La mondialisation

Avatar du membre
politicien
Site Admin
Messages : 34347
Enregistré le : 30 août 2008, 00:00:00
Compte Twitter : @LActuPolitique

La mondialisation

Message non lu par politicien » 29 déc. 2012, 15:25:52

Bonjour,

J'ai décidé aujourd'hui de traiter d'un sujet d'actualité depuis quelques années : La mondialisation

Dans ce sujet vous trouverez une vidéo explicative, une fiche donnant des définitions, et quelques chiffres :

[BBvideo 600,350]http://www.dailymotion.com/video/x51axh ... ion_school[/BBvideo]

Définition de la mondialisation :
La mondialisation (ou globalization pour les anglo-saxons) est le processus d'ouverture de toutes les économies nationales sur un marché devenu planétaire. La mondialisation est favorisée par l'interdépendance entre les hommes, la déréglementation, la libéralisation des échanges, la délocalisation de l'activité, la fluidité des mouvements financiers, le développement des moyens de transport, de télécommunication...

Les entreprises multinationales déterminent leurs choix stratégiques (localisation, approvisionnements, financement, circuits de commercialisation, recrutements, débouchés, investissements...) à l'échelle mondiale, en comparant les avantages et inconvénients que leur procurent les différentes solutions nationales possibles.

Le terme de "mondialisation" est surtout utilisé dans le domaine économique, mais celle-ci touche à toutes les activités humaines : industrie, services, commerce, politique, social... Elle concerne aussi la communication et les échanges entre tous les individus de la Terre devenue "village planétaire" et entre les différentes cultures.
Il devient alors très difficile de fonctionner dans un marché uniquement national.

Arguments des partisans de la mondialisation :
Elle est une étape nécessaire pour permettre aux pays du tiers-monde de devenir des pays industrialisés et développés, et ne plus être seulement des exportateurs de matières premières. Par les échanges interculturels, elle permet à l'homme d'ouvrir ses horizons.
Les défenseurs de la mondialisation néolibérale la présentent comme inéluctable, irréversible et incompatible avec les Etats-nations. Ces derniers sont stigmatisés en tant que structures trop anciennes et inadaptées, devant être remplacées par un gouvernement mondial.

Critiques faites à la mondialisation :
la déréglementation des économies nationales ;
la libéralisation exagérée des échanges ;
l'hégémonie des grandes entreprises multinationales ;
la normalisation des rapports humains et la disparition des particularités ;
l'émergence d'un standard culturel.

http://www.toupie.org/Dictionnaire/Mondialisation.htm



Les étapes de la mondialisation du XXe siècle sur le plan économique :

Issue d'un processus historique (voir l'article mondialisation), la mondialisation économique contemporaine est apparue en trois étapes, qui tendent en fait à se chevaucher :

- Internationalisation des flux financiers et commerciaux
- Implantations à l'étranger des entreprises
- Globalisation de l'économie

Internationalisation des flux commerciaux et financiers
Les différentes périodes de mondialisation économique (des Foires de Champagne à la mondialisation libérale actuelle, en passant par la Route de la soie) présentent des points communs du développement du commerce international sous l'effet :

- d'une expansion des transports (maritime, chemin de fer, routier ou aérien);
- de nouvelles méthodes normalisées de logistique et transport des produits et marchandises (containers);
- de mises en place d'outils monétaires et financiers internationaux (remontant dans le temps aux lettres de change et de crédit et aux comptoirs des Templiers)
- d'une diversification de produits et services due à des innovations;
- d'une amélioration du niveau de vie d'une couche de la population, ce qui a favorisé ou créé une demande;
- d'un développement des modes de communication et de circulation des personnes qui a fait naître un attrait des consommateurs pour les produits venant d'ailleurs;
- d'accords internationaux de libre-échange qu'ils soient multilatéraux ou bilatéraux.

Dans la période contemporaine, le commerce international a évolué dans un sens de spécialisation géographique qui a développé les flux commerciaux entre pays. C'est ainsi que :

- La portion du commerce international qui se développe le plus est celle qui est « intra-groupe », autrement dit entre les filiales de chacun des groupes d'entreprises à implantation mondiale. Chacune est spécialisée dans des activités données en fonction notamment du principe de l'avantage compétitif local.
- La sous-traitance internationale se développe également fortement dans le même esprit de spécialisation locale.

Dans le même temps, un fort développement des marchés financiers, avec en parallèle une libération des changes, a créé un large système de financement des opérations de commerce et d'investissement au niveau international.

