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Les candidats à la présidentielle ont établi un étrange consensus sur plusieurs thèmes essentiels : tous d'accord pour taxer davantage les ménages aisés, ils se retrouvent aussi sur l'idée de rééquilibrer le rapport de force entre grandes entreprises et PME et sur celle de construire plus de terrains pour réduire les prix de l'immobilier.
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Les deux principaux candidats, eux, continuent de croiser le fer sur la meilleure manière de répartir l'effort entre impôts et économies. Le temps de travail entretient encore une ligne de fracture : Nicolas Sarkozy défend les accords compétitivité emploi pour assouplir les contraintes dans les entreprises, là où François Hollande prône surtout la suppression des avantages fiscaux liés aux heures supplémentaires.
1. Fiscalité : taxer les plus aisés
Hormis Nicolas Sarkozy, les candidats partagent tous la volonté d'accroître l'impôt sur le revenu des ménages aisés. Marine Le Pen propose de relever la tranche supérieure (au-delà de 71.000 euros par part) de 41 % à 46 %. François Bayrou évoque un taux à 45 %, et même à 50 % au-delà de 250.000 euros par part. François Hollande plaide lui aussi pour deux tranches supplémentaires, à 45 % à partir de 150.000 euros et à 75 % au-delà de 1 million d'euros. Jean-Luc Mélenchon défend un taux d'imposition de 100 % au-delà de 360.000 euros. Il souhaite instaurer une cotisation sociale sur les revenus financiers, en remplacement de la CSG et de l'imposition des prestations sociales (allocations chômage, indemnités maladie, etc).
Nicolas Sarkozy, lui, veut solliciter ceux des grands groupes qui n'acquittent pas d'impôt sur les sociétés, par le biais d'un impôt minimum. Un impôt minimum serait également prélevé sur les exilés fiscaux -une proposition que le candidat UMP partage avec Jean-Luc Mélenchon et avec François Hollande.
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2. Emploi : aucun objectif chiffré
Avec un taux de chômage qui approche les 10 %, tous les candidats font de sa réduction leur priorité. Mais contrairement à 2007, aucun ne s'engage sur un objectif chiffré ou ne parle de plein-emploi. Les promesses visent surtout les jeunes et les seniors, les plus touchés par le chômage. Elles passent souvent par des allégements de charges.
Outre la création de 150.000 « emplois d'avenir » sur le modèle des anciens emplois-jeunes, François Hollande propose un « contrat de génération », une entreprise embauchant un jeune et le faisant former par un senior maintenu dans l'emploi bénéficie de divers allégements de charges pendant cinq ans.
Nicolas Sarkozy a répliqué en proposant une exonération « permanente » des charges patronales pour l'embauche des plus de 55 ans. François Bayrou propose, pour sa part, un contrat sans charges pendant deux ans pour l'embauche en CDI d'un jeune en premier emploi ou d'un chômeur dans les PME de moins de 50 salariés.
Nicolas Sarkozy a également insisté sur le renforcement des « droits et devoirs » des chômeurs : ces derniers bénéficieraient automatiquement d'une formation mais devraient obligatoirement accepter un emploi correspondant. François Bayrou est lui, le seul, a proposer de généraliser un « contrat unique » de travail moins protecteur que le CDI mais plus avantageux que le CDD. Le candidat UMP n'a pas repris cette proposition de 2007 préférant, cette fois, une flexibilité basée sur la modulation du temps de travail et des salaires (accords compétitivité-emploi).
Jean-Luc Mélenchon plaide, au contraire, pour le « rétablissement » aux 35 heures effectives et prône la mise en place d'un quota maximal d'intérimaires et de CDD dans les entreprises.
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4. Compétitivité l'accent mis sur les PME
Le « made in France » s'est imposé très vite comme un thème fort, les candidats multipliant les mesures censées redresser la compétitivité des entreprises et réindustrialiser le territoire. Pour alléger le coût du travail, Nicolas Sarkozy a fait voter une TVA sociale (rebaptisée TVA « antidélocalisation ») devant entrer en vigueur en octobre et que François Hollande a promis d'abroger s'il est élu.
Pour le candidat socialiste, l'effort doit porter en priorité sur la compétitivité dite « hors prix » : il veut orienter les financements, les aides publiques et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investissent en France, y localisent leur activité et sont fortement exportatrices.
Les PME font l'objet d'une attention particulière des candidats. Concernant leur financement, la plupart se retrouvent autour de l'idée d'une banque publique dédiée. François Hollande et François Bayrou veulent aussi créer un « livret d'épargne industrie » et Nicolas Sarkozy promet de supprimer le privilège du Trésor pour inciter les banques à financer davantage les PME. François Hollande et Marine Le Pen proposent de moduler l'impôt sur les sociétés, quand François Bayrou promet un avantage fiscal pour les investissements en faveur des PME.
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5. Ecole : des projets vraiment opposés
C'est peut-être une des priorités des Français sur laquelle les clivages entre les projets sont les plus importants
Clivage d'abord sur les moyens. Quand François Hollande promet la création de 60.000 postes (enseignants, encadrement, médecins, etc.) sur le quinquennat, Eva Joly, 20.000, Jean-Luc Mélenchon, la titularisation des précaires et François Bayrou, le maintien du nombre d'enseignants, Nicolas Sarkozy poursuit le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, à l'exception du premier degré.
Le candidat socialiste veut aussi rétablir l'année de formation des enseignants et mettre en place un prérecrutement. Il met l'accent sur le premier degré dans l'affectation des moyens et l'accueil des enfants de moins de trois ans. François Hollande veut aussi réformer les rythmes scolaires pour des journées de cours moins lourdes et une année scolaire plus longue de deux semaines.
Des changements dans la formation des enseignants et les rythmes scolaires sont aussi envisagés par François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly.
Nicolas Sarkozy, lui, n'a pas abordé les rythmes scolaires. Le président sortant met l'accent sur une réforme radicale du second degré marquant la fin du collège unique et qui s'accompagne d'un changement de statut pour les enseignants et d'une hausse de salaire de 500 euros pour les professeurs du collège qui accepteraient ce statut. Les élèves de 6e et 5e auraient moins d'enseignants, mais polyvalents. Seraient créées des 4es et 3es professionnelles, avec une orientation dès la 4e . De même, il rendrait obligatoire l'alternance en dernière année de bac pro et de CAP.
Les missions des enseignants feront partie des négociations prévues par François Hollande cet été en cas d'élection. Tout comme les salaires. Bien qu'il ne dispose pas de marge de manoeuvre sur ce dernier point.
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