Pour la première fois depuis 2008, la cote de popularité de Sarkozy frémit dans les sondages. Pour le chef de l’Etat, c’est peut-être le signe que sa patiente stratégie de reconquête commence à porter ses fruits.
Ce n’est pas encore un retournement, mais certainement plus qu’un frémissement. Plombée depuis des mois, la cote de Nicolas Sarkozy est repartie à la hausse pour la première fois depuis octobre 2008 : un bond de 6 points à 41 % d’opinions positives, selon le dernier sondage Ifop pour Paris-Match, de 5 points selon le baromètre Ipsos-Le Point à paraître lundi.
Certes, les mécontents restent encore largement majoritaires, et « jamais un président, sous la Ve République, n’a été si impopulaire à quelques mois de l’élection présidentielle », souligne Frédéric Dabi, directeur du département Opinion de l’Ifop. « Pas d’excès d’optimisme, met donc en garde l’ancien ministre UMP Christian Estrosi. Ce sera une élection très difficile. » Mais celui que beaucoup donnaient battu d’avance il y a quelques semaines se retrouve en tête des intentions de vote au premier tour face à Martine Aubry, et ferait jeu égal avec François Hollande, selon un sondage CSA publié le 13 juillet. Cerise sur le gâteau : la perspective d’un 21 avril à l’envers s’éloigne : la présidente du FN, Marine Le Pen, plafonne à 17 % d’intentions de vote, bien loin du chef de l’Etat. De quoi pousser un « ouf » de soulagement à l’Elysée et commencer à espérer un peu.
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1. Faire président « limite ennuyeux »
Mais si, il a changé, jurent en chœur ses proches. Le choc de la crise aurait fini par le faire entrer pleinement dans le costume présidentiel. Depuis, « il relativise énormément, a intériorisé la fonction et a un style minimaliste, limite ennuyeux », témoigne une ministre. « Il prend sur lui, car ce n’est pas dans sa nature », tempère un autre. De fait, ce n’est plus le président arborant grosses montres et lunettes de soleil, et capable de lancer un viril « Casse toi pov’c.. ! » Un homme l’agrippe brutalement en marge d’un déplacement ? Il passe son chemin et ne veut même pas porter plainte. Eva Joly critique le défilé militaire du 14 Juillet ? Il se tait. Les otages français en Afghanistan sont libérés ? Il les accueille mais loin des caméras. Même quand son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, attend un heureux événement, non seulement il ne s’en vante pas, mais il n’en parle même pas.
Mais la bête politique n’est pas loin. Sa candidature en 2012 ? « Une évidence », résume une ministre. S’il est préoccupé par la crise de la dette, il s’en sert aussi comme argument de campagne.
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2. Le terrain, le terrain, encore le terrain
Deux déplacements en province par semaine : Nicolas Sarkozy ne déroge pas à la règle depuis sept mois. Certes, le public est trié sur le volet, mais les retombées locales sont garanties et la technique a prouvé son efficacité depuis la campagne de Jacques Chirac en 1995. Le chef de l’Etat a donc décidé de labourer systématiquement le terrain électoral, avec une attention particulière portée aux agriculteurs – peu nombreux mais très influents, leur abstention avait coûté cher à la droite aux régionales de mars 2010 – et aux ouvriers, encore à reconquérir.
3. Rassembler son camp
Pour gagner en 2012, Nicolas Sarkozy n’en démord pas : il veut être le seul candidat de la droite, pour virer en tête au premier tour et bénéficier ainsi d’une dynamique victorieuse pour le second. Pour cela, il construit des ponts. Il a déjà commencé avec les chiraquiens, entrés en masse au gouvernement, et même promus lors du dernier remaniement. La nomination de David Douillet au poste de secrétaire d’Etat chargé des Français de l’étranger « est une salutation amicale à Bernadette Chirac », explique une ministre. La partie est plus compliquée avec le patron du Parti radical, Jean-Louis Borloo, que Sarkozy tente encore de convaincre, entre pressions et main tendue, de ne pas se présenter en 2012. Des contacts sont même établis avec l’ennemi intime, Dominique de Villepin.
4. Capitaliser sur la crise
Les Français n’ont pas besoin d’aimer Sarkozy pour le réélire. Ce qui compte, c’est qu’il les rassure. C’est en tout cas le pari de l’Elysée. Et de quoi les Français ont-ils peur en 2011 ? D’une situation « à la grecque ». « Quand ils voient ce qui se passe autour d’eux, ils se disent que finalement, on a un président qui a été courageux, qui a tenu bon et qui a fait les bons choix, estime Christian Estrosi. Et les choix qui semblaient douloureux hier le sont cent fois moins que ceux que sont obligés de faire aujourd’hui les pays en faillite. » Le candidat Sarkozy sera donc avant tout un « président protecteur ».
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5. Laisser l’adversaire se diviser
Nicolas sarkozy, hyperprésident omniprésent en 2007, a appris les vertus du silence. Le chef de l’Etat étant quasiment absent de la scène politique, les projecteurs se sont tournés vers ses adversaires socialistes. Si le PS se déchire pendant les primaires, il ne manquera pas d’en bénéficier par comparaison. C’est pourquoi il pourrait se déclarer officiellement plus tard que prévu, début 2012 plutôt que fin 2011. Avant lui, François Mitterrand, candidat à sa propre succession en 1988, ne s’était dévoilé que le 22 mars 1988, soit un tout petit mois avant le premier tour.
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