Implantations à l'international
L'implantation des entreprises à l'international se développe dans un double but :

- distribuer leurs biens et services dans tous les pays pour couvrir le marché mondial et ainsi assurer la croissance du chiffre d'affaires et obtenir l'économie d'échelle qu'apportent de plus gros débouchés,
- produire chaque élément dans le pays où les conditions sont les plus favorables, comme le montre plus haut le développement des flux intergroupes
- accéder à des produits et des matières premières rares (exemple de Total-Elf qui s'installe dans le golfe de Guinée).

« Globalisation » de l'économie
Article connexe : Avantage comparatif.

Résultat de l'internationalisation des flux économiques et financiers par l'implantation à l'international grâce à la révolution technologique, la globalisation de l'économie est illustrée par les firmes transnationales (FTN), appelées communément multinationales dites mondiales ou globales (aussi appelées FMN pour Firmes Multi Nationales), et marque une nouvelle étape dans l'histoire du capitalisme.

Dans le même temps, des capitaux circulent par milliards d'un pays à l'autre, en raison d'une très grande facilité de communication procurée par les technologies de l'information. Cela crée des opportunités spéculatives pouvant être source de déstabilisation financière (voir crise financière).

L'intégralité de cet article : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mondialisa ... 9conomique
Conséquences de la mondialisation économique
L'évaluation des conséquences de la mondialisation économique comprend plusieurs volets, très contrastés selon la richesse du pays considéré. En effet, elle a permis à de nombreux pays d'ouvrir leurs frontières et de permettre le commerce international.

Environnement
En 1993, dans le cadre du débat sur l'Alena (Accord de libre-échange nord-américain), M. Grossman et A. Krueger ont tenté de décrire les effets de la mondialisation économique sur l'environnement. Ces auteurs ont distingué trois effets principaux de l'internationalisation des échanges.

- Un effet de composition lié à la spécialisation des pays permet selon eux une meilleure utilisation des ressources naturelles, ce qui doit être favorable à l'environnement.

- Le second effet, dit effet d'échelle, est lié à l'accroissement de la production, qui selon la théorie du libre-échange découle du commerce international. Il est donc nuisible à l'environnement en tant qu'effet de la croissance économique.

- Mais selon ces auteurs, un effet technique de la mondialisation vient contrebalancer cette nuisance : la libéralisation permet des transferts de technologies favorables à l'environnement ainsi qu'une hausse des revenus des habitants qui deviendraient alors plus exigeants en matière environnementale.

Toutefois, d'autres auteurs pensent que les transferts de technologie correspondent à une substitution de capital naturel par un capital de connaissances (durabilité faible).

Pays riches
Pour les pays riches, la mondialisation économique comporte deux bénéfices essentiels. Le premier profite au consommateur, qui a accès à un éventail plus large de biens (diversité) à un prix plus faible que s'ils étaient fabriqués dans le pays même. Quantitativement, cet effet est considérable, et peut être appréhendé en additionnant les gains des consommateurs à l'achat de produits textiles chinois. Le second bénéfice profite aux détenteurs du capital, qui obtiennent un meilleur rendement de leurs capitaux.

Les pays riches souffrent en revanche de la délocalisation de leurs industries intensives en main-d'œuvre peu qualifiée, ainsi que de la concurrence accrue entre pays riches eux-mêmes. Quantitativement peu importants, ces effets posent cependant des problèmes du fait qu'ils sont localisés, touchant particulièrement certains individus ou certaines régions, alors que les gains sont répartis sur l'ensemble de la population.

Les études quantitatives économétriques tentant d'évaluer ces deux aspects arrivent toutes à la conclusion que les gains des pays riches à la division internationale du travail sont supérieurs aux pertes (délocalisations, désindustrialisation) par plusieurs ordres de grandeur[réf. nécessaire]. Le problème des pays riches face à la mondialisation économique serait donc avant tout un problème de répartition de gains afin de pouvoir indemniser les perdants en leur accordant une part des gains proportionnée à leur perte.

La mondialisation économique incite également les pays riches à se faire concurrence en matière de réglementation, de protection sociale, de fiscalité et d'éducation. Le bilan de cette concurrence est actuellement impossible à établir. Pour les uns, elle conduit à un moins-disant dans tous les domaines, tandis que pour les autres elle met en évidence les inefficacités des différents modèles sociaux (voir : Dumping social).

