Ce n'est pas parce que les gens râlent que les gens veulent moins d'autorité.Logos a écrit : ↑29 déc. 2018, 18:16:07Comme tu le dis, il y a la question du soutien et la question de l'analyse du mouvement.
Je vois mal comment tu trouves dans ce mouvement une haine de la démocratie.
Le principal reproche que les GJ adressent à Macron, ce n'est pas l'excès de démocratie, c'est justement l'inverse. C'est de gouverner en ignorant les doutes ou les attentes d'une grosse partie de la population. En agissant comme si il avait été élu par une majorité de convaincus.
Il se trouve par exemple qu'en Russie, les chefs d'état qui ont donné plus de liberté et qui ont donc permis à plus de gens de s'exprimer sont détestés, alors que les chefs d'état qui étaient (ainsi que celui qui est) beaucoup plus autoritaires sont adulés.
Je pense ainsi qu'avec un chef d'état plus directif, plus "vertical", moins démocrate, on aurait (paradoxalement certes) pas eu les gilets jaunes (mais pas du fait d'une politique répressive).
D'ailleurs, on a un peu parlé ailleurs du général De Villiers, or j'ai lu dans les médias qu'un porte parole des neuneus avait réclamé la nomination de ce militaire à la tête de l'état. C'est dire...
Et oui, les gilets jaunes ont un gros problème avec la démocratie, parce que prétendre que tous les politiques sont des c....... et que celui qui a été élu il y a 1 an à peine devrait déjà être viré, ça ne relève pas d'un grand esprit démocratique.
Au risque de te décevoir, la démocratie consiste à élire des politiques en leur confiant un mandat pour une certaine durée. La démocratie, ne consiste pas à remettre en cause le programme et les projets d'un élu pendant son mandat dès qu'on a un pet de travers. La démocratie implique bien de gouverner et d'appliquer le programme pour lequel on a été élu durant tout le temps de son mandat. C'est ça la démocratie.
Je ne suis pas forcément un inconditionnel du passage en force, mais il faut bien admettre qu'en France, abandonner une réforme dès que ça manifeste un peu, on sait faire, très bien même. Et ce gouvernement de couards vient encore de nous le démontrer.Logos a écrit : ↑29 déc. 2018, 18:16:07Il ne s'en cachait d'ailleurs pas : pour lui il faut réformer vite et fort, ne pas perdre de temps à répondre aux doutes de la populace ignare. Le "courage" consistant d'ailleurs à ignorer ces doutes. Ne chercher à convaincre et rassurer que les acteurs clés de sa politique : classes aisées, milieux économiques, Europe, premiers de cordée.. Comme son "choc de confiance" porterait ses fruits, la plèbe oublierait bien vite les premiers moments difficiles de ses réformes. Il ne fait que reproduire l'attitude de Hollande et son fameux "Quand le chômage baissera, on me pardonnera tout".
Après, nos précédents échanges l'ont déjà souligné, on est d'accord sur rien, toi tu vois un exécutif autoritaire là où je vois un exécutif qui se pisse dessus et s'auto-flagelle, du coup on ne risque pas de se comprendre de sitôt...
Cela dit, je rebondis sur ta référence à Hollande. La France a peut-être connu un chef d'état moins autoritaire que Macron, c'était Hollande. Or même si Hollande a évité les gilets jaunes, il faut souligner que son taux d'impopularité était encore plus élevé que celui de Macron aujourd'hui, malgré les gilets jaunes donc. Ce qui pour moi renvoie au premier paragraphe, c'est-à-dire au désir plus ou moins conscient d'exécutif autoritaire.
Que les gilets jaunes considèrent payer trop d'impôts et pas gagner assez ? Je sais pas s'il fallait nécessairement pousser très loin l'analyse pour en arriver à cette conclusion. Cela dit, même moi qui suis opposé aux givrés jaunes, je pourrais dire pareil.Logos a écrit : ↑29 déc. 2018, 18:16:07Quand au rejet de la taxation ou de l'Etat
Là encore il faut aller un peu plus loin dans la réflexion. Chez les GJ on trouve certes des petits patrons ou indépendants à tendance "anti-Etat". Mais pour le gros du mouvement, l'objectif n'est pas la disparition de l'Etat ou des services publics. Il y a surtout le sentiment que l'impôt pèse de plus en plus sur eux. Sans que leur situation ne s'améliore. Il y a un doute sur son usage réel, sur la pertinence des politiques menées. Et surtout le sentiment que certains ne contribuent pas assez sans que ça soit justifié. Et désolé mais pas besoin d'être "conspirationniste" ou d'extrême gauche pour partager certaines de ces critiques.
En fait, tout le monde peut dire ça, on est pas loin du sentiment universellement partagé, même quand - et surtout quand - on vit dans un des pays les plus riches du monde, énième paradoxe.
Cela dit, même quand on pense ça, on est pas obligé de se comporter comme des abrutis.