Yakiv a écrit : ↑08 sept. 2019, 12:14:40
Lorsqu'on augmente le prix d'un bien, ce dernier se vend moins bien, surtout lorsqu'on peut reporter son choix de consommation sur d'autres produits.
Pas forcément ! Le résultat "Lorsqu'on augmente le prix d'un bien, ce dernier se vend moins bien" ne vaut que si on étudie un marché "toute chose égale par ailleurs". Dans la réalité, les gens peuvent répercuter la hausse des prix d'un bien sur les ventes d'un autre bien. Dans le cas qui nous intéresse, une hausse du prix des importations peut ne pas toucher les ventes d'importations, qui restent stables. Les agents sont alors obligés de reporter la baisse de leur pouvoir d'achat sur des produits domestiques, ce qui déprime l'emploi et la production nationale.
On peut élargir un petit peu le raisonnement et parler du cas général. Suite à une augmentation des prix des importations, on peut se retrouver dans le cas décrit par Jeff Van Planet (baisse de pouvoir d'achat sans compensation sur les salaires) ou dans celui que tu défends, Yakiv, (hausse de la production domestique qui compense l'effet sur le pouvoir d'achat). Les deux facteurs principaux qui guident l'économie vers le premier ou le second cas sont : la corrélation entre prix domestiques et étrangers, l'ampleur de la substitution des importations par des produits domestiques, la perte de pouvoir d'achat toute chose égale par ailleurs induite par une hausse des prix. Dans les économies occidentales actuelles, la corrélation entre prix est forte, la perte de pouvoir d'achat importante et l'effet de substitution faible. Je vous laisse deviner ce qui se passera si on applique une politique protectionniste : une belle perte d'emplois à la clé !
Un cas qui illustre bien ce phénomène est l'instauration par Trump de tarifs sur l'acier étranger. Suite à cette politique, le secteur de l'acier n'avait pas vraiment profité de cette mesure et les usines US ont continué d'acheter de l'acier étranger, moins cher. Les quantités d'acier importé n'ont pas changée et sont plus ou moins restées les mêmes après l'instauration des tarifs. Mais la hausse des prix de l'acier s'est répercutée sur les secteurs dépendant de l'acier, dont le secteur automobile. La production et l'emploi dans le secteur automobile ont souffert. Il y a eu la même chose dans les années Bush suite à la même politique de tarifs sur l'acier.