http://www.express.be/business/?action= ... anguage=frPourquoi les capitalistes haïssent les innovations
23 juin 2012 par Audrey Duperron
La technologie numérique nous permet de réinventer notre propre monde, et ce qu’elle nous promet pour le futur est fantastique, à condition que ceux qu’elle risque de gêner parce qu’ils manquent de l’imagination nécessaire pour en voir le potentiel ne viennent s’interposer pour protéger leurs intérêts, écrit Jeffrey Tucker sur le site « Laissez Faire Books ». Et ceux qui risquent d’élever ces barrières, ce sont les capitalistes eux-mêmes.
Tucker cite l’exemple de l’imprimante 3D, que l’on commence à trouver pour des sommes aussi modiques que 400 dollars (environ 300 euros). Ces imprimantes, qui permettent de fabriquer des objets sur la base de fichiers numériques, pourraient révolutionner le transport. Bientôt, au lieu d’envoyer des camions ou des navires de marchandises, on n’enverra plus que des fichiers de données, prophétise-t-il.
Mais une anecdote illustre bien les obstacles que cette révolution devra d’abord surmonter. Récemment, Thomas Valenty, un passionné du jeu Warhammer, avait fait l’acquisition de l’une de ces imprimantes 3D. Il s’était amusé à concevoir des figurines pour le jeu, et il avait posté le résultat de ses efforts sur le site de partage de fichiers pour imprimante 3D Thingiverse, pour permettre à d’autres passionnés de produire leur propres figurines selon ses spécifications. Mais Games Workshop, la société britannique qui avait conçu le jeu Warhammer, a trouvé les fichiers de Valenty, et porté plainte contre Valenty, qui se retrouve désormais au centre d’un procès pour copie d’objets physiques.
L’économiste Joseph Schumpeter avait prédit dans les années 1940 que les capitalistes finiraient par détruire le capitalisme parce que leurs modèles de rentabilité les obligent à se renouveler constamment. Il croyait qu’une classe de capitalistes finirait par haïr l’innovation et qu’elle prendrait action pour que des lois soient votées pour y mettre fin.
L’histoire est émaillée de multiples exemples de ce lobbying pour tenter d’entraver l’arrivée d’une innovation qui pourrait nuire à un marché existant. Récemment, on a craint que les livres numériques ne détruisent la littérature. Aujourd’hui, on sait qu’au contraire, ils ont permis de la développer, et de la vulgariser. Lors de sa création, on a pensé que la radio supprimerait le besoin des concerts, ce qui ne s’est jamais produit. Lorsque les disques ont été créés, on a cru qu’ils allaient nuire à la radio.
Chaque nouvelle technologie qui devient rentable est considérée comme une menace par les producteurs des produits qu’elle rend obsolètes. Mais avec le temps, il s’avère que le secteur finit par prospérer grâce à elle bien plus qu’il ne le faisait auparavant.
En fait, on observe toujours la décroissance des profits à long terme dans les économies de marché lorsque les conditions de production et de distribution sont laissées inchangées. C’est une conséquence de la concurrence : en produisant mieux et pour moins cher, elle oblige à apporter des améliorations, sous peine de voir les profits s’effondrer. Mais c’est aussi la raison pour laquelle de nombreux capitalistes haïssent le capitalisme. Dans une économie dynamique, et un marché libre, le cycle de production et de distribution tend toujours à anéantir les profits, et les entreprises qui veulent continuer à en réaliser doivent constamment s’améliorer.
C’est ce qui peut pousser les entreprises à réclamer la protection de l’Etat contre les nouvelles technologies. Mais elles ne peuvent au mieux que retarder l’inéluctable, parce que rien ne peut stopper les humains dans leur recherche d’une vie meilleure.
Marrant il n'est pas fait mention d'Hadopi, Acta, etc.