La Russie : 20 ans de gâchis ?

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pierre30
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La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par pierre30 » 08 juil. 2012, 12:26:56

Où en est la Russie ? A la fin du communisme les entreprises occidentales rêvaient d'investir dans un pays plein de promesses : un niveau de culture élevé, des employés qualifiés, un état structuré, ... bref tout semblait disponible pour réussir.

Dans le même temps la Chine fait encore rêver. Alors où en est la Russie ?

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mps
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par mps » 08 juil. 2012, 16:29:55

pierre30 a écrit :Où en est la Russie ? A la fin du communisme les entreprises occidentales rêvaient d'investir dans un pays plein de promesses : un niveau de culture élevé, des employés qualifiés, un état structuré, ... bref tout semblait disponible pour réussir.

Dans le même temps la Chine fait encore rêver. Alors où en est la Russie ?
La Russie, j'y était encore il y a quelques mois. Une classe certes cultivée, mais une masse totalement ignare, contrairement à la légende ! Le seul pays du monde où j'ai trouvé des marchands incapables de suivre un marchandage ... icon_biggrin

Mais le drame de cet immense pays, c'est la mentalité des habitants, totalement passivés par trop d'années de communisme, et incapables de prendre l'initiative la plus élementaire. La classe moyenne indépendante y brille par son absence, tout est dégueulasse sauf quelques lieux touristiques, dans les campagnes, on distingue à peine quelques choux dans un mur de mauvaises herbes, des provinces entières de HLM qui ceinturent les grandes villes sont négligés à outrance, les pavillons n'ont jamais le mondre jardin cultivé, et ne sont que des dépôts d'ordures. Les gens soupirent, font des heures de train/metro/bus/bagnole pour aller s'affaler à un "travail", sans autre apport que leur présence physique, et le soupir est la seule preuve d'exister. Affolant !

Mais bien entendu, dès qu'un type a un peu la niaque, il fait fortune, vu l'absence totale de concurrence.

Autant le "winner" abonde, à tous les niveaux, dans les pays de l'est que nous avons visités, autant il est introuvable en Russie. Il faudra au moins encore une ou deux générations pour que s'effacent les effets d'un communisme qui a invalidé toute la population.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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mordred
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par mordred » 08 juil. 2012, 17:39:16

A la chute de l'URSS, des journalistes pensaient qu'il allait falloir 50 ans pour que la Russie se mette dans le bain. Mais avec 50% d'alcooliques, une population en baisse, a-t-elle un avenir ?
"La mer était très forte. Je pense qu'il était bien trop vieux pour aller à la pêche aux maquereaux".
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racaille
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par racaille » 08 juil. 2012, 19:53:33

De la perestroïka à la chute de l'URSS

Lors de la perestroïka, des hommes avertis et efficaces, connaissant les rouages du système et associés aux hommes de « l'anti-système » constituèrent en occident ce que l'on va appeler plus tard la « mafia russe ». Elle se traduit par la fusion logique du pouvoir et des organisations mafieuses. Au début des années 1980, la criminalité économique aurait commencé à s'organiser à partir d'un ensemble stable et structuré d'interactions donnant une certaine impulsion au développement relationnel du monde des affaires. Au cours des années 1980, les autorités de l'ex-URSS relâchèrent les contrôles dans le domaine économique et social. Les différents groupes criminels ethniques furent les premiers à en profiter pour accroître leur influence et agrandir leur territoire, comme par exemple dans les régions du Caucase (Géorgie, Tchétchénie et Azerbaïdjan), en Ouzbékistan, au Kazakhstan, ou même en Crimée. Tous les groupes originaires de ces régions installèrent des têtes de pont à Moscou afin d'y faire transiter et investir des capitaux illicites. Les « criminels économiques » qui avaient développé un important réseau relationnel avec les élites dirigeantes et le milieu criminel, élaborèrent des stratégies complexes de production clandestine, de commerce et d'écoulement de marchandises. Ce jeu des interactions va conduire à la constitution solide d'un « crime organisé » russe dès la fin des années 1980. En mai 1988 la "loi soviétique sur la coopération" favorisa l'émergence d'un milieu d'affaires et en même temps les activités économiques criminelles et les mafias. Cette nouvelle classe d'affaires, souvent jeune, à la souplesse et à la rapidité d'adaptation, participa activement à ce processus économique. Dans les premiers temps, des luttes sans merci ont éclaté pour des questions de conflits d'intérêts, mais très rapidement les différents belligérants s'entendirent sur une démarche commune. Le milieu traditionnel assouplit son fonctionnement à l'égard du monde des affaires, et établirent des contacts plus étroits avec les institutions politiques et administratives. Parallèlement, on observa une contagion des modes de fonctionnement mafieux au sein même du monde des affaires et politique russes tels que l'usage de la violence, du chantage, de la tromperie, de la corruption, et de l'emploi d'un certain argot. Face aux carences de l'Etat pour mettre en place un système de régulation des activités sociales, des règles informelles de comportement se substituèrent aux lois formelles alors inexistantes et imprécises. Le contrôle social échappant à un Etat démissionnaire, des institutions sociales alternatives inspirées des codes criminels traditionnels remplacèrent les institutions inopérantes dans la fiscalité, la justice ou bien encore les contentieux. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le pays tout entier ait été par la suite l'objet d'un véritable "hold-up" économique.

