Pour une révolution fiscale

Venez discuter et débattre de l'actualité économique
augustin
Messages : 216
Enregistré le : 20 avr. 2012, 10:55:49

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par augustin » 26 août 2016, 11:52:08

pierre30 » 22 Aoû 2016, 09:56:49 a écrit :
augustin » Lun 22 Aoû 2016 - 08:12 a écrit : En terme d'agriculture, il y a deux principaux objectifs:
- Encourager la production de nourriture. À l'échelle mondiale il y a déjà des pénuries de nourriture, et la population humaine sur terre continue d'augmenter. La production de nourriture est un enjeu majeur des décennies à venir. Donc, il ne faut rien faire qui déprime ce marché.
- En même temps, il faut plutôt encourager la production non polluante de nourriture saine. Donc encourager la production bio face à l'agriculture industrielle. L'agriculture bio consomme beaucoup de main d’œuvre, donc elle bénéficiera beaucoup de la défiscalisation du travail.

D'où la stratégie fiscale:
- poursuite de la défiscalisation complète du travail.
- exemption des terrains agricoles de l'impôt foncier organique.
- fiscalisation des engrais chimiques, des pesticides, etc. commençant à un taux faible mais croissant d'année en année. lancer un signal fort au marché, encourageant les agriculteurs à se convertir, et les aider dans cette conversion.
- les acteurs de l'agriculture bio prennent soin du patrimoine naturel collectif: la terre elle même. Non seulement ils sont des bons intendants de ce patrimoine mais ils l'enrichissent pour notre bénéfice à tous et celui des générations futures. À ce titre, je crois qu'ils méritent de bénéficier d'un impôt négatif, càd recevoir une aide financière pour leurs services.
Et là je ne partage pas ton avis sur certains points.

Mon idée est de faire payer l'usage du bien commun. Lui donner un coût pousse à l'utiliser avec modération. Ce coût peut être ajusté afin d'amener à un usage "durable" et à assurer que le bien est "renouvelable".

A propos de l'agriculture

La terre agricole étant un bien commun elle doit faire l'objet de la taxe organique. N'oublions pas que ce n'est pas l'agriculteur qui paye la taxe : ce sont les consommateurs.

Choisir le bio à priori plutôt qu'une autre solution n'est pas pertinent à mon avis. Le bio n'est pas la solution miracle. Il faut constamment ajuster la réglementation afin de réduire l'impact de l'agriculture, mais il ne faut surtout pas croire que ce qui apparaît comme "la méthode des anciens" est forcément la bonne solution. Etant agriculteur, je connais le sujet de plus prés. Le bio nécessite l'utilisation de produits qui ne sont pas inoffensifs; dans certains cas il nécessite davantage de labours qui poussent l'érosion des sols; les rendements plus faibles nécessitent davantage de surfaces, etc ... Il n'existe pas une solution idéale en matière d'agriculture. Il faut constamment améliorer ce qui existe et surtout ne pas refuser l'évolution des techniques à priori. La science et la réglementation sont là pour corriger les erreurs toujours possibles. Bien sûr il ne faut pas jouer non plus à l'apprenti sorcier et faire n'importe quoi.

Qu'y a-t-il de plus bio que la pêche en mer ? Et pourtant cette activité ne présente-t-elle pas quelques inconvénients ?

C'est pour réduire les risques de dérive qu'il faut donner un coût au bien commun. Cette prise de conscience permettra j'espère de rendre l'utilisation durable, mais il existera toujours des risques d'erreur d'appréciation.
Nous somme d'accord sur le fait que ce soit les consommateurs finaux qui payent le coût de la taxe. C'est bien sur quoi je base le principal de toute mon argumentation (contre la fiscalité du travail d'une part, et pour la fiscalité organique d'autre part), et je vais m'en servir encore ci-dessous. On taxe en amont, à la source de ce qu'on veut taxer (pollution, occupation ou utilisation du bien public). Et les coût sont passés aux consommateurs finaux, dont les choix sont ainsi orientés. C'est tout l'intérêt de ce que je propose.

