70 ans après, ce qui reste des accords de Bretton Woods

Venez discuter et débattre de l'actualité économique
Répondre
Avatar du membre
politicien
Site Admin
Messages : 34347
Enregistré le : 30 août 2008, 00:00:00
Compte Twitter : @LActuPolitique

70 ans après, ce qui reste des accords de Bretton Woods

Message non lu par politicien » 12 août 2014, 18:05:03

Bonjour,
La proximité du 70ème anniversaire de la Conférence de Bretton Woods qui a créé la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International, ainsi que certains anniversaires historiques comme celui du débarquement allié en Normandie, soulignent la grandeur des ambitions de ses organisateurs. En effet, au milieu d'un tumulte considérable, la conférence a tenu à créer un cadre monétaire international stable qui puisse servir de pierre angulaire à un ordre mondial pacifique. Et cela a réussi, au moins pendant un certain temps.

Bretton Woods conserve encore aujourd'hui un fort pouvoir de fascination, avec au moins trois livres récents sur le sujet qui ont obtenu un succès commercial considérable. Qu'est-ce qui rend si fascinant un évènement dans lequel un groupe d'hommes ne parle pour l'essentiel que d'argent ?

L'ébauche d'un système de sécurité financière mondiale
Il y a bien sûr quelques anecdotes piquantes, comme la danse de la femme de John Maynard Keynes, une ballerine russe, qui a gardé éveillé le secrétaire américain au Trésor. Et l'accusation d'espionnage pour le compte de l'Union soviétique contre Harry Dexter White, le principal négociateur américain. Mais le véritable drame de la conférence réside dans l'évolution systématique d'une structure institutionnelle qui sous-tend la stabilité et la prospérité d'au moins trois décennies.

La vision institutionnelle est liée à un système de sécurité mondial. En effet dans l'accord initial, les cinq grandes puissances représentées de manière permanente au Conseil d'administration du FMI étaient les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union soviétique, la Chine et la France : les mêmes pays dotés d'un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies.

44 pays représentés, mais les Etats-Unis et le Royaume-Uni en acteurs principaux
Même dans ce cadre, les négociations ont été difficiles. Alors comment 44 pouvoirs disparates, chacun cherchant à protéger ses propres intérêts nationaux, sont-ils parvenus à s'entendre sur un nouveau système monétaire mondial ?

Selon Keynes, la clé fut un processus de délibération et de planification internationale, dirigé par « une puissance unique ou par un groupe de puissances dans le même état d'esprit. » En revanche, un « pow-wow » de 66 pays, semblable à celui de la Conférence économique mondiale avortée qui s'est tenue à Londres en 1933, était voué à l'échec, car personne ne s'attendait à ce qu'un accord y soit trouvé. Friedrich Hayek, le rival de Keynes, est même allé plus loin en affirmant qu'un ordre durable réussi n'était pas du tout négociable : il devait être spontané.

(...)

Pour parvenir à un accord d'ampleur et d'influence semblable, les dirigeants du monde (en particulier les États-Unis et la Chine) devraient être placés dans des conditions semblables. Un pacte mondial devrait être une nécessité urgente, plutôt qu'une possibilité intéressante.

Qu'est-ce qui pourrait convaincre les dirigeants chinois qu'ils doivent rapidement renforcer l'économie mondiale ouverte qui a permis l'essor économique axé sur les exportations chinoises ? Un tel catalyseur pourrait être une crise financière provoquée par le système bancaire parallèle extrêmement risqué de ce pays. Une compétition pour le leadership mondial pourrait aussi servir cet objectif. Ou peut-être le stimulus sera-t-il la peur que le monde ne glisse vers le protectionnisme, avec des accords commerciaux bilatéraux et régionaux comme la Zone de libre-échange transatlantique, qui risquent de renforcer les divisions entre leurs participants et le reste du monde.

Bretton Woods a démontré qu'il faut une crise majeure pour produire une dynamique politique de réforme. Le monde d'aujourd'hui, malgré toute son agitation, n'est tout simplement pas assez dangereux, du moins pas encore, pour les pays à la tête de l'économie mondiale.

Harold James est professeur d'histoire à l'Université de Princeton et professeur émérite au Centre pour l'Innovation sur la Gouvernance Internationale (CIGI). Domenico Lombardi est directeur du programme sur l'économie mondiale au Centre pour l'Innovation sur la Gouvernance Internationale.

L'intégralité de cet article à lire sur La Tribune.fr


Qu'en pensez vous ?
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » Le débat ne s'arrête jamais sur Actu-Politique

Papibilou
Messages : 12306
Enregistré le : 24 juil. 2010, 00:00:00

Re: 70 ans après, ce qui reste des accords de Bretton Woods

Message non lu par Papibilou » 12 août 2014, 19:05:05

On n'arrive pas à se mettre d'accord entre pays européens, difficile d'imaginer un consensus mondial. Et puis un consensus sur quoi ?
Brtton woods a été mis à mal avec l'arrivée du dollar monnaie mondiale de référence. Désormais, de fait, les USA n'ont plus le rôle central qu'ils jouaient depuis l'arrivée de la Chine. Faudra-t-il une nouvelle monnaie de référence comme le proposait Keynes (entre autres). Faudra-t-il éviter la fluctuation des monnaies ? Qui propose quoi ?

Avatar du membre
albert
Messages : 9997
Enregistré le : 20 août 2011, 11:21:55

Re: 70 ans après, ce qui reste des accords de Bretton Woods

Message non lu par albert » 12 août 2014, 19:55:14

Bretton Woods a été possible parce qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Amérique était la seule hyper-puissance économique, ce qui n’est plus le cas. Il n’y a plus UNE hyper-puissance, nous sommes entrés dans un monde multipolaire. Mais le dollar bénéficie toujours de son statut de monnaie mondiale, et les USA n’accepteront jamais un nouvel ordre monétaire qui remettrait en cause son privilège. C’est pourquoi il n’y aura pas de nouveau Bretton Woods. Ce qu’il faut imaginer plutôt, c’est que la domination du dollar s’érode tout doucement au profit d’autres monnaies.
« le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde » (Keynes)

Répondre

Retourner vers « Economie »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré