Qu'en pensez vous ?"Des discussions sont en cours et il n’y a aucune certitude qu’elles aboutissent": c’est par un communiqué pour le moins laconique que PSA Peugeot Citroën a nuancé l’information divulgué sur Latribune.fr, qui prête l’intention au constructeur automobile de l’Avenue de la Grande Armée de se marier avec General Motors. La rumeur a pourtant été confirmée dans la matinée par le ministre du Travail. Xavier Bertrand a expliqué avoir été informé mardi soir, par PSA, "de ces discussions pour un partenariat stratégique", le groupe ayant assuré au ministre qu'il s'agissait d'une "bonne nouvelle".
Pour comprendre ce qu'il y a derrière ces négociations, il est sans doute utile de revenir sur la journée 8 janvier 2012. Philippe Varin, président du directoire de Peugeot Citroën, prenait alors l’avion seul, sans aucune escorte pour se rendre au salon de Détroit, grand messe de l’automobile américaine. Il partait "rencontrer ses partenaires" parmi lesquels l’Américain Ford.
(...)
Varin marqué par le récit d'Overhaul
Si l’échange a été courtois, le président du directoire de Peugeot Citroën a pris garde de ne laisser filtrer aucune information. Toutefois, après avoir longuement parlé des nouveaux modèles des deux marques, parmi lesquels la Citroën DS5, il a abordé l’industrie automobile américaine. Il s’est dit marqué par la lecture de Overhaul.
(...)
Pour faire des économies, GM privilégie des matériaux intérieurs de piètre qualité, ce qui lui fait perdre des parts de marché face à ses concurrents japonais ou coréens. Les huit marques de la galaxie GM sont devenues difficiles à cerner pour les consommateurs. La visite des usines réserve de bonnes surprises, comme une cohésion forte des équipes, l’adoption bien intégrée des méthodes de production les plus prisées dans l’industrie. Elle révèle aussi un détail troublant: les salariés en CDI et les intérimaires font toilettes séparées… Bref, à tous les étages, l’archaïsme le plus total prévaut, et on comprend que ce récit ait marqué Philippe Varin.
Risques de doublons
Aujourd’hui c’est une entreprise nouvelle avec laquelle Peugeot Citroën s’apprête, selon nos confrères de La Tribune, à nouer une alliance. GM a réglé son problème de dette en convertissant les prêts de l’Etat Américain et du Canada en actions. Le fonds de pension des salariés est aussi devenu actionnaire. L’entreprise, qui a aussi revu à la baisse ses coûts salariaux au prix d’importants sacrifices (près d’un tiers des ouvriers licenciés et des tarifs horaires nettement moins avantageux pour les nouveaux salariés que pour les anciens), a revu ses standards de qualité et peut vendre ses modèles plus cher.
(...)
Pendant ce temps-là, PSA, même si la fermeture de son usine d’Aulnay n’est plus qu’un secret de polichinelle, assemble encore majoritairement dans l’Hexagone à des coûts qui lui permettent difficilement de lutter contre cette nouvelle concurrence. De gros doublons risquent d’émerger également entre Opel, marque allemande de GM, et PSA. Bref, si alliance il y a, elle permettra peut-être de réaliser des économies d’échelles sur les achats de matériaux et sur la recherche, mais elle se fera peut-être dans la douleur.
Toutefois, aujourd’hui, il est difficile, pour Peugeot Citroën qui a toujours prôné les partenariats plutôt que les alliances, de poursuivre sur cette voie. Fiat, l’un de ses partenaires historiques, a fusionné avec Chrysler. Renault, après une alliance avec Nissan, tisse des liens de plus en plus étroits avec Daimler. Volkswagen, il est vrai, continue à la jouer solo. Mais avec huit millions de voitures vendues dans le monde, l’Allemand de Wolfsburg ne boxe plus dans la même catégorie. Si Peugeot Citroën veut survivre, il doit grossir. N’en déplaise à la famille Peugeot, qui a farouchement préservé son indépendance depuis des décennies. Retrouvez l'intégralité de cet article sur
A plus tard,