L'effondrement du bloc soviétique et le développement de la Mafia russe

Ainsi, au milieu du chaos politique qui a touché l'ex-Union soviétique ces deux dernières décennies, après la chute du communisme et la fin de la Guerre froide, le crime organisé, loin d'être réprimé, se développa et se propagea rapidement, infiltrant les institutions politiques, le monde économique et freinant les nouvelles réformes démocratiques dans les 15 Républiques. Au début des années 1990, le monde des affaires et les fonctionnaires corrompus surveillaient les opportunités. Au sein du KGB (Comité de sécurité de l'État), quantité d"agents aux solides connaissances et expérimentés, avaient occupé des postes de gestionnaires, d'administrateurs et d'industriels, atout majeur dans un monde à l'aube de la mondialisation. Ces derniers attendirent naturellement de s'emparer des différents secteurs clés de l'économie soviétique. Dans un contexte de crise économique et de réductions des effectifs publics, beaucoup de gradés et hauts-gradés de l'armée soviétique et du KGB furent congédiés, aussi, ils devinrent les chefs des différentes organisations mafieuses. De plus, tombés dans le dénuement le plus total, nombre d'anciens agents du gouvernement et militaires se sont tournés logiquement vers ces organisations criminelles. On pense en particulier que beaucoup de soldats issus des forces spéciales de l'ex-union soviétique (les Spetsnaz) et renommés pour leur brutalité rejoignirent les organisations criminelles russes. De même, les parrains de la mafia russes recrutèrent des sportifs divers, notamment ceux qui pratiquaient des arts martiaux et des athlètes olympiques. Dans certains cas, la mafia russe a pu employer des tireurs olympiques d'élite afin d'éliminer des personnes indésirables. Ainsi, la chute du régime soviétique en 1991 fut une véritable aubaine pour les mafias locales. Ceux qui disposaient de capitaux pour investir étaient les mêmes que ceux qui s'étaient enrichis et qui avaient le pouvoir durant la période communiste. Ils confisquèrent pour leur intérêt personnel les richesses nationales et les biens stratégiques tels que le pétrole, le gaz, les métaux rares et précieux. Enfin, l'ouverture des frontières leur permit de placer à l'abri des fortunes colossales et acquises illégalement dans des pays sûrs notamment des paradis fiscaux.

Ainsi, au début des années 1990, on voit de nombreux groupes criminels slaves se développer. Si leurs actions sont d'ailleurs à l'époque dénoncées par les instances internationales l'attention de ces dernières se porta préférentiellement sur les évènements et la guerre en Tchétchénie entre 1994 et 1996. Ce conflit favorisa et coïncida avec la prolifération du crime organisé dans les grandes villes de Russie, en particulier par la prise de contrôle par les gangs Tchétchènes des agglomérations de Moscou et Saint-Petersbourg. Pour contrecarrer cette prise de contrôle (en particulier la zone sud ouest de Moscou appelée aussi Yougo-Zapadnovo), le maire de Moscou (suite à la pression des services secrets) dû faire appel à des groupes criminels slaves de Sibérie afin de briser l'hégémonie Tchétchène dans la capitale. Après les attentats du 11 septembre 2001, les caucasiens musulmans eurent du mal à contrôler leur territoire. Pour conserver leurs prérogatives et se maintenir à Moscou, ils furent obligés de verser des pots de vin importants aux autorités en place.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mafia_russe
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par mps » 08 juil. 2012, 22:23:49

mordred a écrit :A la chute de l'URSS, des journalistes pensaient qu'il allait falloir 50 ans pour que la Russie se mette dans le bain. Mais avec 50% d'alcooliques, une population en baisse, a-t-elle un avenir ?
Il est vrai qu'en Russie, le foie est plus sollicité que la volonté icon_biggrin

50 ans ? J'ignorais ces prédictions, mais tu vois que je les partage.

