Il y a 50 ans: l'attentat du Petit Clamart

[albert]

@Jean,
Vous vous méprenez sur le sens de mes messages. Je ne défends pas la colonisation ni la guerre d'Algérie. Quant au terme de "déportés", je faisais allusion aux Juifs en réponse aux propos de Johanono qui disait que "les Juifs lui cassent les pieds avec leur holocauste"...

[Athos]

Bon le sujet, c'était le Petit-Clamart et Bastien-Thiry.

Ok

Pour en revenir à cet attentat, c'est typiquement l'exemple de ce à quoi peut mener la vision court terme d'un problème faussé par une analyse où les intérêts individuels prennent le pas sur le collectif.

Lorsque "l'attentat" du Petit Clamart fut décidé, l'Algérie venait d'être livrée au FLN. Celà s'était soldé par le massacre de plus de 90.000 Harkis abandonnés sans armes à la fureur des fellaghas, et le massacre de plus de 3.000 européens (militaires compris) entre le 19 mars et le 5 juillet 1962... Et bien entendu c'est De Gaulle qui en fut jugé responsable. Mais le but de cette embuscade, n'était pas d'abattre le Chef de l'état, mais de l'enlever et de la faire passer devant une cour martiale. Ce qui explique le gros "râté" de l'opération.

L'Algérie avait déjà 9 millions d'habitants d'origine (nord) africaine pour un million d'habitants d'origine européenne. De plus a dynamique démographique allait, comme cela s'est démontré depuis, dans le sens d'un accroissement de cet écart (on ne lutte pas contre la démographie sauf à faire des bêtises (voir notre Pb des retraites induit pas la volonté d'oublier la démographie)).

Dès cette époque et surtout après l'affaire de Suez 1956, il était devenu clair que le colonialisme étaient condamné comme le montrait les résolutions de l'ONU et les positions des deux super puissances.

L'Algérie était en 1956 un ensemble de départements français. Elle n'avait donc pas le statut de "Colonie", mais de Départements d'Outre-Mer, comme la Guyanne aujourd'hui, ou la Corse.

Dès lors il devenait évident que l'Algérie allait devenir un pays indépendant. Par ailleurs la découverte du pétrole et du gaz sur son territoire le rendait viable économiquement.

Tout allait dans le sens de l'indépendance avec une période de transition plus ou moins longue ou naturellement le pouvoir devait se transférer de la minorité européenne à la majorité africaine.

Non. D'ailleurs les premières déclarations de De Gaulle, les engagements pris par les Officiers de l'armée française allaient dans le sens d'une totale intégration.

De Gaulle a eu l'immense mérite de comprendre cette évolution des choses.

Il n'a rien compris ! La preuve, sa décision de ne considérer qu'un seul interlocuteur valable: le mouvement terroriste qui couvrait l'Algérie de cadavres et de ruines !

Restait le problème de la gestion de la période de transition avec un interlocuteur de la majorité qui refusait, contre toute logique, à ouvrir les négociations et une majorité agissante accrochée au statu quo soutenue par une armée de professionnels ayant la plupart fait carrière dans l'outre-mer auquel ils étaient attachés comme à un symbole de la grandeur du pays.

Ce que je disais. Condamner d'un côté le "terrorisme" et ne reconnaître comme seul représentant des "Algériens", un mouvement... terroriste, voilà qui constituait en effet un "problème" que De Gaulle résolut dans le sang.

De Gaulle avait aussi compris que la grandeur se mesurait dorénavant dans la capacité économique et sur le plan militaire dans la possession de l'arme atomique.


Restait à gérer le million d'algériens d'origine européenne. La logique eut voulu qu'il demeurât sur place et collaborât à la création de leur nouvel état. L’Afrique du Sud a réussi cette transition, l'Algérie non.

La "logique" des dernières années de l'Algérie française, ne pouvait résoudre ce million d'européens à demeurer sur place. Le slogan "la valise ou le cercueil" qui était celui du FLN depuis 1954, les enlèvements, les assassinats qui décuplèrent après les "accords" d'Evian ne pouvait les rassurer à demeurer sur place !

Soixante ans ont passé. C'est devenu une page d'Histoire.

