johanono » 26 Aoû 2014, 11:10:24 a écrit :On en revient toujours au même problème. On dirait que, dans l'esprit de beaucoup de gens, c'est la personnalité de Hollande qui est jugée : il serait mou, pas compétent, etc. Sarkozy passerait pour davantage compétent, énergique. Sauf que c'est d'abord un problème de choix politiques. Depuis plus de 30 ans, les partis politiques qui se sont partagé le pouvoir ont accepté de brader la souveraineté de la France. Il reste aujourd'hui à un gouvernement bien peu de leviers d'action. Sarkozy passait pour plus énergique, pour plus compétent, mais il n'a pas fait mieux : ses gesticulations médiatiques cachaient une inaction.
C'est effectivement le même problème et je me lasse à en énumérer les raisons. La personnalité de Hollande est jugée car la Ve République demande l'homme providentiel, elle a été conçue sur mesure pour De Gaulle et depuis, aucun président n'a été réellement à la hauteur.
De par l'étendue des pouvoirs, l'élu qui vient - certes bien loin - après le Président de la République mais en seconde position, c'est le maire. Les parlementaires n'ont qu'un pouvoir de façade (et peuvent se faire faire fermer le clapet grâce au 49.3) tandis que les conseils généraux et régionaux sont des gadgets qui s'amusent à construire des routes, des collèges, des lycées (ils peuvent décider quel architecte s'en occupera et s'il y aura une fontaine ou non) et organiser des festivals. Les eurodéputés, n'en parlons même pas. Le maire a, sur un territoire plus restreint, plus de pouvoirs notamment en matière fiscale et de sécurité publique.
Avoir des gens expérimentés n'est évidemment pas un gage de réussite. Sarkozy a occupé à peu près toutes les instances avant d'accéder au pouvoir suprême, on voit ce qu'il en a fait.
Cela dit, pour limiter la casse de la politique gouvernementale, il n'y a qu'une seule solution : déléguer une partie des pouvoirs aux régions, accélérer la décentralisation, voire même diviser la France en États fédérés. On limite la portée des politiques nationales, tout en améliorant la démocratie locale (et donc, plus directe). On ne peut pas mettre en œuvre des politiques uniformément sur un territoire grand comme celui de la France en faisant abstraction des particularités locales, c'est voué à l'échec.