Le FMI: l'austérité oui, mais pas trop !

[Nombrilist]

Au nom du FMI, Christine Lagarde enjoint les Etats à ne pas faire trop dans l'austérité, car si plus personne n'achète à personne, ça pourrait enrayer la machine économique (sans blague). Depuis le temps qu'on le dit !

http://www.lepoint.fr/economie/crise-de ... 033_28.php

Mais de toute façon, pour Stiglitz, c'est trop tard. Le monde entier a laissé le soin de la gestion de la crise aux banques, et la crise ne peut qu'empirer.

http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... id=1198047

[pierre30]

On dirait que Stiglitz regrette le bon vieux temps de la dette qui alimentait la spéculation et qui créait de la croissance artificielle. Je crois qu'il n'est pas seul à le penser aux USA et que si OBAMA le pouvait, il relancerait volontiers le gonflement de la bulle immobiliaire.

Que propose Stiglitz qui n'a pas été essayé jusqu'à présent ?
C'est quand même curieux de constater qu'ils n'ont pas réussi à éviter la trappe à liquidité et qu'ils continuent à prôner les mêmes solutions.

[Nombrilist]

Il me semble surtout que Stiglitz regrette qu'on n'ait pas tordu leur main aux banques pour les obliger à investir davantage dans les entreprises. Nulle part je ne le vois regretter la bulle immobilière.

[pierre30]

Nostalgie quand même :

L'autre problème de l'Europe est que trop de gens y estiment que l'austérité budgétaire est la bonne réponse. Rappelons pourtant qu'avant la crise, l'Espagne et l'Irlande enregistraient un excédent et un faible ratio dette/PIB. Renforcer l'austérité n'aura pour résultat que de ralentir la croissance de l'Europe et d'accroître ses problèmes budgétaires.

Oui il regrette aussi de ne pas avoir pu tordre la main aux banques. Mais il constate avant tout l'échec de la politique qu'il prône. Le laïus à propos des investissements porteurs d'avenir n'est pas une véritable alternative. Cela a été fait pour partie et surtout ce n'est certainement pas suffisant pour résoudre le problème dans l'immédiat et dans un avenir proche : investir dans les infrastructures (routes et autres) ne porte des fruits qu'à long terme. A court terme, cela permet seulement de mettre de l'argent dans le circuit économique et évitant la trappe à liquidités.

[wesker]

Lagarde, qui n'est pourtant pas connu pour être hostile à l'austérité, commence à mesurer les limites de cette politique, en particulier en Grèce où l'austérité se traduit par un ralentissement économique.

Au niveau européen, il convient de développer les projets industriels et de récupérer les monnaies nationales afin de pouvoir estomper les écarts de compétitivité d'une part et de pouvoir relancer la machine économique.

L'Etat a un rôle, une responsabilité, celle d'être protecteur et non celui d'être acteur et de faire à la place. IL n'a pas à confier la gestion budgétaire et les choix politiques à des banquiers qui refusent de financer l'économie réelle et qui s'attaquent entre eux, pour des raisons spéculatives.

Hier, Sarkozy et Merkel ont évoqué l'idée d'une taxation des transactions financières, en particulier sur les allées-venues journalier, reste encore à la mettre en oeuvre.

[Nombrilist]

Pierre30, c'est vrai que regretter les bulles immobilières espagnoles et irlandaises, c'est bizarre.

[El Fredo]

Je n'ai pas l'impression que Stiglitz regrette les bulles immobilières, au contraire il désigne la bulle US comme l'une des causes de la crise.

[pierre30]

Peut-être qu'il fait une distinction entre celle de l'Espagne ou de l'Irlande et celle des USA ? Perso j'en vois pas.

[El Fredo]

La seule fois où il parle de l'Espagne et de l'Irlande c'est pour critiquer implicitement la règle d'or, étant donné que ces deux pays avaient des excédents budgétaires et des dettes faibles avant la crise, et qu'ils sont désormais parmi les pays les plus en difficultés. Preuve que l'aspect budgétaire n'est absolument pas un critère pour se prémunir d'une future crise et encore moins pour sortir de l'actuelle.

[Nombrilist]

Oui, mais il faut reconnaître aussi que leur croissance était basée sur du vent (la bulle immobilière), comme aux USA.

[El Fredo]

Oui, et la remarque de Stiglitz concernant les USA s'applique tout autant à l'Espagne et à l'Irlande.

[pierre30]

Je l'ai déjà lu plus inspiré et plus optimiste ... faudrait pas qu'il nous fasse un coup de calgon, quand même ! malade:

[mps]

Et voila qu'on ressort Stiglitz de l'antimites !

Je me demande de quand date cet article, qui semble déjà un peu dépassé, vu la vitesse des informations.

En fait de "grande récession", la Bourse a réagi avec surprise aux excellents chiffres de la consommation aux USA.
Idem en Belgique, d'ailleurs ...

Par contre, tout à fait d'accord avec la stupidité des taux exagérément bas : dès que le taux d'escompte se situe sous celui de l'avilissement monétaire, il y a spoliation de l'épargnant, et donc effet déflatoire.

D'accord aussi d'admettre des réticences aux emprunts des PME. Chez nous, grâce au ciel, ce secteur est en vive expansion, signe du pari sur l'avenir de nos entreprises, et avec le succès que l'on sait.

Même avec la situation budgétaire que nous connaissons, réorienter les dépenses et les impôts vers la croissance - en diminuant les prélèvements sur les salaires et en augmentant les impôts des plus riches, mais aussi en abaissant les taxes pour les entreprises qui investissent et en les augmentant pour celles qui ne le font pas -, permettrait d'améliorer la durabilité de la dette

Ici, l'auteur fait dans le slogan : les prélèvements sur salaires sont tout à fait raisonnables aux USA, forcer l'imposition des "riches" c'est souvent faire filer les capitaux vers des cieux plus attractifs, et les entreprises qui investissent le font déjà en déduction fiscale bien entendu. Pas très sérieux ...

