Le planche à billets

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Garance
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Re: Le planche à billets

Message non lu par Garance » 21 sept. 2011, 20:07:14

Papibilou a écrit :Je suis étonné que l'idée d'emprunter directement à la BCE au lieu d'emprunter aux banques ne trouve pas plus d'écho. Y voyez vous un inconvénient ? Pensez vous que les pays comme la Grèce, l'Espagne l'Italie, le Portugal etc .. et la France ne devraient pas être intéressés par cette solution. Et ce n'est pas parce qu'elle est proposée par Mélenchon qu'elle est forcément stupide !



Je ne sais ce qu'il en est pour les pays que tu as cités, mais la France est très riche de ses bas de laines, et produits de placements des particuliers ... plutôt que de ressortir "la planche à billets", il serait peut-être plus judicieux de lancer un grand emprunt.

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Re: Le planche à billets

Message non lu par mps » 22 sept. 2011, 08:16:17

Il est clair qu'emprunter en interne est moins préjudiciable que de s'offrir une dette extérieure.

Sarkozy avait lancé l'idée, et je ne sais quels couinements ont été inventés, comme d'hab.

Pour les particuliers, leur faramineuse épargne est déjà dans les banques, et alimente les emprunts des sociétés et des privés.

Pour la planche à billet, le temps où un état pouvait imprimer des assignats est révolu.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Re: Le planche à billets

Message non lu par caillera » 22 sept. 2011, 10:08:51

Par quel bout qu'on le prenne notre système financier est monstrueux et il va exploser.
Mieux vaut se creuser la tête a savoir ce qu'on va faire après l'impact.
Et quel système financier va être créer pour qu'on puisse vivre.

La planche à billet, les donations des banques centrales aux banques privées, n'améliorent pas la vie des gens.
Comme a dit racaille, pourquoi une banque n'a pas l'obligation de pouvoir couvrir et avoir les réserves correspondant aux dépots qu'elles héberge?
Ce sont des artifices destinés a nourrir le monstre.
Il faut le laisser mourir ce monstre.
Il a tué assez de gens comme ça.
La réalité dépasse toujours la fiction

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Re: Le planche à billets

Message non lu par mps » 22 sept. 2011, 12:12:35

Par quel bout qu'on le prenne notre système financier est monstrueux et il va exploser.
Mieux vaut se creuser la tête a savoir ce qu'on va faire après l'impact.
Et quel système financier va être créer pour qu'on puisse vivre.

Le système financier n'a rien de monstrueux, il est simplement complexe. Mais ce n'est pas cet instrumnet qui procure les difficultés actuelles, mais bien cette mode de gâter les électeurs au-delà des possibilités matérielles. Sans l'endettement des Etats, il n'y aurait aucun problème.

Comme a dit racaille, pourquoi une banque n'a pas l'obligation de pouvoir couvrir et avoir les réserves correspondant aux dépots qu'elles héberge?

Méconnaissance profonde des mécanismes les plus élémentaires. Si les banques devaient se couvrir intégralement en numéraire, tout l'argent serait dans leurs caisses, et il n'y en aurait plus sur le marché. Les banques se couvrent donc par leurs créances, et c'est pourquoi elles sont assez attentives à vérifier la solvabilité de leurs emprunteurs.

Maintenant, quand des Etats en quasi faillite les contraignent à acheter des obligations pourries pour continuer à flatter l'électeur, ils sont seuls responsables des difficultés que les banques vont encaisser inexorablement.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Re: Le planche à billets

Message non lu par Papibilou » 22 sept. 2011, 12:54:33

mps a écrit :Il est clair qu'emprunter en interne est moins préjudiciable que de s'offrir une dette extérieure.

Sarkozy avait lancé l'idée, et je ne sais quels couinements ont été inventés, comme d'hab.

Pour les particuliers, leur faramineuse épargne est déjà dans les banques, et alimente les emprunts des sociétés et des privés.

