Le raisonnement n'est pas mauvais, mais il oublie un truc : le prix de l'action s'adapte à cela et annule tout avantage ou désavantage lié aux impôts. Les investisseurs ne sont pas idiots et savent très bien qu'une bonne partie des bénéfices totaux sont rognés par l'IS. Et ils en tiennent compte dans leurs anticipations des dividendes futurs. Après tout, le bénéfice brut ne leur est d'aucune utilité : seul le bénéfice net leur importe. Si l'IS est élevé, les dividendes versés seront plus bas en valeur absolue, mais le prix de l'action va aussi baisser : la baisse de prix compensera exactement le plus faible dividende, ce qui amène le taux de rendement (Dividende/prix action) à une valeur d'équilibre identique quel que soit le niveau d'IS. Au final, le rendement sur dividende ne dépend pas de l'IS, mais uniquement des anticipations des dividendes futurs, de leur croissance, du taux sans risque et d'une prime de risque.Papibilou a écrit : ↑28 sept. 2019, 20:51:46Je me suis permis de poser la question pour la raison suivante: la comparaison des dividendes versés est faite sans doute après déduction de l'IS. Or, l'IS français est peut-être nettement plus élevé que dans les autres pays auxquels nous sommes comparés. Donc à bénéfice avant IS identique le montant des dividendes après IS peut être moindre en montant tout en étant supérieur en pourcentage.
A mon avis, l'explication est une histoire de risques (rappelez-vous : rendement = risque sur les marchés financiers). Les entreprises cotées à la bourse de Paris doivent avoir un profil de risque différent des entreprises des autres pays, ce qui explique leurs dividendes plus élevés en % du prix de l'action. Déjà, on n'a pas vraiment d'entreprises dites "growth", dont le marché anticipe une croissance des dividendes futurs et qui ont un taux de rendement sur dividende assez faible. Autant les Américains ont leurs entreprises technologiques, autant la bourse de Paris est remplie d'entreprises vieillissantes, qui accumulent les facteurs de risque. Total (la capitalisation majeure du CAC 40) est menacée par le changement climatique et les problèmes liés aux hydrocarbures, EDF et GDF qui subissent les décisions désastreuses du gouvernement français, et j'en passe. Sinon, on a aussi un grand nombre d'entreprises détenues en grande partie par un état assez gourmand en dividendes : il ne va pas se priver d'une source d'argent pareille quand il manque d'argent. Ce qui biaise quelque peu le rendement sur dividende moyen du CAC 40.
Dans un tout autre registre, je doute que l'IS soit tellement un problème. Elles disposent de tout un tas de mécanismes qui permettent d'optimiser leur impôt et de réduire fortement le charge de l'IS. Autant les PME profiteront sans doute de la baisse de l'IS, autant les grands groupes n'en ont pas besoin. Je me souviens avoir lu quelque part que le taux d'imposition moyen des grands groupes français sur leur bénéfice ne dépasse pas les 13% grâce à cela. De plus, les entreprises cotées à la bourse de Paris ne sont pas vraiment des entreprises françaises, mais des multinationales qui font leurs bénéfices dans le monde entier.