Et si on réinventait la démocratie ?

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lancelot
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Message non lu par lancelot » 11 avr. 2011, 23:48:00

Tryphon a écrit : Je vois qu'il y a ici quelques personnages d'une rare suffisance qui recherchent en premier lieu à se faire mousser. Grand bien leur fasse.
Mon premier message, relisez-le, indiquait qu'il s'agissait d'un premier pas intéressant vers le respect des peuples.
Pas un aboutissement vers je-ne-sais-quelle utopie inapplicable phosporée par des vieux schnocks de l'Antiquité, ou pire, des anarchistes ou autres inadaptés sociaux.
En terme d'inadapté .... tu m'as l'air de bien représenter ceux qui sont inadaptés aux débats. Si tu est venu chercher un plébiscite pour cette bouillantissime idée de respect des peuples commence donc par éviter les termes de vieux schnoks ... etc ... etc ...

Tu éviteras ainsi de montrer d'emblée les limites de ta capacité de compréhension.

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GIBET
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Message non lu par GIBET » 12 avr. 2011, 04:22:00

Je crois avoir trouvé une explication claire pour éviter les fâcheries....et elle n'est pas de moi donc je ne serais pas le vieux tromblon du fil icon_biggrin
Image Démocratie directe : l’assemblée du peuple réuni prend les décisions. Trois ou quatre exemples lointains ou plus proches : Athènes dans l’Antiquité (en réalité c’est une pseudo-démocratie : seuls participaient aux affaires de la cité les « hommes libres » ; esclaves, étrangers, femmes étaient exclus). Les sections de quartier dans la Commune du Paris révolutionnaire de 1792, puis de 1871 (ce dernier cas magnifiquement analysé par Marx dans La Guerre civile en France) . Les soviets au début de la révolution russe.
Deux cas différents. D’une part, une démocratie directe institutionnalisée, celle d’Athènes, où les pouvoirs législatif et judiciaire sont exercés par les citoyens rassemblées, tandis que l’exécutif est formé de magistrats élus (pour certains par tirage au sort pour une durée d’un an !) (peuple au sens n°1). D’autre part, une démocratie directe dans un moment de vide institutionnel, au cours d’une période de bouleversement : les Comités révolutionnaires, acteurs d’une période de changement dans un moment d’intermède juridique, exerçant un pouvoir local, mais capable de se coaliser en Congrès des délégués (peuple au sens n°2).
Ajoutons : le référendum, cas de démocratie directe sur lequel il faudra revenir ; l’autogestion, démocratie directe dans le domaine économique.
Ce qu’il y a de formidable dans une démocratie directe intégrale, c’est que le « pouvoir du peuple », se confond avec son exercice effectif ; son danger, c’est qu’il n’y a « pas de pouvoir pour arrêter le pouvoir » (Montesquieu), pas de « séparation des pouvoirs » qui puisse jouer le rôle de modérateur, puisque, précisément, tous les pouvoirs sont un. Ne faisons pas d’angélisme en sacralisant le peuple : rien ne permet d’affirmer a priori qu’un peuple assemblé prendra la décision optimale, ne sera pas victime de manipulation, ne cèdera pas à la démagogie populiste ou à l’obsession sécuritaire, voire n’approuvera pas un processus excluant une minorité. La démocratie n’est pas totalement immunisée contre un moment despotique. Il faut donc maintenir la référence à un « sur-droit » (droits de l’homme, énoncé égalitaire, priorité de la liberté, principe d’une Constitution républicaine...)
Mais la limite de la démocratie directe, c’est qu’elle n’est concevable que pour de petits groupes humains - d’où l’existence du système représentatif.