La suite ne vaut guère mieux, avec le mal qu'il se donne pour évacuer le problème du surendettement des états, et réclamer toujours plus de biscuits, dans la meilleur tradition gauchiste. On attend vainement de lui qu'il précise ce que coûte cette dette aux américains ou aux grecs ! De quoi paver les rues d'or

Venir dire qu'une politique d'austérité va tuer la croissance est totalement rock & roll. Sans même renoncer aux services publics, le contrôle des coulages hallucinants devrait à peu près combler le trou. Pourquoi ne le dit-il pas ? Une économie saine n'a pas besoin de gaspillage pour évoluer favorablement.

Pour ton dessert, une vue de la situation grecque qui a entraîné sa crise : ne viens pas me dire que remédier à tout cela mettrait l'économie en péril

1. Le métro d’Athènes est climatisé et offre des écrans plasma pour distraire les voyageurs.
Et il est gratuit pour les cinq millions d’habitants de la capitale ; en fait, il ne l’est pas en
théorie mais comme il n’y a pas de barrières pour empêcher les usagers sans ticket de
passer, bien rares sont les passagers soucieux d’acheter leur billet.
Bref, c’est le contribuable européen qui a payé le métro athénien qui a coûté près de…

1,7 milliard d’euros.

2. Le salaire moyen des employés de la compagnie nationale ferroviaire grecque est de
70.000 euros, ce qui englobe les ouvriers et les agents de nettoyage des trains. Ce salaire
représente le triple de celui des employés du secteur privé grec.

3. Par ailleurs, le chiffre d’affaires annuel de cette compagnie est d’environ 90 millions d’euros,
pour une masse salariale de près de 575 millions d’euros annuels, ce qui a même fait ironiser
un politicien grec : il a fait remarquer qu’il eut mieux valu payer des taxis privés pour les
déplacements des voyageurs.

4. En une décennie, la masse salariale du secteur public a doublé.

5. Plus de 600 professions bénéficient d’une retraite à 50 ans, avec une pension correspondant
à… 95% du salaire de la dernière année, en raison de leur caractère « ardu et périlleux ». Ces
professions englobent les pâtissiers, les animateurs de radio, les coiffeurs et les masseurs de

bains turcs !

6. Les déclarations d’impôts rédigées par les contribuables sont très rarement contrôlées.
Ainsi, seuls 5.000 personnes sur un pays de 12 millions d’habitants, admettent gagner plus de
100.000 euros annuels.

Or, plus de 60.000 foyers grecs détiennent pour plus de 1 million d’euros d’investissements,
sans compter les montants investis à l’étranger. Un grand nombre de contribuables grecs
affirment ne gagner que 12.000 euros annuels, même lorsqu’ils possèdent bateaux, résidences
secondaires sur des îles et propriétés à l’étranger.

7. Lorsque le percepteur s’en formalise, les contribuables lui remettent des fakelaki, - enveloppes
contenant des espèces. Il existe une sorte de tarif officieux qui va jusqu’à 10.000 euros pour les
foyers les plus riches. (Il se dit qu’une famille grecque moyenne paye 2.000 euros par an).

8. Les grands armateurs grecs, les plus riches de la banlieue riche de Kifissia, sont exonérés d’impôts,
en raison des bénéfices qu’ils sont supposés apporter au pays. Mais les chantiers navals sont vides
aujourd’hui ; seules 500 personnes sont encore employées à l’entretien des navires des compagnies
maritimes déclinantes.

9. Seulement 300 résidents de Kifissia, cette banlieue riche d’Athènes, ont admis détenir une piscine.
(Le vrai chiffre est estimé à 20.000).

10. Au total, ces évasions fiscales coûteraient au pays la somme de 45 milliards d’euros par an.

11. L’Église grecque, probablement le premier propriétaire foncier de Grèce, ne paie pas d’impôt ;
tout Grec qui, dans son jardin construit une petite chapelle privée, fut-elle minuscule, en est aussi
exonéré !

12. Les Grecs refusent obstinément la mise en place d’un cadastre : l’Etat n’a pas à savoir de quelle
surface de terrain ou de quel patrimoine immobilier ils disposent.

« Après avoir livré bataille avec la police anti-émeute, qui a du faire usage de gaz lacrymogènes
pour les disperser, des milliers de manifestants ont campé sur la place du Parlement, dans l’attente
du vote des députés grecs sur les mesures d’austérité imposées par l’Europe.
En fait, ces manifestants devraient retourner leur colère contre leur pays, contre ces Grecs bien
inconscients qui se sont condamnés eux-mêmes, après des années à refuser de payer à leur Etat
les sommes qu’ils lui devaient. », conclut amèrement le Daily Mail.

Et pour que la fête soit complète, sais-tu pourquoi les taxis grecs ont fait cette grève interminable ?
Parce qu'il serait question - vois l'outrage - de les faire utiliser leurs taximètres !!!

N'en déplaise à l'auteur, il y a tout à fait moyen de redresser ce pays sans martyriser ses citoyens !

[El Fredo]

Le sujet n'est pas la Grèce, pour cela il y a d'autres topics dédiés. L'article de Stiglitz s'applique aux USA et à l'UE dans leur ensemble.

[mps]

L'ajout sur la Grèce avait pour seul but de démontrer que la prise de contrôle des innombrables coulages pouvait déjà résoudre en bonne partie les dérives budgétaires. Dans tous les pays.

Tu l'aura sévidemment compris.