Enquête: les Français tentés par le vote protestataire

[Hector]

Enquête: les Français tentés par le vote protestataire

EXCLUSIF - Plus de trois Français sur quatre envisagent un vote antisystème en 2022 selon une étude Fondapol-Opinionway que dévoile Le Figaro.

Par Guillaume Tabard
Publié le 9 octobre 2019 à 20:42, mis à jour le 10 octobre 2019 à 06:24

S’abstenir ou voter blanc, voter pour Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, voire pour Nicolas Dupont-Aignan ou un candidat du NPA: 77 % des Français - plus de 3 sur 4 - disent envisager au moins l’une de ces hypothèses pour l’élection présidentielle de 2022. C’est l’un des enseignements majeurs de l’indicateur de la protestation électorale établi par la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), avec l’institut OpinionWay, en partenariat avec Le Figaro.

À lire aussi : «Le niveau de la menace populiste est historiquement élevé»
Ce baromètre est inédit. D’abord par son ampleur. Il repose sur un échantillon de plus de 3000 personnes, le triple de l’échantillon habituel d’un sondage. Par son objet ensuite: tous les six mois, jusqu’à la prochaine présidentielle, ce panel sera interrogé non pas sur ses intentions de vote, mais sur son attitude électorale en général. En sachant que s’abstenir ou voter blanc, même si ce n’est pas comptabilisé in fine dans les résultats en suffrages exprimés, a aussi une signification politique. Ainsi, comprendre le phénomène de la «protestation électorale », selon les termes choisis par la Fondapol, c’est mesurer tous les signes électoraux qui expriment une contestation, un refus de l’offre politique établie, une colère, un rejet radical du «système». Cette attitude intègre ce que l’on qualifie parfois de «populisme» tel qu’on le voit grandir sur la scène électorale en Europe et ailleurs dans le monde. Mais cette étiquette ne résume pas à elle seule ce phénomène.

17 % des Français interrogés sont « certains » ou ont « de fortes chances » de voter pour Marine Le Pen en 2022 - ce qui, avec une abstention d’environ 25 %, ferait un socle de 23 % de suffrages exprimés
Cette forme de «dissidence électorale», comme l’analyse ici Dominique Reynié, directeur général de la Fondapol, n’est pas nouvelle. À la dernière présidentielle, 36,69 % des électeurs inscrits (48,41 % des exprimés) avaient déjà voté pour Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan, trois candidats «antisystème», et 51,3 % des Français s’étaient abstenus aux législatives qui avaient suivi.

Mais deux ans et demi de macronisme n’ont pas réduit cette fracture. Au contraire. Notre indicateur Fondapol-OpinionWay-Le Figaro révèle une France plus tentée que jamais par la protestation. Cela s’exprime par un potentiel électoral élevé pour Marine Le Pen. 17 % sont «certains» ou ont «de fortes chances» de voter pour elle en 2022 - ce qui, avec une abstention d’environ 25 %, ferait un socle de 23 % de suffrages exprimés ; et 31 % au total disent «possible» de voter pour elle ; autant que pour Emmanuel Macron. Sur un nouveau second tour Macron-Le Pen, les Français sont à ce stade divisés en quatre blocs: 30 % pour le chef de l’État, 23 % pour la présidente du Rassemblement national, 27 % pour l’abstention ou le vote blanc, et 20 % d’indécis.

Les ressorts du dégagisme restent forts
Surtout, et c’est l’un des intérêts majeurs de cet indicateur, les Français gardent ouvertes différentes attitudes possibles. Ainsi, 53 % des électeurs de Mélenchon en 2017 et 40 % de ceux de Macron n’excluent pas de voter blanc ; 32 % des électeurs de Fillon et 16 % de ceux de Mélenchon disent possible un vote RN en 2022 ; 8 % de l’ensemble du corps électoral français répond oui aussi bien à un vote LFI qu’à un vote FN ; 90 % des Français qui soutiennent le mouvement des «gilets jaunes» sont prêts à choisir une solution protestataire (abstention, vote blanc, vote Le Pen, Mélenchon, Debout la France ou NPA). Ces taux d’adhésion à une solution ou une autre de rejet atteignent des records chez les Français les moins diplômés ou ayant les revenus les plus faibles. À mi-mandat, les ressorts du dégagisme restent donc présents. Mais, dans le même temps, 57 % des électeurs de Mélenchon réclament un autre candidat LFI que lui en 2022, et 42 % de ceux de Le Pen veulent un autre candidat qu’elle. Comme si la tentation du dégagisme frappait aussi les dégagistes.

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Qu'en pensez vous ?

[Spartiate]

Ca fera plouf. Comme en 2012, comme en 2017. Marine Le Pen à 35 % dans les sondages en 2021, 24 % au mieux dans les urnes en 2022. Et Macron rééelu à 55 %. Next.

[Spartiate]

J'avais mal lu mais c'est encore pire que ce je croyais : l'étude inclut dans le vote contestataire... l'abstention. Bref, il mélange les choux et les carottes et arrive à ce nombre de 77 %, qui n'a aucune existence politique.

[Nombrilist]

Ils ont mis l'abstention dans le vote protestataire ?

