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Souvent dénoncée par certains responsables politiques pour son caractère immoral, la rémunération des dirigeants des grandes entreprises fait aussi grincer des dents du côté des actionnaires. Mais cette fois-ci, la critique porte plutôt sur le manque de transparence et de contrôle par ceux qui détiennent les parts de la société. La dernière étude de Proxinvest, un organisme d'analyse de la gouvernance des sociétés et de conseil pour les investisseurs, pointe ainsi du doigt "l'échec de l'auto-régulation" en matière de revenus des grands patrons.
Après trois années de baisse consécutives, les dirigeants du CAC 40 ont ainsi vu progresser leur rémunération de près de 34% en 2010 pour atteindre en moyenne 4,11 millions d'euros, d'après les données de cette enquête rendue publique mardi 14 février. Soit à peine en dessous de la limite de 240 Smic (4,6 millions d'euros) fixée par Proxinvest comme le "plafond du socialement acceptable". Cette évaluation prend à la fois en compte la part salariale (part fixe, bonus et autres) et la part actionnariale (stock-options et actions gratuites valorisées à la date d'attribution) de la rémunération du dirigeant.
Encore loin des records de 2006
Les dirigeants des 40 premières entreprises cotées françaises sont certes encore loin de l'année 2006 où la moyenne s'établissait à 5,7 millions d'euros.
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Le patron de Carrefour ou la "prime à la casse"
D'autant que de nombreux cas restent problématiques. Renault par exemple, a longtemps dissimulé à ses actionnaires le salaire que perçoit Carlos Ghosn par le biais du groupe Nissan. Jean-François Dehecq, le fondateur de Sanofi-Aventis, lui, se voit attribuer lors de son départ de l'entreprise, à 70 ans, une indemnité de fin de mandat de près de 3,8 millions d'euros. Difficile à justifier alors qu'il touchera une retraite de près de 780.000 euros par an. Plus grave, d'autres rémunérations semblent être de leur côté de véritables primes à l'échec. Lars Olofsson, le patron de Carrefour qui vient de céder sa place à Georges Plassat, laisse derrière lui un bilan calamiteux. Pourtant, il aura perçu au moins 3 millions d'euros par an pendant trois ans et il part avec une jolie pension de retraite annuelle de 500.000 euros.
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Faire voter les rémunérations par les actionnaires : une bonne idée ?
Comment limiter alors les rémunérations extravagantes ou déconnectées des performances de l'entreprise ? La solution pour Pierre-Henri Leroy, fondateur de Proxinvest, serait notamment de faire voter obligatoirement les actionnaires sur cette question. Chaque année, en assemblée générale (AG), les actionnaires voteraient ainsi pour ou contre la rémunération du dirigeant proposée par le conseil d'administration.
Cette mesure dite du "Say on Pay" présente l'avantage d'ouvrir le débat sur les revenus des patrons et oblige à un minimum de transparence. Elle s'est généralisée dans les pays développés depuis les années 2000 mais n'est toujours pas adoptée en France. Elle n'a cependant rien d'une solution miracle. Les rejets de propositions de rémunérations en AG restent rarissimes en Europe et ce dispositif n'a pas empêché les rémunérations de progresser en Angleterre ou en Allemagne.
Les Français sont un peu moins bien payés que la moyenne
D'ailleurs, maigre consolation, les entreprises françaises sont plutôt dans la moyenne de ce qui se pratique en Europe. Une étude de l'Expert Corporate Governance Service (ECGS), qui regroupe les équivalents de Proxinvest à travers l'Europe, a dévoilé également ce mardi les résultats de sa première enquête sur le sujet. ECGS a ainsi passé au crible les rémunérations des présidents exécutifs de 367 grandes capitalisations boursières européennes, dont 69 françaises. Résultat : les patrons français perçoivent en moyenne une rémunération globale de 3,43 millions d'euros contre 3,9 millions d'euros au niveau européen.
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Le classement des pays européens où les patrons sont le mieux payés en 2010 selon l'ECGS :
- Royaume-Uni : 6,08 millions d'euros en moyenne pour un dirigeant de grande entreprise
- Italie : 5,48 M €
- Espagne : 4,04 M €
- Suisse : 4,00 M €
- Allemagne : 3,83 M €
- Luxembourg : 3,45 M €
- France : 3,43 M €
- Pays-Bas : 3,16 M €
- Irlande : 2,75 M €
- Belgique : 2,75 M €
- Finlande : 2,20 M €
- Autriche : 1,97 M €
- Danemark : 1,50 M €
- Suède : 1,45 M €
- Portugal : 0,96 M €
- Norvège : 0,93 M €
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