Je ne sais pas si c'est de l'humour ou de la méconnaissance alors j'en profite pour faire une p'tit coup de pédagogie. icon_biggrinmps a écrit : Oui, il y a aussi les monnaies en chocolat qui disparaissent quand on les bouffe ...
La monnaie locale à l'épreuve des territoires
L’idée, remontant au moins au XIXe siècle, que la monnaie officielle émise par l'État ne saurait être la seule mise en circulation, a trouvé une de ses premières applications concrètes dès les années trente aux États-Unis et s’est considérablement développée depuis. On compte aujourd'hui plus de 4000 systèmes de monnaies locales couvrant plus de 50 pays.
Constatons pour commencer que ce n’est plus une monnaie nationale qui circule officiellement en France mais bien, avec l’euro, une monnaie transnationale. Ce n’est donc pas faire injure à l’esprit jacobin souvent dominant en la matière que d’émettre l’hypothèse d’une monnaie infra nationale, régionale pour tout dire, qui, complémentaire à l’euro, aurait une visée territoriale de développement durable, solidaire et social. Le but est clair : avoir les moyens non seulement financiers mais encore monétaires d’empêcher la fuite des entreprises en relocalisant l’économie du territoire, de promouvoir la ressource immatérielle en matière de recherche et d’innovation et de lutter contre l’exclusion tant sociale que sanitaire. Il s’agit d’aller vers plus d’égalité et aussi de redonner confiance aux citoyens et à la volonté entrepreneuriale.
Une monnaie locale et éthique En aucun cas concurrente avec la monnaie officielle qu’est l’euro, la monnaie locale sera une monnaie subsidiaire, complémentaire et « fondante», c’est-à-dire perdant sa valeur, une fois transmise à une entreprise ou un particulier, au fil des mois ou encore ayant une limite de validité.
C’est donc un fonds circulant beaucoup plus rapidement que la monnaie officielle mais aussi plus éthique car affecté à une destination précise, bref une monnaie ne pouvant ni faire l’objet de spéculation, ni être détournée, ni « blanchie ». C’est le cas bien connu, à un autre niveau, en France du chèque-déjeûner…
Il ne s’agit donc pas de remplacer la monnaie légale dans son rôle classique d’unité de mesure, de moyen d’échanges et de réserve de valeur, mais bien d’accroître un rôle spécifique, le développement de l’économie, la solidarité sociale, la lutte contre les inégalités et le développement durable et solidaire sur un territoire local.
Outil de dynamisation de l’activité locale, ayant à travers les expériences dans nombre de pays prouvé sa redoutable efficacité économique, la monnaie locale peut aussi devenir un facteur de résilience sociale et intergénérationnel pour les territoires.
Le développement des dispositifs locaux d'échanges De fait, depuis les années 1980, se sont développés dans le monde des dispositifs locaux d’échanges, basés sur la mise en oeuvre de monnaies spécifiques, autour d’un nombre de plus en plus important de modèles. Quelques exemples :
LETS, Systèmes d’échanges locaux remontant à 1999 dans les régions de l’ex-
Tchécoslovaquie, de la Pologne et de la Hongrie,
banques de temps,
réseaux de trueque (troc) sur le modèle argentin,
monnaies Hour sur le modèle d’Ithaca,
monnaies de type Regio sur le modèle allemand,
monnaies et banques communautaires sur le modèle de Fortaleza,
monnaie à projets multiples comme la monnaie SOL en France, monnaies locales de « villes en transition »,
systèmes de type RES,
monnaie communautaire («Ichi-Muraoka» au Japon et «Bytesring» à Stockholm, (BYTS) » en Suède) etc.
Un outil au service des gens
Le récent colloque qui s’est tenu à l’université de Lyon (Institut des Sciences de l’Homme), des 16 au 18 février 2011 a été consacré au thème des monnaies locales avec ce titre éloquent : «30 années de monnaies locales et complémentaires et après ? ». On remarquera le double sens de l’interrogation.
On n’est plus dans le domaine de l’utopie mais bien dans celui de la création d’un outil pour asseoir économiquement et socialement une politique de développement des territoires, non plus au service du seul profit mais au service du collectif, en un mot des gens.
signé: Institut François Chappé
Cela devrait faire réfléchir ceux qui ne jurent que par le protectionnisme régressif. Toutes solutions monétaires peuvent apporter d'excellentes solutions ... et pas forcément en chocolat mps
GIBET