Nouveaux pays industrialisés (NPI)
Jusqu'à la crise asiatique, les nouveaux pays industrialisés semblaient les grands gagnants de la mondialisation économique. Profitant d'une main-d'œuvre qualifiée et à faible coût, ils ont bénéficié d'investissements très importants en provenance des pays riches, ce qui leur a permis de construire une économie moderne et un système de formation solide, de sortir de la pauvreté. La crise asiatique a cependant montré l'étendue de leur dépendance à l'égard de marchés financiers prompts à l'emballement spéculatif comme à la panique.

Le bilan de la mondialisation économique pour ces pays est ainsi très contrasté, avec d'un côté des pays, comme la Corée ou Taïwan définitivement classés parmi les pays riches, d'autres, comme la Thaïlande et les Philippines, qui ont du mal à se remettre de la volatilité des investissements, et d'autres enfin qui bénéficient très largement de la mondialisation au niveau du pays, mais avec une répartition très inégale de ces gains (Brésil, Mexique, Chine).

Pays pauvres
Au niveau économique, les pays les plus pauvres restent largement en dehors du processus de mondialisation. Le consensus de Washington requiert des institutions stables et un niveau de développement humain (santé, éducation) que ne présentent pas la plupart de ces pays. Leur ressource économique principale, l'agriculture, reste dominée par les stratégies protectionnistes des pays riches, sauf pour les cultures propres aux pays pauvres.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mondialisa ... 9conomique


Quelques graphiques intéressants :
Image Image Image
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » Le débat ne s'arrête jamais sur Actu-Politique

Avatar du membre
johanono
Messages : 37485
Enregistré le : 14 août 2010, 00:00:00

Re: La mondialisation

Message non lu par johanono » 04 janv. 2013, 08:20:59

"La mondialisation (ou globalization pour les anglo-saxons) est le processus d'ouverture de toutes les économies nationales sur un marché devenu planétaire. La mondialisation est favorisée par l'interdépendance entre les hommes, la déréglementation, la libéralisation des échanges, la délocalisation de l'activité, la fluidité des mouvements financiers, le développement des moyens de transport, de télécommunication..."

Il convient de bien préciser cette définition. Car on entend souvent dire que la mondialisation est un phénomène inéluctable, lié au progrès technique, contre lequel on ne pourrait lutter, et auquel il faudrait donc s'adapter, à défaut de pouvoir l'empêcher.

Or la mondialisation est d'abord un choix politique, celui de supprimer toute entrave à la circulation des capitaux, des personnes et des biens. Les capitaux, les personnes et les biens circulent désormais quasiment librement, en ignorant les frontières étatiques : c'est cela, la mondialisation.

Avatar du membre
Narbonne
Messages : 15348
Enregistré le : 04 sept. 2011, 16:12:50
Localisation : Région parisienne
Contact :

Re: La mondialisation

Message non lu par Narbonne » 04 janv. 2013, 08:35:12

Pascal Lamy (PS) , patron de l'OMC, est devenu Commandeur de la Légion d'honneur.
On croit rêver.
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

Avatar du membre
Blaise
Messages : 2399
Enregistré le : 21 août 2010, 00:00:00

Re: La mondialisation

Message non lu par Blaise » 04 janv. 2013, 11:17:21

Incroyable, sur ce graphique il y a une erreur grossière: on y voit la France en 4ème position mondiale des investissements étrangers, c'est impossible puisque tous les riches se barrent les uns après les autres. :mrgreen:
Les Français vont instinctivement au pouvoir; ils n'aiment point la liberté; l'égalité seule est leur idole. Or l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. Chateaubriand

Incognito
Messages : 2606
Enregistré le : 13 oct. 2010, 00:00:00

Re: La mondialisation

Message non lu par Incognito » 04 janv. 2013, 11:24:28

Je suis plutôt partisan du libre échange. Le principal effet négatif de la globalisation, c'est la possibilité pour les entreprises d'utiliser des paradis fiscaux en quasiment toute impunité. Le résultat, c'est un évidage de la possibilité de taxer correctement les bénéfices des entreprises et les revenus des capitaux, ce qui amène les états à trop taxer le travail. Et cela, c'est mauvais pour l'emploi dans le monde entier.
Dieu est mort. Marx est mort. Et moi-même je ne me sens pas très bien ... (Woody Allen)

