Relocalisations : Un retour très sélectif et des emplois à m

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johanono
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Message non lu par johanono » 12 juin 2011, 18:29:00

Relocalisations : Un retour très sélectif et des emplois ... à minima !

En août, le gouvernement, mettait en place une aide à la relocalisation de la production industrielle. Si quelques entreprises ont acté leur retour en France, force est de constater que les emplois créés, ne compenseront jamais ceux détruits par les délocalisations

Le 4 février dernier, Christian Estrosi le ministre de l'industrie déclarait : " La France « doit redevenir une grande puissance industrielle » et relocaliser au lieu de délocaliser " - Achetons français

Quelques mois plus tard, dans une note d'analyse " L'emploi salarié en 2009 niveau record des destructions d'emploi " parue en août 2010, Pôle Emploi écrivait : " Après une année 2008 en léger recul (– 0,5%), l’année 2009 se caractérise par des pertes nettes d’emploi en très forte accélération... / ... Ce recul avoisine celui enregistré en 1992, année correspondant à la précédente récession économique ... / ... L’année 2009 voit s’accélérer les pertes d’emploi dans le secteur industriel et dans le tertiaire. le poids de l’industrie continue à diminuer, celle-ci n’employant plus qu’un peu moins du cinquième de la population salariée (19,0 %, soit une baisse de près de 9 points depuis 1993) ... / ... " Intégralité de la note d'analyse

Ce constat, lourd de conséquences, donnait lieu à la mise en place d’un dispositif d’aide à la relocalisation, doté de 200 millions d’euros, censé donner envie aux entreprises ayant délocalisé leur production, de revenir sur le territoire national et d'y créer des emplois.

Pour quel résultat estimé ?

Selon la direction du trésor : " cette mesure devrait permettre de créer seulement 2.000 emplois dans l’industrie, alors que 2 millions ont été supprimés en 30 ans ... / ... " - Capital

Qu'en disent les entreprises qui relocalisent une partie de leur production en France ?

Après le retour en fanfare du Coq Sportif , pour lequel ... 13 emplois "assez hautement qualifié" ont été créés. Libération nous présente celle de Rossignol qui : " après une délocalisation en 2007, devrait rapatrier sa production asiatique en Haute-Savoie d’ici janvier "

Et là, une fois de plus, si : " Rossignol va rapatrier d’ici janvier la production de 60 000 paires de skis de Taïwan à Sallanches, en Haute-Savoie" par contre : " Le nombre de créations d’emplois résultant de cette relocalisation est en revanche plus modeste. Vingt équivalents temps plein, pour la plupart des CDD ou des CDI à temps partiel " Et libération de préciser : " En cinq ans, le groupe a perdu près la moitié de ses salariés, passant de 2 300 emplois dans le monde en 2005 à 1 200 aujourd’hui ... / ... "

Alors, " patriotisme industriel " comme le clamait Christian Estrosi ?

Certainement pas puisque Bruno Cercley, le patron du groupe, qui a refusé les aides, est parfaitement clair sur cette relocalisation : " ... / ... On n’est pas là pour sauver des usines. S’il fallait en fermer, nous en fermerions. Même s’il est vrai que cela nous fait toujours plaisir de faire revenir des emplois en France ... / ... " et d'ajouter, en ce qui concerne le plan d’aide aux relocalisations de 200 millions d’euros : ... / ... Cela ne sert à rien de relocaliser pour relocaliser. Il faut que cela soit intéressant stratégiquement pour l’entreprise, sinon ça ne marchera pas ... / ... "

Et oui, comme l'écrit Come4news : " Il s’agit avant tout de quelques segments d’activité qui ont besoin d’un savoir-faire très particulier ; pour les autres industries à main d’œuvre importante le choix sera toujours de rechercher les pays à faible coût salarial "

Ce qui donne encore plus de relief au propos de Christian Estrosi, en février 2010 : " Oui je crois qu'avec le président Sarkozy une grande politique industrielle digne de ce nom est de retour pour notre pays ... / ... "

