Cette déclaration est très intéressante, surtout venant d'une populiste verte employée de Macron. Dans l'échelle de la sottise, elle se rend compte du problème.INTERVIEW - La secrétaire d’État à la Transition écologique vante une approche concrète, «radicale» mais «pas brutale».
Par Marcelo Wesfreid
Publié hier à 20:04, mis à jour il y a 12 heures
Alors que les sondeurs anticipent une vague écologiste aux municipales, en particulier dans les métropoles, le gouvernement monte au créneau pour vanter son bilan en matière environnementale. Le temps presse pour essayer de juguler cette possible dynamique. Mesure contre le gaspillage ; arrêt de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) ; Convention citoyenne sur le climat ; fermeture des centrales à charbon ; enterrement du projet d’Europacity en Île-de-France: la macronie est bien décidée à verdir son discours et à se distinguer des autres formations politiques, qui ont toutes entrepris un virage plus ou moins marqué sur le sujet. À l’image de la secrétaire d’État Brune Poirson, qui vient de porter au Parlement une loi sur l’Économie circulaire.
LE FIGARO. - Que va changer, pour les Français, votre loi sur l’Économie circulaire?
Brune POIRSON. - C’est une loi de rassemblement. Elle a été adoptée à l’unanimité lors de la commission mixte paritaire entre le Sénat et l’Assemblée nationale, ce qui est rare. Concrètement, l’idée est de passer du tout jetable au tout réutilisable, avec le développement du vrac, de la réparation, de la réutilisation des produits et la lutte contre l’obsolescence programmée. Nous doublons le nombre de filières pollueur-payeur. Par exemple, chaque année en France, 1 million de vélos sont envoyés à la benne. En relançant le secteur de la réparation, nous soutiendrons l’emploi local et le pouvoir d’achat. D’autres filières seront créées pour les articles de sport, le bricolage, les jouets, les mégots, les lingettes et les chewing-gums, entre autres. L’information du consommateur va être massivement améliorée: sur le caractère réparable ou non des produits, sur leurs caractéristiques écologiques, sur les perturbateurs endocriniens contenus dans les objets, qu’ils soient avérés ou suspectés.
L’interdiction du plastique à usage unique à l’horizon 2040 a suscité des sarcasmes dans l’opposition, qui juge le calendrier trop peu contraignant…
Nous aurions pu faire voter, comme les gouvernements précédents, un objectif suffisamment lointain pour ne pas être comptables de son échec mais suffisamment proche pour en récolter des gains politiques. Or, on veut une transition radicale, sans retour en arrière, mais pas brutale, sinon on va être confronté au même problème qu’avec la taxe carbone, faute d’alternative technique ou de solutions ne grevant pas le pouvoir d’achat. Si le gouvernement est trop brusque, les Français se sentiront piégés et rejetteront la mesure. Dans les faits, nous sommes un des pays qui vont le plus loin sur l’interdiction du plastique à court terme. Une trentaine d’objets à usage unique sont concernés. Les pailles, les touillettes, les couverts, etc. seront interdits dans moins d’un an. Dans les fast-foods, dans moins de trois ans, il n’y aura plus d’emballages jetables pour les repas consommés sur place, plus de jouets en plastique distribués aux enfants. Enfin, d’ici à 2030, un objectif de la loi est de diviser par deux le nombre de bouteilles en plastique commercialisées.
Un point avait fait polémique dans votre texte: la relance du système de la consigne pour les bouteilles. Où en est-on?
Il y a eu un combat politicien sur ce point. Je le regrette car les Français sont attachés à la consigne. Si, dans trois ans, la France n’est pas sur la bonne trajectoire pour atteindre les objectifs européens de collecte, alors nous basculerons vers la consigne pour recyclage et réemploi des bouteilles.
Le premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim sera fermé le 22 février. À quelques jours des municipales, n’est-ce pas de l’opportunisme électoral?
Il faut arrêter de tout lire en fonction des élections! Cela fait partie d’un calendrier général établi sur la base de critères techniques et non politiques.
Parfois, certains donnent l’impression de se servir plutôt que de servir l’écologie.
Brune Poirson
Vous attendez-vous à une vague écologiste?
Je me réjouis toujours quand l’écologie est mise en avant. Mais j’appelle les Français à se méfier des promesses faciles. Une partie de la gauche tente de renaître avec un discours écologiste.
Ségolène Royal veut se lancer pour 2022 avec un mouvement de sauvegarde de la planète. Qu’en pensez-vous?
Cela me laisse de glace. Rappelons que ce gouvernement s’occupe des dossiers qu’elle n’a pas gérés dont certains coûtent encore cher aux Français: l’écotaxe et les péages autoroutiers, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Fessenheim. Voilà pour le décalage entre les paroles et les actes! Parfois, certains donnent l’impression de se servir plutôt que de servir l’écologie.
Comment expliquez-vous qu’Emmanuel Macron ait une image de défenseur de l’écologie hors de nos frontières mais qu’en France il ne soit pas crédité d’avoir fait avancer cette cause?
Un véritable populisme vert est en train de se développer. Il est porté par des responsables politiques prêts à faire croire n’importe quoi en suggérant que tout est faisable en un claquement de doigts. Ici on pourrait passer à 100 % d’énergies renouvelables en quelques années, là on pourrait supprimer tous les plastiques jetables en autant de temps. Face à eux, tout discours rationnel sur l’écologie est interprété comme un renoncement. Ils utilisent l’angoisse créée par l’urgence climatique pour pousser les Français à y répondre par la précipitation. Or, faire passer le réalisme pour un manque d’ambition est extrêmement dangereux à moyen terme. Cela crée du cynisme et nourrit les extrêmes. Il faut lutter contre ce populisme vert qui ne peut être que mortifère pour la cause écologique. Ce mouvement vise soit à utiliser l’écologie comme excuse pour casser le système actuel, c’est ce qu’on retrouve à l’extrême gauche avec Jean-Luc Mélenchon, Les Insoumis et Yannick Jadot à EELV ; soit à vanter une écologie du repli, dont le projet secret est de refermer la France sur elle-même et de l’isoler, comme le souhaite Marine Le Pen. Emmanuel Macron porte une politique réaliste. C’est moins facile sur un plateau télé mais c’est plus efficace pour la planète.
Quel sera votre message au sommet de Davos, où vous représenterez la France avec le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire?
La transition ne se fera pas sans l’écologisation des milieux économique et financier mais pour cela, ils doivent savoir quel sont notre cap et notre ambition. Je serai la VRP de ma loi afin de leur décrypter ses nouveaux leviers de croissance verte.
Que vous inspire la présence de la jeune militante Greta Thunberg sur place?
C’est une voix forte, utile pour mobiliser l’opinion publique. Mais chacun son rôle. C’est à nous d’apporter des solutions, et nous nous y attelons.
Je constate ce phénomène depuis un bon moment, et je constate aussi le "whataboutisme" de ces populistes. Le populiste écologiste sait tout, il a réponse à tout. Il est contre le nucléaire partout, mais contre les éoliennes à la campagne. Il est contre les plastiques, les pesticides, les fertilisants, les médicaments, les vaccins. Certains deviennent vegan et se mettent à brûler les boucheries.
Bonne nuit les petits.