Quant à la crispation identitaire, elle n'est pas moins impressionnante. Depuis une trentaine d'années, elle s'était cristallisée sur la question de l'immigration. Celle-ci ne s'est pas effacée, loin de là : 70 % des sondés (et jusqu'à 83 % à l'UMP) jugent qu'il y a "trop d'étrangers en France" et 62 % que l'on "ne se sent plus chez soi comme avant".
Mais le point de fixation de ce rejet massif s'est déplacé du terrain économique vers le terrain religieux. Ce n'est plus, majoritairement, le travailleur immigré, susceptible de "prendre le travail des Français" qui est pointé du doigt, mais le musulman, volontiers assimilé à "l'intégriste", et dont la religion est jugée, par 74 % des Français, intolérante et incompatible avec la société française.
C'est le cas pour la tentation du repli national. Ainsi, un Français sur deux (et jusqu'à 77 % des sympathisants du FN) considère aujourd'hui que "le déclin de la France est inéluctable", en matière économique comme dans le domaine culturel. Mais ils sont plus nombreux encore – trois sur cinq – à voir dans la mondialisation "une menace pour la France" et à juger que "la France doit se protéger davantage du monde d'aujourd'hui".
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