Nicolas Sarkozy qui déclarait en 2007 : " Contre les délocalisations, je mettrai en oeuvre une politique industrielle, en choisissant les secteurs stratégiques sur lesquels concentrer nos efforts ... / ... Accepter la fin de l’industrie comme une fatalité est une erreur stratégique ... / ... Je propose que soit mise en œuvre une politique de filières qui permette à la France d’exploiter ses atouts et de tirer le meilleur parti de ses avances technologiques et de son image de marque dans le nucléaire, le ferroviaire, l’espace, l’automobile, la santé, l’agro-alimentaire, le tourisme ou le luxe, ou encore dans les technologies propres où la France est en mesure, si elle s’en donne les moyens, de prendre un avantage décisif ... / ... " - Abécédaire des propositions de Nicolas Sarkozy

Sans commentaire !
http://www.marianne2.fr/SlovarMarianne/ ... tres-selec…

Voilà qui mérite d'être souligné.

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johanono
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Message non lu par johanono » 15 juin 2011, 23:37:00

Cet article permet de démonter les arguments des pro-mondialisation, qui cherchent régulièrement à minimiser l'ampleur des délocalisations et qui nous expliquent que les pertes d'emplois dues aux délocalisations sont compensées par des gains d'emplois dus aux relocalisations. On s'aperçoit qu'il n'en est rien.

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artragis
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Message non lu par artragis » 16 juin 2011, 08:29:00

Cet article permet de démonter les arguments des pro-mondialisation
non, il dit l'évidence : il faut qu'une usine soit productive et qu'elle puisse vendre ses produits. La mondialisation en elle même ne fait rien. D'ailleurs l'article ne parle même pas de mondialisation.
Ensuite j'aime les "millions d'emplois perdus en 30 ans" pour 2000 créés en... un an. Certes, à ce rythme là on n'arrive qu'à 600 000 emplois créés, mais ensuite? Crée 600 000 emplois dans une industrie exangue, c'est une bonne nouvelle non?
Enfin, les millions d'emplois détruits l'ont été par différents facteurs :
->augmentation du niveau technologique autant dans ce qui est produit que dans la manière de produire :
Les machines ont remplacé des hommes et on a arrêté de produire du textile pour se diriger vers de la R&D ou de l'industrie de pointe (aéronautique/spatial)
->Fermeture des mines de charbon
->Délocalisations
et autres

Certes les délocalisations ont été importantes, mais pas forcément moins que ce que j'ai cité. Par contre je prévois ce que dira MPS à propos de l'arrivée de Toyota. Certes, ils ont offert de l'emploi au détriment d'emploi japonnais mais tu nous excuseras de penser à notre emploi avant de penser à celui des nippons.
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mps
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Message non lu par mps » 16 juin 2011, 18:16:00

Artragis, tu as parfaitement raison, la désindistrualiation de nos pays a une foule de causes.

Pour les délocalisations, c'est pareil :il y a celles qui visent simplement une main d'oeuvre moins coûteuse, celles qui offrent des marchés nouveaux, celles qui se justifient par des nécessités de proximité, etc.

Pour Toyota, puisque tu attends ma réaction, disons simplement qu'on ne peut à la fois encourager les délocalisations qui nous arrangent, et hurler sur les autres.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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artragis
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Message non lu par artragis » 16 juin 2011, 18:20:00

bah si, justement, chacun défend sa niche.
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johanono
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Message non lu par johanono » 17 juin 2011, 00:03:00

mps a écrit : Artragis, tu as parfaitement raison, la désindistrualiation de nos pays a une foule de causes.

Pour les délocalisations, c'est pareil :il y a celles qui visent simplement une main d'oeuvre moins coûteuse, celles qui offrent des marchés nouveaux, celles qui se justifient par des nécessités de proximité, etc.

Pour Toyota, puisque tu attends ma réaction, disons simplement qu'on ne peut à la fois encourager les délocalisations qui nous arrangent, et hurler sur les autres.
Tu cherches à noyer le poisson en affirmant que la désindustrialisation a de multiples causes, mais dans la réalité, ça ne se passe pas comme ça. Tu affirmes souvent qu'il y a des secteurs qui tombent en désuétude, pour cause de changement des habitudes de consommation, mais s'il n'y avait que ça, ce serait bien.