Pour la population en baisse, ça se discute. Moscou et St Petersbourg ont chacune 2 millions de clandestins, pour ceux qui s'éparpillent dans d'autres villes. Par contre, quand tu partages avec une autre famille un appartement de 45 m² dans une tour immonde, plafonds à 2,10 m de hauteur (!) cuisine collective standard (4 m²) et loyer supérieur à un salaire moyen, ça ne porte pas à la reproduction !

Le seul espoir, ce sont des russes de l'extérieur, qui pourraient rentrer avec une vue moins fataliste et un dynamisme inconnu sur place.
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par mps » 08 juil. 2012, 22:32:09

[quote="racaille"]
De la perestroïka à la chute de l'URSS

Lors de la perestroïka, des hommes avertis et efficaces, connaissant les rouages du système et associés aux hommes de « l'anti-système » constituèrent en occident ce que l'on va appeler plus tard la « mafia russe ». Elle se traduit par la fusion logique du pouvoir et des organisations mafieuses. Au début des années 1980, la criminalité économique aurait commencé à s'organiser à partir d'un ensemble stable et structuré d'interactions donnant une certaine impulsion au développement relationnel du monde des affaires. Au cours des années 1980, les autorités de l'ex-URSS relâchèrent les contrôles dans le domaine économique et social. Les différents groupes criminels ethniques furent les premiers à en profiter pour accroître leur influence et agrandir leur territoire, comme par exemple dans les régions du Caucase (Géorgie, Tchétchénie et Azerbaïdjan), en Ouzbékistan, au Kazakhstan, ou même en Crimée. Tous les groupes originaires de ces régions installèrent des têtes de pont à Moscou afin d'y faire transiter et investir des capitaux illicites. Les « criminels économiques » qui avaient développé un important réseau relationnel avec les élites dirigeantes et le milieu criminel, élaborèrent des stratégies complexes de production clandestine, de commerce et d'écoulement de marchandises. Ce jeu des interactions va conduire à la constitution solide d'un « crime organisé » russe dès la fin des années 1980. En mai 1988 la "loi soviétique sur la coopération" favorisa l'émergence d'un milieu d'affaires et en même temps les activités économiques criminelles et les mafias. Cette nouvelle classe d'affaires, souvent jeune, à la souplesse et à la rapidité d'adaptation, participa activement à ce processus économique. Dans les premiers temps, des luttes sans merci ont éclaté pour des questions de conflits d'intérêts, mais très rapidement les différents belligérants s'entendirent sur une démarche commune. Le milieu traditionnel assouplit son fonctionnement à l'égard du monde des affaires, et établirent des contacts plus étroits avec les institutions politiques et administratives. Parallèlement, on observa une contagion des modes de fonctionnement mafieux au sein même du monde des affaires et politique russes tels que l'usage de la violence, du chantage, de la tromperie, de la corruption, et de l'emploi d'un certain argot. Face aux carences de l'Etat pour mettre en place un système de régulation des activités sociales, des règles informelles de comportement se substituèrent aux lois formelles alors inexistantes et imprécises. Le contrôle social échappant à un Etat démissionnaire, des institutions sociales alternatives inspirées des codes criminels traditionnels remplacèrent les institutions inopérantes dans la fiscalité, la justice ou bien encore les contentieux. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le pays tout entier ait été par la suite l'objet d'un véritable "hold-up" économique.