Avatar du membre
Blaise
Messages : 2399
Enregistré le : 21 août 2010, 00:00:00

Re: La mondialisation

Message non lu par Blaise » 04 janv. 2013, 11:26:37

Oui, c'est probablement tout cet argent qui disparaît qui force à taxer davantage là où on devrait taxer comme tu le dis "normalement".
Les Français vont instinctivement au pouvoir; ils n'aiment point la liberté; l'égalité seule est leur idole. Or l'égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. Chateaubriand

Avatar du membre
johanono
Messages : 37485
Enregistré le : 14 août 2010, 00:00:00

Re: La mondialisation

Message non lu par johanono » 04 janv. 2013, 13:35:54

Blaise a écrit :Incroyable, sur ce graphique il y a une erreur grossière: on y voit la France en 4ème position mondiale des investissements étrangers, c'est impossible puisque tous les riches se barrent les uns après les autres. :mrgreen:
En effet, un des arguments des pro-mondialisation consiste à dire que la France profite de la mondialisation car c'est un des pays où il y a le plus d'investissements étrangers.

C'est bien gentil qu'il y ait des investissements étrangers, mais encore faut-il vérifier en quoi ils consistent, et s'ils créent des emplois. Car si ces investissements étrangers consistent seulement en des rachats d'entreprises françaises par des grands groupes financiers étrangers, alors il est permis de douter de leur utilité.
Incognito a écrit :Je suis plutôt partisan du libre échange. Le principal effet négatif de la globalisation, c'est la possibilité pour les entreprises d'utiliser des paradis fiscaux en quasiment toute impunité. Le résultat, c'est un évidage de la possibilité de taxer correctement les bénéfices des entreprises et les revenus des capitaux, ce qui amène les états à trop taxer le travail. Et cela, c'est mauvais pour l'emploi dans le monde entier.
La mondialisation pose plusieurs types de problèmes :

1° Un problème démocratique, tout d'abord, puisque les gouvernements nationaux se retrouvent en position de faiblesse face à des investisseurs qui peuvent facilement se jouer des frontières étatiques. Les gouvernements nationaux doivent donc tous mener une politique de dumping pour attirer les investisseurs, quelle que soit l'étiquette politique des gouvernements en France, si bien que les populations concernées finissent par penser que la gauche comme la droite mènent la même politique économique, et qu'il n'y a donc d'alternative que dans les extrêmes.

2° Un problème économique et social : la mise en concurrence de pays ayant des normes sociales et fiscales différentes crée des déséquilibres importants. L'exploitation d'une main d’œuvre peu chère dans les pays émergents permet à ces pays de dégager de gigantesques excédents commerciaux, dont ils se servent pour financer l'endettement de pays riches qui vivent au-dessus de leurs moyens et qui comptent des salariés aux emplois de plus en plus précaires et consommant de plus en plus à crédit...

3° Un problème d'ordre écologique : quand une matière première est prélevée en Afrique pour être transformée en Asie et que le produit final est vendu en Europe ou en Amérique du Nord, cela génère des besoins en transports assez peu compatibles avec l'environnement.

Ce qui m'agace le plus, ce sont ces pseudo-socialistes qui disent défendre notre "modèle social", qui se disent écologistes, mais qui pourtant cautionnent une mondialisation fondamentalement incompatible avec la défense d'une quelconque modèle social ou d'une quelconque écologie.

Mais à part ça, tout va bien... :mrgreen:

pierre30
Messages : 11636
Enregistré le : 18 juil. 2009, 00:00:00

Re: La mondialisation

Message non lu par pierre30 » 04 janv. 2013, 17:46:54

1° Un problème démocratique, tout d'abord, puisque les gouvernements nationaux se retrouvent en position de faiblesse face à des investisseurs qui peuvent facilement se jouer des frontières étatiques. Les gouvernements nationaux doivent donc tous mener une politique de dumping pour attirer les investisseurs, quelle que soit l'étiquette politique des gouvernements en France, si bien que les populations concernées finissent par penser que la gauche comme la droite mènent la même politique économique, et qu'il n'y a donc d'alternative que dans les extrêmes.
C'est un point qu'il convient de surveiller, mais ce n'est pas perdu d'avance pour les pays démocratiques car les investisseurs vont de préférence là où se trouvent les clients et où les régimes sont stables. Il est intéressant de comparer les performances des pays en fonction de leur système politique. Et que voit-on actuellement ? D'abord que les pays anciennement développés sont obligés de faire face aux pays émergeants. Les premiers ont en général des systèmes politiques qui leur sont propres et qu'on dit démocratiques. Les systèmes des émergeants sont souvent moins démocratiques selon nos critères. On pourrait considérer que cette situation constitue un avantage économique fondamental puisque leurs taux de croissance sont très supérieurs aux notres.

