Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

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Jeff Van Planet
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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Jeff Van Planet » 19 déc. 2018, 19:49:03

Calvero a écrit :
18 déc. 2018, 19:58:40
Non le peuple n'a pas décidé, un échantillon minutieusement choisi de ce dernier l'a fait. Point.
les concernés on choisis. Moi les avions ne vont pas me passer au dessus de la tête ou atterrir au bout de mon jardin, je n'ai donc pas à donner mon avis sur le sujet.
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
J.Saramago

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Jeff Van Planet
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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Jeff Van Planet » 19 déc. 2018, 19:57:30

Yakiv a écrit :
19 déc. 2018, 00:32:28
albert a écrit :
17 déc. 2018, 07:03:35
Le référendum, c'est l'aboutissement du principe démocratique. Le refuser, c'est réfuter la démocratie. Si les électeurs ne sont pas assez mûrs pour répondre à une question, ils ne le sont pas davantage pour choisir les dirigeants d'un pays.
Il faut être clair, le référendum, c'est la démocratie des attardés.
Outre ce que j'ai déjà dit sur la victoire du "non" dont on ne sait jamais à quoi elle va aboutir et dont on ne sait jamais à quoi s'attendre, le meilleur moyen de manipuler les gens et de les prendre pour des débiles, c'est de leur poser des questions auxquelles ils ne peuvent répondre que par "oui" ou par "non". Ce n'est pas difficile de comprendre que les questions totales ne peuvent aboutir qu'à des réponses binaires et donc qu'elles interdisent toute nuance pourtant nécessaire en politique, probablement encore plus que dans d'autres domaines.
Avec un QCM (autre que "oui" / "non"), on progresse déjà un tout petit peu. Voilà pourquoi je serais déjà beaucoup plus favorable à des votes de projet.
Tout à fait.

Exemple au hasard: on demande si on est pour ou contre le travail du dimanche. Prenons trois personnes: la première est totalement contre, la deuxième est totalement pour, et la troisième est pour, mais à conditions que l'on donne une prime de 150% au salarié et qu'il ne puisse pas en travailler plus qu'un dimanche par mois.
Dans une telle configuration, voici plusieurs cas de figures:
1-si on pose la question suivante "voulez-vous légaliser à la hussarde le travail du dimanche" le contre répondra contre, le pour répondra pour et le dernier répondra non car ses conditions ne sont pas respectées.
2- si on demande "vous voulez légaliser le travail du dimanche en donnant des primes négociées en accord de branches?" là notre milieux va se tâter pendant un temps et votera oui ou non selon.
3-On propose la quesiton suivante "souhaitez-vous oui ou non légaliser le travail volontaire du dimanche limité à un par mois avec primes de 100% du salaire?" là notre indécis se dira peut être que 100% au lieux de 150% comme il voulait c'est déjà bien et il votera oui.

Comme vous voyez, avec les mêmes électeurs on se retrouve avec des résultats très différents dépendants uniquement de la question.
Ce truc c'est de la politique à l'état pure: de la manipulation de masses.
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
J.Saramago

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Nolimits
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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Nolimits » 19 déc. 2018, 20:08:33

@Jeff Van Planet Tes questions me paraissent bien compliquées pour le GJ moyen...

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Nombrilist
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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Nombrilist » 19 déc. 2018, 20:45:31

On a donc les pro-démocratie d'un côté et les pro-technocratie de l'autre.

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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Nolimits » 19 déc. 2018, 20:56:44

Nombrilist a écrit :On a donc les pro-démocratie d'un côté et les pro-technocratie de l'autre.
Non

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Spartiate
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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Spartiate » 19 déc. 2018, 21:32:06

Qu’est-ce qu’on peut lire/entendre comme inepties au sujet du RIC. Au risque de surprendre quelques-uns, je ne suis pas favorable aux référendums révocatoires, que je trouve contreproductifs et qui risqueraient de jeter l’opprobre sur les personnalités politiques les plus clivantes, mais qui ont malgré tout le droit à l’expression politique. Je pense notamment aux élus RN, qui risquent d’être ciblés par la vindicte populaire. Bon, il y a aussi Aurore Bergé mais elle, elle l’aura bien cherché.

Après, ne vous faites pas d’illusion. Il est totalement improbable que le gouvernement accède à cette revendication et je pense que le gouvernement, au mieux, se résoudra juste à réformer le « référendum d’initiative partagée » déjà en vigueur, en abaissant le seuil. C’est-à-dire que jamais les électeurs n’auront le dernier mot, l’Assemblée retoquera les pétitions et le parcours législatif s’achèvera ici. Au pire, au bout des 2 mois et demi et concertation, quand la mobilisation sera réduite au néant, le gouvernement annoncera fièrement que « la piste du RIC n’est plus nécessaire pour renouer le dialogue ». Mais je ne crois absolument pas en la sincérité du gouvernement lorsqu’il dit être ouvert sur la question. Bref, ne paniquez pas, la sacro-sainte stabilité du pays n’est pas menacée.

Pour le reste, la crise de confiance politique et de démocratie est là. Il faut être de mauvaise foi pour la reléguer comme un épiphénomène, ou avoir une réaction triviale – comme j’ai pu lire ici – qui consisterait à dire qu’il faut un régime autoritaire pour y répondre, avec 40h de boulot/semaine et peut-être même arroser de napalm les manifestants. Pas sûr que la machine économique soit efficace avec des salariés dépressifs, mais c’est un autre sujet.

Je rebondis à une autre réaction :
« Je suis trop idiot pour avoir un avis sur la question, je laisse mes représentants décider à ma place. Et de toute façon, j’ai pas le temps pour ça. »
C’est presque pathologique de dire ça, on est dans le syndrome de Stockholm.
Après, c’est peut-être orgueilleux de dire ça mais je ne parviens pas à me contenter d’une vie où mon but serait uniquement de bosser, consommer et crever. Le citoyen, c’est aussi celui qui tente d’agir pour la société à laquelle il appartient. Même si cette conscience collective est sérieusement mise à mal.

Enfin, il ne faut plus avoir beaucoup d’amour propre pour se croire incapable de comprendre les enjeux politiques. En 2018, dans un pays développé, dans un monde où l’information est permanente et instantanée, on n’a pas d’excuse. Si on peut se faire une opinion sur un candidat et son programme, alors on peut s’en faire une sur UNE proposition.

---

Je reviens sur le RIC. J’ai entendu S. Guérini, le nouveau porte-étendard marchiste, s’inquiéter du retour de la peine de mort si jamais cette idée était adoptée. C’est de la mauvaise foi intentionnelle pour tromper les enjeux du débat. Si le RIC est adopté, il se fera sous le contrôle du Conseil Constitutionnel et les garde-fous seront suffisamment nombreux : restriction des sujets qui peuvent faire l’objet d’un référendum, seuil minimal de participation pour le rendre effectif, seuil minimal de votes favorables (on peut plaider pour une majorité qualifiée des 3/5e par exemple), seuil minimal élevé de signatures… Franchement, on a l’embarras du choix. Et d’ailleurs, les GJ eux-mêmes accordent un droit d’amendement au Parlement dans le processus, ils ne veulent pas supplanter la démocratie représentative mais la compléter.

Quand bien même, si les électeurs plaidaient pour des solutions faciles ou utopistes – SMIC à 2000 € par mois par exemple – ils auraient porté Poutou au second tour de la présidentielle. Au lieu de ça, des chantres de l’orthodoxie budgétaire ont fait plus de 20 % (Fillon, Macron), loin de la « dictature de l’émotion » que fantasment certains opposants. Bref, vous exagérez beaucoup et volontairement pour discréditer l’idée. Vous seriez par exemple étonnés de voir combien la population rejette l’interventionnisme militaire à l’étranger alors que nos technocrates trop intelligents, qui ont bien étudié leurs dossiers, applaudissent l’idée de tuer des civils pour de simples intérêts politiques et économiques.