L'effondrement du bloc soviétique et le développement de la Mafia russe

Ainsi, au milieu du chaos politique qui a touché l'ex-Union soviétique ces deux dernières décennies, après la chute du communisme et la fin de la Guerre froide, le crime organisé, loin d'être réprimé, se développa et se propagea rapidement, infiltrant les institutions politiques, le monde économique et freinant les nouvelles réformes démocratiques dans les 15 Républiques. Au début des années 1990, le monde des affaires et les fonctionnaires corrompus surveillaient les opportunités. Au sein du KGB (Comité de sécurité de l'État), quantité d"agents aux solides connaissances et expérimentés, avaient occupé des postes de gestionnaires, d'administrateurs et d'industriels, atout majeur dans un monde à l'aube de la mondialisation. Ces derniers attendirent naturellement de s'emparer des différents secteurs clés de l'économie soviétique. Dans un contexte de crise économique et de réductions des effectifs publics, beaucoup de gradés et hauts-gradés de l'armée soviétique et du KGB furent congédiés, aussi, ils devinrent les chefs des différentes organisations mafieuses. De plus, tombés dans le dénuement le plus total, nombre d'anciens agents du gouvernement et militaires se sont tournés logiquement vers ces organisations criminelles. On pense en particulier que beaucoup de soldats issus des forces spéciales de l'ex-union soviétique (les Spetsnaz) et renommés pour leur brutalité rejoignirent les organisations criminelles russes. De même, les parrains de la mafia russes recrutèrent des sportifs divers, notamment ceux qui pratiquaient des arts martiaux et des athlètes olympiques. Dans certains cas, la mafia russe a pu employer des tireurs olympiques d'élite afin d'éliminer des personnes indésirables. Ainsi, la chute du régime soviétique en 1991 fut une véritable aubaine pour les mafias locales. Ceux qui disposaient de capitaux pour investir étaient les mêmes que ceux qui s'étaient enrichis et qui avaient le pouvoir durant la période communiste. Ils confisquèrent pour leur intérêt personnel les richesses nationales et les biens stratégiques tels que le pétrole, le gaz, les métaux rares et précieux. Enfin, l'ouverture des frontières leur permit de placer à l'abri des fortunes colossales et acquises illégalement dans des pays sûrs notamment des paradis fiscaux.

Ainsi, au début des années 1990, on voit de nombreux groupes criminels slaves se développer. Si leurs actions sont d'ailleurs à l'époque dénoncées par les instances internationales l'attention de ces dernières se porta préférentiellement sur les évènements et la guerre en Tchétchénie entre 1994 et 1996. Ce conflit favorisa et coïncida avec la prolifération du crime organisé dans les grandes villes de Russie, en particulier par la prise de contrôle par les gangs Tchétchènes des agglomérations de Moscou et Saint-Petersbourg. Pour contrecarrer cette prise de contrôle (en particulier la zone sud ouest de Moscou appelée aussi Yougo-Zapadnovo), le maire de Moscou (suite à la pression des services secrets) dû faire appel à des groupes criminels slaves de Sibérie afin de briser l'hégémonie Tchétchène dans la capitale. Après les attentats du 11 septembre 2001, les caucasiens musulmans eurent du mal à contrôler leur territoire. Pour conserver leurs prérogatives et se maintenir à Moscou, ils furent obligés de verser des pots de vin importants aux autorités en place.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mafia_russe[/quote][/highlight]

Oui, tout cela est exact, et découle directement de la culture des aparatchiks, bien entraînés à ces juteuses exactions.

Mais cela ne concerne qu'une toute petite partie de la société russe. Le vrai problème, c'est l'abence manifeste d'entrepreneurs, de classes moyennes, d'initiatives.

Finalement, ces mafias à la fois ruinent le pays mais aussi le font vivre.

Un monde qui a du mal à se réveiller ...
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par racaille » 08 juil. 2012, 23:42:56

L'autre jour je me disais que si l'Italie n'était pas gangrénée par la mafia depuis plus de 150 ans, ce serait certainement le pays le plus prospère d'Europe.

***

Pour la Russie tu as raison, le stalinisme n'a évidemment pas développé l'esprit d'initiative individuelle. La mafia russe au pouvoir actuellement a achevé de décourager ceux qui ne se sont pas laissé abattre par le stalinisme.
Et puis tu n'es pas très fair play d'accuser uniquement les cocos ; on ne peut pas dire que le servage multi-centenaire ait particulièrement aidé à créer une culture d'entreprise en Russie :)

***

Je voudrais me garder des clichés, néanmoins il semble bien que l'alcoolisme chronique en Russie ne date pas d'hier. En guise d'exemple : peu après le coup du Palais d'Hiver par les bolcheviks en 1917, on a assisté à une vaste soulerie collective dans les rues de Petrograd, qui dura plusieurs jours d'affilée (!). Henri Guillemin raconte cet épisode de la révolution russe dans son émission sur Lénine sur la RTS : http://www.rts.ch/archives/tv/culture/p ... tie-1.html
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par pierre30 » 09 juil. 2012, 07:47:48

La mafia aurait pris le contrôle d'un pays aussi grand et puissant ? ça me parait un peu simpliste comme explication. Pareil pour l'alcoolisme qui existait déjà à l'époque de l'URSS.