Pour ce qui est de la comparaison entre agriculture bio et agriculture industrielle, je ne suis pas compétant. Donc, je ne peux que me fier à des recommandations d'experts, dont la votre. Ce qu'il faut faire, c'est établir la source de pollution ou de pratiques destructrices ou nocives (érosion, etc.), et voir s'il y a une méthode fiscale efficace pour endiguer tout ceci. Commencer par taxer les engrais chimiques me semble évident et facile à accomplir.

Pour ce qui est de l'impôt foncier organique tel que je l'ai défini, il me semble impératif d'exclure les terres agricoles de cet impôt. Je viens de répondre à Johanono sur la constitutionnalité de cette exemption: il n'y a pas de problème de ce côté là.

Je voudrais maintenant mettre en valeur les conséquences économiques si on devait inclure les terres agricoles dans l'impôt foncier organique. Il faut bien comprendre: d'un bout à l'autre, ma base de réflexion est l'utilité sociale et économique de l'impôt.
l'utilité sociale de l'impôt foncier organique en excluant les terres agricole est positive. Si on devait inclure les terres agricoles, elle deviendrait fortement négative, et c'est pourquoi je ne saurais accepter un tel compromis.

Un simple calcul permet de s'en rendre compte.

On peut diviser le territoire de la France en 4 portions:
1- les forêts domaniales, les terrains communaux, les parcs naturels, les zones de haute montagne, toute la surface publique qui est non bâtie.
2- les terrains publics bâtis (routes, rues, bâtiments publics, bâtiments de l'administration publics, etc.)
3- les terres agricoles.
4- les terrains privés, propriétés privées, immobiliers, terrains industriels, etc.

Voyons comment traiter chaque portion face à l'impôt foncier organique.

1) La surface du territoire public non bâti ne saurait être soumis à l'impôt selon une logique simple et évidente. Il n'y aurait en premier lieu personne pour payer cet impôt.

2) Je pense que de façon générale, les administrations publiques devraient être soumises aux impôts organiques au même titre que les citoyens privés et les entreprises privées. Payer l'impôt fera ainsi partie intégrale du budget de chaque administration, qui seront ainsi encouragés à faire une bonne utilisation du bien public. À ce titre, tout le territoire occupé par les administrations publiques serait soumis à l'impôt foncier organique. Cela vaux bien sûr aussi pour les routes. Il suffit alors de définir quelle administration est "propriétaire" des routes (communes pour communales, départements pour départementales, etc.). Bien sûr, durant la période transitionnelle, le budget de chaque administration devra être révisé en fonction. Pour le territoire de cette catégorie, on peut aussi considérer un taux d'imposition très inférieur, surtout au début, afin de minimiser les ajustements budgétaires à faire en début de période transitoire. Tout ceci peut être négocié.

4) Les propriétés privées locatives et industrielles sont les objectifs principaux de l'impôt foncier organique.


Maintenant, la question est de savoir si on inclut les terres agricoles dans cet impôt.

Si oui, et que cela se fait au même taux que pour les autres terrains privés, quelles seraient les conséquences économiques?

Puisque la base d'imposition de l'impôt foncier organique, tel que je l'ai défini, est la surface d'occupation au sol, répondre à la question revient à répondre à la question: en pourcentage par rapport au reste, combien de surface est occupé par des exploitations agricoles?

Manquant de statistiques précises, chacun d'entre nous serait bien en mal d'apporter un chiffre exact. Mais, ayant une connaissance approximative de notre territoire, nous sommes au moins à même d'apporter un chiffre approximatif. Si on additionne le territoire occupés par les catégories 2, 3 et 4 ci-dessus, alors on peut estimer que les terres agricoles représentent 90% de ce total. Sans doute bien plus que ça, mais au grand minimum 75% du total imposable.

