Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

C'est ici qu'auront lieu vos face à face
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albert
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Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par albert » 29 juin 2015, 12:09:59

Il est impossible, à l’heure où j’écris ces lignes, de savoir exactement comment va se terminer la crise grecque. Il se peut qu’un accord de dernière minute soit trouvé ou que les électeurs grecs approuvent dimanche 5 juillet par référendum le plan d’austérité de l’UE. Cela permettrait d’éviter le Grexit mais ne mettrait pas fin aux problèmes de la Grèce. Il est possible également que la Grèce fasse défaut et sorte de l’Euro. Quelle que soit l’issue, quelles peuvent-être les conséquences des derniers événements sur l’avenir de la zone euro ?

Nous pouvons examiner les deux possibilités : les Grecs disent « oui », Tsipras se résigne donc à signer l’accord. Qu’est-ce que cela implique ?

Tout d’abord, si les Grecs disaient « oui », ce serait sous le coup de la peur, parce que le contrôle des capitaux et la fermeture des banques imposés par la BCE n’auraient pas permis que le scrutin se passe dans des conditions normales et sereines. Rien ne serait réglé. L’austérité serait toujours considérée par les Grecs comme imposée de façon injuste par l’UE. Le plan de l’UE ne permettant pas à la Grèce de s’en sortir, ses problèmes ne feraient que s’aggraver au fil des mois. Il y aurait un fort ressentiment contre l’Europe. Syriza, constatant l’échec de sa stratégie et l’impossibilité de changer de politique à l’intérieur de l’euro, deviendrait eurosceptique. Alors peut-être qu’enfin, les Grecs seraient murs pour se poser la vraie question, celle qu’ils n’ont jamais voulu aborder jusqu’ici : l’Euro.

Il est d’ailleurs fort possible que l’expérience grecque fasse émerger ce débat dans d’autres pays européens, et notamment en France. Jusqu’à présent, seuls le FN, le MRC et Debout La France se sont clairement prononcés contre l’Euro. A gauche, de nombreuses personnalités, intellectuels, militent depuis longtemps contre la monnaie unique, mais le sujet reste tabou au PS, à EELV, et même au FdG. Cela pourrait évoluer.

Seconde hypothèse : le Grexit. L’intransigeance de l’Eurogroupe montre que cette hypothèse n’effraie pas l’UE, elle se pense capable de surmonter cet événement sans gros dommages. Je crois que c’est une erreur. L’UE n’a surmonté sa crise de la dette que parce que la BCE a réussi à convaincre les marchés que l’Euro était irréversible et qu’elle était un prêteur de dernier ressort crédible, en lançant les OMT. Mais si la Grèce peut faire défaut et sortir de l’Euro, cela signifie que c’est faux. Il est alors fort possible qu’une nouvelle crise des dettes souveraines survienne.

Enfin, la façon scandaleuse dont la Grèce a été traitée par l’UE va laisser des traces dans les esprits. Il y a clairement eu un abus de pouvoir de l’Eurogroupe qui n’avait pas le droit d’exclure Varoufakis de sa réunion.
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pierre30
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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par pierre30 » 29 juin 2015, 14:34:45

Je suis bien d'accord qu'on ne connait pas l'issue qui adviendra à cette comédie dramatique et pathétique.

Dramatique parce que les grecs vont payer cher le droit d'y assister aux premières loges et ce, quelle que soit l'issue.
Pathétique parce que les interlocuteurs apparaissent pitoyables tant ils sont incapables de trouver une issue et même parfois d'avoir un dialogue constructif.

J'ai écouté samedi un commentateur à la radio qui reprenait les données du problèmes : les données techniques que nous connaissons assez bien maintenant. Il rappelait qu'avant l'arrivée de Syriza, il y avait une lueur de reprise en Grèce comme il en existe en Espagne et ailleurs aujourd'hui. Après l'arrivée de Syriza, les positions se durcissent, la lueur s'éteint, et on parvient à une impasse. Est-ce que la lueur de reprise était réellement un signe optimiste pour les grecs ? On ne peut le dire, car les problèmes de fond n'avaient, à ce que j'en sais, pas tous été résolus, loin de là.
Le commentateur s'interrogeait, à la fin de sa chronique, sur l'attitude intransigeante de Syriza. Il se demandait si elle relevait du terrorisme destiné à faire "péter" le système. Pour lui, l'idéologie a fait une intrusion dans le débat avec l'arrivée de Syriza. Je crois qu'elle était déjà présente, mais qu'il y avait consensus sur ce thème et donc pas de débat idéologique.

Je ne sais pas si il a raison et si Syriza veut faire tout "péter". Mais je me suis posé la même question.

Ce référendum a-t-il un sens ? Si les grecs disent oui, ce sera en partie sous le coup de la peur. Mais pas seulement. Je ne crois pas que la BCE a imposé la fermeture des banques, car elle a maintenu l'approvisionnement en liquidités. Les grecs constatent simplement que la situation se dégrade et on ne peut incriminer davantage la BCE que l'attitude de Syriza. Les responsabilités sont complètement partagées.
Je suis d'accord avec toi que si le peuple accepte les conditions demandées, il y aura un gros sentiment de frustration. Est-ce que les partenaires seront capables d'être suffisamment généreux et solidaires pour passer ce ressentiment ? Rien n'est moins sûr; à moins que Syriza se retire et convoque de nouvelles élections.

Le processus est donc très loin d'être terminé en cas de oui au référendum. La zone Euro en sortira très secouée avec une image très dégradée dans l'opinion et elle devra ENFIN trouver des solutions pour éviter d'arriver à une nouvelle situation identique. Seule une solution démocratique est possible et il en va de sa survie.


En cas de non, il est évident qu'on va vers un GREXIT. La Grèce souffrira probablement encore plus, car les partenaires ne feront aucun effort supplémentaire. Elle sera obligée de recourir au soutien de la Russie et sera conduite probablement à sortir de l'UE à cause de ce rapprochement trop important.

La zone Euro sera encore plus secouée et pourrait bien disparaître. Les répercussions sur l'UE seront également importantes : l'attitude de la GB pourrait bien devenir la norme pour l'ensemble.


En ce qui concerne l'exclusion de Varoufakis, ce n'est qu'une nième péripétie. Je ne crois pas que ça vaille la peine de la commenter davantage. Le commentaire de Sapir n'apporte rien de nouveau : il continue à jouer les boute-feux et pousse dans la direction que j'ai décrite en cas de non au référendum. En ce qui le concerne, il n'y a pas d'ambiguité : il pousse Syriza au Grexit et au rapprochement avec la Russie.

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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par albert » 29 juin 2015, 16:05:31

Je ne suis évidemment pas du tout d’accord avec la thèse selon laquelle la Grèce allait mieux avant l’arrivée de Syriza. Il y a eu un article de la Tribune qui démontait cette argumentation chiffres à l’appui, je vous y renvoie.

Si la situation s’est dégradée depuis ces derniers mois, c’est parce que l’UE a asphyxié financièrement la Grèce en limitant son accès aux liquidités de la BCE, pour faire pression sur elle. La fuite des capitaux avait commencé avant l’arrivée de Syriza au pouvoir et s’est poursuivie.

Varoufakis a toujours été hostile au contrôle des capitaux car, dit-il, c’est un contresens dans une zone monétaire. Ce contrôle des capitaux, ainsi que la fermeture des banques, lui ont été imposés par la BCE : c’est à cette condition qu’elle a accepté de maintenir l’approvisionnement des banques grecques en liquidités.

Si le plan d’aide est adopté, la situation en Grèce ne pourra pas s’améliorer pour une raison très simple : l’austérité va continuer de bloquer la croissance et les excédents primaires dégagés seront totalement affectés au remboursement de la dette, dont la restructuration pourtant absolument nécessaire est catégoriquement refusée par l’UE. C’est parce que ce plan n’offre aucune perspective de redressement que Tsipras l’a refusé.

Vous parlez de l’intransigeance de Tsipras, pourtant il est le seul à avoir fait des concessions importantes durant ces 5 mois de négociations. Certains lui ont même reproché d’avoir trop cédé. L’intransigeance est clairement du côté de l’UE. C'est l'UE qui a posé des ultimatums et qui a rompu les négociations au motif que Tsipras avait - ô horreur ! - décidé de la tenue d'un référendum.

En cas de non, la Grèce souffrira encore plus, dites-vous. Oui, sans doute, durant quelques mois. Mais elle retrouvera des perspectives de développement qu’elle ne peut obtenir en restant dans la zone euro.

Que la Grèce sorte de l’Euro où qu’elle se résigne à y crever, ce sera mauvais pour l’image de l’UE. Et surtout, cela ouvrira les yeux des gens qui pensent qu’il est possible de réorienter l’Europe. Car si même devant la menace d’une sortie d’un pays membre, l’UE s’est refusée à toute évolution, c’est bien la preuve que son cas est désespéré.
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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par pierre30 » 29 juin 2015, 17:50:58

Je ne suis évidemment pas du tout d’accord avec la thèse selon laquelle la Grèce allait mieux avant l’arrivée de Syriza. Il y a eu un article de la Tribune qui démontait cette argumentation chiffres à l’appui, je vous y renvoie.
Je crois bien avoir lu à peu près la même chose à propos des signes de reprise en Espagne. Ces signes se confirment pourtant, même si ce n'est pas encore gagné. Alors pour la Grèce, je ne sais pas ce qui serait advenu, mais il est certain que ces lueurs se sont éteintes peu après l'arrivée de Tsipras. Mais au fond peu importe, car ils n'étient pas sortis d'affaire. Ce qui importe, c'est que Tsipras pour l'instant n'a pas amélioré la situation. Parviendra-t-il à l'améliorer en renversant la table ? Cela passe par le référendum. Si le peuple dit ou il aura été désavoué et devrait se retirer car je ne vois pas comment il pourrait changer radicalement ses positions en restant crédible. Son retrait serait alors un signe de maturité politique. Si il reste malgré tout alors que le pays est dans une situation critique, c'est qu'il fait passer la politique partisanne au dessus de l'intérêt du pays.

Ce serait une catastophe pour son parti mais surtout pour le pays.

Toutefois le référendum est très loin d'être joué. Et au fond ce n'est pas ce qui m'importe le plus. Pour moi, la Grèce a la malchance d'être le déclencheur d'une remise en ordre profonde de la zone euro et de l'UE. Quelle que soit la fin de cette histoire, rien ne sera plus comme avant et c'est très bien ainsi.

La gauche radicale aura monté qu'elle peut accéder au pouvoir. Cela mettra aussi du plomb dans la cervelle des autres partis. L'épisode aura déclenché un début de prise de conscience politique européenne chez beaucoup de citoyens : ils touchent du doigt que le sort des grecs les concerne aussi. Les partis se positionnent sur la politique des protagonistes. C'est très vrai pour les gens de gauche, mis égalemement pour les autres. L'Europe est devenu un sujet politique et jespère que ça ne fera que s'emplifier.

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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par albert » 29 juin 2015, 18:35:50

La situation de l’Espagne est moins grave que celle de la Grèce puisque l’Espagne emprunte sur les marchés et ne dépend donc pas de la Troïka. Cependant, je ne pense pas qu’elle soit en train de s’en sortir. Ce n’est pas le sujet ici et nous en avions déjà discuté il y a quelques mois sur un autre fil, je ne vais donc pas m’étendre sur ce point. En revanche, ce qui se passe en Grèce pourrait avoir des conséquences politiques en Espagne avec Podemos, puisque l’austérité est également très contestée là-bas.

Tsipras a engagé pas mal de réformes, mais il ne peut pas changer la situation en 5 mois, surtout avec les problèmes auxquels il est confronté avec l’UE qui ne lui fait aucun cadeau ni ne lui laisse aucun délai.

Le référendum du 5 juillet n’est pas et ne doit pas devenir un plébiscite pour ou contre Tsipras. Il s’agit pour les Grecs de décider de leur avenir au sein de l’UE, c’est trop important pour en faire une question politicienne. Tsipras s’est engagé à respecter le choix des électeurs, quel qu’il soit. Ce n’est pas ce qu’ont fait chez nous Sarkozy et Hollande ! Après, il en tirera les conséquences qu’il estimera devoir en tirer. Mais les derniers sondages montrent qu’il est toujours populaire et que Syriza serait victorieux s’il y avait de nouvelles élections.

Vous dites que rien ne sera plus comme avant après cette crise. Je le pense aussi, mais cela ne s’applique pas à l’UE qui a montré tout au long de ces 5 mois une extraordinaire rigidité et incapacité à se remettre en question. Et c’est pourquoi je pense qu’il y aura d’autres affrontements, avec la Grèce ou avec d’autres pays.
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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par pierre30 » 29 juin 2015, 18:52:38

La situation de l’Espagne est moins grave que celle de la Grèce puisque l’Espagne emprunte sur les marchés et ne dépend donc pas de la Troïka. Cependant, je ne pense pas qu’elle soit en train de s’en sortir.
Elle pourrait bien s'en sortir :D : un accident est si vite arrivé ...
Cela serait mauvais pour PODEMOS, mais ça serait bon pour les espagnols. Moi je préfère largement les espagnols.