[johanono]

Cet article mélange tout et n'importe quoi. Il inclut les abstentionnistes dans ce qu'il appelle "le vote protestataire", alors que les abstentionnistes, par définition, ne votent pas. Au surplus, ceux qui votent pour des partis dits "anti-système" ou "populistes" ne le font pas toujours avec un sentiment uniquement protestataire : certains le font vraiment par adhésion.

[Jeff Van Planet]

Voilà un bel article click-bait dépourvu de contenu.

[Aiden]

Pourquoi considérer que tous les articles moyens ou mauvais sont forcément des "click-bait". Il est tout à fait possible que ces journalistes croient à ce qu'ils écrivent. Ce qui est un signe de la formation dans ce métier ainsi que de la vision idéologique des auteurs.
Que veux dire le terme "envisage" dans ce contexte? Envisager ne veut pas dire être sûr. Quand je réponds à des sondages en ligne, je n'exclue pas certains partis tout en précisant que c'est peu probable.
Je suis d'accord avec les commentaires précédents. L'abstention ne peut se résumer à un vote "protestataire". Certains le font parce qu'ils ne se sentent pas capables de juger, d'autres parce qu'ils ont la flemme. Le vote blanc n'est pas non plus un signe de "protestation". On peut voter banc parce qu'on est libéral sans ce reconnaître dans la LREM ou les LR par exemple.
Le terme protestaire pose effectivement problème.

[Hector]

Ils ont mis l'abstention dans le vote protestataire ?

Ce serait quoi d'autre ?

[Spartiate]

Je sais pas, c'est plus souvent des gens qui sont pas intéressés et qui vont aller pêcher le dimanche.

[Nombrilist]

Ils ont mis l'abstention dans le vote protestataire ?

Ce serait quoi d'autre ?

Aux dernières nouvelles, l'abstention n'est toujours pas un vote

[johanono]

Peut-être faudrait-il résumer le sondage d'une autre façon : 77% des personnes interrogées envisagent de ne pas voter pour les partis dits "de gouvernement". Cela montre que ces partis font l'objet d'une certaine défiance de la part d'une majorité de Français. De ce point de vue, ce sondage ne fait que confirmer ce qu'on savait déjà.

Mais encore une fois, ce n'est pas parce que 77% des personnes interrogées ne se reconnaissent pas dans les partis dits "de gouvernement" qu'elles sont d'accord entre elles sur la politique alternative à mener. Ces personnes-là ont en commun le fait de ne pas être satisfaites, mais c'est tout.

[Spartiate]

Par contre, l'enseignement qu'on peut retenir de ce sondage, c'est le départ des électeurs de Macron de 2017 :

40 % de ceux de Macron n’excluent pas de voter blanc

40 %, c'est énorme. Alors certes, Macron et son mouvement reculent assez peu parce que les électeurs de droite sont venus à la rescousse - aux dépens du parti LR, qui lui s'écroule - mais le filon n'est pas inépuisable. Et même déjà à l'occasion des législatives de 2017, on avait remarqué que les candidats LREM souffrent de reports de voix très défavorables. Bref, Macron et LREM peuvent remercier RN, qui leur permet de se maintenir au pouvoir et de gagner grâce à un système électoral majoritaire inique.

J'ai plutôt l'impression que les Français sont dans l'expectative, qu'ils votent pour le président par défaut parce qu'il est le président et que eux sont légitimistes. Mais que s'il y avait un opposant digne de ce nom et pas une Le Pen plus ridicule qu'effrayante, Macron ne ferait pas long feu.

Bref, que LREM ne tape pas trop sur Le Pen, ils ont besoin d'elle pour gagner.

[johanono]

Il semble en effet que l'électorat de Macron se soit peu à peu déporté sur la droite. Certains électeurs issus de la gauche et qui avaient voté pour lui en 2017 sont déçus par une politique jugée trop libérale, et inversement, cette politique jugée libérale (jugement à nuancer toutefois) est à même de séduire une partie de ceux qui avaient voté Fillon.

Ce constat accrédite l'idée qu'il existe un espace politique réel pour le PS en 2022. A condition de bien travailler sur le programme, et de choisir un candidat crédible.

[Spartiate]

Le PS s'est à mon avis discrédité pour un long moment puisqu'il reste le vivier le plus important des macronistes d'aujourd'hui. Je ne suis habituellement pas favorable aux changements de nom d'un parti mais je pense que dans leur cas, ça s'impose, le PS est trop associé à la clique qui gouverne le pays, même si Faure tente de s'en dissocier.

La sauce ne prend pas et à l'aune des sondages pour les municipales, on voit que c'est plutôt EELV qui prendrait la place du PS comme première force rassembleuse. Mais là encore, même si c'est dans une moindre mesure, EELV doit se nettoyer de la souillure d'anciens élus comme Cohn-Bendit et de Rugy. Je pense que EELV peut facilement remplacer le PS.

Bref, l'espace politique existe bien et face à la disqualification de Mélenchon comme personnalité crédible, il y a d'autant plus de potentiel.

[Cheshire cat]

Voter protestataire, c'est voter pour le Pen ou Mélenchon ? choisir entre la dengue et le cholérique ?