Avatar du membre
albert
Messages : 9997
Enregistré le : 20 août 2011, 11:21:55

Re: La mondialisation

Message non lu par albert » 25 nov. 2014, 11:02:32

Qu’est-ce que la démondialisation? Interview de Jacques Sapir au quotidien coréen CHOSUN Daily
1. Si vous deviez définir la démondialisation simplement, comment la définiriez-vous?

La mondialisation résulte de la conjugaison de la libéralisation financière, qui s’est fortement développée depuis les années 1980 et de l’extension des pratiques de libre-échange, consolidées désormais par l’Organisation Mondiale du Commerce. Cette conjugaison permet une libre circulation des capitaux, qui est désormais jugée, même au FMI, comme très déstabilisatrice, et une mise en compétition des systèmes sociaux (protection sociale, santé, retraite) des différents pays à travers la concurrence entre les biens produits. La démondialisation peut se définir comme la conjugaison d’un retour à de fortes réglementations financières, pénalisant en particulier les mouvements de capitaux à court et très court terme, et de règles assurant que la concurrence se produise non entre systèmes sociaux différents mais entre systèmes sociaux comparables. La clé étant ici le rapport entre la productivité horaire du travail dans un pays et l’ensemble du salaire et des revenus de prestations auxquels ont droit les travailleurs. Tout pays ayant une très forte productivité mais des salaires et prestations très faibles sera ainsi pénalisé par l’introduction de droits de douane automatiques. Un mécanisme identique devrait exister entre le niveau de productivité du travail dans une activité donnée et le niveau de pollution de cette activité. Ici aussi, des taxes devraient rétablir une juste concurrence. La démondialisation n’est pas la condamnation du système financier international, mais sa réglementation afin de limiter le plus possible les phénomènes de contamination d’un pays à l’autre en cas de crise. Elle ne signifie pas non plus l’arrêt du commerce international mais sa réorganisation afin de promouvoir spontanément des règles sociales et environnementales toujours plus avancées. Il est cependant clair que la part du commerce international dans une économie sera plus faible que ce que l’on observe aujourd’hui.

2. Est ce que la crise financière mondiale de l’année 2008 et crise dans la zone Euro ont eu pour cause la mondialisation? Si c’est le cas, comment argumentez vous cela ?

La crise financière internationale est très directement liée à la mondialisation. Aux Etats-Unis, où elle a trouvé naissance, les salaires médians dans différentes activités ont eu tendance à baisser du fait de la concurrence exercée par des pays où les coûts de production étaient très faibles. Le gouvernement américain a cherché à contrer cette évolution par un relâchement des règles concernant le crédit. Il en a résulté une énorme bulle immobilière, qui pendant un temps (de 2000 à 2007) a masqué la baisse des revenus d’une grande partie de la population. Quand cette bulle a explosé, ce que l’on appelle la « crise des subprimes », la liberté de circulation des capitaux a permis une contamination des principaux marchés financiers mondiaux. C’est pourquoi ce qui n’aurait du être logiquement qu’une crise américaine s’est transformée en une crise mondiale.

Pour la crise de la zone Euro, le lien avec la mondialisation est plus complexe. D’une part, il y avait dans la zone Euro des facteurs de crises endogènes. Si vous créez une monnaie unique entre des économies fortement hétérogènes sans mécanismes importants de transfert financier – et il est notoire que ces mécanismes n’existent pas dans la zone Euro – la crise est inévitable. Mais, d’autre part la mondialisation a joué son rôle, en particulier en forçant l’Allemagne, économie dominante de la zone Euro, à réaliser la majorité de ses excédents commerciaux au sein de la zone Euro. Le déséquilibre induit par ce que l’on peut considérer comme une politique mercantiliste de la part de l’Allemagne trouve son origine dans les phénomènes de mondialisation, et ce déséquilibre a accéléré l’émergence de la crise au sein de la zone Euro.

3. Est que la démondialisation est la solution pour ces crises?

Pour la crise financière mondiale, qui est aujourd’hui loin d’être résorbée, la réponse est « oui ». Il est clair que des mesures protectionnistes, fondées de la manière que j’ai décrite, sont désormais indispensable si l’on veut que l’économie mondiale retrouve une trajectoire stable de croissance. Dans le cas de la crise de la zone Euro, ces mesures protectionnistes aideraient incontestablement un certain nombre de pays qui aujourd’hui connaissent de grandes difficultés économiques. Mais, elles n’apporteraient pas en tout état de cause de réponses aux causes endogènes de la crise de la zone Euro.