La Chine, ex-et-encore-un-peu communiste semble en voie de réussir un développement éclair. Les chinois n'ont-ils pas été anesthésiés par le régime également ?

J'ai vraiment du mal à comprendre cette situation : un immense pays, plein de ressources naturelles, qui avait (a encore ?) des universités et des chercheurs à la pointe, avec un état qui était hyper-structuré peut-il passer dans les mains de la mafia en quelques années ? J'ai du mal à le croire.

Est-ce la malédiction qui pèse sur les pays producteurs de pétrole qui s'est abattue sur la Russie ? Ou est-ce que les Russes n'ont pas encore réussi à oublier leur empire déchu ?


Ou alors les Russes auraient-ils développé un autre modèle de société qui nous est impénétrable ?

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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par mps » 09 juil. 2012, 08:29:48

racaille a écrit :L'autre jour je me disais que si l'Italie n'était pas gangrénée par la mafia depuis plus de 150 ans, ce serait certainement le pays le plus prospère d'Europe.

***

Pour la Russie tu as raison, le stalinisme n'a évidemment pas développé l'esprit d'initiative individuelle. La mafia russe au pouvoir actuellement a achevé de décourager ceux qui ne se sont pas laissé abattre par le stalinisme.
Et puis tu n'es pas très fair play d'accuser uniquement les cocos ; on ne peut pas dire que le servage multi-centenaire ait particulièrement aidé à créer une culture d'entreprise en Russie :)

***

Je voudrais me garder des clichés, néanmoins il semble bien que l'alcoolisme chronique en Russie ne date pas d'hier. En guise d'exemple : peu après le coup du Palais d'Hiver par les bolcheviks en 1917, on a assisté à une vaste soulerie collective dans les rues de Petrograd, qui dura plusieurs jours d'affilée (!). Henri Guillemin raconte cet épisode de la révolution russe dans son émission sur Lénine sur la RTS : http://www.rts.ch/archives/tv/culture/p ... tie-1.html
Historique : l'alcolisme était inconnu en Russie jusqu'à l'avènement de Pierre le Grand, admirateur inconditionnel des scandinaves, et ceci jusqu'à leur aquavit ... Il a donc demandé qu'on mette à disposition de son peuple une boisson alcolisée et "remontante", sans se douter du succès du produit ;) ;)

L'alcool produit étant aussi transparent que de l'eau (Voda en russe), on lui a donné comme nom le diminutif affectueux et bénéfique de "Vodka".

L'imprévu, c'est que ce qui devait constituer un dé à coudre reconstituant après e travail dans le froid ... s'est bu pour beaucoup comme de l'eau icon_biggrin
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par mps » 09 juil. 2012, 08:40:34

pierre30 a écrit :La mafia aurait pris le contrôle d'un pays aussi grand et puissant ? ça me parait un peu simpliste comme explication. Pareil pour l'alcoolisme qui existait déjà à l'époque de l'URSS.

La Chine, ex-et-encore-un-peu communiste semble en voie de réussir un développement éclair. Les chinois n'ont-ils pas été anesthésiés par le régime également ?

J'ai vraiment du mal à comprendre cette situation : un immense pays, plein de ressources naturelles, qui avait (a encore ?) des universités et des chercheurs à la pointe, avec un état qui était hyper-structuré peut-il passer dans les mains de la mafia en quelques années ? J'ai du mal à le croire.

Est-ce la malédiction qui pèse sur les pays producteurs de pétrole qui s'est abattue sur la Russie ? Ou est-ce que les Russes n'ont pas encore réussi à oublier leur empire déchu ?


Ou alors les Russes auraient-ils développé un autre modèle de société qui nous est impénétrable ?
Il y a deux facteurs à prendre en considération :

- le terme "slave" vient du latin, et signifie déjà "esclave". Il y a un tempérament résigné et fataliste, et une passivité qui découle certes du communisme, mais surtout lui a permis de s'installer et de durer ! La fin du communisme a été énergiquement voulue par la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l'Allemagne de l'Est, puis la Pologne, les pays baltes ... Les russes, eux, ne se sont guère remués, et "ont pris acte" sans plus.