Si on accepte l'estimation à la louche de 90%, cela veut dire que 90% de l'impôt foncier organique va se reporter sur l'industrie agricole. Au final, cela va se reporter sur le prix de la nourriture. Faire un transfert fiscal de 10 milliards d'€ au profit de cet impôt voudrais dire qu'on surenchérirait le prix de la nourriture de 9 milliards d'€.
Cela voudrait dire que pour un simple transfert fiscal de 10 milliards, la facture alimentaire de chaque homme, femme et enfant sera alourdie de 100~150 € par an.

Pourquoi pensez-vous que le taux général de la TVA soit de 20%, mais que pour la nourriture, celui-ci soit à un taux favorisé de 5% seulement? Les administrateurs ont pris en considération le fait que la nourriture est un bien de toute première nécessité pour tout le monde, et n'ont pas voulu la rendre excessivement chère. Une famille pauvre consacre une proportion bien plus importante de ses revenus aux frais alimentaires, par rapport à une famille aisée. Pour famille qui a du mal à joindre les deux bouts du mois, la première préoccupation financière va être de mettre de côté les fonds nécessaires pour les achats alimentaires.
Ainsi, toute mesure fiscale qui renchérirait le coût de la nourriture a, comme on le sait déjà, une utilité sociale négative.

Si maintenant au contraire les terres agricoles de l'impôt foncier organique, alors la mesure fiscale recouvrerait son utilité positive.


Le principe que j'ai établi dès le début est respecté. Je n'utilise que des taxes organiques, qui ne taxent pas, par définition, le bien privé (travail et fruits du travail). Pour ce qui est des biens publics, l'État, en tant que gestionnaire de ces biens, est libre d'émettre les taux qu'il veut, ainsi que les conditions d'imposition.

augustin
Messages : 216
Enregistré le : 20 avr. 2012, 10:55:49

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par augustin » 26 août 2016, 12:00:59

pierre30 » 26 Aoû 2016, 06:21:16 a écrit : Il y a bien sûr des risques à alourdir les taxes sur l'agriculture, mais il ne s'agit pas nécessairement de les alourdir : l'objectif est de donner un prix à ce qui n'en a pas.
C'est une jolie façon d'exprimer ce qu'on cherche. En fiscalité écologique, on parle d'internaliser au produit les coûts externes (pollution, matières premières, etc.).

Toutes ces ressources naturelles sont communes, et c'est au gérant, l'État, de jouer avec la fiscalité (et autres outils à sa disposition) pour obtenir le meilleur avantage pour la société.
Sur-taxer les phytos ? Pourquoi pas. Mais il ne faut pas croire que c'est LA solution adéquate. Lesquels faut-il sur-taxer ? Si tu sur-taxes tous les phytos, tu pénalises parfois davantage le bio que le restant : le bio utilise souvent davantage de phytos en volume et en coûts. Je rappelle que le sulfate de cuivre et le roundup, par exemple, sont tous les 2 des phytos.

Pour ce qui est des engrais, qu'y a-t-il de plus bio que le lisier ? Ne pose-t-il pas quelques soucis en Bretagne ?

La taxe n'est pas la panacée. Il faut investir dans les études d'impact de chaque produit ou méthode et réglementer son utilisation sur la base des résultats de ces études. C'est déjà le cas, mais on peut encore faire mieux.

L'agriculture doit évoluer et il faut aussi accepter cette évolution lorsqu'elle est bénéfique. Si on ne le fait pas on acceptera les importations qui seront moins réglementées et à la fin il ne restera plus d'agriculture en France. Ce n'est même pas bon pour l'environnement.


Pour l'agriculture comme pour l'industrie, modifier l'assiette des taxes risque de modifier la compétitivité. Mais cela n'est pas propre à l'agriculture. Cela incite à limiter la part de prélèvements concernés par la réforme (je parlais de 20 à 30%). Il est certain qu'il faudrait faire des simulations poussées.