Selon ce que j'en lis, Tsipras n'a pas engagé grand chose concrètement. Il parle, propose des solutions, mais concrètement, il n'aurait pas modifié grand chose. D'ailleurs il est allié avec un parti qui soutient l'église.

Quant au référendum, il n'est pas un plébiscite pour Tsipras. Mais en cas de oui, je ne vois pas comment Tsipras pourrait faire la politique qu'il dénonce violemment. Son départ ne ferait qu'augmenter sa popularité. Il n'aurait aucun intérêt à rester.
Vous dites que rien ne sera plus comme avant après cette crise. Je le pense aussi, mais cela ne s’applique pas à l’UE qui a montré tout au long de ces 5 mois une extraordinaire rigidité et incapacité à se remettre en question. Et c’est pourquoi je pense qu’il y aura d’autres affrontements, avec la Grèce ou avec d’autres pays.
L'UE est obligée d'évoluer suite à cette affaire. Soit elle ira vers plus de démocratie, soit elle ira dans le sens souhaité par la GB. Mais elle ne pourra pas rester sur le statut quo. Perso j'espère qu'elle ira vers plus de démocratie, mais à défaut je préfère la solution à la britannique que le statut quo.

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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par albert » 29 juin 2015, 19:11:39

pierre30 » Lun 29 Juin 2015, 18:52:38 a écrit :Elle pourrait bien s'en sortir :D : un accident est si vite arrivé ...
Cela serait mauvais pour PODEMOS, mais ça serait bon pour les espagnols. Moi je préfère largement les espagnols.
Il ne s’agit pas de savoir ce que l’on préfère mais ce que l’on peut raisonnablement espérer d’une situation donnée. Si Podemos et Syriza existent, c’est parce que les partis traditionnels se sont fourvoyés. Et ils continuent de se fourvoyer.
pierre30 » Lun 29 Juin 2015, 18:52:38 a écrit : Selon ce que j'en lis, Tsipras n'a pas engagé grand chose concrètement.
Je crois que vous avez des mauvaises lectures :D
pierre30 » Lun 29 Juin 2015, 18:52:38 a écrit :D'ailleurs il est allié avec un parti qui soutient l'église.
Oui, il a tout pour plaire : il fait des référendums, s’allie avec un parti qui soutient l’église… Trêve de plaisanterie : il s’allie avec qui il peut et il vaut mieux soutenir l’église que soutenir les politiques qui ont plongé la Grèce dans la dépression.
pierre30 » Lun 29 Juin 2015, 18:52:38 a écrit : L'UE est obligée d'évoluer suite à cette affaire. Soit elle ira vers plus de démocratie, soit elle ira dans le sens souhaité par la GB. Mais elle ne pourra pas rester sur le statut quo. Perso j'espère qu'elle ira vers plus de démocratie, mais à défaut je préfère la solution à la britannique que le statut quo.
Les évolutions récentes de l’UE sont allées dans le sens d’un affaiblissement démocratique et cela ne pourra changer que si les citoyens européens votent pour des partis alternatifs comme Syriza ou Podemos. Quant à la GB, elle a toujours obtenu des exemptions, elle en obtiendra encore, mais cela reste des exemptions et ne concerne pas le reste de l’UE.
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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par pierre30 » 30 juin 2015, 07:38:07

Syriza et PODEMOS (surtout SYRIZA) sont des partis comme les autres. A gauche il y avait un besoin de renouveau car les vieux partis communistes étaient en voie de disparition un peu partout en Europe. Les partis qui dirigent font ce qu'ils peuvent, mais ils avaient besoin d'une alternative à gauche qui les remette en cause. La montée de Syriza est bonne pour l'équilibre de nos démocraties. En France, tout reste à faire à mon avis. Les partis situés très à gauche sont encore dans des postures qui les rendent peu crédibles. De plus la situation économique n'incite pas les citoyens à prendre des options radicales (pas encore).

