Bataille UMP-PS sur Twitter
Et ce sont les internautes qui comptent les points. L'équipe du PS qui édite le site Internet du parti vient de révéler qu'un responsable des réseaux de l'UMP sur le web se faisait passer depuis un mois pour un cadre socialiste sur Twitter. L'affaire prend une tournure politique.
Il promettait des
"ragots" sur l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle. Un bloggeur anonyme, postant des messages sur le compte Twitter
@solferinien et se faisant passer pour un employé du parti de la rue de Solférino, s'est fait attraper par la patrouille lundi, comme l'a révélé
lemonde.fr. L'équipe du site Internet du PS a découvert que le pourvoyeur d'informations est en fait le responsable des réseaux de l'UMP sur Internet. De quoi mettre en rogne l'appareil du parti, qui estime dans un communiqué que le parti majoritaire a
"dépassé la limite des pratiques admissibles dans le débat en ligne".
Si le PS gronde, c'est parce que les messages de @solferinien ont semé le trouble. Un cadre anonyme qui critique anonymement son parti, qui dit révéler les coulisses –et surtout les disputes internes-, ça fait mauvais genre. Surtout que dès le premier jour de l'ouverture de son compte, il frappe fort et ose:
"Audrey Pulvar devrait annoncer son départ de itélé et F.Inter ce we car A.Montebourg va annoncer sa candidature officielle aux primaires", avance-t-il le
27 août. L'"information" est reprise au cours de la conférence de rentrée de Radio France par une journaliste qui pose la question à Audrey Pulvar, qui semble, elle, ne pas comprendre de quoi on lui parle. Une dépêche AFP reprenant sa réponse sera même publiée.
"C'est important politiquement"
Au bout d'un mois d'agissement, l'équipe web du PS s'attèle à démasquer l'usurpateur. Elle monte une sorte de piège avec l'aide d'un militant lui proposant, lundi dernier, d'accéder à des informations internes et forcément alléchantes. Le titulaire du compte @solferinien n'est pas pris en défaut et la page sur laquelle les documents sont soi-disant disponibles l'avertit qu'il doit se connecter et que les informations seront stockées. Les données récoltées par l'équipe du PS sont sans équivoque: il s'agit bien du mail et de l'adresse IP du responsable des réseaux UMP. Nous n'avons pu contacter ce dernier mais il se défend déjà sur Twitter d'être l'auteur du compte @solferinien.
"Si cela avait été un militant perdu dans son coin, nous n'aurions pas fait les choses comme ça. Là, c'est important politiquement", a expliqué au
JDD.fr Emile Josselin, responsable du site Internet du PS, assimilant cette affaire à la publication de tracts diffamatoires.
"Cela en dit long sur la conception que l'UMP a de l'Internet", a-t-il poursuivi. Il faut dire que la droite est semble-t-il échaudée par ce qui se passe sur Internet et plus précisément sur Twitter. Ainsi, un compte @UMPInside a vécu seulement deux jours: il s'agissait vraisemblablement d'un usurpateur se faisant passer pour un cadre du parti majoritaire. De l'autre côté, chaque jour, le compte
@humourdedroite abreuve ses abonnées en messages ironiques sur le parti majoritaire. Ils ont érigé Benjamin Lancar, président des Jeunes populaires au rang d'icône de la blogosphère (un
site publie quotidiennement des photos parodiques du responsable politique). Ce dernier a réagi en attaquant depuis plusieurs semaines la "gauchosphère". La droite a répliqué avec un compte
@droledegauche. Bref, la bataille de la présidentielle 2012 a commencé.
"Oui, il y a une ambiance de confrontation sur le web. Mais il faut savoir rester maître de ses nerfs", a jouté Emile Josselin.
"Internet est un reflet de la vie politique dans toutes ses dimensions. Mais il ne faut pas faire des choses qui pourraient vous exposer pénalement", conclue-t-il, indiquant qu'Arnaud Montebourg pourrait porter l'affaire devant la justice.