Comment expliquer que les pertes d'emplois touchent aussi des secteurs industriels qui, comme l'automobile, offrent des produits encore très modernes ? Prenons l'exemple de l'automobile. Je formule à nouveau ma remarque, puisque tu n'y as pas répondu (pas plus que Gibet et Fredo, d'ailleurs) : on n'a jamais vendu autant de voitures en France, et pourtant, le nombre d'emplois dans l'automobile ne cesse de baisser. On parle de voitures vendues en France, qui étaient jadis produites en France, et qui sont désormais produites à l'étranger. Il s'agit bien de délocalisations. Et celles-ci ont une seule cause : la main d'oeuvre est moins chère ailleurs.

Toyota n'est que l'exception qui confirme la règle. Les relocalisations ne sont qu'un épiphénomène marginal. Ce qui compte, c'est le bilan global en matière d'emplois, et celui-ci est largement négatif.

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artragis
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Message non lu par artragis » 17 juin 2011, 07:48:00

mais s'il n'y avait que ça, ce serait bien.
D'ailleurs c'est pour ça que :
1)on parle de MULTIPLES causes et pas simplement de la désuétude de certains secteurs
2)On SAIT que les délocalisations ont joué un rôle important.
on n'a jamais vendu autant de voitures en France, et pourtant, le nombre d'emplois dans l'automobile ne cesse de baisser
->Cela était vrai en 2009/2010 avec les primes à la casse. Mais il faut savoir que près de 60% (source : Bourse Plus) des voitures étaient issues de déstockage de ce qui avait été produit avant 2008.
->Sans compter que PSA (et Faurencia) ont embauché plusieurs équipes depuis 2020 puisque JUSTEMENT leurs ventes A l'ETRANGER ont augmenté (mais pas en France). Par contre, en France le nombre d'immatriculation a diminué mais la gamme d'achat est montée, résultat les constructeurs voient leurs bénéfices sur le marché français augmenter (l'exemple typique c'est la sandero qui voit son nombre de vente baisser à profit du duster (entre 3000 et 10000€ de plus selon les versions)
Ce qui compte, c'est le bilan global en matière d'emplois, et celui-ci est largement négatif.
Cela dépend de quand à quand on prend. Si je prends le bilan 2011, il est possitif, si je prends le bilan 2007/2011 il est négatif. Si on prend 2004/2011, il est positif. Dans ton article le choix de 30 ans n'est donc pas innocent.
Toyota n'est que l'exception qui confirme la règle.
C'est une exception. C'est juste qu'elle est plus massive que les autres.
On parle de voitures vendues en France, qui étaient jadis produites en France, et qui sont désormais produites à l'étranger. Il s'agit bien de délocalisations.
C'est une vue très partielle des choses. Les usines françaises restent pleines c'est juste que les modèles produits ont changé.
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mps
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Message non lu par mps » 17 juin 2011, 07:51:00

Les pertes d'emploi, je l'ai évoqué, ont des causes diverses, parfois simplement stratégiques comme l'obligation, pour s'ouvrir de grands marchés, de venir produire sur place pour éviter les quotas d'importation.

Mais pour l'essentiel, ces pertes d'emplois sont liées au coût de la main d'oeuvre :

- soit les entreprises vont ailleurs pour trouver des salairés moins coûteux (salaire poche et charges cumulées) ;

- soit elles restent, mais cherchent désespérément à rester compétitives pour des investissements visnt à réduire la main d'oeuvre.
On n'en finit pas d'automatiser, de rationaliser, etc,parce que la survie des entreprises en dépend.
Et ne crois pas que ce soit simplement le fait de grosses entreprises cupides !
Dans les fermes, 150 ha d'élevage et cultures, c'était du travail pour 10 personnes : à présent c'est souvent le fait d'un type tout seul ...
Les voitures, jadis lavées régulièrement par un salarié, se contentent d'un car-wash et d'un aspirateur industriel.
Et même dans les familles bourgoises, là où il y avait deux petites "bonnes" plein temps, il y a des lave-vaisselle et autres gadgets qui permettent de s'en tirer avec une vague aide ménagère à horaire réduit.

