Pourquoi l'Inde a-t-elle pris un tel retard ?

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mps
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Message non lu par mps » 11 nov. 2009, 17:38:00

Lu dans Le Temps de Genève aujourd'hui.


Analyse                         mercredi 11 novembre 2009

Le coût humain du refus des réformes libérales
[url=http://javascript:popWinOpen%28%27/Facet/frameless/SysConfig/WebPortal/letemps/jsp/object/sendToAuthor.jsp?id=1.0.565824182%27%29]Emmanuel Garessus[/url]


En se réformant dix ans plus tôt, 14,5 millions d’enfants auraient été sauvés en Inde. 261 millions de personnes ne seraient pas illettrées. Et 109 millions supplémentaires seraient passées au-dessus du seuil de pauvreté

La chute du mur de Berlin, c’est d’abord la fin d’un drame humain. Le nombre de victimes du socialisme réel serait compris entre 65 et 100 millions. L’estimation n’est pas aisée. Le seul «Grand Bond en avant» de Mao a coûté la vie à 30 millions de Chinois, selon le Prix Nobel Amartya Sen.

Le coût de l’insupportable lourdeur de l’expérience peut être évalué. Swaminathan S. Anklesaria Aiyar, chercheur auprès du Cato Institute, s’est penché sur l’Inde et précisément sur le coût humain du retard pris par ce pays avant son renoncement au socialisme (1). Le gouvernement s’est distingué des quatre dragons asiatiques (Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hongkong) et de leur ouverture à la concurrence. Lors de son indépendance en 1947, l’Inde a adopté un système centralisé et fermé. Son PIB par habitant n’a cru que de 1,49% par an. Après 1991 et sa crise des paiements, l’Inde s’est progressivement ouverte au marché. Quels auraient été les effets d’une réforme entreprise dix ans plus tôt?

 Le chercheur estime que 14,5 millions d’enfants auraient été sauvés. Cent neuf millions de personnes supplémentaires seraient passées au-dessus du seuil de pauvreté. Enfin le nombre d’illettrés serait de 261 millions moins élevé. «L’Inde a vécu une tragédie humaine en raison de son expérience prolongée avec le socialisme», selon l’auteur.

 La méthodologie est discutable. «Les phénomènes externes affectent des gens différents de façon différente et les réactions des mêmes gens aux mêmes événements externes varient», écrit Ludwig von Mises (2). Il est donc difficile de spéculer sur un changement de l’histoire. L’économiste a procédé de la façon suivante: il emploie pour les années 1970 la croissance obtenue par l’Inde dans les années 1980. Pour les années 1980, celle des années 1990. Et ainsi de suite sans ajouter aucune accélération après l’an 2000. Il introduit ensuite la relation (élasticité) entre la croissance du PIB et la variable qu’il étudie (mortalité infantile, illettrisme, pauvreté).
 Ses conclusions ne sont de loin pas irréalistes: la Corée du Sud a réduit son taux de mortalité infantile de 90‰ en 1960 à 6‰ en 1995 (–93%). Aiyar estime qu’en Inde une réduction à 27‰ aurait été possible (–80%) au lieu des 53‰ enregistrés en 2008. Les projections de l’auteur ne s’éloignent donc pas de celles de la Corée. La diminution possible de la pauvreté paraît également assez réaliste en raison du cercle vertueux que provoque une croissance économique.

La chute du mur de Berlin permet aussi une analyse du plus grand programme de relance de l’histoire. L’aide au développement des Länder est-allemands est un échec magistral. Il a coûté 1400 milliards d’euros aux contribuables ouest-allemands. Mais l’écart entre ce que les Länder de l’Est consomment et ce qu’ils produisent est encore de 20%. La première erreur, lors de la réunification, est venue de l’application d’un taux de change qui a ignoré les écarts de productivité. La seconde d’une politique de transferts. Finalement, c’est l’Allemagne réunifiée qui en paie le prix. L’écart de PIB entre la France et l’Allemagne (unie) s’est réduit en vingt ans. Car la liberté, ce n’est pas un programme d’aide sociale. Célébrée avec la chute du Mur elle reste mal comprise. Comme le dit Pascal Bruckner, «la liberté n’implique pas un relâchement, mais un surcroît de responsabilité». Mart Laar, ancien premier ministre de l’Estonie, en témoigne. «Les gens pensaient qu’il suffirait de virer les communistes au pouvoir et de libéraliser l’économie pour que leur niveau de vie rattrape celui de l’Europe. Personne ne comprenait à quel point l’état de l’économie était sous-développé et arriéré», a-t-il déclaré lors d’un formidable discours devant l’Heritage Foundation (3).

Mart Laar est l’une des plus grandes figures libérales des dernières décennies. Ses mérites, n’en déplaise à Nicolas Sarkozy, se mesurent à l’aune du PIB. En 1939, l’Estonie et la Finlande disposaient du même niveau de vie. A la chute du communisme, il y a vingt ans, le PIB estonien n’atteignait que 2000 dollars par habitant, soit 14% du niveau finlandais. Les réformes libérales de Mart Laar l’ont fait remonter à 56% du PIB finlandais par habitant.


