Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

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Florian
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Florian » 28 août 2012, 23:26:37

El Fredo raconte ce qu'il veut, il descend d'une famille de petits pied-noirs, des gens modestes dit-il. Aujourd'hui, il est CSP++ et nous fait des leçons de morale socialiste à deux balles. J'en connais beaucoup de comme lui.

El Fredo oublie simplement - et il devrait bien le savoir car je crois me souvenir d'où est son autre racine familiale - qu'en 1962 la métropole était encore elle-aussi très pauvre, peu industrialisée et peu équipée. Moi, mes amis je suis allé deux ans de ma scolarité à l'école à pied sur 2 kilomètres sous la pluie, le vent glacial, la neige. A la cantine, il y avait à bouffer ce que les parents paysans amenaient de légumes frais ou secs. Il y avait un téléphone pour un village de 100 personnes. Les cicatrices de 39-45 étaient encore fraiches et 2 jeunes du village étaient restés sur le carreau "là bas" en Algérie. Alors, oui, les pied-noirs n'ont pas forcément été les bienvenus dans cette galère.

Nico37
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Nico37 » 28 août 2012, 23:56:15

Florian a écrit :El Fredo raconte ce qu'il veut, il descend d'une famille de petits pied-noirs, des gens modestes dit-il. Aujourd'hui, il est CSP++ et nous fait des leçons de morale socialiste à deux balles. J'en connais beaucoup de comme lui.

El Fredo oublie simplement - et il devrait bien le savoir car je crois me souvenir d'où est son autre racine familiale - qu'en 1962 la métropole était encore elle-aussi très pauvre, peu industrialisée et peu équipée. Moi, mes amis je suis allé deux ans de ma scolarité à l'école à pied sur 2 kilomètres sous la pluie, le vent glacial, la neige. A la cantine, il y avait à bouffer ce que les parents paysans amenaient de légumes frais ou secs. Il y avait un téléphone pour un village de 100 personnes. Les cicatrices de 39-45 étaient encore fraiches et 2 jeunes du village étaient restés sur le carreau "là bas" en Algérie. Alors, oui, les pied-noirs n'ont pas forcément été les bienvenus dans cette galère.
L'ascension sociale tu connais :?: Et tu connais la déclaration d'impôts d'El Fredo :?:
Rassure toi, des plus jeunes que toi (moi le 1er) ont fait plusieurs kms par tous les temps dans tous les coins de France et de Navarre car pas de ramassage scolaire... Nous en sommes pas mort toi non plus, c'est par contre très étonnant de ta part cette anedocte...
Projet de loi portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés

(...)

la supposée richesse des Français d'Algérie n'est pas cohérente avec le niveau de vie moyen en Algérie, qui était inférieur de 20 % à la métropole au moment de l'indépendance ; la prédominance généralement avancée des colons dans l'ensemble de la population locale s'est révélée inexacte dans la mesure où ils étaient moins de 20.000, dont 13.000 ne possédaient que des exploitations agricoles d'une surface inférieure à 17 hectares.

(...)

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El Fredo
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par El Fredo » 29 août 2012, 10:35:04

Florian a écrit :El Fredo raconte ce qu'il veut, il descend d'une famille de petits pied-noirs, des gens modestes dit-il. Aujourd'hui, il est CSP++ et nous fait des leçons de morale socialiste à deux balles. J'en connais beaucoup de comme lui.
Je vais t'envoyer ma fiche de paie et une boîte de mouchoirs, ça t'apprendra à me traiter de CSP++ ;) C'est pas parce qu'on est ingénieur qu'on gagne bien sa vie, c'était sûrement vrai il y a 30-40 ans mais c'est bien fini mon petit monsieur.
El Fredo oublie simplement - et il devrait bien le savoir car je crois me souvenir d'où est son autre racine familiale - qu'en 1962 la métropole était encore elle-aussi très pauvre, peu industrialisée et peu équipée. Moi, mes amis je suis allé deux ans de ma scolarité à l'école à pied sur 2 kilomètres sous la pluie, le vent glacial, la neige. A la cantine, il y avait à bouffer ce que les parents paysans amenaient de légumes frais ou secs. Il y avait un téléphone pour un village de 100 personnes. Les cicatrices de 39-45 étaient encore fraiches et 2 jeunes du village étaient restés sur le carreau "là bas" en Algérie. Alors, oui, les pied-noirs n'ont pas forcément été les bienvenus dans cette galère.
Je te signale que c'est toi qui essaie de faire passer les Pieds-Noirs pour des gros colons nantis exploiteurs plein de fric, or des exilés de 1962 il y en a eu à peu 1 million. Les français de l'Algérie ne vivaient pas spécialement mieux que les métropolitains, alors après le rapatriement...
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Georges » 29 août 2012, 20:46:29

Au sujet des Pied-noirs une petite info pour ceux qui ne le sauraient pas : à l'époque l'état avait utilisé son droit de réquisition pour trouver des logements pour les Pieds-noirs; ce qui était possible pour eux ne l'est plus pour les mal logés et les SDF.

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Vincendix
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Vincendix » 03 sept. 2012, 11:32:09

J’ai travaillé sur le sujet des « Pieds-Noirs » et appris beaucoup de choses que j’ignorais et que d’autres Métropolitains ignorent.
Il y avait évidemment une classe aisée, composée de hauts fonctionnaires, de gros commerçants, de propriétaires d’importantes exploitations agricoles et vinicoles. Ils vivaient dans une certaine opulence, ayant un personnel à leur service, on pouvait les considérer comme des colons. Cette catégorie n’a pas souffert de l’indépendance. Par contre, une majorité, commerçants et artisans modestes, petits exploitants, retraités, a quitté la terre d’Algérie avec seulement quelques bagages. Départ précipité aussi pour les fonctionnaires et employés modestes, tous ces gens ont souffert de ce déchirement et souffrent encore, ils avaient leurs racines dans ce pays, leurs ancêtres venus de France mais aussi d’Espagne et d’Italie y avaient fait souche.
Comme un collier de joyaux rares dont le fil rompu laisse lentement tomber des gouttes de lumière, la vie égrène nos jours.Georges Clemenceau

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TheVoice
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par TheVoice » 25 juin 2013, 09:26:30

El Fredo a écrit :C'est fou le nombre de conneries qu'on peut lire à ce sujet...

Bon, je vais un peu donner mon avis car contrairement à la plupart d'entre vous j'ai une vague idée de la question vu que la moitié de ma famille est Pied-Noire.

Non, tous les Pieds-Noirs n'étaient pas des colons exploiteurs. Ceux-ci se sont barrés bien avant 1962 et ont fort bien sécurisé leurs intérêts économiques, croyez-moi. En réalité la communauté Pied-Noire et leurs descendants se situe plutôt dans les couches les moins favorisées de la population. Mes grands-parents étaient de modestes ouvriers comme la plupart des rapatriés, qui sont rentrés "une main devant une main derrière" avec leur valise (au singulier) en laissant tout derrière eux, et ont vécu modestement en HLM et avec de maigres aides sociales jusqu'à la fin de leurs jours.

Non, tous les Pieds-Noirs n'étaient pas des partisans de l'OAS et des gros racistes. Pour le racisme, demandez donc aux "français de souche" qui ont si bien "accueilli" ma famille à Marseille et ailleurs en leur disant "vous les Pieds-Noirs vous venez manger le pain des français". Ma mère qui a quitté Alger à l'âge de 13 ans avec mes grands-parents de presque 50 ans allait à l'école communale avec les petits Arabes avec qui elle jouait dans la rue.

Non, tous les Pieds-Noirs ne votent pas FN, mon grand-père a voté écologiste jusqu'à sa mort.

Non, tous les Pieds-Noirs n'étaient pas d'origines exotique, certes c'était un grand melting-pot, mais mes grands-parents étaient respectivement d'origine catalane française (Perpignan) et alsacienne (fuyant les Prussiens en 1870, la vie est un éternel recommencement). Et quoi qu'il en soit ils étaient tous français.

Et puis je vais m'arrêter là parce que ça pourrait durer des heures et que je risque de m'énerver.

;bien;

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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par TheVoice » 25 juin 2013, 09:28:41

Vincendix a écrit :J’ai travaillé sur le sujet des « Pieds-Noirs » et appris beaucoup de choses que j’ignorais et que d’autres Métropolitains ignorent.
Il y avait évidemment une classe aisée, composée de hauts fonctionnaires, de gros commerçants, de propriétaires d’importantes exploitations agricoles et vinicoles. Ils vivaient dans une certaine opulence, ayant un personnel à leur service, on pouvait les considérer comme des colons. Cette catégorie n’a pas souffert de l’indépendance. Par contre, une majorité, commerçants et artisans modestes, petits exploitants, retraités, a quitté la terre d’Algérie avec seulement quelques bagages. Départ précipité aussi pour les fonctionnaires et employés modestes, tous ces gens ont souffert de ce déchirement et souffrent encore, ils avaient leurs racines dans ce pays, leurs ancêtres venus de France mais aussi d’Espagne et d’Italie y avaient fait souche.
Rigoureusement exact.

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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par TheVoice » 25 juin 2013, 09:29:20

Mais tout cela n'est pas le sujet du topic.

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Jean
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Jean » 25 juin 2013, 10:26:33

[Et moi mon propos n’est pas de justifier la colonisation de l’Algérie (horreur !) mais de dire que l’état français doit assumer ses responsabilités devant l’histoire et réparer ses torts, y compris envers les rapatriés, surtout lorsque les hommes politiques ont été élus en promettant de le faire.[/quote]


En 1830 si la France est intervenu en Algérie c'était, à la demande de la plupart des puissances de l'époque, afin de mettre un terme aux multiples actes de piraterie mené par les "algériens" de l'époque. Un peu ce qui se passe aujourd'hui au large de la Somalie mais en plus organisé.

Il faut essayer de replacer les faits dans le contexte historique.

Je trouve stupide ces déclarations de repentance des décennies voire des siècles après les faits. Les choses et surtout les mentalités ont changé.


Dans une démarche de ce type, tout le monde doit se repentir car de nombreux peuples ont eu leur période de domination dont ils ont bien sûr profité. Ceux qui ne l'ont pas fait c'est surtout du fait de leur incapacité à s'organiser et à dominer néanmoins des révoltes inhumaines sont aussi le fait de peuples dominés.

Les dragonnades françaises dans le Palatinat repentance... Le massacre lors de la prise de Constantinople : repentance; Combien de ville rasées et leur populations massacrées depuis le début du monde...

Et le vase de Soissons...


Ras la casquette de ces demandeurs de repentance au demeurant souvent intéressés.


L’esclavage a conduit les pays occidentaux à se repentir. Par contre le nombre d’esclaves d'Afrique subsaharienne déplacés vers le nord c'est à dire surtout dans les pays arabes a été plus important alors que la repentance beaucoup moindre...

Arrêtons avec ces C... le futur peut être modifié mais le passé ne peut être que constaté.


Et que l'on ne sorte pas l'argument, "il faut en parler parce que cela évitera que ça se renouvelle"... Il faut éviter que ça se renouvelle (ONU, Internet, presse, ONG...) mais ce n'est pas la peine de remuer de vieilles rancœurs qui éveillent des haines chez quelques exaltés ayant du mal à faire la part des choses et à relativiser les faits historiques.

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Florian
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Florian » 25 juin 2013, 21:22:27

Bon le sujet, c'était le Petit-Clamart et Bastien-Thiry.

Incognito
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Incognito » 25 juin 2013, 23:23:14

Très bon texte. Merci.
Dieu est mort. Marx est mort. Et moi-même je ne me sens pas très bien ... (Woody Allen)

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El Fredo
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par El Fredo » 25 juin 2013, 23:50:13

+1
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Jean
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Jean » 06 juil. 2013, 10:12:48

Florian a écrit :Bon le sujet, c'était le Petit-Clamart et Bastien-Thiry.

Ok

Pour en revenir à cet attentat, c'est typiquement l'exemple de ce à quoi peut mener la vision court terme d'un problème faussé par une analyse où les intérêts individuels prennent le pas sur le collectif.

