Camille a écrit : ↑03 août 2020, 21:38:56
Ici en tout cas, on dit que la gauche s'est perdue parce qu'elle ne tendait pas assez vers la droite (vers le "pragmatisme", nous dit-on...). Donc, j'imagine que ce sont les gens qui se sont droitisés.
Je vais emettre des hypothèses :
_ Il y a un désenchantement global du "vivre ensemble", et j'ai l'impression que de moins en moins de personnes croient dans le rêve multiculturalisme. Et en ce qui concerne ces problèmes, la gauche est à mon sens très dogmatique.
_ J'ai l'impression que le thème du laxisme est quelque chose qui excède particulièrement, il y a un jeune homme qui s'est fait poignardé, et récemment, l'examen de la remise en liberté de l'un des deux assassins a pas mal scandalisé. Les faits sont qu'il me semble qu'une large partie de la population perçoit la justice comme ultra laxiste, notamment à l'égard des délinquants violents, et ce laxisme est perçu comme un attribut de la gauche.
Le taux de criminalité à été multiplé, je cite de mémoire, par 6,8 entre 52 et 1992, hors la gauche a toujours été à mon sens profondément lâche sur ces sujets.
Enfin, il y a une prodonde mutation de la gauche. La gauche dans les années 50, c'était la lutte syndicale, une plus grande répartition des ressources, et à mon sens, les gens ont longtemps associé gauche et amélioration de leur cadre de vie.
Plus le temps passe, plus il y a une gauche "moraline", pendant que le discours marxiste s'est complètement désenchanté, qui s'est imposée, et de ce que je perçois, la gauche n'est plus perçu comme un vecteur d'amélioration des conditions de vie, mais comme des moralisateurs.
Si je prend mon cas personnel, pourquoi j'ai arrêté d'être de gauche ?
Je pense que le déclic s'est passé quand j'ai commencé à m'intéresser aux textes sacrés de l'islam, de la réalité de cette religions dans un certains nombre de pays, qui m'ont interpellés par un certains nombres de problèmes qu'ils posaient, et au delà de ça, à cette inquiétude seule une forme de moraline (t'es islamophobe), ironiquement, en discutant avec certains musulmans plutôt rigoristes, j'ai eu plus de réponses satisfaisantes.
Plus globalement, la gauche était incapable de répondre à mes inquiétudes face à l'augmentation de la délinquance, de morcellement ethnique du territoire, et encoe pire qu'être incapable de répondre à ces inquiétudes, je n'ai eu pour réponse que de la moralisation. Même sur l'économie, les réponses de la gauche m'ont de moins en moins convaincues.
La droite ne répond pas non plus à un certains nombre de mes inquiétudes, pas tellement plus sur les sujets précédents, et particulièrement pas sur l'écologie.
A cela, s'est rajouté quelques lectures historiques qui m'ont bien rapidement sorti du manichéisme dans lequel j'étais adolescent (la gauche c'est les gentils).
Mais à mon sens le plus important est là : la gauche est incapable de répondre aux inquiétudes d'une part croissante de la population, et n'a pour réponse que des jugements moraux.
Ironiquement, il y a peut être eu un renversement de la situation : avant, c'est plus la droite qui était ridiculisée pour son aspect ultra moralisateur et déconnecté.
“Tout ce que tu peux régler pacifiquement, n’essaie pas de le régler par une guerre ou un procès.” Jules Mazarin