Voilà à nouveau posé ce problème, l'exception française du plus grand nombre de fonctionnaires par millier d'habitants parmi les pays de l'UE et de l'OCDE, avec en corollaire le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé, le taux de dépense publique le plus élevé et un déficit public abyssal. Comment pouvons-nous être aussi mal gérés par nos gouvernements ?DÉBAT - Alors que la France peine à réduire les effectifs de la fonction publique, l’Allemagne s’est dotée d’une administration moins pléthorique mais tout aussi efficace.
Supprimer 150.000 à 200.000 postes de fonctionnaires, comme le propose la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse ; voire 250.000, comme le suggère le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti? À l’approche de l’échéance électorale de 2022, la question de la réduction des effectifs de la fonction publique s’invite dans le discours d’une partie des candidats de l’opposition, qui dénoncent les promesses non tenues par le gouvernement en la matière. Candidat, Emmanuel Macron avait pris l’engagement de réduire de 120.000 les effectifs des fonctionnaires. Or, ils ont augmenté durant son quinquennat, selon le rapport annuel de la fonction publique, publié récemment. Vouloir dégraisser le mammouth administratif relèverait-il d’une mission impossible?
L’exemple allemand semble prouver le contraire. Outre-Rhin, les agents publics sont 4,6 millions pour une population de 83 millions d’habitants, soit 56 fonctionnaires pour 1000 habitants (en France, le ratio est de 85 pour 1000 habitants). On est loin des 6,7 millions de salariés que dénombrait, au lendemain de la réunification, le secteur public allemand. Depuis 1991, celui-ci a fait l’objet d’une sérieuse cure d’amaigrissement. Elle s’est soldée par la disparition de 2 millions de postes en trente ans. Une suppression forfaitaire de 1,5 % des emplois publics a été appliquée pendant plusieurs années au niveau de l’État fédéral. Surtout, la politique de privatisations menée dans les années 1990 et 2000, sur fond d’ouverture des services à la concurrence, a permis d’alléger le poids financier du secteur public.
En 1994 est née la Deutsche Bahn, société d’exploitation de droit privé issue de la fusion entre les chemins de fer de l’Allemagne de l’Est et ceux de l’Ouest. En 1996, c’était au tour de Deutsche Telekom d’être privatisée ; puis, deux ans plus tard, celui de Deutsche Post… Parallèlement, une grande partie des services hospitaliers a rejoint le secteur privé, sans que cela nuise à la qualité du système de santé allemand - huit lits d’hôpital pour mille habitants en Allemagne, contre six pour la France ; 6,02 lits de soins aigus pour mille habitants, contre 3,09 pour mille habitants pour la France (chiffres OCDE 2017).
Autre différence fondamentale avec la France: plus de 60 % des agents publics ne bénéficient pas, en Allemagne, du statut de fonctionnaire. Ils sont soumis au statut du privé, ce qui signifie notamment qu’ils ne bénéficient pas, contrairement aux fonctionnaires français, de la garantie d’un emploi à vie.
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