Qu'en pensez vous ?SeaFrance, Lejaby, Elevator Car System, Cofinoga, Petroplus... la liste des entreprises qui mettent la clé sous la porte ou licencient s'allonge depuis le début de l'année, alors que la France file tout droit vers la récession. Sans oublier les grands groupes qui réduisent drastiquement leurs effectifs - Société Générale, BNP-Paribas, Crédit Agricole, Air France, Areva, PSA... Les milliers de salariés laissés sur le carreau appellent l'Etat au secours. Ce dernier promet d'agir. Car à trois mois de l'élection présidentielle, laisser des usines fermer sans dire un mot relève du suicide politique.
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Beaucoup de gesticulations. Mais des paroles aux actes, il y a un fossé. Certes, Nicolas Sarkozy peut se vanter d'avoir sauvé des emplois dans l'industrie automobile au plus fort de la crise, en 2008 et 2009. Mais les constructeurs étaient alors liés par un pacte avec l'Etat qui les avait renfloués à hauteur de 6 milliards d'euros. PSA et Renault ont depuis remboursé ces prêts. Rien ne les empêche plus aujourd'hui de licencier. Et ce ne sont pas les convocations des dirigeants à l'Elysée ou au ministère de l'Industrie qui changent vraiment la donne.
PSA va ainsi supprimer 5000 postes en France en 2012. Rien de tel de prévu chez Renault. Parce que l'Etat détient 15% du capital.
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Un combat perdu d'avance?
Que dire alors de ces entreprises entièrement privées, françaises telles SeaFrance ou ou à capitaux étrangers telles Petroplus et Lejaby? "On ne décrètera pas le gel des mutations économiques", a admis François Fillon ce vendredi. "Mais ce qu'il faut que nous fassions, c'est de nous mobiliser pour faire du mieux possible", a ajouté le Premier ministre lui aussi en déplacement dans une usine (celle du fabricant de chaussures Mephisto en Moselle)."Le gouvernement ne baisse pas les bras devant les difficultés que rencontrent nos entreprises".
Certes, pour SeaFrance, le gouvernement a proposé des indemnités extralégales de licenciement pour permettre aux salariés réunis en coopérative ouvrière de reprendre l'entreprise. Cela n'a pas empêché le tribunal de commerce de liquider la compagnie de ferries transmanche.
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L'Etat peut-il sauver les entreprises en difficultés?
Les ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby accusent l'Etat de leur avoir "menti", au lendemain de l'annonce de la fermeture de leur dernière usine dans l'Hexagone.
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De l'argent, l'Etat en a pourtant mis dans le Fonds stratégique d'investissement, à hauteur de 20 milliards d'euros. Mais le FSI n'a pas vocation à racheter toutes les usines qui ferment: il n'investit que dans les entreprises ayant un projet rentable et compétitif, afin de pouvoir récupérer ses billes à moyen long terme. Ce qui n'est pas le cas de Lejaby, confronté à la concurrence de marques moins chères, ni de Petroplus et encore moins SeaFrance, qui a perdu 36 millions d'euros en 2009 et 240 en 2010.
Pour Nicolas Sarkozy, la solution pour mettre fin aux délocalisations et aux fermetures d'usines, c'est la TVA sociale. Si cette mesure peut donner un gain de compétitivité aux entreprises françaises, elle ne permettra pas, telle qu'elle se dessine, de rendre l'Hexagone plus attractif que la Chine ou la Tunisie en termes de coût de la main d'oeuvre. Les propositions des autres candidats à la présidentielle ne sont pas plus originales. François Hollande veut créer une banque publique pour les PME et soutenir les pôles de compétitivité. Les entreprises économiquement pas viables ne sont donc pas visées. François Bayrou prône un "label France". C'est présumer que le consommateur français est prêt à payer plus cher un produit par conscience sociale. Quant à Marine Le Pen, elle veut abandonner l'euro et mettre des barrières douanières aux frontières. Ce qui pourrait détruire un million d'emplois selon l'institut Montaigne. Retrouvez l'intégralité de cet article sur
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