"100% monnaie" ?

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racaille
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Message non lu par racaille » 13 août 2011, 18:55:00

Je recopie ici un texte d'André-Jacques Holbecq décrivant un système de création monétaire alternatif. Il intéressera peut-être les membres du forum soucieux de régler rapidement la problème de la dette souveraine et assainissant au passage le système monétaire. Bonne lecture ! :)


Qu’est-ce que la proposition « 100% monnaie » ? Par André-Jacques Holbecq (billet invité)

Le « 100% monnaie » n’est pas (encore) dans un quelconque programme politique, mais il est probable que vous en entendrez de plus en plus parler. Il a donc semblé intéressant de vous faire partager un résumé concernant cette possible « révolution » monétaire et bancaire.



Aujourd’hui

Le secteur bancaire n’est pas une industrie comme les autres car son fonctionnement produit des « externalités » qui peuvent être dommageables pour les autres secteurs, et le produit qu’il crée, la monnaie, n’est pas un produit comme les autres car il permet d’exercer sur les marchés un pouvoir d’achat déstabilisateur . Or, le système de paiements et l’intégrité du moyen d’échange sont des biens publics essentiels. Il est dès lors normal que la société dessine le système de paiement et de financement le plus sécurisé et le plus efficace possible tout en s’appropriant les gains de la création monétaire, ce mécanisme générateur par nature de « faux droits » sur la production. Le contrôle de la monnaie doit faire partie de l’arsenal de protection des intérêts des citoyens.

Il existe une différence fondamentale entre les deux types de monnaies que nous utilisons, nous les « agents non bancaires » (État, entreprises et ménages). La première monnaie est fiduciaire (de « fidus », confiance en latin), ce sont les billets de banque (espèces). La seconde est scripturale (les montants qui apparaissent sur vos comptes bancaires et vos dépôts d’épargne). La première est donc une monnaie émise directement par la Banque centrale (pour nous la BCE) qui encaisse donc directement les bénéfices de cette création, la seconde est une monnaie émise (créée « ex nihilo par chaque banque commerciale à l’occasion d’une opération de crédit ou d’un achat d’actifs sur le marché et c’est donc elle qui encaisse les gains de cette création (les intérêts perçus sur le prêt d’une ressource qu’elle crée !). De ce fait il existe donc des monnaies BNP, SG, CA, Banque Postale, Crédit Mutuel, etc, et même si celles-ci sont toutes libellées en euro, vous ignorez la provenance du crédit les ayant créées et à qui il devra être remboursé à son terme. Tous ces dépôts, qu’ils soient au passif de la BNP, SG, CA, Banque Postale, Crédit Mutuel, etc, sont bien sûr fongibles entre eux et les banques, par définition, se sont engagées à effectuer pour leurs clients toutes les transactions que ceux-ci leur commandent de faire : virements de banque à banque ou retraits en espèces (monnaie banque centrale). Pour ce faire, dans les conditions normales, elles n’ont besoin que d’un coussin de sécurité en monnaie banque centrale (les réserves). C’est le principe même de fonctionnement de nos systèmes bancaires : un système bancaire à couverture fractionnaire des dépôts. Mais les banques commerciales se sont engagées à transformer en monnaie centrale (espèces), à tout moment, l’équivalent de vos dépôts bancaires : c’est la raison pour laquelle certains économistes définissent la monnaie comme « une dette de banque qui circule ».
Enfin, pour ne pas trop rentrer dans les détails de la création monétaire, sachez que le seul pilotage de la masse monétaire actuelle tient d’une part au taux d’intérêts de refinancement des banques (besoins en monnaie centrale) et au montant des réserves obligatoires (équivalent à 2% des dépôts)


De cette description, il faut retenir 2 points essentiels:

- La création d’un pouvoir d’achat « ex nihilo »par le crédit est une ponction sur la production ne correspondant à aucune épargne préalable, un gain pour la banque lié à un privilège, cause d’une instabilité fondamentale du système ;
- La création comme la destruction de monnaie sont complètement dépendantes du désir des agents économiques d’emprunter et de la volonté des banques de prêter ;

Aujourd’hui on peut dire que la quantité de ce que nous considérons comme monnaie en circulation est indéterminée : les banquiers centraux classent celle-ci dans des agrégats (M1, M2, M3) du plus « liquide » (immédiatement disponible) au moins liquide, la limite en zone euro étant fixée à 2 ans sans aucune justification (pourquoi pas 1 pourquoi pas 3 ; d’ailleurs les USA ne comptabilisent plus M3 alors que les Anglais ont un agrégat M4, comme nous l’avions avant 1984).
Même si la garantie des dépôts est fixée en France à 100 000 €, cette garantie est très insuffisante pour nombre d’entreprises.