Pour ce qui est de mes lectures, ce sont essentiellement Challenges et La Tribune. Les Echos limitent l'accès et je n'aime pas beaucoup leur présentation. Je lis Le Monde papier de temps en temps, et j'écoute beaucoup la radio. Et aussi le forum, bien sûr, qui m'incite à lire des auteurs en anglais ou dont j'apprécie modérément la personnalité (Sapir par exemple).

L'alliance de Syriza avec un parti situé à son opposé ne l'aide pas à agir. Mais surtout il dépense beaucoup d'énergie dans sa lutte avec la troïka. Pendant qu'on parle on agit peu.

En ce qui concerne l'évolution de l'UE, elle ne dépend pas des partis, à mon avis. Quel que soit le parti, si le peuple souhaite rester derrière ses frontières, rien ne changera. Les partis au pouvoir ont tendance à défendre leur pré carré, c'est un réflexe naturel. Le changement doit se faire dans les mentalités et le sentiment qu'on a un avenir à construire avec les autres européens. Je crois que cet épisode contribue à l'émergence de ce sentiment.

Syriza est sur les mêmes positions que l'Allemagne : il s'occupe de ce qu'il pense être l'intérêt de son pays et voit l'autre comme un concurrent ou un adversaire. Certains sur ce forum ont fréquemment rappelé l'idée qu'on est plus efficace en coopérant qu'en s'affrontant. Pour l'instant on teste l'affrontement. Je pense qu'on en retirera les bonnes leçons.

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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par albert » 30 juin 2015, 08:13:48

pierre30 » Mar 30 Juin 2015, 07:38:07 a écrit : Syriza et PODEMOS (surtout SYRIZA) sont des partis comme les autres.
Non, Syriza ne fait pas comme les autres (Pasok, ND…) qui se sont soumis à la Troïka.
pierre30 » Mar 30 Juin 2015, 07:38:07 a écrit : Pour ce qui est de mes lectures, ce sont essentiellement Challenges et La Tribune.
Dans ce cas, vous avez dû lire l’interview de Giorgos Stathakis, ministre grec de l'Economie, qui a répondu à votre critique sur l’inaction du gouvernement grec :
Nous avons réformé en cinq mois davantage que les gouvernements précédents en cinq ans. Nous avons établi un ministère spécifique en charge de la corruption et qui mène un travail très sérieux sur les questions d'évasion fiscale. Nous avons d'ailleurs signé sur ce sujet un accord avec la Suisse [l'accord est en discussion, Ndlr]. Dans d'autres domaines, un travail de préparation a lieu, mais la réforme de l'administration publique est engagée avec, comme priorité, l'indépendance de cette dernière face à l'influence politique. Nous l'avons déjà réalisé dans le domaine du système éducatif. Nous réfléchissons aussi à une simplification administrative. Il y a donc une vraie politique de réformes qui est guidée par la volonté de mettre fin au clientélisme politique. Et il y en aura encore beaucoup plus si un accord est trouvé...
Tsipras a présenté plusieurs listes de réformes aux créanciers qui ont toutes été rejetées par ces derniers.
pierre30 » Mar 30 Juin 2015, 07:38:07 a écrit : En ce qui concerne l'évolution de l'UE, elle ne dépend pas des partis, à mon avis. Quel que soit le parti, si le peuple souhaite rester derrière ses frontières, rien ne changera. Les partis au pouvoir ont tendance à défendre leur pré carré, c'est un réflexe naturel. Le changement doit se faire dans les mentalités et le sentiment qu'on a un avenir à construire avec les autres européens. Je crois que cet épisode contribue à l'émergence de ce sentiment.
La crise grecque montre surtout que l’UE préfère perdre l’un de ses membres plutôt que de remettre en question ses dogmes économiques fondés sur l’ordolibéralisme allemand, alors même que les politiques qui ont été imposées à la Grèce se sont révélées catastrophiques. Ce qui conduit à un fossé entre les peuples du sud qui souffrent de ces politiques et l’Allemagne. Je ne vois absolument pas en quoi cela contribue à l’émergence d’un sentiment européen, c’est plutôt le contraire. Quel sera le sentiment européen des grecs s’ils doivent se soumettre à une politique qui les condamne et contre laquelle ils ont voté le 25 janvier 2015 ?
pierre30 » Mar 30 Juin 2015, 07:38:07 a écrit : Syriza est sur les mêmes positions que l'Allemagne : il s'occupe de ce qu'il pense être l'intérêt de son pays et voit l'autre comme un concurrent ou un adversaire.
La Grèce joue sa survie alors que l’Allemagne défend des dogmes économiques, cela n’est pas vraiment comparable. Mais il me semble naturel que des dirigeants politiques soient soucieux de l’intérêt de leurs citoyens. Simplement, cela est incompatible avec une monnaie unique.
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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par pierre30 » 30 juin 2015, 08:36:45