A propos des difficultés internationales qui pourraient apparaître : elles existeront si il existe des taxes qui pèsent sur les importations et pas sur la production nationale. Mais envisages-tu de faire du protectionnisme ? Il me semble que c'est un sujet différent de celui de taxer le bien commun. Le protectionnisme n'est pas une bonne solution économique à mon avis. Il peut servir à faire passer la réforme auprès de l'opinion publique.

Il me semble que dans un premier temps, le poids des taxes pour chaque secteur d'activité doit rester stable. Le fait de donner un coût en changeant l'assiette est d'abord pédagogique. Ensuite il est possible faire évoluer à la hausse le poids de cette taxe "locative" et réduisant le poids des autres taxes afin de ne pas augmenter les prélèvements.
Il y a beaucoup de commentaire intéressant, ici. Je ne saurais être expert sur tout. J'ai sans aucun doute moi même des idées reçues sur ce qui cause la pollution dans l'industrie agricole. C'est aux gens comme vous qui s'y connaissent plus que moi dans ce domaine à nous indiquer de meilleures solutions fiscales qui freineraient la pollution dans cette industrie.

Avatar du membre
wesker
Messages : 32008
Enregistré le : 18 mai 2009, 00:00:00
Localisation : Proche de celles et ceux qui vivent dans le pays réel

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par wesker » 26 août 2016, 13:35:58

Augustin, j'ai bien compris qu'il y aurait des facteurs qui modifieraient le calendrier, la mise en place et que tu étais, favorable je le pense, à ce que ce transfert se fasse progressivement en débutant par un transfert de 1% de la totalité des prélèvements obligatoires. Cela peut relever, sur d'autres secteurs de l'expérimentation.

Si j'ai bien compris tu souhaites exonérer le travail de toute fiscalité en le remplaçant par une fiscalité environnementale et organique qui pèserait, de manière équilibrée, sur les choix de consommation des gens. Je m'interroge...seule la consommation devrait être réorienté et non la production ? Pourtant cette dernière, en matière environnementale peut et doit, également être incitée à modifier ses pratiques afin d'être en phase avec les nouveaux marchés qui apparaissent, notamment dans les questions d'environnements.

Enfin, en matière de fiscalité, le code fiscal est épais, et recouvre divers éléments que nous avons évoqué, tels que les successions, la fiscalité immobilière où celle frappant les revenus du capital (coupons, dividendes, plus value etc...) dont nous devrons, je le pense reparler. Ce sont des questions qui exigent du temps et, peut être une rencontre car le but d'un forum de discussion ne permets pas, toujours l'efficacité pour développer et faire la pédagogie nécessaire sur ce type de réforme fiscale.

augustin
Messages : 216
Enregistré le : 20 avr. 2012, 10:55:49

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par augustin » 26 août 2016, 15:30:12

wesker » 26 Aoû 2016, 13:35:58 a écrit :Augustin, j'ai bien compris qu'il y aurait des facteurs qui modifieraient le calendrier, la mise en place et que tu étais, favorable je le pense, à ce que ce transfert se fasse progressivement en débutant par un transfert de 1% de la totalité des prélèvements obligatoires. Cela peut relever, sur d'autres secteurs de l'expérimentation.
Oui.
J'ai donné l'objectif (défiscalisation complète du travail).
J'espère que cela se fera aussi rapidement (tout en restant réaliste et pratique) et dans les meilleurs conditions que possible.
Si j'ai bien compris tu souhaites exonérer le travail de toute fiscalité en le remplaçant par une fiscalité environnementale et organique qui pèserait, de manière équilibrée, sur les choix de consommation des gens. Je m'interroge...seule la consommation devrait être réorienté et non la production ? Pourtant cette dernière, en matière environnementale peut et doit, également être incitée à modifier ses pratiques afin d'être en phase avec les nouveaux marchés qui apparaissent, notamment dans les questions d'environnements.
production et consommation vont de paire.