- la mafia russe existe bien entendu, mais son importance est fortement exagérée, le terme s'appliquant dans nos media à tout "riche" un peu trop voyant. Or, il faut bien reconnaître qu'il n'existe sans doute aucun pays où il est si facile de devenir riche, en l'absence de toute concurrence commerciale. Si tu "inventes" la chaise de jardin en plastique, tu auras inondé tout le territoire sans voir se pointer un seul rival sur ton marché icon_biggrin D'où une foule de fortunes jeunes et sidérantes ...
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par Blaise » 09 juil. 2012, 09:09:48

Ah tiens c'est curieux moi j'aurais cru que le communisme avait plus duré à cause des goulags et du verrouillage total de la société que d'un "tempérament". Mais c'est vrai que les Russes sont par essence résignés et fatalistes, on l' a bien vu à Stalingrad.
La Russie va se relever, ça prendra le temps que ça prendra, et le jour où ça arrivera vous regretterez votre condescendance, parce que ça sera bien pire qu'avec la Chine ou l'Inde.
Les Français vont instinctivement au pouvoir; ils n'aiment point la liberté; l'égalité seule est leur idole. Or l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. Chateaubriand

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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par mps » 09 juil. 2012, 09:19:05

Blaise"]Ah tiens c'est curieux moi j'aurais cru que le communisme avait plus duré à cause des goulags et du verrouillage total de la société que d'un "tempérament". Mais c'est vrai que les Russes sont par essence résignés et fatalistes, on l' a bien vu à Stalingrad.

L'un ne va pas sans l'autre.
Pour Stalingrad, c'était se battre ou mourir.

La Russie va se relever, ça prendra le temps que ça prendra, et le jour où ça arrivera vous regretterez votre condescendance, parce que ça sera bien pire qu'avec la Chine ou l'Inde.

Tu confonds condescendance et empathie ! Oui, la Russie va progresser, mais à sa manière. Ce n'est ni! un pays de battants, ni d'initiatives personnelles à de rares exceptions.
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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par Blaise » 09 juil. 2012, 09:24:15

L'empathie façon Tintin au Congo effectivement je risque de passer à côté. Mais je te laisse enfiler les clichés comme des perles et à ton habitude, on verra dans 10 ou 20 ans.
Les Français vont instinctivement au pouvoir; ils n'aiment point la liberté; l'égalité seule est leur idole. Or l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. Chateaubriand

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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par pierre30 » 09 juil. 2012, 11:33:22

Ces 20 dernières années, on a eu plusieurs exemples de pays qui ont quitté un régime totalitaire avec l'objectif d'installer un régime plus démocratique et/ou une économie performante : la Russie, La Chine, certains pays arabes, mais aussi l'Irak, l'Afganistan. Les manières de procéder sont variables et les résultats assez divers.

La Russie est passée du communisme à un capitalisme quasi non contrôlé dans un délai court. Ce délai n'a pas permis l'apprentissage de la démocratie qui nécessite du temps. Vu de la France, ce pays n'apparait pas réellement démocratique. Les entreprises y limitent leurs investissements.

A l'inverse, la Chine passe progressivement au capitalisme en gardant le contrôle des institutions et en maintenant le parti unique. L'ordre parait y régner, le niveau de vie y progresse, les droits civiques restent limités mais paraissent s'étendre. Les occidentaux qui y travaillent en reviennent avec des impressions plutôt positives. Les entreprises n'hésitent pas à y investir.

Dans les révolutions arabes, un régime dictatorial est renversé dans un délai court puis est remplacé par la seule alternative disponible : un régime plus ou moins théocratique. Les évènements sont encore trop récents pour tirer un bilan.

L'autre méthode, c'est l'imposition de la démocratie par une ou des puissances étrangères. On en a l'exemple en Irak et en Afganistan. C'est visiblement un échec total.

Le chemin suivi par la Chine, si elle parvient à poursuivre dans cette voie, sera peut-être le plus performant pour construire une démocratie et une économie performante là où il y avait un régime totalitaire et une économie inefficace.

C'est peut-être la bonne méthode : elle évite la pagaille qui favorise les mafias et elle limite les opportunismes qui mènent à des monopoles extrêmement lucratifs. En Russie, ces monopoles ont fini par installer des dirigeants peu démocrates.

Les autres processus parviendront-ils au même résultat ? Pour l'instant il est difficile d'être très optimiste.

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Re: La Russie : 20 ans de gâchis ?

Message non lu par mps » 09 juil. 2012, 11:37:20

Bonne analyse.

Les peuples raffolent des changements rapides, surtout pour les autres !

En fait, il faut que les mentalités mûrissent avant de franchir une étape.

Même un pays "adopté" comme l'Allemagne de l'Est commence seulement et difficilement à s'en sortir, malgré toute l'aide dont il bénéficie.
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