L'Algérie avait déjà 9 millions d'habitants d'origine africaine pour un million d'habitants d'origine européenne. De plus a dynamique démographique allait, comme cela s'est démontré depuis, dans le sens d'un accroissement de cet écart (on ne lutte pas contre la démographie sauf à faire des bêtises (voir notre Pb des retraites induit pas la volonté d'oublier la démographie)).

Dès cette époque et surtout après l'affaire de Suez 1956, il était devenu clair que le colonialisme étaient condamné comme le montrait les résolutions de l'ONU et les positions des deux super puissances.

Dès lors il devenait évident que l'Algérie allait devenir un pays indépendant. Par ailleurs la découverte du pétrole et du gaz sur son territoire le rendait viable économiquement.

Tout allait dans le sens de l'indépendance avec une période de transition plus ou moins longue ou naturellement le pouvoir devait se transférer de la minorité européenne à la majorité africaine.

De Gaulle a eu l'immense mérite de comprendre cette évolution des choses.

Restait le problème de la gestion de la période de transition avec un interlocuteur de la majorité qui refusait, contre toute logique, à ouvrir les négociations et une majorité agissante accrochée au statu quo soutenue par une armée de professionnels ayant la plupart fait carrière dans l'outre-mer auquel ils étaient attachés comme à un symbole de la grandeur du pays.

De Gaulle avait aussi compris que la grandeur se mesurait dorénavant dans la capacité économique et sur le plan militaire dans la possession de l'arme atomique.


Restait à gérer le million d'algériens d'origine européenne. La logique eut voulu qu'il demeurât sur place et collaborât à la création de leur nouvel état. L’Afrique du Sud a réussi cette transition, l'Algérie non.

Soixante ans ont passé. C'est devenu une page d'Histoire.

Nico37
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Nico37 » 06 juil. 2013, 10:28:43

Enfin la réussite en Afrique du Sud...
ça marque surtout la fin du terrorisme de grande ampleur...

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Jean
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Re: Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

Message non lu par Jean » 26 août 2013, 09:41:41

johanono a écrit :
albert a écrit :
johanono a écrit :Le terme "pieds-noirs" désigne stricto-sensu les Français d'origine européenne installés en Algérie pendant la période coloniale. Les harkis sont des Algériens ayant combattu pour l'armée française pendant la Guerre d'Algérie. Il convient de ne pas confondre ces deux catégories de population, qui ont des revendications différentes.
Ils n’ont pas des revendications si différentes que ça (vous le sauriez si vous aviez pris la peine de lire l’article que j’ai mis en lien dans mon message précédent), puisqu’ils ont présenté en commun un projet de convention Candidat-Rapatriés. Le terme de "rapatriés" s’applique d’ailleurs aux deux catégories.
johanono a écrit :Quant à Sarkozy, il est comme Hollande, comme Chirac et comme la plupart de ceux qui se présentent à une présidentielle : ils promettent tout et n'importe quoi et n'hésitent pas à draguer le vote communautariste.

Le vrai problème, dans cette histoire, c'est la logique communautariste qui anime ces gens-là. Manifestement, il y a encore des gens qui restent bloqués sur ce qui s'est passé il y a 50 ans, et qui attendent de l'Etat des mesures par rapport à cette période de l'histoire. C'est la même chose avec les Noirs qui nous cassent les pieds avec l'esclavage ou les Juifs qui nous cassent les pieds avec l'Holocauste.
Peut-être que si vous et votre famille aviez été déportés et dépouillés de tous vos biens, vous seriez, vous aussi, "bloqué" sur ce passé. N’est-il pas juste que les préjudices soient réparés ? Et si l’on veut tourner la page et solder définitivement ce passé, la solution n’est-elle pas que les hommes politiques respectent les promesses faites à ces communautés ?
Il convient de replacer les choses dans leur contexte. La population en Algérie était composée d'à peu près 10% de Français d'Algérie partisans du statu quo institutionnel et de 90% d'Algériens acquis à la cause indépendantiste. Les Algériens auraient fini tôt ou tard par vous foutre dehors, ils voulaient leur indépendance, et ils avaient raison, c'est ce qu'on appelle le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Les Français d'Algérie n'ont jamais compris cette tendance inéluctable : au lieu de concéder, tant qu'il était encore temps, une évolution institutionnelle qui aurait calmé les Algériens pendant au moins quelque temps, ils se sont arc-boutés sur un statu quo institutionnel, ce qui n'a fait qu'aggraver les tensions avec la population algérienne. Par leur obstination, par leur jusqu'au boutisme, par leur aveuglement, par leur sentiment d'impunité, persuadés qu'ils étaient d'être protégés par l'armée, les Français d'Algérie ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis. Tant pis pour eux.

Vous me rétorquerez que l'Etat français pouvait tout à fait défendre ses ressortissants en Algérie face aux insurgés. C'est ce qui s'est passé pendant 8 ans. Pour désigner ce qui s'est passé pendant cette période, on a longtemps parlé des "opérations de maintien de l'ordre". Sauf que ces "opérations de maintien de l'ordre" se sont faites au prix de sacrifices humains importants (les appelés du contingent qu'on envoyait se faire trucider là-bas), de méthodes peu avouables (la torture et les exécutions sommaires), de moyens financiers énormes, et d'un isolement diplomatique croissant de la France. Ces "opérations de maintien de l'ordre" n'étaient rien d'autre qu'une sale guerre, dont le seul intérêt était en fin de compte de préserver les Français installés sur place, et qui à part ça n'avait plus de sens. Cela ne pouvait plus durer. L'intérêt de la France commandait d'en finir.

Malheureusement, les Français d'Algérie n'ont pas compris cela. Au contraire, les plus excités d'entre eux se sont même lancés dans une entreprise terroriste et dans une tentative de coup d'Etat, juste pour défendre les intérêts catégoriels face à l'intérêt de leur pays. Et après, ils viennent nous parler de démocratie, de respect de l'Etat de droit...

Alors vous évoquez le sort des Français déportés. Le terme "déporté" me semble hors de propos, mais passons... En ce qui me concerne, je songe à tous ces jeunes gens, appelés du contingent, qu'on a envoyés se faire trucider là-bas pour une guerre qui n'en valaient pas la peine. Je songe aussi à tous ceux qu'on aurait envoyés là-bas si "les opérations de maintien de l'ordre" avaient dû se prolonger, et qui ont eu la vie sauve grâce à de Gaulle.

On peut débattre à l'infini de cet événement. Certains auront peut-être une autre lecture des événements. C'est leur droit. Vous dîtes que je réagirais différemment si j'étais directement concerné par cet événement. Peut-être qu'en effet, j'éprouverais un certain ressentiment. Mais moi, je sais faire la part des choses, je sais distinguer l'intérêt général de mon pays de mon intérêt particulier. Quand je m'intéresse à la politique, je me demande toujours quel est l'intérêt général de la France. Et quand je dois choisir pour qui voter à une élection, je vote pour le candidat qui me semble le mieux à même de favoriser l'intérêt général de la France, sur des questions contemporaines (le redressement économique de la France, ou bien certaines évolutions sociales, par exemple), alors que manifestement, vous vous décidez selon votre intérêt catégoriel sur un événement qui date d'il y a 50 ans.

Vous demandez que les hommes politiques respectent les promesses faites à certaines communautés. Mais le plus important n'est pas de savoir si les hommes politiques respectent ou non telle ou telle promesse, c'est le fait que des communautés puissent réclamer de telles promesses. Voici des Français qui formulent des revendications catégorielles sur un sujet qui date d'il y a 50 ans, et qui disent ouvertement qu'ils voteront pour le candidat qui apportera les meilleures réponses à ces revendications. Ces gens-là ont manifestement une curieuse conception de l'intérêt général de leur pays...



Tout à fait OK.

Je viens renforcer votre propos en ajoutant que la démographie de l'époque montrait déjà l'ampleur qu'allait prendre la population d'origine algérienne dans les trente ans à venir.

De Gaulle en était conscient quand il annonçait que l'intégration conduirait dans trente ans à avoir 30% des députés d'origine algérienne à l’assemblée nationale.

Pour mémoire aujourd'hui le millions de français présent en Algérie ne représenterait plus que moins de 3% de la population algérienne actuelle.

Tout était clair.

Mais Il restait à gérer la colère d'un million de personnes...

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