On fiscalise à la source tous les comportements (pollution, etc) que l'on veut restreindre. Pour les producteurs, cela va augmenter le coût de production. Si le coût augmente de trop, le producteur aura du mal à vendre ses produits. Cela mettra les producteurs en concurrence entre eux, à celui qui produira le produit à moindre coût, c'est à dire le moins taxé, c'est à dire le moins polluant.

Fiscaliser à la source va avoir des répercutions sur toute la chaîne de production, distribution et consommation en aval.
Enfin, en matière de fiscalité, le code fiscal est épais, et recouvre divers éléments que nous avons évoqué, tels que les successions, la fiscalité immobilière où celle frappant les revenus du capital (coupons, dividendes, plus value etc...) dont nous devrons, je le pense reparler. Ce sont des questions qui exigent du temps et, peut être une rencontre car le but d'un forum de discussion ne permets pas, toujours l'efficacité pour développer et faire la pédagogie nécessaire sur ce type de réforme fiscale.
Je fais pour l'instant ce que je peux avec les moyens qui sont les miens. J'ai un site internet de travail, public, sur lequel moi et toute autre personne intéressée documente tout ce qui mérite être documenté. Je travaille pour l'instant seul mais petit à petit, des personnes intéressées vont me rejoindre. Ces dernières semaines, j'ai déjà beaucoup développé le site, et le complète avec ce que je trouve. Ainsi, tout le monde peut bénéficier de mes recherches.

Je n'ai certainement pas toute une administration fiscale derrière moi, pour m'aider à faire les calculs, modèles, statistiques qui me seraient pourtant utiles. Mais il faut bien commencer quelque part. Je compense le manque de fonds et de moyens par mon enthousiasme et ma vision d'une société plus juste et plus respectueuse de notre environnement.

Notre mouvement finira par faire boule de neige.

augustin
Messages : 216
Enregistré le : 20 avr. 2012, 10:55:49

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par augustin » 26 août 2016, 15:38:08

Pierre, nos commentaires se sont croisés aujourd'hui. J'étais en train de composer une réponse au même moment où vous postiez sur le même sujet.

En ce qui concerne la pollution en agriculture, vous vous y connaissez bien plus que moi, puisque vous êtes du métier. Je ne suis certainement pas un expert en agriculture. Quels types de méthodes agricoles, ou quels types de produits polluent le plus nos terres et nos nappes phréatiques? Quelles seraient selon vous, la meilleure méthode fiscale pour limiter cette pollution. Je parlais de fiscaliser les engrais chimiques, parce que cela me semblait évident, mais apparemment j'ai tord, ou bien il me manque des éléments. Je ne peux que m'en remettre à des experts comme vous qui s'y connaissent mieux. Que recommanderiez-vous?

Comme dit maintes fois plus tôt, utiliser l'outil fiscal n'empêche pas d'utiliser en même temps tous les autres outils qui sont à la disposition du gouvernement et du législateur (interdictions, aides, sensibilisation, investissement, conversion, etc.).

augustin
Messages : 216
Enregistré le : 20 avr. 2012, 10:55:49

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par augustin » 27 août 2016, 04:06:09

pierre30 » 26 Aoû 2016, 06:45:28 a écrit : Il s'agit de donner un coût à ce qui n'en a pas.
Il ne s'agit pas de rendre inaccessible l'utilisation du bien commun.

(...)
Le consommateur ne devrait pas voir exploser le prix de certains produits.
Vous avez tout à fait raison et je suis d'accord.
Il faut laisser le temps au marché et aux consommateurs pour s'adapter à la nouvelle donne.
C'est pour cela que je dis que la première année, on devrait se cantonner à 1% des PO de transfert fiscal, et ensuite continuer à un rythme modéré. Le changement se fera ainsi progressivement. On peut toujours ajuster la stratégie fiscale en fonction des résultats observés.

pierre30
Messages : 11672
Enregistré le : 18 juil. 2009, 00:00:00

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par pierre30 » 27 août 2016, 08:25:15

augustin » Ven 26 Aoû 2016 - 15:38 a écrit :Pierre, nos commentaires se sont croisés aujourd'hui. J'étais en train de composer une réponse au même moment où vous postiez sur le même sujet.