Pour la planche à billet, le temps où un état pouvait imprimer des assignats est révolu.
Il ne s'agirait pas tant d'un dette interne que d'une dette à l'égard de la BCE.
Il ne s'agit pas de revenir au temps des assignats en quelque sorte les premiers billets de banque (exception faite de l’expérience de Law). Il s'agirait de changer d'emprunteur et donc de ne plus dépendre des marchés et, de plus, d'avoir une dette avec des intérêts à 0.25% par exemple comme le trésor américain vis à vis de la fed.
L’émission d'euros devrait être contrôlée par une véritable gouvernance européenne.
On peut même envisager une adhésion variable au système:
- les pays européens qui veulent emprunter à la BCE le font mais acceptent en retour les bornes fixées par la gouvernance économique de l'UE. Les autres continuent à emprunter sur les marchés.

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Re: Le planche à billets

Message non lu par Papibilou » 22 sept. 2011, 15:11:06

Une autre contribution de Jacques Sapir (copié-collé):
"La solution existe pourtant, évitant à la fois une crise aiguë de la zone Euro et la récession. Elle consisterait dans un premier temps en une monétisation partielle de la dette dans des proportions variant en fonctions des pays (de 60% pour la Grèce à 25% pour la France et l’Allemagne), et dans un deuxième temps à faire évoluer la monnaie unique vers une monnaie commune solidement protégée contre la spéculation par l’interdiction de certaines pratiques et des contrôles de capitaux. Les financements par la BCE mais aussi par des mécanismes bancaires spécifiques (comme les anciens « planchers minimum d’effets publics ») permettraient aux États de s’émanciper des marchés financiers et des agences de notation. La monétisation de la dette conduirait à une dévaluation de fait de l’Euro, passant d’un taux de change de 1,43 dollar à des taux compris entre 1,15 et 1 Dollar, ce qui aurait bien entendu un effet bénéfique sur l’activité économique dans de nombreux pays."

Tiré d'un article de Marianne.

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racaille
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Re: Le planche à billets

Message non lu par racaille » 22 sept. 2011, 20:32:33

mps a écrit :Il est clair qu'emprunter en interne est moins préjudiciable que de s'offrir une dette extérieure.

Sarkozy avait lancé l'idée, et je ne sais quels couinements ont été inventés, comme d'hab.
Quand ? Où ? Il a juste organisé le "grand emprunt" auprès des marchés financiers mais je ne me souviens pas qu'il ait un jour proposé d'effectuer ce grand emprunt auprès des français :
Nicolas Sarkozy a tranché : l’Etat lèvera 22 milliards d’euros sur les marchés. En outre, 13 milliards seront financés par les fonds d’aide remboursés par les banques.
(On a bien le compte, 22 +13 = 35 millairds d'euros de grand emprunt. Pas un sou levé auprès des français.)

--> http://www.grandemprunt.net/

***
mps a écrit :Le système financier n'a rien de monstrueux, il est simplement complexe.
Finalement il n'est pas si complexe que ça quand on se donne un peu la peine de lever le rideau de fumée. Je suis loin d'être devenu un expert mais je commence à avoir une vue plus nette de ce système. Plus j'en apprend et plus je me demande bien pourquoi on ne m'a jamais parlé de la création monétaire à l'école. Bizarre quand même cet "oubli" de la part de l'Education nationale non ? :)

A mon sens ce qui est monstrueux c'est que la création monétaire soit aux mains d'institutions privées qui n'ont de compte à rendre à personne. C'est un pouvoir bien trop grand et je doute qu'on puisse soutenir le contraire. Ce qui est monstrueux aussi c'est que les Etats soient obligé d'emprunter à des banques privées (à des taux d'intérêts qui peuvent devenir parfois prohibitifs^^) plutôt que de créer la masse monétaire eux-mêmes pour pas un rond. Encore une fois c'est un pouvoir bien trop grand dans les mains d'institutions irresponsables (c'est la loi qui le dit, pas moi). Ah je viens de voir que Papabilou l'avait déjà dit en parlant d'emprunter à la BCE alors je suis d'accord avec lui :)
mps a écrit :pourquoi une banque n'a pas l'obligation de pouvoir couvrir et avoir les réserves correspondant aux dépots qu'elles héberge?

