Le journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau

[poésietoute]

Je n'avais jamais eu le temps, ni l'occasion de voir cette oeuvre explosive , qui fit scandale lors de sa création, et qui reste fortement actuelle.

Cette pièce débute par une charge sociale contre les maîtres de la vie de Célestine ( la femme de chambre ) qui la rabaissent plus bas que terre, lui ordonnant des tâches répétitives, tel un objet non - vivant.
Et elle continue par une description complexe de l'intime de Célestine. La nuit, elle est en prises et dévoile ses fantasmes les plus personnels: elle jette à bas son uniforme ( concrètement ) et reprend vie, affirmation par sa sexualité notamment.
Ces maîtres qui la plient, à leurs plus abjectes volontés, ne sont plus qu'un jouet de ses désirs: la soumission qu'elle subit le jour, elle la demande la nuit parce qu'habitée de désirs circulant dans les 2 sens.
Cette affirmation sexuelle lui re-dessine des contours, en forme de considération. Et elle la clame à la face ( cachée ) de ses seigneurs, dont elle veut bien être la chose ( mais désirée, c'est elle qui donne le la ), mais aussi de ses frères d'âme, ses c..-disciples dans la domesticité.

Eh! oui, même dans une société hyper-hiérarchisée, où prolifèrent les petits boulots, les sans-grades, la subversion demeure là où on ne l'attend pas forcément: la revanche peut s'inscrire dans un renversement ou une affirmation de désir maîtrisé , par ceux-là même qui n'ont barre sur rien, ou pas grand chose.

Luis Bunuel en fit sa chose par l'entremise de Jeanne Moreau: à rapprocher très certainement de "Belle de jour" dans l'ordre ( ou le désordre ) dse fantasmes féminins, cette fois-ci de la prostitution, de l'avillissement.