En ce qui concerne la pollution en agriculture, vous vous y connaissez bien plus que moi, puisque vous êtes du métier. Je ne suis certainement pas un expert en agriculture. Quels types de méthodes agricoles, ou quels types de produits polluent le plus nos terres et nos nappes phréatiques? Quelles seraient selon vous, la meilleure méthode fiscale pour limiter cette pollution. Je parlais de fiscaliser les engrais chimiques, parce que cela me semblait évident, mais apparemment j'ai tord, ou bien il me manque des éléments. Je ne peux que m'en remettre à des experts comme vous qui s'y connaissent mieux. Que recommanderiez-vous?

Comme dit maintes fois plus tôt, utiliser l'outil fiscal n'empêche pas d'utiliser en même temps tous les autres outils qui sont à la disposition du gouvernement et du législateur (interdictions, aides, sensibilisation, investissement, conversion, etc.).
Les agriculteurs ont une compréhension de l'aspect économique et pratique. Mais je me rapporte largement à l'avis des scientifiques pour ce qui concerne les impacts des pratiques agricoles sur l'environnement. Chaque méthode ou produit doit être évaluée dans chaque contexte d'utilisation. La fiscalité est difficile à adapter pour tous ces cas de figure et c'est pour ça que la réglementation associée à la formation me parait plus pertinente.

Ce qui différencie l'agriculture de l'industrie, c'est que la première se pratique en milieu ouvert et est très liée à la nature des sols, au climat, etc ... Telle pratique culturale (le labour par exemple) aura des impacts très différents en fonction de tous ces paramètres. Sur un terrain argileux, pentu et situé dans une région sujette à de forts orages, il faudra réduire au minimum la pratique du labour. Dans d'autres régions, le labour sera beaucoup plus adapté que l'usage d'herbicides ou du broyage.

A mon avis il faut continuer et accroître les études d'impact. Et suite à ces études, il faut former, réglementer et ne pas avoir peur de revenir en arrière si on s'est trompé.

pierre30
Messages : 11672
Enregistré le : 18 juil. 2009, 00:00:00

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par pierre30 » 27 août 2016, 08:31:15

Si on accepte l'estimation à la louche de 90%, cela veut dire que 90% de l'impôt foncier organique va se reporter sur l'industrie agricole. Au final, cela va se reporter sur le prix de la nourriture. Faire un transfert fiscal de 10 milliards d'€ au profit de cet impôt voudrais dire qu'on surenchérirait le prix de la nourriture de 9 milliards d'€.
Cela voudrait dire que pour un simple transfert fiscal de 10 milliards, la facture alimentaire de chaque homme, femme et enfant sera alourdie de 100~150 € par an.
L'impôt foncier doit être adapté à l'usage qu'on fait de la surface utilisée. Une terre cultivée n'est pas dégradée de la même façon qu'une surface bâtie. La taxe ne serait pas au même taux.
Il y a aussi la nature de l'usage fait de la terre : une friche (garrigue) n'a pas à être taxée si le propriétaire n'en fait aucun usage.

Avatar du membre
johanono
Messages : 37517
Enregistré le : 14 août 2010, 00:00:00

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par johanono » 27 août 2016, 08:50:20

Si on se met à moduler les taxes foncières selon l'usage que le propriétaire fait du terrain, alors ce sera source de complexité administrative.

pierre30
Messages : 11672
Enregistré le : 18 juil. 2009, 00:00:00

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par pierre30 » 27 août 2016, 09:39:44

Oui mais comment appliquer le même tarif à une lande, une vigne et à un immeuble de bureaux ?

D'ailleurs c'est déjà le cas pour l'impôt foncier.
Modifié en dernier par pierre30 le 27 août 2016, 10:29:12, modifié 1 fois.