Bref, tout ça pour dire que le RIC ne permettra pas à lui seul de rabibocher le lien brisé entre la population et la politique. Mais il me paraît toutefois salutaire que des Français se reconsidèrent comme citoyens appartenant à une société, pour que puisse émerger une timide conscience collective, qui est aujourd’hui anéantie. Si on estime ces questions accessoires derrière le « tout-économique », il ne faudra pas s’étonner que les GJ prennent des formes de plus en plus fréquentes. Les gens n’aiment pas être pris pour des prostitués, à qui on tend un billet de 100 € pour les faire taire. Et les policiers l’ont récemment démontré.

Pavé César.

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Yakiv
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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Yakiv » 19 déc. 2018, 22:09:54

Narbonne a écrit :
19 déc. 2018, 15:06:20
Le TCE pouvait se résumer de façon très simple. C'est un texte qui entérinait la perte de souveraineté de la France (d'où le "non" d'une partie de la droite) et la mondialisation sauvage (d'où le "non" d'une partie de la gauche)
Le Parlement français n'aurait jamais du l'accepter (renommé traité de Lisbonne) et le clivage "représentant" du peuple avec le peuple a commencé à être visible
Le traité de Lisbonne n'était pas le même que le TCE.

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johanono
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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par johanono » 19 déc. 2018, 22:35:55

Jeff Van Planet a écrit :
19 déc. 2018, 19:47:35
johanono a écrit :
18 déc. 2018, 08:18:45
Je suis plutôt d'accord avec Albert : on ne peut pas refuser le référendum au motif que la question posée serait trop compliquée pour les Français. Si les Français ne sont pas assez intelligents pour voter à un référendum, ils ne se sont pas bon plus pour voter à une présidentielle où il s'agit normalement d'analyser les programmes complets de tous les candidats.

Le référendum reste la quintessence de la démocratie. J'ai cependant un peu plus de mal avec le RIC : si l'initiative du référendum vient des citoyens eux-mêmes, alors ça risque de générer une certaine instabilité, surtout si on permet le référendum révocatoire.
il y a une erreur de raisonnement. Il y a en effet une différence entre voter directement pour une loi sans la comprendre, et voter pour quelqu'un qui, lui, va être payer pour ne faire que ça.


Pour la fréquence et la quantité je suis d'accord, il y a un risque de se retrouver comme en suisse et de voter pour savoir si oui ou non on interdit l'écornage des vaches. :mrgreen:
Quand il s'agit de voter pour un candidat à une élection, il convient, normalement, de passer en revue les programmes complets de chaque candidat, pour se faire une opinion. Quelles sont les orientations de chaque candidat sur l'économie, sur l'ordre public, sur la mondialisation, etc. Ce sont des questions vastes, nombreuses, auxquelles il convient de réfléchir si on veut voter sérieusement et connaissance de cause.

Cela me paraît autrement plus compliqué que réfléchir à une seule question qui serait l'objet d'un référendum. Et comme cela avait été dit, la campagne pour le référendum sur le TCE avait été de bonne qualité. Je me souviens que beaucoup de gens s'étaient renseignés, étaient allés acheter le texte du traité, etc. Pour Maastricht, j'étais plus jeune, je me souviens moins bien, mais je crois me souvenir d'une campagne de bonne qualité également. Ce qui, d'ailleurs, bat en brèche l'idée communément admise selon laquelle, en cas de référendum, les Français ne répondent pas à la question posée... En fait, tout dépend de la question. Si elle est sérieuse, si elle transcende les clivages politiques, alors les Français s'y intéressent sérieusement, et cela génère une campagne de qualité.

Donc je répète : si on juge les Français inaptes à réfléchir à UNE question, fût-elle un peu complexe, qui serait l'objet d'un référendum, alors il faut les juger inaptes à voter à une élection classique, par exemple la présidentielle, dans laquelle il s'agit de faire le choix entre de multiples candidats qui présentent des programmes politiques vastes, portant sur des questions très diverses.

Naturellement, nous ne pouvons pas passer notre temps à faire des campagnes. La gestion des affaires publiques demande du temps, et des compétences aussi. C'est pour ça que je goûte assez peu à la démocratie directe permanente, qui me semble utopique, irréaliste, source d'instabilité et de blocages. Les citoyens délèguent la gestion des affaires publiques à des représentants qu'ils se choisissent eux-mêmes, parce qu'ils n'ont ni le temps ni forcément les moyens intellectuels de s'occuper de ça en permanence. Mais ça n'empêche pas, sur certaines questions importantes, qui transcendent les clivages politiques, d'organiser de temps en temps des référendums.

Sur le référendum à choix multiples dont il a été question plus haut, j'ai quelques doutes. Je ne vois pas très bien comment ça peut fonctionner en pratique. Supposons un référendum où il y a le choix entre cinq réponses possibles. Que se passe-t-il si les résultats sont serrés, et si aucune réponse n'obtient plus de 50% des voix. Est-ce le statu quo ? Ou bien alors faut-il retenir la proposition arrivée en tête, même si elle n'a pas retenu l'assentiment de plus de 50% des votants ? C'est compliqué...
Spartiate a écrit :
19 déc. 2018, 21:32:06
Quand bien même, si les électeurs plaidaient pour des solutions faciles ou utopistes – SMIC à 2000 € par mois par exemple – ils auraient porté Poutou au second tour de la présidentielle. Au lieu de ça, des chantres de l’orthodoxie budgétaire ont fait plus de 20 % (Fillon, Macron), loin de la « dictature de l’émotion » que fantasment certains opposants. Bref, vous exagérez beaucoup et volontairement pour discréditer l’idée. Vous seriez par exemple étonnés de voir combien la population rejette l’interventionnisme militaire à l’étranger alors que nos technocrates trop intelligents, qui ont bien étudié leurs dossiers, applaudissent l’idée de tuer des civils pour de simples intérêts politiques et économiques.
Tout dépend de la façon dont la question est posée. Il est vrai qu'à la présidentielle, jusqu'à présent, les Français ont toujours voté en majorité pour des candidats très "modérés", voire "austéritaires".

Mais s'il y a un référendum pour ou contre le SMIC à 2000 € ou pour ou contre les 32 heures payées 35, je ne me hasarderai pas à pronostiquer une victoire du non...
Bref, tout ça pour dire que le RIC ne permettra pas à lui seul de rabibocher le lien brisé entre la population et la politique. Mais il me paraît toutefois salutaire que des Français se reconsidèrent comme citoyens appartenant à une société, pour que puisse émerger une timide conscience collective, qui est aujourd’hui anéantie. Si on estime ces questions accessoires derrière le « tout-économique », il ne faudra pas s’étonner que les GJ prennent des formes de plus en plus fréquentes. Les gens n’aiment pas être pris pour des prostitués, à qui on tend un billet de 100 € pour les faire taire. Et les policiers l’ont récemment démontré.

Pavé César.
Mais alors que faut-il faire pour retisser ce lien brisé dont tu parles ? Parce que le GJ ont beaucoup parlé de pouvoir d'achat, quand même. Dans leurs discours, il a beaucoup été question de fins de mois difficiles. Maintenant que le gouvernement a apporté des réponses, les revendications se déportent sur cette histoire de référendum, mais avant, le discours était très utilitaire, très consumériste. Les gens quémandaient des euros...

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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Narbonne » 19 déc. 2018, 23:04:29

Yakiv a écrit :
19 déc. 2018, 22:09:54
Narbonne a écrit :
19 déc. 2018, 15:06:20
Le TCE pouvait se résumer de façon très simple. C'est un texte qui entérinait la perte de souveraineté de la France (d'où le "non" d'une partie de la droite) et la mondialisation sauvage (d'où le "non" d'une partie de la gauche)
Le Parlement français n'aurait jamais du l'accepter (renommé traité de Lisbonne) et le clivage "représentant" du peuple avec le peuple a commencé à être visible
Le traité de Lisbonne n'était pas le même que le TCE.
Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Valeurs actuelles, vendredi 23 novembre 2007.

C'est sur que le RPR et PS voulaient faire croire que le traité de Lisbonne était différent du TCE. Sous la forme c'est vrai, le traité de Lisbonne est quasiment illisible car ce n'est pas une mise à jour des textes mais seulement des correctifs à apporter aux textes
Le problème du "non" au TCE est qu'il rejetait des accords déjà signés par la France
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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johanono
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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par johanono » 19 déc. 2018, 23:18:14

Nolimits a écrit :
19 déc. 2018, 20:56:44
Nombrilist a écrit :On a donc les pro-démocratie d'un côté et les pro-technocratie de l'autre.
Non
Mais si. @Nombrilist a raison. Quand tu dis que tu veux t'en remettre aux techniciens, aux experts, tu défends la technocratie (le pouvoir des techniciens). Les experts sont utiles, pour apporter un éclairage technique, mais ce n'est pas à eux de décider ce qui est bon pour l'intérêt général.

Je vais prendre un exemple, sur une question parmi d'autres, mais une question qui me vient à l'esprit, parce qu'elle est importante selon moi : faut-il interdire l'usage des pesticides en France ? C'est typiquement une question qui pourrait mériter un référendum. Sur une question comme ça, j'attends des experts qu'ils m'expliquent quelles sont les alternatives aux pesticides, et à quel prix. Mais ce n'est pas à eux de décider. Une fois qu'ils ont apporté leur éclairage technique, il appartient au peuple de dire ce qu'il faut faire, ce qui est souhaitable.

Bien sûr, la démocratie revient à donner de l'importance à des nigauds qui ne savent pas trop réfléchir. Il faut accepter cet inconvénient...

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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Spartiate » 19 déc. 2018, 23:26:04

johanono a écrit :
19 déc. 2018, 22:35:55
Mais alors que faut-il faire pour retisser ce lien brisé dont tu parles ? Parce que le GJ ont beaucoup parlé de pouvoir d'achat, quand même. Dans leurs discours, il a beaucoup été question de fins de mois difficiles. Maintenant que le gouvernement a apporté des réponses, les revendications se déportent sur cette histoire de référendum, mais avant, le discours était très utilitaire, très consumériste. Les gens quémandaient des euros...
Si le mouvement a dérivé sur des revendications institutionnelles, c'est parce que nul n'imaginait qu'il allait perpétuer au-delà du 17 novembre et parce qu'il fallait un fait fédérateur et facile à comprendre, comme la hausse des tarifs sur le carburant. Le poids du nombre ou du moins la force avec laquelle la mobilisation s'est faite, aidé par le soutien plus ou moins massif de la population, a donné confiance aux GJ, qui ont saisi l'occasion pour porter d'autres revendications. La lenteur de la réponse du gouvernement a par ailleurs permis au mouvement de s'organiser et gagner en forte visibilité. Je pense que sur les ronds points, on n'a pas fait que parler de prix du carburant, d'autres idées sont venues se greffer.

L'audit de la démocratie que promet le gouvernement est salutaire sur l'idée mais je sais qu'il sera dévoyé à des fins politiciennes et qu'il se conclura par de la poudre aux yeux destiné à gagner du temps, avec aucune suite donnée à ce débat de RIC. On renverra les mécontents au CESE. On vante souvent la stabilité du système politique français mais c'est aussi sa faiblesse : une majorité trop forte, qui n'a aucun intérêt à discuter avec les opinions divergentes. Les relais d'opinion ne fonctionnent d'ailleurs plus et si les GJ ont décidé de déclarer leur indépendance vis-à-vis des partis et syndicats, c'est aussi parce qu'ils savent que leur propos aurait été confisqué et caricaturé.

Je ne vais pas me lancer dans un audit complet maintenant. Je dirais que les raisons de la défiance des Français à l'égard de leurs institutions et représentants s'expliquent pèle-mêle par un pouvoir trop centralisé, une présidence monarchique, un Parlement peu représentatif, un sentiment de trahison de la parole donnée, une confiscation du pouvoir par les institutions européennes, des médias médiocres et méprisants à leur encontre, une mondialisation ratée pour la France, l'absence d'outils démocratiques autres que le vote tous les 5/6 ans... Tout ça donne lieu à un cocktail explosif.

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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Spartiate » 19 déc. 2018, 23:48:51

J'ajouterais également que ce n'est pas le seul fait de la France et que même les faits de violence ne sont pas réservés à la France. En Belgique, à Bruxelles, ça a été particulièrement tendu.

Personnellement, cette crise politique m'amène de plus en plus à plaider pour un Frexit, non pas parce que je serais hostile à une organisation européenne mais parce que je ne vois aucune possibilité pour l'Europe de se réformer et de changer son agenda pour qu'il prenne davantage en considération les aspirations populaires. Le triumvirat délétère PPE-ALDE-S&D n'a pas fini de nous écraser.

Bref, à défaut de se faire entendre auprès d'une UE pour le coup très déconnectée et très technocratique, il faut voir à travers le RIC une demande de se faire entendre à l'échelon national. Le RIC est aussi un défi lancé à la France pour prouver qu'elle peut rester souveraine par rapport aux décisions européennes.

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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par johanono » 19 déc. 2018, 23:55:30

Sur l'opportunité d'un Frexit, tu prêches là à un converti !

Mais ce qui me gêne, c'est que je ne vois pas le début du commencement d'une alternative politique sérieuse chez tous ceux qui ont exprimé leur mécontentement. "On est en colère". Mais qu'est-ce que vous proposez ?

Veulent-ils le Frexit ? Rien n'est moins sûr. Je te rappelle qu'à la présidentielle, le seul candidat prônant vraiment le Frexit a obtenu moins de 1% des voix.

Tu as évoqué un pouvoir trop centralisé, une présidence monarchique, une AN trop peu représentative. Probablement, oui. Mais quelle alternative institutionnelle ? Une VIe République type parlementaire à l'allemande, avec un mode de scrutin à la proportionnelle ? Une VIe République type régime présidentielle à l'américaine ? Simplement un changement du mode de scrutin tout en restant dans les institutions actuelles ? Je n'ai guère entendu les GJ parler de tout ça...

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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Spartiate » 20 déc. 2018, 00:08:54

Si si, la proportionnelle fait partie des revendications même si elle est moins médiatisée et populaire que le RIC.

Après, je ne vais pas projeter mes propres convictions sur celles des GJ. Je pense que les GJ ont dressé les symptômes mais ne savent pas forcément comment remédier à cette crise. Ils n'ont par exemple pas forcément idée de comment fonctionne la proportionnelle, quels seraient les avantages et inconvénients. Ils ne vont donc pas porter clairement cette revendication mais si on leur explique, ils seraient favorables, à n'en pas douter. À l'inverse, l'idée de RIC est fédératrice et facile à comprendre, si bien qu'il y a des propos médisants pour dire que le RIC jaune, c'est du Ricard, c'est-à-dire un truc de comptoir, de beaufs. L'opposition, qui provient surtout des médias, est particulièrement virulente.

Mais j'ai pas forcément envie de débattre sur la proportionnelle, ni sur l'instabilité qu'elle est censée créer (à relativiser du coup à la lecture des dernières semaines dans notre régime officiellement stable). C'est un débat non pas secondaire mais annexe. Par contre, le pouvoir est centralisé parce qu'en dehors du président, personne n'a de réels pouvoirs. Les maires ont peu de marges de manoeuvre, les conseils locaux sont juste des machines à subventions. La contestation est donc dirigée sur la seule personne de Macron, les autres élus sont de toute façon jugés totalement impuissants. C'est aussi pour ça que les GJ ne passent plus par eux.

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Re: Six questions sur le RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui séduit les « gilets jaunes »

Message non lu par Narbonne » 20 déc. 2018, 00:33:07

Je ne pense pas que les GJ veulent de la proportionnelle. Ils ne veulent pas de corps intermédiaires et une grande partie ne veut pas de représentants.
Par contre, je suis étonné qu'ils ne parlent pas de tirage au sort. C'est plus proche de leur philosophie
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

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