Le ministre des finances Wolfgang Schäuble, a estimé dans une interview accordée à la ZDF que les pays européens qui critiquent l’Allemagne sont tout simplement «jaloux». Michel Durand, contributeur chez Newsring, estime que "l'Allemagne ne fait que s'efforcer d'équilibrer ses comptes, défendre son industrie et ses intérêts quand nous faisons tout le contraire", pendant que la France "ignore ses engagements", s'éloignant ainsi "d'un gouvernement économique qui devrait résulter de l'application sincère par chaque pays des engagements pris".
Contrairement à ce que l'on peut lire dans certaines contributions, l'Europe n'a pas été créée pour servir les intérêts de la finance, forcément malsaine et internationale, mais après la 2ème guerre mondiale dans le souci d'en éviter une troisième. Ses fondements étaient de regrouper des pays régis par un régime démocratique, ce dernier étant jugé par principe moins belliqueux qu'un régime dictatorial, au sein d'un marché commun, c'est-à-dire d'échanges arbitrés par la concurrence.
Force est de constater avec le recul que la France, qui a toujours cherché à empêcher l'Europe d'acquérir une dimension supranationale, a en revanche cherché à l'instrumentaliser pour servir à étendre sa puissance politique et diplomatique au delà de ses seules forces, en profitant d'une Allemagne divisée et stigmatisée et d'une Angleterre toujours attirée par le fameux grand large. Pour cela, la France a accepté des engagements économiques de libre concurrence, qu'en fait elle n'a jamais cherché à assumer, d'où les dévaluations successives du franc ou les réévaluations du mark allemand. Cette forme hypocrite de baisse des salaires était suffisamment subtile pour ne pas susciter de levées de bouclier en France et constituait une solution dont l'Allemagne s'accommodait discrètement.
Au lieu d'assumer logiquement ses choix, la France a laissé sa compétitivité se dégrader sans pouvoir dévaluer
Avec la réunification de l'Allemagne qui solde le legs de la 2ème guerre mondiale et la création de l'euro, la France ne se trouve plus en face d'une Allemagne empêtrée dans son passé et ne peut plus jouer de la dévaluation en cas de perte de compétitivité. Or au lieu d'assumer logiquement ses choix, la France a laissé sa compétitivité se dégrader sans pouvoir dévaluer, ce qui a eu pour effet de laminer son industrie au point qu'elle est le pays le moins industrialisé d'Europe en rapport à son PIB. Manifestement nos dirigeants n'ont jamais entendu se plier aux conséquences de l'instauration de l'euro. D'où une perte de substance économique qui se traduit par un déficit commercial abyssal, notamment avec nos partenaires européens et pas seulement avec la Chine, par un chômage massif, et comme la ressource fait défaut, mais que l'on refuse d'ajuster nos dépenses sur nos recettes, à des déficits publics inquiétants.
Mais grâce à l'euro tout ceci est aussi invisible pour la population que l'était la dévaluation et aujourd'hui la France vit à crédit sur le crédit de l'Allemagne qui garantit la solidité de l'Euro. Elle s'en sert non pour investir et renforcer sa compétitivité, mais pour payer des allocations à tout va et des fonctionnaires, ce qui donne une trompeuse impression d'aisance. Il est donc clair que cela ne pourra durer indéfiniment, sauf à créer une nouvelle situation de crise avec l'Allemagne. Or contrairement à ce que nos politiciens veulent nous faire croire, cette dernière n'a aucun tort en la matière, à travers une quelconque austérité odieuse. Elle ne fait que s'efforcer d'équilibrer ses comptes, défendre son industrie et ses intérêts quand nous faisons tout le contraire. C'est ce que nous rappelle la commission européenne.
Le gouvernement économique dans tout cela devrait résulter de l'application sincère par chaque pays des engagements pris. La façon dont la France ignore les siens montre que non seulement on en est loin, mais que l'on s'en éloigne.
http://www.mesdebats.com/economie/274-l ... -errements
Je n'ai pas écrit ce pavé, en revanchen je suis d'accord à cent pour cent avec ce qui est dit là.