A Davos, Macron fait la promotion d’une France « de retour »
24 janv. 2018, 00:00:00
Le président s’est fait d’abord l’avocat du nouvel « esprit de conquête » de l’Hexagone, dont la cote est nettement remontée auprès des investisseurs depuis son élection.
Le président s’est fait d’abord l’avocat du nouvel « esprit de conquête » de l’Hexagone, dont la cote est nettement remontée auprès des investisseurs depuis son élection.
Le Monde | 24.01.2018 à 18h43 • Mis à jour le 24.01.2018 à 20h20 | Par Le Monde.fr (avec Cédric Pietralunga)
Durant une vingtaine de minutes, en anglais, le président français a vendu aux 1 600 congressistes présents les différentes mesures économiques et sociales adoptées depuis le début de son quinquennat, comme la réforme du code du
travail, la diminution de l’impôt sur les
sociétés ou la mise en place d’une
flat tax sur le capital. M. Macron a été notamment applaudi lorsqu’il a répété l’engagement français de
fermer toutes les centrales à charbon en France d’ici à 2021. « France is back », s’est-il exclamé,
reprenant une antienne éprouvée lundi devant 140 PDG qu’il avait réunis au château de Versailles.
Mais c’est lorsqu’il est repassé au français et qu’il a mis en garde les dirigeants politiques et économiques contre le capitalisme débridé que M. Macron a le plus retenu l’attention.
« La croissance économique n’est pas une finalité en soi (…)
, ça reste un moyen », leur a-t-il lancé. Reprenant une récente étude d’Oxfam, le chef de l’Etat a fustigé les
« 1 % les plus riches » qui concentrent toujours plus de richesses sur la
planète. Il s’est également attaqué aux GAFA ou aux
entreprises qui pillent plus qu’elles n’aident les pays dans lesquels elles investissent. A ce rythme, « Schumpeter va très rapidement
ressembler à Darwin », a mis en garde M. Macron.
Lire aussi :
Comprendre l’étude d’Oxfam sur les inégalités de richesse
« Biens communs »
Pour
éviter que
« les nationalistes » n’emportent les élections
« dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans », M. Macron a proposé de
« refonder un vrai contrat mondial » entre les gouvernements et les entreprises. Mettant en avant la notion de « biens communs » (éducation, santé,
environnement, etc.) que chacun doit
défendre, il a invité les multinationales à faire davantage pour que la croissance économique soit synonyme de développement pour tous et non pour seulement quelques-uns. Concrètement, il a notamment proposé que les entreprises qui investissent un euro pour
développer leurs activités dans des pays en voie de
développement investissent à chaque fois un autre euro dans l’éducation des enfants de ce pays.
« Faites quelque chose qui stabilise le pays maintenant », a-t-il exhorté.
Enfin, M. Macron a terminé en appelant les entreprises à faire davantage en matière de
« partage de la valeur ».
« Les entreprises qui durent, ce sont celles qui ont des stratégies d’intéressement », a-t-il expliqué. Il a également mis en garde les pays qui mènent une guerre fiscale, y compris au sein de l’
Europe, les traitant de
« passagers clandestins ».
Emmanuel Macron a été moins convaincant quand il a invité les pays à
« arrêter cette tendance à détricoter le droit social » que l’on constate à travers
le monde, alors qu’il s’était vanté quelques minutes auparavant d’avoir
« flexibilisé » le droit du travail en France. Dans un
monde globalisé, on est toujours le moins disant de quelqu’un d’autre.
« Le populisme est un poison », pour Merkel
De son côté, Angela Merkel a fait l’éloge du multilatéralisme commercial et de la
coopération internationale face au réchauffement climatique, autant de principes régulièrement attaqués par Washington. Elle a rappelé que l’isolationnisme et le protectionnisme n’étaient pas la réponse aux problèmes économiques de la planète.
« Nous voyons du nationalisme, du populisme et, dans un grand nombre de pays, une atmosphère polarisée.
Nous pensons que l’isolement ne nous aidera pas. Nous pensons que nous avons de besoin de coopérer, que le protectionnisme n’est pas la réponse. »
Elle a demandé à son auditoire :
« Avons-nous réellement tiré ou non les leçons de l’histoire ? », s’est interrogée la chancelière, rappelant que
« le populisme est un poison ».
Article complet sur http://www.lemonde.fr/economie-mondiale ... 56941.html