L'article nous dit qu'en gros qu'il n'y a pas d'affaire car la France dépense peu en cabinets de conseil par rapport à ses voisins. Sauf que la comparaison avec les autres pays n'est pas pertinente car les autres pays n'ont pas autant d'organismes publics d'audit et de conseils que la France. On paye donc deux fois : une fois pour les organismes publics, une fois autre pour les cabinets privés.
Les données de la Fédération européenne des associations de conseil en organisation (FEACO) permettent d'établir des comparaisons entre les pays. Disponibles jusqu'en 2018, elles doivent toutefois être analysées avec prudence : contrairement aux travaux de la commission d'enquête, elles portent sur l'ensemble de la sphère publique et incluent les collectivités territoriales.
Par rapport aux autres pays européens, le conseil au secteur public apparaît historiquement limité en France : le chiffre d'affaires réalisé par les cabinets de conseil s'élevait à 657 millions d'euros en 2018 contre, par exemple, 3 143 millions d'euros en Allemagne et 2 640 millions d'euros au Royaume-Uni.
Cet écart s'explique notamment par une différence de culture administrative : comme l'a souligné le sociologue Frédéric Pierru, « le politiste canadien Denis Saint-Martin, qui a mené une approche comparative internationale sur le sujet, estimait encore, au début des années 2000, que
la France se montrait relativement imperméable à la colonisation des États par les grandes firmes du conseil, en raison de l'obstacle représenté par les grands corps de l'État. »
http://www.senat.fr/rap/r21-578-1/r21-578-14.html#toc37
On a donc créé de grands corps de l'Etat (Conseil d'Etat, Cour des comptes, Inspection générale des finances, etc) pour qu'ils soient finalement... de moins en moins utilisés. Ou alors, tout simplement inféodé à McKinsey : l'ex-dirigeant de McKinsey, Eric Labaye, est par exemple devenu président de Polytechnique sur proposition du gouvernement en 2018.
L'autre point qui fait polémique, c'est que le cabinet privé pratiquerait l'évasion fiscale, selon un rapport du Sénat. Or, on peut a minima attendre qu'un cabinet qui répond à un appel d'offres de l'Etat français paie l'impôt sur les sociétés quand il fait des bénéfices en France. McKinsey dit qu'il s'en est acquitté... alors, qui croire ?
On peut aussi s'interroger sur l'intérêt de ces dépenses :
- 3,88 millions d'euros pour conseiller le gouvernement sur la réforme du mode de calcul des aides personnalisées au logement
- 12,33 millions d'euros pour conseiller le gouvernement dans le cadre de la campagne vaccinale contre le Covid-19
- 3,12 millions d'euros pour conseiller le gouvernement sur la création du "baromètre de l'action publique" (si vous ne savez pas de quoi il en retourne, c'est
cet outil qui permet de savoir ce que le gouvernement a fait dans votre département depuis le début 2017, que personne n'utilise... à part peut-être les élus LREM pour vanter plus facilement l'action du gouvernement à tel endroit.
- 290 000 euros pour conseiller les préfectures sur la distribution de la propagande électorale (j'espère que ce n'est pas McKinsey qui a conseillé de recourir à Adrexo !)
- 2,4 millions d'euros pour conseiller le gouvernement dans la création de l'Agence nationale de la cohésion des territoires
(
Source)
- 558 900 euros pour une convention finalement annulée
- 235 620 euros pour rédiger un "guide sur le télétravail dans la fonction publique" (
Source)