Avatar du membre
wesker
Messages : 32008
Enregistré le : 18 mai 2009, 00:00:00
Localisation : Proche de celles et ceux qui vivent dans le pays réel

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par wesker » 27 août 2016, 09:41:24

La question des valeurs cadastrales ne dépend elle pas, déjà de la surface occupée par le logement que l'on acquiert ?

Il faut bien comprendre que ces taxes foncières ont vocation à augmenter, d'abord par l'actualisation des valeurs locatives mais également parce que les mesures d'austérité, qui sont préconisées par l'ensemble de la classe politique se traduira, inévitablement par une baisse des dotations vers les communes, qui, même regroupées en agglo, auront du mal à assurer les services que les citoyens réclament.

D'ailleurs, j'ai le sentiment que, sur toutes ces questions, nous serions inspirés de définir, de préciser les modalités, plutôt que de s'égarer dans des débats sur le burkini qui ne concerne qu'une poignée de femme qui, c'est vrai, souhaitent mettre au défi les valeurs de la République.

Papibilou
Messages : 12306
Enregistré le : 24 juil. 2010, 00:00:00

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par Papibilou » 27 août 2016, 15:52:44

Une révolution fiscale doit s'entendre selon moi comme une révolution dans la liste de ce qui est financé et dans la liste de ce qui est source de prélèvement . Il faut, en outre, trouver un équilibre entre les 2. Autrement dit que voulons nous financer (écoles, routes, sécurité etc ..) et combien ça va coûter, et ensuite que voulons nous taxer, pour quel montant. Toute autre approche idéaliste me semble sans objet.

pierre30
Messages : 11672
Enregistré le : 18 juil. 2009, 00:00:00

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par pierre30 » 27 août 2016, 21:03:19

Oui c'est juste : il y a beaucoup de questions à se poser.

augustin
Messages : 216
Enregistré le : 20 avr. 2012, 10:55:49

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par augustin » 28 août 2016, 03:01:29

wesker » 27 Aoû 2016, 09:41:24 a écrit :La question des valeurs cadastrales ne dépend elle pas, déjà de la surface occupée par le logement que l'on acquiert ?
D'après ce que je comprends, seulement de façon indirecte. La superficie habitable du bien immobilier influence bien sûr le prix de location. La valeur locative cadastrale est basée sur le prix de location, donc de façon indirecte seulement sur la superficie habitable.
Valeur locative
C'est le prix de location qu'une propriété foncière aurait si elle était louée dans des conditions normales, en fonction du marché. C'est la base de la Valeur locative cadastrale, utilisée en France pour calculer l'impôt foncier.

Source: Base d'imposition de la fiscalité foncière

pierre30
Messages : 11672
Enregistré le : 18 juil. 2009, 00:00:00

Re: Pour une révolution fiscale

Message non lu par pierre30 » 28 août 2016, 09:03:56

augustin » Dim 28 Aoû 2016 - 03:01 a écrit :
wesker » 27 Aoû 2016, 09:41:24 a écrit :La question des valeurs cadastrales ne dépend elle pas, déjà de la surface occupée par le logement que l'on acquiert ?
D'après ce que je comprends, seulement de façon indirecte. La superficie habitable du bien immobilier influence bien sûr le prix de location. La valeur locative cadastrale est basée sur le prix de location, donc de façon indirecte seulement sur la superficie habitable.
Valeur locative
C'est le prix de location qu'une propriété foncière aurait si elle était louée dans des conditions normales, en fonction du marché. C'est la base de la Valeur locative cadastrale, utilisée en France pour calculer l'impôt foncier.

Source: Base d'imposition de la fiscalité foncière
C'est également le cas pour la terre agricole. La MSA (???) enregistre len type de culture pour chaque parcelle de chaque exploitation agricole (lande, vigne, prairie, ...) et transmet l'information aux impôts qui calculent l'impôt foncier.

Répondre

Retourner vers « Economie »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré