L'article du Point est particulièrement anachronique (en faisant trop le lien avec le présent, en ne recontextualisant pas et en qualifiant par exemple Voltaire d'homophobe alors qu'il s'agit d'un concept actuel) mais à part ça, c'est le seul que j'ai trouvé sur un média dit "officiel" faisant état du vrai visage de Voltaire.La face cachée de Voltaire
Apôtre de la tolérance, le prince des Lumières a aussi sa part d'ombre. Il se révèle misogyne, homophobe, antijuif, islamophobe. Quelle faute !
Rousseau a 300 ans, toutes ses dents et les faveurs du jour. De toutes parts, cette année, ses vertus sont célébrées. Il est vrai qu'il a tout pour plaire : écologiste avant l'heure, humanitaire avant la lettre, indigné avant tout le monde. Mais Jean-Jacques n'est pas, et de loin, la seule grande figure du siècle des Lumières. 2013 va le confirmer : l'allègre Diderot aura 3 siècles à son tour, et l'éblouissant Laurence Sterne soufflera, lui aussi, ses 300 bougies.
Celui qui s'efface, qu'on lit moins, qui semble presque tomber dans l'oubli, c'est Voltaire. Il a ce qu'il faut pour déplaire : il aime l'argent, la gloire, le progrès, la raison. Il se méfie du peuple, que nous croyons infaillible, et lutte sans relâche contre un clergé qui, à présent, a disparu. Personne ne s'inquiète plus des pouvoirs de l'Église, à part deux ou trois attardés qui se croient encore au XIXe siècle. (...)
Tout le monde connaît cette face claire. Elle a fait de Voltaire une icône, une gloire de la France, une idole du peuple, une référence fondatrice de la Révolution française et de l'esprit républicain. Il y a pourtant une autre face, bien moins connue, déconcertante, où le même homme paraît d'abord ouvertement raciste. Ainsi, dans l'"Essai sur les moeurs et l'esprit des nations" (1756), il est vraiment très loin d'affirmer l'unité du genre humain : "Il n'est permis qu'à un aveugle,écrit Voltaire,de douter que les Blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Chinois, les Américains ne soient des races entièrement différentes." On le découvre aussi, au fil des pages, misogyne, homophobe, antijuif, islamophobe... L'inventaire de ces textes oubliés surprend, puis inquiète, finalement interpelle. Ce super-héros serait-il un super-salaud ? L'homme des Lumières, un ami des ténèbres ? Devrait-on décrocher son tableau d'adversaire résolu des fanatismes et de prince de la tolérance pour le remplacer par un autre, celui d'un homme obtus, truffé de préjugés, de mépris et de haines ?
Il faut d'abord s'informer, lire de près, quitte à se frotter parfois les yeux, pour prendre la mesure de ce Voltaire méconnu, antipathique, souvent abject. Pour le dénicher, il faut un peu de patience et quelques recherches. Ce n'est pas que ces textes soient marginaux - le pire ne se cache pas dans des fonds de tiroir, dans des opuscules inconnus. On le trouve, au contraire, dans des oeuvres centrales, incontestables et célèbres, comme le "Dictionnaire philosophique", de 1764. Mais les versions actuelles sont prudemment expurgées ! Essayez donc de trouver dans nos librairies les articles "Femme" ou "Juif" - le plus long de tous dans l'édition originale -, ils ont disparu. En allant les lire, on en apprend de belles. (...)
Le Point
Voltaire n'avait rien de tolérant et la citation à laquelle on l'associe « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. » est en fait fausse. Il serait bon que certains médias dits "alternatifs" comme Boulevard Voltaire de Ménard en prennent connaissance. C'était en réalité un homme qui avait un profond mépris pour la classe populaire, arguant que le peuple n'avait pas vocation et ne pouvait intellectuellement philosopher et que l'éducation était l'affaire des bourgeois.
Cela étant dit, Voltaire n'est pas le seul à condamner. Les Lumières, dans leur ensemble, ont un visage semblable, bien éloigné des louanges qui sont chantés par tous à leur sujet. La Révolution française a été en effet l'apogée des idées des Lumières mais pas dans le sens que l'on croit : s'il est communément admis que le peuple de la Révolution avait faim, on omet de préciser que c'est en raison, notamment, d'un fameux édit de Turgot, ministre des finances de Louis XVI, qui amena la spéculation sur le prix du grain et donc du pain (faisant envoler son prix). Le même Turgot qui avait pour amis et entourage proche précisément Voltaire et ses acolytes.
Ainsi, les Lumières n'ont pas seulement préparé "intellectuellement" les Français à la Révolution, ils ont créé les conditions de misère favorables à la tenue de la Révolution.