4. Vous avez révélé dans votre livre, que l’Euro est un échec. Trouvez vous que le retour aux monnaies nationales est mieux? Ou au contraire prônez vous un retour au ‘gold exchange standard’?

Le problème actuel de la zone Euro réside dans la combinaison de deux crises, distinctes mais liées. Il y a, à la base, une crise majeure de compétitivité interne à la zone dans les économies du « sud » de la zone Euro. Cette crise provient du fait que leurs structures économiques sont trop divergentes de celles de l’Allemagne, et qu’elles ont besoin d’un taux d’inflation très supérieur à cette dernière. Comme ces pays ne pouvaient résoudre cette crise de compétitivité faute d’une dévaluation, on a laissé se développer un important endettement, tant public que privé. Ceci introduit la seconde crise, qui est une crise de la dette souveraine. Mais il faut se rendre compte que cette crise de la dette est surdéterminée par la première crise, celle de la compétitivité. Depuis 2010, c’est essentiellement la crise de la dette qui a monopolisé l’attention des gouvernements. Mais on se rend compte à regarder la situation actuelle en Grèce, en Espagne et au Portugal, que chercher à résoudre cette crise de la dette sans prendre en compte la crise de compétitivité est un horrible échec. La seule solution désormais consiste à permettre à ces pays de dévaluer. C’est pourquoi le retour aux monnaies nationales est inéluctable. Le plus vite prendre-t-on cette décision le mieux ce sera pour les populations.

La question d’un retour au « Gold exchange standard » est en réalité celle de l’avenir du système monétaire international. L’étalon Or n’est pas une solution à la crise actuelle.

5. Quelle est la solution idéale à la crise de la zone Euro?

Dans l’idéal, si nos gouvernements faisaient preuve de clairvoyance et de courage, hypothèse peu probable en l’état, ils décideraient une dissolution concertée de la zone Euro. Cette solution d’une dissolution concertée de la monnaie unique permettrait en effet de présenter cette décision comme une décision européenne et non comme un retour à des politiques nationalistes. Elle éviterait une dissolution progressive et désordonnée de la zone qui devient désormais une réelle possibilité si on tarde trop à procéder à cette dissolution. C’est cette solution qui est en effet la plus probable si rien n’est fait. Elle confronterait les pays européens à des sorties individuelles (Grèce, Portugal, Espagne puis Italie et enfin France) qui plongeraient en raison de leur nature non coordonnée rapidement l’Europe dans le chaos. Une décision coordonnée permettrait de définir des niveaux de dévaluation et de réévaluation raisonnables, et de se doter des mécanismes régulateurs (modification du mandat de la BCE, utilisation des fonds prévus pour le MES afin de stabiliser les pays les plus exposés, contrôles concertés des capitaux pour éviter des mouvements spéculatifs) susceptibles de contrôler les mouvements de ces nouvelles parités.

Le Système Monétaire Européen serait reconstitué à titre provisoire pour garantir des fluctuations communes aux parités. Il serait cependant différent du SME originel en ceci qu’il s’accompagnerait de mesures de contrôle des mouvements de capitaux pour prévenir toute attaque spéculative. Il est possible qu’un ou plusieurs pays refusent ces conditions, et le SME reconstitué pourrait ne commencer à fonctionner que sur un groupe plus restreint de pays que l’Euro aujourd’hui. Cependant, les avantages en matière de stabilité de ce SME reconstitué devraient être suffisant pour attirer vers lui progressivement plus de monnaies. Ce système monétaire européen aurait pour logique d’évoluer vers une monnaie commune, s’ajoutant aux monnaies nationales et utilisées pour l’ensemble des transactions tant commerciales que financières avec les autres pays.