L’obstacle majeur n’était ni technique, ni économique. «Le véritable problème tenait à la façon de penser communiste», selon Laar. En 1992, les Estoniens ont élu celui qui leur proposait la rupture la plus radicale. Mais il fallait faire vite et mettre en œuvre le programme qui venait d’être plébiscité. Soutenue par les citoyens, une thérapie de choc est plus facile à administrer qu’un traitement de longue durée. Mart Laar a refusé toute aide du FMI, supprimé toutes les subventions, instauré la «flat tax», et établi un système judiciaire complètement indépendant de la politique. La difficulté est venue de la deuxième étape, lorsque le succès a nécessité une autre forme d’adhésion. «Il fallait toucher les cœurs pour changer les attitudes, les débarrasser de l’illusion que quelqu’un d’autre pouvait résoudre leurs problèmes et redonner de l’énergie aux individus

C’est l’étape de l’ouverture aux marchés mondiaux, avec l’abolition de toutes les restrictions à l’exportation. L’Estonie a ensuite connu la plus forte croissance des «tigres baltes». Une belle leçon pour la Suisse, sans stratégie, prête à se renier si un grand pays ou l’UE lui demande. «La tâche principale d’un dirigeant n’est pas d’être populaire, mais d’avoir un programme clair et le courage de l’appliquer», selon Mart Laar.

Sous le prétexte de la crise, l’interventionnisme bat en effet des records. En Suisse et ailleurs. Son reflux paraît compromis. «Le retrait de l’Etat est historiquement plutôt l’exception que la règle», note Robert Nef dans un nouvel ouvrage sur la crise (4). Une crise économique n’est pas une maladie mais un processus d’apprentissage collectif, écrit-il. Mieux vaut en tirer des enseignements personnels que de faire appel à un chirurgien. On accuse de naïveté ceux qui font confiance aux vertus du marché. Mais il est encore plus naïf de porter ses espoirs sur un nouveau grand inquisiteur au savoir infini et tout-puissant.
1 Socialism kills, Swaminathan S. Anklesaria Aiyar, Center for global Liberty and Prosperity.
2 Abrégé de l’action humaine, Ludwig von Mises, Les Belles Lettres.
3 The estonian economic miracle, Mart Laar, Heritage Foundation.
4 Aus Schaden klug? Christian Hoffmann, Pierre Bessard, Edition Liberales Institut, 2009.

Voir aussi "The Estonian Economic Miracle" by Mart LaarImage Image,  August 7, 2007, sur http://www.heritage.org/Research/Worldw ... bg2060.cfm

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Message non lu par wesker » 12 nov. 2009, 20:44:00

mps, nous sommes entièrement d'accords sur le fait que le socialisme n'a été constructif et efficace nulle part...Le souci est que l'image que tu as de Sarkozy est en parfaite adequation avec la definition généralement donné du socialisme. Ferais tu donc une exception pour sa personne ? Sur la base de quels resultats alors que les prélèvements ne cessent d'augmenter, les rigidités de s'intensifier.....?

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Message non lu par anonyme » 12 nov. 2009, 21:05:00

L'Inde, un Pays socialiste ? Tout juste un pays démocratique, un peu trop bureaucratique, dirigé pendant des décennies par un Parti modéré.
 Le parti du Congrès se glorifie d'être un parti laïque et centriste, historiquement dominant en Inde.

( Wikipedia)

Dés l'arrivée de Nehru au pouvoir, le choix a été pris de suivre le modèle de l'économie de marché propre au fonctionnement des pays de l'ouest. L'Inde a totalement tourné le dos au Monde communiste.


Ce qui a plombé l'Inde, ce n'est pas le socialisme. C'est d'abord une certaine lourdeur administrative propre aux traditions séculaires indiennes ( et hindoues ) qui veut qu'une décision ne se prenne pas sans un certains temps de latente de type "méditatif" très déroutant pour un occidental. Ensuite, c'est la corruption, véritable gangrène qui a plombé le fonctionnement des institutions : dés qu'on mettait en place quelquechose pour le bien de la communauté il fallait arroser largement du plus haut gradé jusqu'au plus humble sous-fifre détenant une parcelle de pouvoir.


C'est aussi ce qui a plombé l'Afrique.


La preuve que l'Inde fut un Pays très peu dirigiste, c'est la quasi absence de fiscalité lourde et la quasi absence de l'Etat dans le fonctionnement interne des échanges commerciaux. L'Inde vivait beaucoup en autarcie.


Ce qui est train de sauver l'Inde, c'est sa soudaine ouverture au Monde. De son repli qui l'a laissée à un niveau bas pour les salaires et l'ensemble des revenus, elle a su faire un atout.