Le « 100% monnaie » : de quoi s’agit-il ?

La critique du principe de la création monétaire via les opérations de crédit bancaire s’inscrit dans une longue tradition qui remonte à Ricardo, la « Currency School », Walras, Mises et Hayek. Depuis la crise des années 30, elle a été prolongée par toute une lignée d’économistes parmi les plus prestigieux de Simons et Fisher à Allais en passant par Friedman, Tobin (sous la forme du « narrow banking ») et Minsky, et a donné lieu à des propositions concrètes de réforme. Notons que Christian Gomez, élève d’Allais, a fait la synthèse des propositions existantes en cherchant à les actualiser.

Comme l’écrit Maurice Allais « Au regard d’une expérience d’au moins deux siècles quant aux désordres de toutes sortes et à la succession sans cesse constatée de périodes d’expansion et de récession, on doit considérer que les deux facteurs majeurs qui les ont considérablement amplifiées, sinon suscitées, sont la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo par le mécanisme du crédit et le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme. »

Tous estiment qu’il faut dissocier la monnaie du crédit dans le but d’obtenir une couverture intégrale par de la monnaie de base (monnaie de Banque centrale) des dépôts considérés comme des disponibilités monétaires par les agents économiques (les dépôts à vue et assimilés).

Le 100% monnaie propose donc la séparation très claire entre d’un coté la monnaie qui doit être totalement « liquide » et garantie à 100% par de la monnaie Banque centrale, et de l’autre l’épargne à court, moyen ou long terme (d’une journée à plusieurs années).

L’augmentation de la masse monétaire ne pourrait plus avoir lieu comme actuellement par des émissions de nouveaux crédits des banques commerciales, mais seulement par une émission monétaire de la Banque centrale, par exemple à destination du Trésor public, monnaie qui ensuite, au cours de son circuit d’utilisation, va diffuser dans toute l’économie en créant le revenu des agents économiques à travers leurs opérations de production et d’échange. Puis, en fonction du choix de chacun des agents, une partie de cette nouvelle monnaie se retrouvera dans les banques de prêts sous forme d’épargne.



Le système bancaire serait nécessairement scindé en trois types d’institutions :

- Les banques de dépôts (« Compagnies de Services Monétaires » dans la terminologie plus appropriée utilisée par Christian Gomez) dont les réserves en Banque centrale doivent nécessairement couvrir exactement les quantités de monnaie « scripturale » (en fait électronique), d’où l’expression « 100% monnaie ». Ces institutions, par construction, ne peuvent faire aucun crédit et leur seule fonction est d’assurer l’ensemble des paiements dans l’économie de la manière la plus efficace et la moins coûteuse possible sous l’effet de la concurrence. Cette monnaie qui représente par exemple vos soldes de compte bancaire actuels serait ainsi au même niveau de confiance que les billets de banque (monnaie fiduciaire) auxquels d’ailleurs ils pourraient être substitués sans aucun dommage pour les institutions qui les gèrent (contrairement à ce qui se passerait dans le système actuel dans lequel la monnaie fiduciaire ne représente que quelques pourcents des dépôts à vue). Toute la monnaie scripturale serait ainsi « fiduciaire » et les banques de dépôts/CSM pourraient être assimilées à de purs gestionnaires de véritable monnaie, assurant sa conservation (« coffres-forts ») et sa circulation le tout dans l’environnement technologique le plus avancé (c’est-à-dire que ces CSM prendraient dans la plupart des cas la forme de banques en ligne).
- Les banques de prêts dont le rôle serait celui des actuelles « sociétés financières », c’est-à-dire des intermédiaires entre l’offre d’épargne et la demande de prêts, sachant qu’elles ne pourraient pas prêter plus que les épargnes dont elles sont les dépositaires.
- Les banques d’affaire ou d’investissement travaillant sur fonds propres, empruntant directement au public ou aux banques de prêt, et investissant si elles le souhaitent les fonds empruntés dans les entreprises.