6. Vous soutenez que la mondialisation a des mauvais effets sur la croissance. Est-ce le cas pour les pays d’Asie?

Un certain nombre de pays d’Asie ont connu une croissance ces vingt dernières années. Compte tenu de leur état de départ, il en aurait été ainsi sans la mondialisation. La véritable question qui vaut d’être posée est de savoir si leur croissance est équilibrée et si elle peut s’avérer durable. Les problèmes sociaux et environnementaux qui s’accumulent dans un certain nombre de ces pays permettent de douter qu’une croissance essentiellement tirée par les exportations soit durable. Par ailleurs, le cas le plus spectaculaire, celui de la Chine, montre l’importance de maintenir des contrôles importants sur les mouvements de capitaux. Dans le cas de l’Inde, on voit les tensions sociales devenir aujourd’hui de plus en plus fortes, en particulier dans le monde rural. Enfin, certains pays de l’Asie du Sud-est commencent à se faire une concurrence impitoyable. C’est le cas du Vietnam qui joue de ses très bas salaires pour concurrencer la Chine. Au total, l’une des caractéristiques de la mondialisation c’est qu’elle sélectionne, par une processus darwinien de concurrence, des « mauvais » modèles de croissance, marqués par des déséquilibres sociaux et environnementaux extrêmement importants.

7. La Corée du sud a survécu la crise de l’année 1997 en adoptant le néoliberalisme. Dans le cas de Corée, il semble que la mondialisation n’ait pas été tout à fait mauvaise. Qu’est ce que vous pensez sur cela?

La Corée connaît une forte croissance depuis le milieu des années 1960. Elle ne date pas de 1997. Les bases de cette croissance reposent, aujourd’hui encore, sur une intervention explicite ou implicite importante de la puissance publique. Il ne faut pas confondre la prégnance d’une idéologie avec les institutions économiques qui restent largement influencées par la période de l’avant-1997. Cette croissance a été, et reste en partie, déséquilibrée. Le modèle actuel semble convenir au développement du pays. Mais, à y regarder de plus près, on constate que l’économie coréenne est aujourd’hui extrêmement vulnérable à la conjoncture tant mondiale que régionale. Une telle situation n’est pas saine, et ceci sans même parler des problèmes sociaux importants qui existent dans le pays. En cas de nouvelle crise mondiale ou même régionale, l’économie de la Corée serait durement touchée.

8. L’organisation mondiale de commerce organise le libre-échange. Les institutions mondiales comme l’OMC, doivent-elles changer?

La réponse est très clairement oui. L’OMC devrait inclure des clauses de protection sociale et écologique, en fonction du niveau de productivité du travail dans chaque branche afin de parvenir à un échange juste. De plus, elle devrait intégrer de manière contraignante la totalité des recommandations de l’Organisation Internationale du Travail dans ses travaux. Légalement, ceci pourrait avoir lieu en faisant basculer l’OMC sous le contrôle des Nations Unies.

Par ailleurs, on peut noter que le FMI admet depuis 2010 la nature profondément déstabilisatrice des flux de capitaux à court et très court terme. Une réglementation internationale serait certes difficile à mettre en œuvre, mais du moins devrait-on cesser de jeter l’opprobre sur les pays qui adoptent des cadres réglementaires contraignants, sous réserves que ces cadres ne soient pas discriminatoires.

9. Quels seront les effets secondaires de la démondialisation?

Une démondialisation concertée, au moins à l’échelle de régions et de grands pays aura pour effet immédiat de redonner la stabilité qui manque aujourd’hui à l’économie mondiale. Il serait illusoire de prétendre que l’on réglera d’un coup tous les problèmes. Certains ne sont qu’indirectement liés à la mondialisation. Mais, du moins, éviterait-on cette sélection pseudo-naturelle de modèles de croissance qui ne sont ni durables ni efficients. La démondialisation est, dans les faits, d’ores et déjà en marche. Il convient cependant qu’elle soit réalisée dans un cadre concerté et organisé afin d’en étendre les effets bénéfiques.
« le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde » (Keynes)

pierre30
Messages : 11636
Enregistré le : 18 juil. 2009, 00:00:00

Re: La mondialisation

Message non lu par pierre30 » 25 nov. 2014, 16:37:06

Sapir devrait expliquer aux chinois que c'était beaucoup mieux avant : ils étaient moins pollués, vivaient au grand air, et n'avaient pas de problème de voiture.

Pauvres chinois. Heureusement qu'il y a Sapir pour les plaindre.

La Corée du Sud, c'est pas sain. Pauvres coréens !

