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LA CROISSANCE FRANÇAISE La baisse de la consommation des ménages s'est traduite par une croissance nulle de l'économie française au deuxième trimestre, une contre-performance face à laquelle le gouvernement a réaffirmé ses objectifs, notamment en matière de réduction des déficits.
Cette stagnation du PIB accroît pourtant les risques pour la croissance et complique l'équation budgétaire alors même que la France est au coeur des turbulences actuelles sur les marchés financiers.
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L'Institut national de la statistique a cependant confirmé la croissance de 0,9% du premier trimestre, qui constitue la meilleure performance enregistrée depuis près de cinq ans.
Le contraste entre les trois premiers mois de l'année et les trois suivants s'explique principalement par une rechute de 0,7% de la consommation des ménages.
"On retrouve le contrecoup de l'extinction de la prime à la casse automobile", explique Jean-Luc Proutat, économiste de BNP Paribas. "Les dépenses des ménages en produits manufacturés n'avaient pas autant baissé depuis l'extinction des 'balladurettes' de 1993."
Autre facteur pénalisant pour la croissance globale: l'investissement des entreprises a nettement décéléré, à +0,7% au deuxième trimestre après +1,9% sur janvier-mars.
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"Le repli de la consommation et la stagnation des exportations créent un environnement extrêmement fragile", résume Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management.
"La dynamique des comptes français tient essentiellement à l'investissement des entreprises et des ménages. Mais on sent bien que si la demande finale, consommation et exportations, ne redémarre pas, cet investissement va ralentir, notamment du côté des entreprises."
Un redémarrage qui a pour l'instant bien du mal à s'opérer: les enquêtes de conjoncture de juillet ont toutes confirmé la tendance au ralentissement de l'activité et les turbulences boursières du début août ne devraient rien arranger.
Le ministre de l'Economie, François Baroin, a reconnu que le chiffre du deuxième trimestre était "un peu décevant" mais il a mis en avant de meilleures nouvelles, également publiées ce vendredi par l'Insee, comme l'accélération des créations d'emplois (68.300 au deuxième trimestre après 58.200 au premier) et le recul des prix à la consommation (-0,4% en juillet).
"Nous serons en ligne avec les objectifs de croissance de cet exercice", a-t-il assuré sur RTL. "Ce qu'il faut retenir, c'est que quelle que soit l'évolution (...), nous prendrons les mesures nécessaires pour être au rendez-vous de ces objectifs intangibles de réduction de déficit public."
Un discours immédiatement critiquée par l'opposition.
"L'autosatisfaction du gouvernement et du président de la République n'aura pas résisté longtemps à la réalité de la situation", déclare dans un communiqué Michel Sapin, le secrétaire national du Parti socialiste à l'économie et à la fiscalité, en notant que "seul le repli des importations (-0,9%) évite le retour à une croissance négative".
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Ces décisions politiques, qui visent entre autres à garantir le maintien la note "triple A" dont bénéficie encore la France pour refinancer sa dette, sont évidemment compliquées par la stagnation économique.
"Comment trouver des remèdes si on veut retrouver de la croissance et réduire le déficit budgétaire ? C'est une équation difficile à tenir parce qu'une phase de consolidation budgétaire sans ajustement brutal d'une variable extérieure, comme le taux de change, pèse lourdement sur la croissance", explique Philippe Waechter.
A ses yeux, l'objectif de 2% de croissance maintenu par le gouvernement pour cette année est déjà "extrêmement compliqué" à tenir.
Un constat partagé par Jean-Luc Proutat, de BNP Paribas: "les enquêtes sont moins bonnes, les événements du mois d'août risquent de reporter des décisions d'investissement, donc la croissance en France en 2011 peut difficilement atteindre 2%", dit-il.
Il table désormais sur un chiffre 2011 plus proche de 1,7% et souligne que "la croissance 2012 est en question".
"On va attaquer 2012 avec une croissance un peu plus molle", explique-t-il en jugeant "ambitieux" l'objectif gouvernemental de 2,25% de croissance pour l'an prochain.
Retrouvez l'intégralité de cet article sur L'express (source Reuters)
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