La crise grecque complique l'entrée en scène de François Hollande
LE MONDE
Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et François Hollande à Paris, mercredi 9 mai.
François Hollande espérait peser face à Angela Merkel pour imposer son projet de "renégociation" du pacte budgétaire et le "compléter par un volet croissance". Mais voilà le président élu rattrapé à son tour par l'impossible sauvetage de la Grèce.
Jeudi 10mai, il devait discuter de la crise politique dans laquelle est plongée ce pays avec le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Mercredi, il s'est entretenu avec Herman Van Rompuy, président du Conseil européen.
(...)
FÉBRILITÉ DES MARCHÉS
En cas de blocage persistant, la question risque d'occulter les discussions sur la croissance que M. Hollande et ses homologues sont censés avoir dès leur première rencontre, le 23 mai, lors d'un dîner informel à Bruxelles. Et de ternir l'entrée en scène européenne du nouvel élu.
Le regain de tension sur les marchés, consécutif aux élections législatives organisées dimanche 6 mai en Grèce, a précipité la prise de contact entre M. Hollande et ses interlocuteurs européens. Le rendez-vous avec M. Van Rompuy a été fixé lundi au téléphone.
Le président élu et le dirigeant européen avaient déjeuné ensemble, à Bruxelles, en mai 2011. C'était à une "époque innocente", dit on dans l'entourage de M. Van Rompuy, c'est-à-dire avant la chute de Dominique Strauss-Kahn et la campagne présidentielle. Aucun contact n'avait eu lieu depuis, sinon par le biais de leurs entourages, ces dernières semaines.
Pour M. Van Rompuy tout comme pour M. Juncker, la fébrilité des marchés nécessite d'accélérer la manœuvre, sans attendre l'entrée en fonctions de M. Hollande, le 15 mai. Désireux de vite préciser les intentions, et les marges de manœuvre des uns et des autres, ils envisagent d'adjoindre au pacte budgétaire une déclaration, voire un protocole, qui seraient susceptibles de convaincre M. Hollande de le faire ratifier par son Parlement.
Mais ils veulent surtout donner du corps à l'agenda de croissance que Mme Merkel consent à examiner, pour mieux rejeter la renégociation du pacte budgétaire.
(...)
Sur le fond, le retour de la crise grecque prend de court M. Hollande et ses partenaires moins de six mois après qu'elle s'était invitée au G20 de Cannes (Alpes-Maritimes), que M. Sarkozy avait voulu mettre en scène pour faire valoir son entregent international.
Pour l'instant, le président élu "se tient informé de façon extrêmement précise", insiste M. Moscovici. Officiellement, rien ne filtre sur ses intentions. Le bénéfice politique est double : Il lui permet d'abord de montrer qu'il respecte à la lettre le calendrier institutionnel. "Il n'y a qu'un seul président en exercice et M. Hollande, pendant cette semaine de transition, n'a pas l'intention de jouer au président-bis", explique M. Moscovici.
Herman Van Rompuy et François Hollande à Paris, le 9 mai.
"CRISE POLITIQUE"
Mais ce silence présente un autre avantage : "Compte tenu de la précipitation des événements, de la difficulté qu'il y a à savoir comment va évoluer la situation politique en Grèce, nous n'avons rien à gagner à faire des déclarations toutes les heures, et au contraire tout avantage à tirer profit de ces quelques jours pour prendre des contacts et sentir l'état d'esprit de nos partenaires, avant de passer à l'action", explique un lieutenant de M. Hollande.
(...)
Les dures réalités.