Réponses aux objections

- Les banques sont des générateurs de liquidités pour les agents économiques et le nouveau système serait trop rigide.

En fait, le « 100% Monnaie » permettrait de faire face aux besoins imprévus de liquidité dans un système complètement sécurisé. Simplement, les lignes de crédit, qui continueraient bien entendu à exister, seraient gérées différemment.

- Il y a risque d’une insuffisance de financements disponibles pour satisfaire aux besoins des agents économiques.

Cette critique dénote une mauvaise compréhension du système proposé :

a) il n’y aura aucun changement dans la masse de crédits en place au moment de la réforme et ces crédits pourront être renouvelés sans problème.
b) La masse monétaire en circulation continuera à augmenter selon le rythme souhaité, dont une partie accroitra l’épargne existante,
c) Les taux d’intérêt ajusteront l’offre et la demande sur les différentes échéances, créant ainsi les conditions d’une véritable efficience dans l’économie
d) Les besoins d’épargne financière peuvent aussi être régulés à travers les mouvements de capitaux internationaux, sachant que la Banque centrale – sous contrôle et sur ordre du Parlement – devra veiller à ce que la masse monétaire en circulation, égale par définition à la monnaie de base dans le nouveau système, reste sur la pente requise (qui devrait être de l’ordre de 4 à 5 % l’an)

- Le système actuel pourrait être amendé.

Hélas, vouloir amender le système actuel c’est comme mettre un cautère sur une jambe de bois ; il n’empêcherait pas les crises :
a) Le système bancaire à couverture fractionnaire est totalement impossible à contrôler ni par la politique monétaire, ni par des dispositifs réglementaires comme l’a montré toute l’expérience historique et comme le démontrent encore les discussions actuelles sur les dispositifs à mettre en œuvre pour le « rendre plus sûr »
b) La mise en place du nouveau système serait pratiquement transparent pour les agents économiques (changements très marginaux dans leurs habitudes) et n’entrainerait de véritables changements que pour les banques, sachant que, sur le plan interne, les activités à séparer sont déjà largement sectorisées ;
c) Certains proposent aussi le retour au système instauré en France après guerre jusqu’en 1984 (connu également sous le terme de « Glass Steagall Act ») simple séparation des banques de dépôts/prêt des banques d’affaires: ceci n’a rien à voir avec le 100% monnaie car il n’empêche nullement l’émission de crédit par les banques de dépôts/prêts.

- Le 100% monnaie n’empêcherait pas les mouvements spéculatifs (boursiers ou autres)

C’est exact, mais il les atténuerait :
a) les achats ne pourraient être financés que sur les fonds disponibles et l’épargne courante, de telle sorte qu’un emballement spéculatif entraînerait immédiatement une montée des taux d’intérêt,
b) les fluctuations violentes de la bourse n’ont que peu d’impact sur l’économie si elles ne déstabilisent pas le système financier, ce qui serait le cas dans le « 100% monnaie ».



L’application d’une telle réforme aurait cinq conséquences très positives.

1. Une capacité de régulation économique sensiblement accrue par une maîtrise totale de la masse monétaire.

a) la quantité de monnaie pourrait être dirigée selon une règle définie a priori (stabilité des prix ou taux volontaires de hausse des prix)- la quantité de monnaie deviendrait inélastique au pessimisme ou à l’optimisme irraisonné des agents économiques
b) la quantité de monnaie en circulation deviendrait une variable totalement sous le contrôle de Banque Centrale sans que le comportement des banques ou des agents économiques puisse influer sur elle. L’ampleur du « Boom » immobilier et financier de la dernière décennie serait quasiment inconcevable dans un système de ce type.

2. Une meilleure efficacité de l’économie.

a) des taux d’intérêt véritablement représentatifs des préférences des agents économiques
b) le paiement du prix des services monétaires
c) l’interdiction de la transformation financière.
3. La fin des distorsions dans la répartition des revenus

Toute création monétaire ex nihilo par un système bancaire privé et commercial donne un droit sur la production qui n’a pas été acquis par un produit ou un service vendu. Elle est par nature un « faux droit », un revenu non gagné,

4. Un contrôle aisé par l’opinion publique et par le Parlement de la création monétaire et de ses implications.

Dans le « 100% monnaie» l’État récupèrerait les gains de la création monétaire mais pas le contrôle. Celui-ci serait confié à la Banque Centrale agissant sous un mandat impératif protégé par la Constitution, mais plusieurs types de décision et de contrôle citoyen sont envisageables.

5. L’attribution annuelle à l’État, c’est-à-dire à la collectivité, de 70 à 80 milliards de gains provenant de la création monétaire

a) au travers de l’affectation de la création monétaire aux ressources de l’État, comme une recette budgétaire qui peut être estimé à 40 milliards d’euros par an pour la France (environ 80% de l’IRPP)
b) au travers de la neutralisation instantanée de 800 à 1000 milliard d’euros de la dette publique française, permettant d’éviter une dépense annuelle d’intérêts de 30 à 40 milliards d’euros par an, qui, il est vrai, sont systématiquement empruntés avec pour conséquence l’augmentation de la dette.



André-Jacques Holbecq
, Économiste et auteur de :
Argent, dettes et banques, éditions Yves Michel, 2010
La dette publique, une affaire rentable, en collaboration avec Philippe Derudder (préface d’Étienne Chouard) – rééditions Yves Michel 2011
http://financerlavenir.fnh.org/billet-i ... pour-cent-…

Ici les réponses de l'auteur à quelques questions qui lui sont posées sur ce texte : http://postjorion.wordpress.com/2011/07 ... du-100-mon…
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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johanono
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Message non lu par johanono » 13 août 2011, 19:11:00

C'est inspiré des propositions de Maurice Allais, dont on appréciera, une fois de plus, la clairvoyance. 

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racaille
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Message non lu par racaille » 13 août 2011, 19:13:00

D'après ce que dit le texte, l'idée du "100% monnaie" est de Christian Gomez, effectivement élève de Maurice Allais.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

un artisan
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Message non lu par un artisan » 13 août 2011, 19:17:00

Il n'y a pas qu'Allais qui préconise cette politique et ce n'est pas le hasard si la préface est signée Etienne Chouard ,homme avec qui je partage l'ensemble des propositions ....
Démocratie :le pouvoir pour les poux de manger les lions Clémenceau

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johanono
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Message non lu par johanono » 13 août 2011, 19:26:00

Etienne Chouard lui-même a diffusé les propositions de Maurice Allais.

Voici notamment la reproduction d'un article publié par Maurice Allais dans le Figaro en 1998 :

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/m ... diale_d_au…

Ses propositions restent tout à fait d'actualité. Dommage qu'il n'ait pas été davantage écouté.

Les gouvernements actuels se contentent de parer au plus pressé, de sauver la Grèce dans l'urgence ou de "rassurer les marchés financiers", mais ce faisant, ils pérennisent les dysfonctionnements actuels. Il conviendrait de réfléchir à une réforme de fond, et c'est bien ce que propose Maurice Allais.

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Golgoth
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Message non lu par Golgoth » 13 août 2011, 20:49:00

De bonnes idées que ne pourrons être appliquées par aucun homme politique d'envergure mondiale, tant les liens avec la finance sont fort.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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mps
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Message non lu par mps » 14 août 2011, 07:28:00

C'est d'un ridicule consommé !

Que ne feraient des crétins pour se rendre intéressants !
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

pierre30
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Message non lu par pierre30 » 14 août 2011, 10:31:00


De cette description, il faut retenir 2 points essentiels:

- La création d’un pouvoir d’achat « ex nihilo »par le crédit est une ponction sur la production ne correspondant à aucune épargne préalable, un gain pour la banque lié à un privilège, cause d’une instabilité fondamentale du système ;



Juste une précision qui ne remet pas en cause ce que dit l'auteur :

Ce pouvoir d'achat est compensé par la production future de richesse par l'emprunteur qui ainsi rembourse le prêt. On peut tout au plus dire qu'il y a une certaine quantité de pouvoir d'achat non encore compensé en circulation. Mais cette quantité est limitée par l'obligation qu'a la banque de récupérer les sommes prêtées et par l'obligation de disposer de réserves.
Ensuite, la banque se rémunère sur les intérêts qui servent également à couvrir l'inflation (l'érosion des sommes prêtées pendant la durée du prêt). Il est normal que la banque paye ses frais et salaires. Elle fait payer le service qu'elle rend.



- Le 100% monnaie n’empêcherait pas les mouvements spéculatifs (boursiers ou autres)

C’est exact, mais il les atténuerait :
a) les achats ne pourraient être financés que sur les fonds disponibles et l’épargne courante, de telle sorte qu’un emballement spéculatif entraînerait immédiatement une montée des taux d’intérêt,



Oui c'est probable. A condition que ces mouvements spéculatifs n'absorbent pas la monnaie disponible et ne génèrent pas un manque de liquidités qui donnerait lieu soit à une crise de l'économie réelle, soit à la mise en circulation de davantage de monnaie.
C'est là l'avantage du système actuel : la quantité de monnaie disponible s'adapte à la demande et ainsi augmente ou diminue en fonction des besoins de l'économie. Dans le système proposé, la quantité de monnaie s'ajuste plus difficilement car c'est l'état qui doit opérer ces ajustements.


L’application d’une telle réforme aurait cinq conséquences très positives.

1. Une capacité de régulation économique sensiblement accrue par une maîtrise totale de la masse monétaire.

a) la quantité de monnaie pourrait être dirigée selon une règle définie a priori (stabilité des prix ou taux volontaires de hausse des prix)- la quantité de monnaie deviendrait inélastique au pessimisme ou à l’optimisme irraisonné des agents économiques
b) la quantité de monnaie en circulation deviendrait une variable totalement sous le contrôle de Banque Centrale sans que le comportement des banques ou des agents économiques puisse influer sur elle. L’ampleur du « Boom » immobilier et financier de la dernière décennie serait quasiment inconcevable dans un système de ce type.


C'est exact et cohérent, mais cela ne garantit pas contre les crises et notamment contre celle de 2009. Souvenons-nous que ce sont les états anglo-saxons et quelques autres qui en baissant les taux d'intérêt au niveau zéro (ou presque) et en fournissant abondamment de la monnaie Banque centrale aux banques ccommerciales ont délibérément créé l'explosion des dettes. Rien n'empêcherait de créer des quantités de monnaies afin de développer les crédits. Quand l'état fait une erreur actuellement, rien n'empêche de la répéter dans le nouveau système.

A cela s'ajoute un possible manque de liquidités qui freinerait la croissance de l'économie. On a vu aux USA combien il est facile pour l'état de créer de la monnaie, et combien il est difficile pour l'état de faire circuler cette monnaie dans l'économie réelle (trappe à liquidités). Le système proposé pourrait alourdir encore la mise à disposition de la masse monétaire et sa circulation.

La monnaie n'est qu'un "passeport" pour les marchandises lors des échanges. Plus on met de critères pour délivrer les passeports, et moins les échanges se font (personnes ou biens économiques).



2. Une meilleure efficacité de l’économie.

a) des taux d’intérêt véritablement représentatifs des préférences des agents économiques
b) le paiement du prix des services monétaires
c) l’interdiction de la transformation financière.
3. La fin des distorsions dans la répartition des revenus



Là je ne vois pas pourquoi.

Toute création monétaire ex nihilo par un système bancaire privé et commercial donne un droit sur la production qui n’a pas été acquis par un produit ou un service vendu. Elle est par nature un « faux droit », un revenu non gagné,

Oui c'est vrai. C'est là qu'intervient la confiance qui est un élément essentiel de la vie en général.

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Re:

Message non lu par racaille » 19 août 2011, 18:40:03

Merci pour tes commentaires Pierre30. Je n'ai pas le niveau requis pour embrayer mais je vais essayer d'y voir plus clair à tête reposée grâce à ton intervention.

(Je pense que l'auteur de ce texte présume une gestion politique efficace et que cette idée du 100% monnaie n'est pas une réponse clé en main à tous les maux causés par le système actuel. Mais je peux me tromper :))
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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mps
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Re:

Message non lu par mps » 20 août 2011, 06:25:21

"Le secteur bancaire n’est pas une industrie comme les autres car son fonctionnement produit des « externalités » qui peuvent être dommageables pour les autres secteurs, et le produit qu’il crée, la monnaie, n’est pas un produit comme les autres car il permet d’exercer sur les marchés un pouvoir d’achat déstabilisateur"

Dès les prémices, on voit l'orientation ! Parce que si les banques produisent des externalités éventuellement dommageables, elles produisent évidemment le reste du temps des effets favorables.

Toujours aussi cette manie de prétendre que les banques "créent de la monnaie", avec des démonstrations alambiquées de poule pondant difficilement son oeuf ! En prêtant, les banques ne font finalement rien d'autres que d'apporter leur aval à une dette ; l'argent qu'elles prêtent n'a rien de théorique puisqu'il consiste à payer un vendeur ou un fournisseur en espèces sonnantes et trébuchantes ...

Ce genre de gourous nous font perdre notre temps.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Re:

Message non lu par pierre30 » 20 août 2011, 10:54:12

Dans le texte de M. ALLAIS, on trouve la proposition suivante :

La réforme de l’indexation. La stabilisation de la valeur réelle de l’unité de compte
· Le fonctionnement d’une économie de marché repose sur un très grand nombre d’engagements sur l’avenir. L’efficacité de l’économie, comme l’équité, implique que ces engagements soient respectés, que les calculs économiques ne soient pas faussés, et que ni les créanciers ni les débiteurs ne soient spoliés. Il convient donc que l’application de tous les contrats ne soit pas pervertie par les variations du pouvoir d’achat de l’unité de compte.

En fait, face à ces variations, seule une indexation en valeur réelle de tous les engagements sur l’avenir, et en particulier de tous les prêts et emprunts et de tous les contrats de salaire à durée limitée[23], pourrait assurer un fonctionnement à la fois efficace et équitable de l’économie.

Elle impliquerait l'obligation légale d'assortir à l'avenir tous les emprunts à moyen et long terme de l'État, des entreprises et des particuliers, d'une garantie en pouvoir d'achat, en principal et en intérêts, cette garantie étant assurée par l'indexation en valeur réelle des remboursements et des intérêts, par référence à l'indice général des prix.

(...)

Par elle-même, l'indexation serait fondamentalement réductrice d'incertitude quant à l'avenir, et elle serait ainsi génératrice d'efficacité[26]. En tout cas, refuser l'indexation des engagements sur l'avenir équivaudrait à institutionnaliser la perversion de tous les calculs économiques et la spoliation des débiteurs ou celle des créanciers.


L'idée est alléchante car elle semble donner des certitudes à l'emprunteur et au prêteur.

Maus elle est compliquée à mettre en oeuvre : le calcul de l'indice d'inflation dépend de conventions discutables et discutées (que met-on dans l'indice, quel poids pour la nouriture , ..). Ainsi un prêt pour l'achat d'un avion personnel, qui n'est pas dans l'indice, peut-il être indexé sur le cout de la nouriture ? Ajoutons que pour un prêt immobilier sur 20 ans, il est ccompliqué de calculer le pouvoir d'achat. Une maison qui équivalait à 3 ans de salaire moyen pourra équivaloir à 2,5 ans dans 20 ans ou au contraire 3,5 ans. Il y a 20 ans, le budget téléphonie et informatique d'un ménage était très inférieur à ce qu'il est aujourd'hui.

On voit bien là qu'intervient la politique et la possibilité de manipuler ces indices.

De plus, cette proposition n'est pas réellement nécessaire car elle est déjà mise en oeuvre : lors d'un prêt, le calcul du taux tient compte de ce paramètre car le prêteur sait pertinamment que la somme récupérée à terme équivaudra à un pouvoir d'achat inférieur à ce qu'il était à l'origine. La mesure proposée ferait donc baisser les taux d'intérêt apparents.

pierre30
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Re:

Message non lu par pierre30 » 20 août 2011, 11:07:07

L'idée générale de M. ALLAIS semble être que l'état est digne de confiance et que sa compétence ne peut-être mise en défaut.
Il me semble qu'il est important pour une décision d'être en permanence évaluée au regard des effets qu'elle produit dans la réalité économique. Donner tous les pouvoirs à l'état, c'est aussi l'isoler dans une bulle et prendre le risque de décisions catastrophiques.

Le système de création monétaire actuel, dans lequel l'état et les banques commerciales coopèrent, me parait être plus sûr car plus proche du tissus économique. L'effet des mesures prises est mesuré presque en temps réel.

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wesker
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Re:

Message non lu par wesker » 21 août 2011, 14:08:29

La réduction de la masse monétaire, afin de lutter contre l'inflation fut une des théories défendue par Milton Friedman.

Certes, lorsque les économies sont indépendantes et les politiques économiques vertueuses il convient de réduire les flux monétaires qui génèrent spéculation et inflation, mais lorsque la production, l'activité se contracte, comme c'est le cas actuellement principalement en raison des acquisitions de titres par les banques, il faut au contraire soutenir l'activité et la production sur lesquelles reposent la fiscalité française.

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