Oui je crois qu'une bonne partie de l'UE serait prête à se débarrasser de la Grèce. Elle en craint les conséquences. Mais cela ne résoudrait rien à moyen terme.

Les partis au pouvoir ne sont pas d'accord avec Syriza qui est situé très à gauche; rien de bien surprenant ni anormal là dedans. Peu importe le choix de politique économique à droite ou à gauche. Ce qui m'intéresse ici, c'est le fonctionnement de l'UE et de la zone Euro.
Elles sont gouvernées au centre droit actuellement, et se retrouvent dans une impasse parce que l'un des pays membres a choisi une option opposée.

Les grecs ont bien le droit de choisir ce qu'ils veulent. Mais pour cela, il faut trouver un système qui continue à fonctionner.

Tu as déjà remarqué que je participe peu aux débats partisans droite-gauche. Simplement parce que je n'ai pas de religion dans ce domaine et que je déteste les gourous. Les partis comme Syriza me plaisent parce qu'ils sont "neufs" et donc moins englués dans des tactiques d'écurie. Mais c'est simplement une question de temps pour qu'ils fassent comme les autres.

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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par albert » 30 juin 2015, 08:47:04

Syriza n’est pas aussi à gauche que vous le dites, et surtout ce n’est pas là le problème. Les négociations buttent sur le refus de l’UE de restructurer la dette grecque. Tsipras avait fait beaucoup de concessions en échange d’un geste sur la dette qui n’est jamais venu.
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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par pierre30 » 30 juin 2015, 15:23:17

Pour l'instant il est difficile de prendre du recul sur des évènements qui se succèdent à haute cadence. On pourra mieux discuter quand la situation sera un peu stabilisée. Peut-être après le référendum.

Dans l'immédiat, commenter serait prendre position sur des choix qui incombent aux Grecs. Ce n'est pas à moi de dire si ils doivent voter oui ou non.

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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par albert » 01 juil. 2015, 07:59:31

Jacques Sapir vient de publier un article sur son blog dans lequel il pointe trois conséquences d'ores et déjà certaines de cette crise grecque pour l'avenir de la zone euro.

1-L’Euro n’est plus irréversible : c'est ce que vient d'admettre un responsable de la BCE ;
2-l'Allemagne tombe le masque : en opposant une fin de non recevoir à Tsipras, Merkel montre que c'est elle qui dirige l'UE ;
3-l'effacement de la France et ses conséquences : on ne l'a guère entendue durant cette crise.
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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par pierre30 » 01 juil. 2015, 10:47:18

Oui je suis assez d'accord. L'euro n'est plus irréversible dans la tête des gens. L'Allemagne ne dirige pas mais elle exerce un leadership dans les discussions. Les autres pays sont d'accord avec elle mais c'est elle qu'on entend le plus. Quant à la France, Hollande montre son manque de leadership. C'est la synthèse !!! Sarko aurait fait beaucoup plus de bruit que lu, c'est certain.

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Re: Crise grecque : quelles conséquences pour la zone euro ? (Pierre30 - Albert)

Message non lu par albert » 01 juil. 2015, 11:14:44

pierre30 » Mer 01 Juil 2015, 10:47:18 a écrit :Oui je suis assez d'accord. L'euro n'est plus irréversible dans la tête des gens. L'Allemagne ne dirige pas mais elle exerce un leadership dans les discussions. Les autres pays sont d'accord avec elle mais c'est elle qu'on entend le plus. Quant à la France, Hollande montre son manque de leadership. C'est la synthèse !!! Sarko aurait fait beaucoup plus de bruit que lui, c'est certain.
Les dernières déclarations de Sarkozy sur la crise grecque montrent que s'il dirigeait la France, il serait le caniche de Merkel. Un caniche bruyant, sans doute, mais un caniche. Cela ne ferait guère de différence : il ajouterait le grotesque à l'inexistence.
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