Avatar du membre
Jeff Van Planet
Messages : 22119
Enregistré le : 08 juin 2013, 11:41:21

Re: La mondialisation

Message non lu par Jeff Van Planet » 25 nov. 2014, 17:04:11

johanono » 04 Jan 2013, 14:35:54 a écrit : [...]
Incognito a écrit :Je suis plutôt partisan du libre échange. Le principal effet négatif de la globalisation, c'est la possibilité pour les entreprises d'utiliser des paradis fiscaux en quasiment toute impunité. Le résultat, c'est un évidage de la possibilité de taxer correctement les bénéfices des entreprises et les revenus des capitaux, ce qui amène les états à trop taxer le travail. Et cela, c'est mauvais pour l'emploi dans le monde entier.
La mondialisation pose plusieurs types de problèmes :

1° Un problème démocratique, tout d'abord, puisque les gouvernements nationaux se retrouvent en position de faiblesse face à des investisseurs qui peuvent facilement se jouer des frontières étatiques. Les gouvernements nationaux doivent donc tous mener une politique de dumping pour attirer les investisseurs, quelle que soit l'étiquette politique des gouvernements en France, si bien que les populations concernées finissent par penser que la gauche comme la droite mènent la même politique économique, et qu'il n'y a donc d'alternative que dans les extrêmes.

2° Un problème économique et social : la mise en concurrence de pays ayant des normes sociales et fiscales différentes crée des déséquilibres importants. L'exploitation d'une main d’œuvre peu chère dans les pays émergents permet à ces pays de dégager de gigantesques excédents commerciaux, dont ils se servent pour financer l'endettement de pays riches qui vivent au-dessus de leurs moyens et qui comptent des salariés aux emplois de plus en plus précaires et consommant de plus en plus à crédit...

3° Un problème d'ordre écologique : quand une matière première est prélevée en Afrique pour être transformée en Asie et que le produit final est vendu en Europe ou en Amérique du Nord, cela génère des besoins en transports assez peu compatibles avec l'environnement.

Ce qui m'agace le plus, ce sont ces pseudo-socialistes qui disent défendre notre "modèle social", qui se disent écologistes, mais qui pourtant cautionnent une mondialisation fondamentalement incompatible avec la défense d'une quelconque modèle social ou d'une quelconque écologie.

Mais à part ça, tout va bien... :mrgreen:
Le deuxième et le troisième point je ne vais pas les contredire, même s'ils peuvent être reformulés. Ce qui m'intéresse, c'est le premier point.
Je pense, au contraire, que c'est une opportunité démocratique. Je pense sincèrement, que la démocratie est le pouvoir au peuple, et non aux gouvernements, même choisis. La mondialisation, permet aux peuples, de choisir, les taxes qu'ils payent: Charges sociales, taxes sur les bénéfices des sociétés, par exemples. J'explique: en choisissant d'acheter un produit fabriqué dans un pays X ils choisissent de facto de payer les taxes de ce pays. Si çà ce n'est pas démocratique, alors je suis une girafe. :mrgreen:
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
J.Saramago

Avatar du membre
Narbonne
Messages : 15348
Enregistré le : 04 sept. 2011, 16:12:50
Localisation : Région parisienne
Contact :

Re: La mondialisation

Message non lu par Narbonne » 25 nov. 2014, 17:08:39

Il faut une mondialisation régulée et pas à la sauvage comme aujourd'hui.
Quand au peuple chinois, il ne choisit rien du tout car il est sous une dictature qui contrôle absolument tout.
J'ai un pot de peinture si tu veux :D
Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.

Avatar du membre
albert
Messages : 9997
Enregistré le : 20 août 2011, 11:21:55

Re: La mondialisation

Message non lu par albert » 25 nov. 2014, 18:42:13

La mondialisation ne peut pas être régulée puisqu’il n’existe pas de régulateur à cette échelle.

Il ne s’agit pas de remettre en question le développement de la Chine mais de s’interroger sur une croissance déséquilibrée et déstabilisatrice, basée sur les exportations, qui a généré un endettement considérable. On constate depuis la crise de 2008 que ce modèle-là ne fonctionne plus.
« le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde » (Keynes)

Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Re: La mondialisation

Message non lu par El Fredo » 25 nov. 2014, 18:55:19

albert » 25 Nov 2014, 19:42 a écrit :La mondialisation ne peut pas être régulée puisqu’il n’existe pas de régulateur à cette échelle.
Si, l'OMC.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

Avatar du membre
albert
Messages : 9997
Enregistré le : 20 août 2011, 11:21:55

Re: La mondialisation

Message non lu par albert » 25 nov. 2014, 19:05:18

Eh bien, si vous comptez sur l’OMC pour réguler la mondialisation, on n’est pas sorti du bois !
« le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde » (Keynes)

Répondre

Retourner vers « Supports pédagogiques »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré