La démocratie directe n'existe pas et n'a jamais existé. On cite souvent la Cité d'Athènes comme exemple de démocratie directe, mais ce n'est pas un bon exemple ! Là-bas, à l'époque, seule une minorité de personnes avaient la qualité de citoyens : des hommes, riches, issus de riches familles, et oisifs, car ils avaient des esclaves qui travaillaient pour eux ! C'était une aristocratie bien plus qu'une démocratie : le reste du peuple n'avait aucun pouvoir...Baltorupec a écrit : ↑10 févr. 2019, 22:51:57Une part de démocratie direct est tout à fait possible, en tout cas en dehors de l'UE. La démocratie représentative oui, mais quelles institutions ? Ce valent t elles toutes ? Je ne pense pas.
Après, je pense que l'on est dans une crise plus profonde. Notre société était tout entière basée sur la croissance économique qui vient à manquer, ainsi que sur le pétrole, or le prix du baril de pétrole est autour de 100 dollars depuis quelques années maintenant.
Le pétrole va être de plus en plus cher, et soyons honnête, il n'y a pas d'alternative au pétrole, et les rares qui existent ne sont pas aussi peu cher que le pétrole. La crise économique qui en résultera va s'aggraver. Notre société étant basé sur l'économie, si l'économie va à vau l'eau, le reste suivra.
Le fait que la crise des gilets jaunes commence par une histoire de carburant ne m'étonne pas.
A mon sens, nous allons en l'état actuel des choses vers un crash économique, et donc un crash de la démocratie.
En conséquence, cette crise de la démocratie me semble juste être un prélude à des crises bien plus graves mais qui ne sont pas évitables car l'on ne peut pas empêcher le pétrole de devenir trop cher pour notre économie. Il n'y a pas besoin qu'il vient à manquer, il suffit que le coût de l'énergie atteigne un seuil critique.
Donc, oui, pour sauver la démocratie, on pourrait faire des lois pour rendre obligatoire l'indépendance des médias vis à vis des pouvoirs financiers ou politique, changer le mode de scrutin et faire diverses réformes institutionnelles profondes, on pourrait sauver la démocratie ainsi à mon sens, mais l'on ne peut pas parvenir à sauver l'économie. Hors, la démocratie est un régime de sociétés marchandes.
Et pour en revenir à notre époque actuelle : crois-tu vraiment que des citoyens "lambdas", après une journée de travail, avec des contraintes quotidiennes à gérer, aient vraiment le temps et l'envie de s'intéresser aux affaires de la cité ? Non, évidemment. Crois-tu vraiment qu'on va réunir 40 millions de citoyens une fois par jour, ou une fois par semaine, dans une Ecclesia, pour débattre des affaires publiques ? Non, évidemment. Sans même parler des capacités intellectuelles qui sont nécessaires pour gérer les affaires publiques, et que tout le monde ne possède pas.
Et c'est pour ça que nous déléguons la gestion des affaires publiques à des gens que nous choisissons périodiquement et qui auront le temps et les capacités intellectuelles pour ce faire. Alors on peut toujours discuter du mode de scrutin, mais on n'échappera pas aux principes de la démocratie représentative.
Même en Suisse, il n'y a pas de démocratie directe. Il y a bien quelques référendums chaque année, et c'est mieux que rien, certainement, mais à part ça, ils sont bel et bien dans un système de démocratie représentative.
Contrairement à toi, je pense que, si crise il y a, elle est d'abord morale, politique, civilisationnelle, avant d'être économique. Nous sommes dans une société individualiste, droit-de-l'hommiste, où les gens s'abrutissent d'émissions débiles à la télé ou d'applications débiles sur smartphones, ne raisonnent qu'en termes de droits à, et pour qui le pouvoir d'achat semble constituer une raison d'exister plus importante que toute forme d'éveil intellectuel ou politique. Ce déclin intellectuel est assez généralisé dans le monde occidental. Les truc débiles sur Internet ou à la télé, c'est plus important que l'intérêt pour la chose publique. Et l'absence d'alternatives politiques depuis la chute du monde soviétique ne peut qu'accentuer ce désintérêt : à quoi sert de voter, puisque tous les partis politiques font à peu près la même chose quand ils sont au pouvoir ?
En France, cette crise est un peu plus aiguë à cause du rôle traditionnellement plus important qu'ailleurs de l'Etat dans nos rapports économiques et sociaux. On attend beaucoup de l’État, beaucoup trop, beaucoup plus qu'il ne peut faire, alors la déception est généralement proportionnelle aux attentes...