Méconnaissance profonde des mécanismes les plus élémentaires. Si les banques devaient se couvrir intégralement en numéraire, tout l'argent serait dans leurs caisses, et il n'y en aurait plus sur le marché. Les banques se couvrent donc par leurs créances, et c'est pourquoi elles sont assez attentives à vérifier la solvabilité de leurs emprunteurs.
La réponse à ce problème est contenue dans la proposition du 100% monnaie de séparer les activités bancaires en trois groupes : dépôt, crédit et investissement. De cette manière, les établissements se spécialisant dans le dépôt seraient aptes à avoir des fonds propres couvrant l'intégralité des dépôts. Par contre ces établissements ne pourraient plus créer de monnaie à partir de ces dépôts ni spéculer avec sur des produits dérivés hautement toxiques (snif !). Ca en ferait des institution d'utilité publique, ce qui, je le reconnais, serait un virage à 180° et peut-être difficile à avaler pour certains banquiers. Bah, il suffira de les virer, de les remplacer par des gauchistes mutualistes et le tour sera joué :)

***

PS : juste pour m'auto-corriger, le 100% monnaie c'est de Irving Fisher (milieu des années 30) ; Maurice Allais n'est qu'un de ceux qui se sont inspirés des travaux de cet économiste américain : http://fr.wikipedia.org/wiki/Irving_Fisher
racaille a écrit :C'est marrant parce que j'ai appris la semaine dernière que les néo-libéraux proches de l'école de Vienne étaient aussi farouchement opposés à ce type de création monétaire. Certains partagent même l'idée développée par le "100% monnaie" - basé entre autres sur les travaux de M. Allais - dont l'objectif serait de séparer les activités bancaires de dépôt, de prêt et d'investissement et aussi d'interdire le système de réserve fractionnelle (banques de dépôt couvertes à 100%).
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

pierre30
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Re: Le planche à billets

Message non lu par pierre30 » 25 sept. 2011, 13:14:32

johanono a écrit :
La planche à billets : solution contre la crise ?

Après avoir étudié les enjeux de la dette et les solutions qui peuvent être mises en place, la conclusion est simple : la monétisation est sans doute la seule voie viable pour l’Europe et la France. Mais quelles pourraient en être les modalités ?

L’austérité, seule, n’est pas une solution

En effet, la voie de l’austérité a toutes les chances d’être une voie sans issue dans les circonstances actuelles. Les niveaux de déficit et de dette sont trop importants et la croissance trop faible pour que les pays européens puissent mettre en œuvre des programmes d’austérité sans prendre le risque considérable de rentrer dans une déflation économique où la baisse des dépenses de l’Etat annihilerait toute croissance, sans pour autant parvenir à réduire les déficits à zéro.

Mais du coup, s’il n’y a pas de croissance et toujours des déficits, alors le poids de la dette va continuer à augmenter et la situation risque d’empirer au lieu d’être résolue. Car comment espérer la moindre croissance dans des pays où le volume des dépenses publiques va baisser en moyenne de 10% en trois à quatre ans alors que ces dépenses représentent en général la moitié de l’économie ? La demande privée pourra au mieux compenser, et encore…

La monétisation, la seule voie possible

Du coup, la solution pourrait être le refinancement des Etats par leurs banques centrales. Après tout, ces banques centrales refinancent depuis près de deux ans l’ensemble des établissements bancaire à des coûts dérisoires (1% ou moins aux Etats-Unis et en Europe). Pourquoi les banques centrales ne pourraient-elles pas prêter aux Etats, à 0% (ou un petit peu plus pour ne pas trop encourager le recours à la dette), ce qui serait une solution solide aux problèmes actuels. En effet, les Etats pourraient se passer des marchés, tout en économisant des intérêts.

En outre, cette solution préserve les intérêts des créditeurs actuels qui n’auraient plus de soucis à se faire sur la capacité des Etats à les rembourser, ce qui pourrait restaurer un climat de confiance plus favorable à la croissance. En outre, cette solution pose la question plus globale de la justification du système actuel qui refuse aux banques centrales de créer de la monnaie pour les Etats en Europe (ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne) et le permet aux banques privées.