D'histoire falsifiée. Heureusement que des historiens honnêtes publient encore quelques livres qui rétablissent certaines vérités (Jean-Jacques Jordi, "Un silence d'état" Editions Soteca, octobre 2011)

PS.- Il est faux de dire que l'état réquisionna des appartements vacants pour les rapatriés en 1962. L'état commença par faire en sorte que ces malheureux aillent s'installer au nord d'une ligne Bordeaux-Lyon, auquel cas ils pourraient bénéficier de "prêts de réinstallation" à taux réduits. Au sud de cette ligne. Strictement rien ! Ou plutôt des loyers surévalués et les ventes de logements multipliées par deux ou par trois. Seuls quelques Maires courageux firent, comme à Perpignan ou à Fréjus, construire des HLM destinés aux rapatriés...

[Naudeon]

le but de cette embuscade, n'était pas d'abattre le Chef de l'état, mais de l'enlever et de la faire passer devant une cour martiale. Le but au départ, peut-être, mais tirer au FM sur une voiture est quand même très dangereux pour ses occupants... ;fly;

[Jean]

Le statut de département était une mascarade dès lors que tous les habitants n'avaient pas les mêmes droits.

Cela dit même avec les mêmes droits, certains département d'aujourd'hui demeurent des territoires d'exception... La Catalogne demande son indépendance aujourd'hui, nos quatre ou cinq confetti pourraient en faire de même demain dès lors qu'ils auront la conviction de pouvoir vivre seuls.

De Gaulle en 4 ans de crise n'a utilisé qu'une fois le terme "Algérie française" début juin 58 quelques jours après son arrivée, c'était dans la chaleur d'un discours.

Plus jamais par la suite il ne l'a employé.

Était-ce une bévue dans le feu de l'action ou bien n'était-il pas encore totalement décidé sur ce qu'il allait faire ou était-ce pour calmer quelques enragés ou enfin fallait-il y voir l'espoir de mettre en place une Algérie indépendante s'inscrivant dans une mouvance française ?

Quoiqu’il en soit il n'a plus jamais employé ce mot puisque les suivants issus de discours prononcés à l’Élysée après réflexion et hors du tumulte furent "autodétermination" puis "indépendance".

Il a vite compris que l'Algérie était pour la France un sparadrap dont il fallait de débarrasser au mieux.



Je ne crois pas à la tentative d'enlèvement... A coups de fusil mitrailleur !!!!!!

Les accords d'Evian prévoyaient la possibilité d'un maintien des européens dans une Algérie indépendante. Mais en effet certaines exactions et quelques slogans stupides (mais nos ancêtres ont fait pire lors de la révolution) ont incité les européens à partir. L'Algérie s'est privée d'une richesse humaine qui lui a fait défaut par la suite notamment au plan économique.

[Naudeon]

s c'était bien une guerre coloniale ....

Ne pas oublier quand même que l'Algérie était considéré en principe comme départements français, et que, au début, l'armée y a mené des opérations de "maintien de l'ordre".
PS: J'ai envoyé ce post sans avoir lu tout le topic...

[Naudeon]

Pour en revenir au Petit-Clamart, je rappelle que c'est ce qui a décidé de Gaulle à proposer un référendum visant à faire élire le président au suffrage universel (ce qui n'a pas plus à la gauche)

[mordred]

J'étais tout petit !

A Brazzaville, en 1944, De Gaulle n'y est pas allé par quatre chemins. L'avenir des populations d'Afrique. Qu'est ce que les gens ont cru ? Indonésie, Inde, Vietnam, Congo, Afrique Britannique... Que croyaient les gens ? Que les arabes d'Algérie chanteraient "Frère Jacques" jusqu'à la fin des temps ? De Gaulle n'avait pas le choix. Il a fait comme il a pu.Et l'OAS fut un ramassis de gens sans cervelle.
Mes voisins sont pieds-noirs. Et chaque fois que l'on peut se rencontrer plus de dix minutes, les jérémiades commencent: De Gaulle, Oran, les arabes, les noirs... Je les comprends. Ils ont tout perdu. Ils ont eu la chance à 30 ans de se refaire une vie en Bretagne. Malheureusement, l'Histoire est une vaste chose qui broie souvent les destins.