Il reste tout de même un problème : si les classes moyennes ont largement progressée dans leurs revenus, les plus pauvres toujours enfermés dans ce système de castes ( qui n'a franchement rien de collectiviste ) sont toujours au fond du trou !!

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Message non lu par wesker » 12 nov. 2009, 23:06:00

Peut être aussi que la croissance démographique ayant été plus importante que la croissance économique, la part de richesse de chacun et les choix politiques contestables ont appauvri considerablement ce pays.

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Message non lu par mps » 12 nov. 2009, 23:16:00

mps, nous sommes entièrement d'accords sur le fait que le socialisme n'a été constructif et efficace nulle part...Le souci est que l'image que tu as de Sarkozy est en parfaite adequation avec la definition généralement donné du socialisme. Ferais tu donc une exception pour sa personne ? Sur la base de quels resultats alors que les prélèvements ne cessent d'augmenter, les rigidités de s'intensifier.....?
Mettons les choses au point.

Sarozy mérite mon intérêt dans la mesure où il est le premier Président français depuis bien longtemps (ou toujours) qui essaie de faire quelque chose pour que son pays sorte la tête du marais dans lequel il est encalamniné.

Est-ce dire que j'apprécie tout ce qu'il fait ? Oui et non. Oui, parce que je crois impossible, dans ce pays, de faire mieux. Non, parce que sous la pression médiatique et populaire, il mène à peine une politique moins gauchiste que ses précédesseurs. Disons que c'est "moins pire" mais insuffisant. Je remarque toutefois que jamais la France n'a eu un gouvernement qui travaillait autant et aussi bien.

Enfin, ne confondons pas "défense de Sarkozy" et rejet des mille "critiques" idiotes qui semblent le terreau de l'expression française. Ces couinements pavloviens n'ont d'autre intérêt que d'inspirer la pitié pour ceux qui s'en nourrissent.
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Message non lu par wesker » 13 nov. 2009, 13:19:00

Tu conviens donc qu'en dépit de propos et d'engagements reformistes et patriotiques, le Président actuel sombre, comme ses predecesseurs dans l'immobilisme actif cher à la gauche ?

Dès lors, si la droite persiste à conduire une politique de centre gauche, peut être faut il se porter vers des projets et des formations encore plus à droite puisqu'il est desormais établi que les orientations sociales democrates prises aussi bien par la droite que par la gauche sont responsables de la decadence et du déclin !

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Message non lu par mps » 13 nov. 2009, 17:57:00

Disons que, les chantiers étant quasi infinis, le Président choisit de traiter ceux qui entraînent le moins d'opposition (il lui faut de l'imagination, soit dit en passant !)

A mon avis, il n'y a nul immobilisme du gouvernement, mais une volonté délibérée de le paralyser par les procédés les plus stupides et les plus nuisibles au redressement de la France.

Devant prendre cette situation ubuesque en compte, le gouvernement fait profil bas sur ses changements, ce qui n'empêche pas qu'ils soient nombreux.

Si le gouvernement était plus à droite, la paralysie serait encore plus absolue : c'est la seule chose où excelle la gauche ...
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Message non lu par wesker » 15 nov. 2009, 19:46:00

Mais la gauche est précisément dans ce Gouvernement et M. Besson en est une parfaite illustration utilisant à des fins électoralistes dans le seul but d'éviter des triangulaires aux régionales, des valeurs nationales à l'instar du pseudo débat qu'il a lancé sur l'identité nationale en prenant bien soin d'éviter de nombreux sujets dont le Gouvernement est responsable (immigration choisie, discrimination positive, negation des valeurs françaises....).

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Message non lu par mps » 15 nov. 2009, 23:03:00

Tu sais, comme belge, la politique régionale, triangulaire ou non, de la France, je nen ai rien à battre icon_biggrin icon_biggrin
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Message non lu par wesker » 17 nov. 2009, 20:26:00

Certes mais la triangulaire serait defavorable à l'UMP dans de nombreuses régions et c'est précisément pour cela que Nicolas Sarkozy qui cherche, par tout les moyens à pouvoir fanfaronner et justifier les orientations desastreuses qui caractérise sa Présidence, à parvenir à n'avoir que des listes uniques de la "droite" parlementaire.

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Message non lu par anonyme » 17 nov. 2009, 20:51:00

On en reparlera quand la Wallonie sera française !!  :lol:

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Message non lu par mps » 17 nov. 2009, 21:47:00

Tu aurais dû voir une émission-gag à la télé belge ! Camera invisible, et un interlocuteur qui apostrophait les gens dans la rue : "vous savez que la Belgique est à vendre" ?

Selon les tempérements, indignation ou fatalisme, bien entendu. Mais à plus de 50 %, les gens sursautaient : "pas aux français, j'espère" ! icon_biggrin icon_biggrin icon_biggrin

Non, ce n'est pas demain la veille ...
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