Encore plus loin, la planche à billets ?

Au final, la solution préconisée par de plus en plus d’économistes apparaît assez raisonnable. Mais il y a une autre voie encore plus hétérodoxe, qui consisterait à faire carrément fonctionner la planche à billet, comme ce que fait épisodiquement le Japon depuis quelques années, c’est-à-dire créer ex nihilo de l’argent. Cette solution en épouvanterait beaucoup qui répondront en évoquant le spectre de l’hyperinflation. Cependant le contexte actuel amène à modérer ces critiques.

En effet, pour la première fois depuis longtemps, la masse monétaire a tendance à légèrement baisser. En outre, avec un chômage massif et des capacités de production sous-utilisées, le risque d’inflation est aujourd’hui totalement nul. Au contraire, un peu de création monétaire pourrait être le carburant pour relancer l’économie, l’éviter de sombrer dans la déflation et même légèrement relever le niveau d’inflation qui est sans doute un peu trop bas aujourd’hui.

Bref, au-delà des politiques d’austérité, dont on peut sérieusement douter de la capacité à résoudre nos problèmes, il existe d’autres solutions. Heureusement, elles commencent à émerger dans le débat public, indiquant aux citoyens qu’il y a d’autres issues que les politiques de Herbert Hoover.
http://gaulliste-villepiniste.hautetfor ... crise.html
Je ne comprends pas très bien ce discours.

C 'est quoi la différence entre monétisation et planche à billets ? Elle semble bien faible.

L'une ou l'autre solution aboutissent à faire payer l'ensemble des utilisateurs de monnaie au prorata de la quantité qu'ils utilisent : si on crée de la monnaie sans créer de richesse, on abaisse la valeur de la monnaie. C'est une dévaluation.

Et si les expériences US ont montré qu'il y avait relativement peu d'inflation générée malgré la baisse du dollar, c'est justement parce que ça n'a pas permis de relancer l'économie US. Dans le cas contraire ça aurait généré plus d'inflation.

Donc si cela fonctionne, on aura de l'inflation (c'est un peu le but recherché). La différence avec la rigueur, c'est que c'est plus facile à faire : pas de niche visée, donc pas de lobbye pour la défendre. Mais c'est un peu comme la TVA : ça pèse plus sur les revenus moyens et faibles que sur les riches qui ont du patrimoine.

Ensuite, ça pèse sur les détenteurs de dette. Dans un contexte mondialisé, le détenteur de dette dans la monnaie dévaluée se retrouve affaibli par rapport aux autres. C'est la même chose qu'avec les détenteurs d'obligations grecques. Si celles-ci voient leur coût baisser, les détenteurs sont fragilisés.

Il faudrait donc créer des masses de devises dans toutes les monnaies et dans la même proportion. Cela réduirait le poids des dettes et ne fragiliserait pas les établissements bancaires les uns par rapport aux autres.




Cependant une dévaluation aurait une vertu : la baisse du pouvoir d'achat conduirait certains pays à consommer moins de richesses et rétablirait l'équilibre avec la richesse produite. C'est de la rigueur à l'état pur !

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Re: Le planche à billets

Message non lu par Papibilou » 26 sept. 2011, 09:48:51

pierre30 a écrit :
C 'est quoi la différence entre monétisation et planche à billets ? Elle semble bien faible.
si on crée de la monnaie sans créer de richesse, on abaisse la valeur de la monnaie. C'est une dévaluation.

Donc si cela fonctionne, on aura de l'inflation (c'est un peu le but recherché). La différence avec la rigueur, c'est que c'est plus facile à faire : pas de niche visée, donc pas de lobbye pour la défendre. Mais c'est un peu comme la TVA : ça pèse plus sur les revenus moyens et faibles que sur les riches qui ont du patrimoine.

Ensuite, ça pèse sur les détenteurs de dette. Dans un contexte mondialisé, le détenteur de dette dans la monnaie dévaluée se retrouve affaibli par rapport aux autres. C'est la même chose qu'avec les détenteurs d'obligations grecques. Si celles-ci voient leur coût baisser, les détenteurs sont fragilisés.

Il faudrait donc créer des masses de devises dans toutes les monnaies et dans la même proportion. Cela réduirait le poids des dettes et ne fragiliserait pas les établissements bancaires les uns par rapport aux autres.


Cependant une dévaluation aurait une vertu : la baisse du pouvoir d'achat conduirait certains pays à consommer moins de richesses et rétablirait l'équilibre avec la richesse produite. C'est de la rigueur à l'état pur !
Monétisation et planche à billets: la différence est effectivement faible et tient surtout au fait que le terme "planche à billets" est péjoratif.

Oui créer de la monnaie sans créer de richesse c'est abaisser la valeur de la monnaie, mais pas seulement cela: c'est aussi donner aux états des possibilités d'action qu'ils ont perdu parce qu'ils n'ont plus de marge de manoeuvre (pour la France, le remboursement des intérêts c'est 45 milliards cette année, à comparer aux 60 de l'éducation nationale, le plus gros poste budgétaire; mais la perte du AAA signifierais le passage à probablement 60 milliards au poste intérêts de la dette).

C'est donc bien une dévaluation. Ce terme péjoratif a aussi une vertu indiscutable: la valeur moindre de l'euro signifierait une diminution des prix de vente à l'export, ce qui voudrait dire une meilleure compétitivité des entreprises (on sait que l'euro à 1.40 dollar ne profite qu'à un seul pays en Europe, l'Allemagne dont l'industrie de pointe n'a pas de véritable concurrence dans le monde). je rappelle que lors de sa création l'euro pesait environ 1 dollar.

L'inflation pèse sur les revenus moyens pour tout produit importé. Le cas du pétrole est un peu à part car les taxes sont considérables sur ce produit.

Oui les détenteurs de la dette sont lésés en partie, mais en partie seulement car il vaut mieux un abaissement de la valeur de la dette qu'un défaut de paiement.

ce qui n'exclue pas l'idée de rigueur; car, bien entendu, on ne pourrait se livrer à une augmentation de la masse monétaire qu'en montrant nos capacités à nous réformer.

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Re: Le planche à billets

Message non lu par pierre30 » 26 sept. 2011, 14:33:11

C'est pas faux. Mais n'oublions pas que si l'euro est fort par rapport au dollar, c'est avant tout que le dollar est très bas.

Ensuite, si on considère l'euro par rapport à l'ensemble de la zone, celle-ci ne se porte pas si mal. Or l'euro n'est pas destiné à faire le jeu de l'une ou l'autre partie de la zone.

Les déséquilibres internes à la zone sont à régler à l'intérieur de la zone : une dévaluation de l'euro ne règlerait rien des problèmes internes à la zone. Rappelons que la grande majorité des échanges et donc des déséquilibres se font dans l'UE et dans la zone euro en particulier.

La solution ne peut être que politique : accord entre les membres pour une politique économique plus coordonnée, ou sortie de l'euro complète ou partielle. La deuxième option est de loin la plus risquée à moyen terme. Même si la première n'est pas sans risque.



========================

Edit 16h07 :
Faire baisser l'euro aurait certainement quelques vertus pour certaines entreprises exportatrices hors zone euro (les allemands, premiers concernés, ne sont pas demandeurs), mais également des inconvénients pour la consommation à l'intérieur de la zone. Il n'est pas certain que le PIB global s'en trouverait dopé.

Dès lors, à quoi bon dévaluer l'euro, si cela aboutit à créer des difficultés pour l'ensemble de la zone sans résoudre les déséquilibres internes ?

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Re: Le planche à billets

Message non lu par Papibilou » 26 sept. 2011, 18:28:15

pierre30 a écrit :C'est pas faux. Mais n'oublions pas que si l'euro est fort par rapport au dollar, c'est avant tout que le dollar est très bas.

Ensuite, si on considère l'euro par rapport à l'ensemble de la zone, celle-ci ne se porte pas si mal. Or l'euro n'est pas destiné à faire le jeu de l'une ou l'autre partie de la zone.

Les déséquilibres internes à la zone sont à régler à l'intérieur de la zone : une dévaluation de l'euro ne règlerait rien des problèmes internes à la zone. Rappelons que la grande majorité des échanges et donc des déséquilibres se font dans l'UE et dans la zone euro en particulier.

La solution ne peut être que politique : accord entre les membres pour une politique économique plus coordonnée, ou sortie de l'euro complète ou partielle. La deuxième option est de loin la plus risquée à moyen terme. Même si la première n'est pas sans risque.


Faire baisser l'euro aurait certainement quelques vertus pour certaines entreprises exportatrices hors zone euro (les allemands, premiers concernés, ne sont pas demandeurs), mais également des inconvénients pour la consommation à l'intérieur de la zone. Il n'est pas certain que le PIB global s'en trouverait dopé.

Dès lors, à quoi bon dévaluer l'euro, si cela aboutit à créer des difficultés pour l'ensemble de la zone sans résoudre les déséquilibres internes ?
L'objectif n'est pas, au départ, de dévaluer l'euro mais bien de faire marcher la planche à billets, ou, en d'autres termes, que la BCE crée une somme (selon J.Sapir 1500 milliards suffiraient) qui permette d'éponger une partie de la dette des pays européens (60% de la dette grecque 25% de la dette française etc ..) de manière à donner à ces pays un peu d'air. On sait que la Grèce ne peut honorer sa dette (780 milliards) et la faire payer par les autres pays qui sont eux mêmes très endettés reviendrait à accroître les difficultés des pays sauveurs. Néanmoins, vous avez raison, en créant de la monnaie, la masse monétaire (M3?) augmenterait automatiquement et créerait une dévaluation. Mais si l'on suppose que la France passerait de 45 milliards que coûte le service de la dette à 33/34 on aura gagné 11/12 milliards par an. Ce n'est pas suffisant, mais ça aide. La Grèce retrouvera des possibilités de rembourser sa dette qui sera devenue environ 300 milliards, etc ..
Pour le reste vous avez raison la baisse de l'euro ne suffira pas à elle seule à ramener de emplois, mais on sera un tout petit peu plus compétitif.

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Re: Le planche à billets

Message non lu par pierre30 » 26 sept. 2011, 20:54:25

Je viens de lire un article de Roubini dans les echos. Il est alarmant et, si on le croit, on va vers une crise majeure avec très peu de chances de l'éviter. Selon lui, il faut tout à la fois relancer où c'est possible dans les pays avancés, annuler des parties de dette, demander aux émergents (la Chine surtout) de relever le taux de change du YUAN et de se mettre à consommer, éclater la zone euro, .... Bref, c'est mort.

Mais je reviens sur l'idée d'annuler des parties de dette : votre idée de créer de la monnaie pour rembourser les créanciers revient bien-sûr à faire payer les dettes par tous les européens. C'est comme si on mutualisait ces dettes.

Permettez-moi de délirer un peu :
Mais c'est peut-être une solution à explorer non pas seulement pour la zone euro, mais pour le monde entier. La zone euro a un rôle important, mais les USA et d'autres pays comme le Japon également. Dans un échange précédent, j'ai parlé de créer de la monnaie dans toutes les devises mondiales simultanément afin d'en augmenter la masse. Cela reviendrait à dévaluer toutes les monnaies, créer un inflation généralisée, et réduire les dettes en proportion. Dans ce cas, ce sont les pays qui détiennent le plus de réserves monétaires qui se trouvent payer les dettes pour les autres. Mais pourquoi pas ?
Fin du délire
Une autre solution existe : La Chine possède des réserves considérables. Elle pourrait payer les dettes de certains pays (la Grêce en particulier) en échange de concessions politiques ou économiques. Ce qui revient un peu à la même chose que la proposition précédente.


http://lecercle.lesechos.fr/economistes ... depression

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Re: Le planche à billets

Message non lu par Papibilou » 27 sept. 2011, 09:19:49

pierre30 a écrit : Mais je reviens sur l'idée d'annuler des parties de dette : votre idée de créer de la monnaie pour rembourser les créanciers revient bien-sûr à faire payer les dettes par tous les européens. C'est comme si on mutualisait ces dettes.

Une autre solution existe : La Chine possède des réserves considérables. Elle pourrait payer les dettes de certains pays (la Grêce en particulier) en échange de concessions politiques ou économiques. Ce qui revient un peu à la même chose que la proposition précédente.


http://lecercle.lesechos.fr/economistes ... depression
Pour les USA la fed peut se comparer à la BCE. Pas tout à fait cependant, puisqu'il s'agit de 12 petites banques dont chacune n'a qu'un pouvoir réduit. Néanmoins, ça n'a pas empêché les USA de créer quelques centaines de milliards en quelques mois (autant que je me souvienne, la somme prêtée par la fed au trésor américain est de l'ordre de 1200 milliards de dollars, soit environ 900 milliards d'euros). D'ailleurs si vous comparez cette somme US à la somme nécessaire à un désendettement partiel des pays européens, le compte y est presque.
Un autre point que vous soulevez est la possibilité de faire payer la Chine en échange de concessions politiques et économiques. Quoi ? Vous trouvez que l'on n'a pas fait assez de concessions à la Chine ? Chaque fois que l'on leur vend quelques chose, il faut leur filer la technologie avec. Ou alors ils copient honteusement nos productions en piquant le nom de la marque.
Non, je ne pense pas que ce soit une solution acceptable; déjà les grecs leur ont vendu le Pirée ! Ils pillent allègrement les richesses d'Afrique !
En revanche, la Chine peut être un moteur de la reprise. Il suffirait pour cela que le gouvernement chinois décide d'orienter une partie de sa propre production vers les chinois eux mêmes. Elle hausserait le niveau de vie des chinois qui deviendraient un moteur pour la Chine et qui importerait un peu plus qu'elle ne le fait, ce qui aurait des chances de booster nos économies occidentales.

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Re: Le planche à billets

Message non lu par pierre30 » 27 sept. 2011, 10:01:46

Oui bien sûr. Mais il va falloir choisir entre le chaos et des concessions si j'en crois Roubini.

===========
Autre sujet : l'article ci-dessous fait le parallèle entre l'euro et les euro-obligations. Le parallèle est très instructif et explique pourquoi la création d'euro-obligations ne pourra aboutir sans concessions nouvelles sur la souveraineté économique.

http://lecercle.lesechos.fr/economistes ... lallemagne

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Re: Le planche à billets

Message non lu par Papibilou » 27 sept. 2011, 12:32:49

pierre30 a écrit :Oui bien sûr. Mais il va falloir choisir entre le chaos et des concessions si j'en crois Roubini.

===========
Autre sujet : l'article ci-dessous fait le parallèle entre l'euro et les euro-obligations. Le parallèle est très instructif et explique pourquoi la création d'euro-obligations ne pourra aboutir sans concessions nouvelles sur la souveraineté économique.

http://lecercle.lesechos.fr/economistes ... lallemagne
Qu'est-ce que les pays endettés ont à perdre à abandonner une partie de leur indépendance budgétaire ?
Mais le problème des euros-bonds est que si l’Allemagne emprunte aujourd'hui à un peu moins de 2% et la France à un peu plus de 2.2%, l'Italie et l'Espagne sont à plus de 5% et la Grèce à 22% ! Autant dire que des euros-bonds feraient un mix de ces taux et se situeraient au dessus de 4%. Ce qui handicaperait sérieusement Allemagne et France. Et ce qui a conduit Merkel à exiger, lors d'une de ses dernières rencontres avec Sarkozy à refuser que l'on évoque les euro-bonds.
Au fond, je me demande si l'Europe, bloquée par l'Allemagne n'aurait pas intérêt à ce que ce ne soit pas la Grèce qui sorte de l'euro, mais bien l'Allemagne.

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