Bref, à tous les niveaux, l'emploi est marqué par la parcimonie absolue, pour cause de coût.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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artragis
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Message non lu par artragis » 17 juin 2011, 08:08:00

Bref, à tous les niveaux, l'emploi est marqué par la parcimonie absolue, pour cause de coût.
pour cause qu'il existe moins cher surtout.
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lancelot
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Message non lu par lancelot » 17 juin 2011, 09:25:00

Oui , tout a fait.

La logique du cout plus bas, nécessaire pour les entreprises ne date d'ailleurs pas d'hier ...

Les pompistes ont il été délocalisés ?

A l'évidence, non .... pourtant ils ont bien disparu.

Tout mettre sur la mondialisation est largement excessif.

Dans un système capitaliste, ce problème existera toujours. Les entreprises, une fois atteint la taille critique doivent se développer ou être mangées par d'autres. Le développement entraine une baisse des couts afin de conquérir de nouveaux marchés et de satisfaire ses actionnaires.

Une baisse des couts c'est un coktail de R&D, d'automatisation et de diminution de la part travail, ou du cout de celui ci via les délocalisations.

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GIBET
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Message non lu par GIBET » 17 juin 2011, 15:20:00

Merci d'avoir enfin remis un peu de sérieux économique sur ce sujet à causes multiples
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racaille
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Message non lu par racaille » 17 juin 2011, 15:32:00

Je ne peux m'exprimer que de manière naïve sur un tel sujet, néanmoins je trouve que johanono a raison de mettre l'accent sur la responsabilité politique dans le phénomène de désindustrialisation de la France. Ce sont quand même les politiques qui ont créé les conditions telles que les délocalisation sont rapidement devenues la norme dans notre pays. Quoi qu'on en dise, au final il s'agit toujours de décisions politiques, celles qui font qu'à la fois on a l'UK complètement désindustrialisée et de l'autre l'Allemagne qui a su préserver ses atouts économiques.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par mps » 17 juin 2011, 16:13:00

L'Allemagne a pu y parvenir parce qu'elle avait avec elle les syndicats et les travailleurs, qui n'ont pas hésité à minorer leurs slaires, à augmenter leurs heures, bref, parce que le pays tout entier s'est mobilisé pour garder de la compétivité.

Les irlandais, qui ont pris un bouillon pas possible avec la crise financière, ont été tout aussi stoïques, et voient arriver une reprise méritée
http://www.20minutes.fr/economie/721627 ... nomie-des-…

Les belges, qui ont pris les choses avec calme, ont un taux de croissance supérieur à toute le rete de l'UE,malgré une inflation un peu trop forte à contrôler (indexation automatique des salaires).

Les portugaistouchent le fond du panier, maisont voté massivement pur l'austérité: ils s'en tireront vite.

Mais que veux-tu que fasse un gouvernement, commeen Grèce ou en France,quand la rue ne cesse de gueuler ? 
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Message non lu par Nombrilist » 17 juin 2011, 16:23:00

Racaille, il ne faut pas croire que les allemands aient autant de succès que cela. OK, ils exportent. Mais ils se sont ultra-serrés la ceinture, on leur a promis des lendemains qui chantent, et puis rien. Maintenant, crise oblige, on leur explique qu'il va falloir se serrer encore plus la ceinture. ça n'est pas tenable. A un moment, ils vont dire stop. D'autant que leur natalité étant pourrie, il va surement falloir qu'ils reculent encore l'âge de départ en retraite. Deuxième point, si on avait tous fait comme les allemands, alors on serait encore plus en compétition pour les mêmes marchés, et alors il faudrait encore plus se serrer la ceinture, vu que les marchés ne sont pas expansifs.

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Message non lu par racaille » 17 juin 2011, 16:56:00

Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit. La seule chose que j'affirme dans mon précédent commentaire c'est que si l'Allemagne a encore un secteur industriel fort ce n'est pas du au hasard de la main invisible du marché.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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