutte contre la volatilité des prix des matières premières. Et pour éviter qu'un pays prenne unilatéralement des décisions qui favoriseraient l'emballement des prix, telles que l'embargo sur le blé russe, le G20 a mis sur pied des instances d'information et de concertation. Or, pour l'instant, étant donné qu'aucun pays n'a manifesté le souhait de restreindre ses exportations, le système mis en place montre ses limites. Ce dispositif l'alerte, dénommé AMIS, système d'information sur les marchés agricoles, représenté par Abdolreza Abbassian "ne peut pas réduire les prix" ou lutter directement contre la spéculation. Il peut "aider à stabiliser les prix, en minimisant les surprises" en améliorant par exemple la transparence sur les marchés, rien de plus.
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