Image Démocratie participative. Pléonasme ? Il s’agit pour le peuple de prendre part au pouvoir qui est pourtant déjà par principe entièrement le sien ! Cela nous montre simplement qu’il faut toujours s’emparer d’un droit pour le rendre effectif, faute de quoi d’autres le prennent à notre place.
La démocratie participative, c’est donc une expérience de démocratie active (sans la médiation passive de la représentation), directe (le peuple s’assemble), locale (pour traiter d’affaires proches, dans lesquelles chacun est impliqué et dont il a une connaissance immédiate) avec un pouvoir de décision (concernant, par exemple, la répartition d’un montant limité du budget municipal) et dans laquelle pas un n’est laissé pour compte.
L’exercice du pouvoir local participatif est donc mixte, partagé entre un élément indirect représentatif (les élus municipaux), un élément direct (les habitants des quartiers) et un élément semi-direct (les délégués de base mandatés et révocables).
La référence, c’est celle d’une expérience démarrée au Brésil à Porto-Alegre en 1989 (décrite dans l’article « Comment démocratiser radicalement la démocratie ? »), puis étendue à d’autres villes et dans différents pays. Ces expériences ont été mises en en réseau par Démocratiser radicalement la démocratie.
Des morceaux d’utopie se réalisent ici ou là... épars et fragiles... mais signes d’espoir pour la démocratie. C’est ça, le peuple en marche pour (re)trouver son pouvoir (perdu ?)
Prochain article, passage aux travaux pratiques, tout près de chez nous : Démocratie participative. L’expérience d’Arcueil : (1) les assemblées de quartier, mode d’emploi.
Ecrit par Etienne Lang
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racaille
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Message non lu par racaille » 13 avr. 2011, 18:33:00

Mais la limite de la démocratie directe, c’est qu’elle n’est concevable que pour de petits groupes humains - d’où l’existence du système représentatif.
C'est précisément pourquoi la démocratie directe anti-autoritaire se fonde sur la multiplicité des assemblées/conseils ainsi que sur leur fédération, des plus petites instances vers les plus vastes sur le modèle des poupées russes et selon le principe de la libre association entre fédérations. Cette organisation démocratique, doublée d'une conception de la délégation du pouvoir sur le principe du mandatement impératif et révocable, permet de réduire considérablement le risque de voir émerger une classe politique (et donc d'en faire les frais).
Ce qu’il y a de formidable dans une démocratie directe intégrale, c’est que le « pouvoir du peuple », se confond avec son exercice effectif ; son danger, c’est qu’il n’y a « pas de pouvoir pour arrêter le pouvoir » (Montesquieu), pas de « séparation des pouvoirs » qui puisse jouer le rôle de modérateur, puisque, précisément, tous les pouvoirs sont un.
Je ne suis pas d'accord. La démocratie directe n'empêche en rien de multiplier les instances de décision, de les spécialiser ni même de les concevoir sous forme de contre-pouvoirs. Proudhon par exemple, qui était un type très épris des équilibres économiques et sociaux, propose dès le milieu du 19ème siècle une Europe fédérale fondée sur une double organisation : d'une part les fédérations de communes et de régions au sein de cette Europe (organisation sociale), et de l'autre une fédération de syndicats (organisation économique). Cela laisse de la place pour une cour de justice et différentes institutions, temporaires ou permanentes en fonction des besoins.
Ne faisons pas d’angélisme en sacralisant le peuple : rien ne permet d’affirmer a priori qu’un peuple assemblé prendra la décision optimale, ne sera pas victime de manipulation, ne cèdera pas à la démagogie populiste ou à l’obsession sécuritaire, voire n’approuvera pas un processus excluant une minorité. La démocratie n’est pas totalement immunisée contre un moment despotique. Il faut donc maintenir la référence à un « sur-droit » (droits de l’homme, énoncé égalitaire, priorité de la liberté, principe d’une Constitution républicaine...)
1. la démocratie indirecte ne garantit pas non plus l'immunité contre la démagogie populiste ou l'obsession sécuritaire. Une telle immunité n'existe nulle part, même pas dans les dictatures totalitaires où, pourtant, le despote n'a pas besoin de rechercher l'assentiment du peuple.

2. Pas d'accord avec l'idée d'un "sur-droit" nécessaire. Tout ce qui est transcendant à l'individu est par nature injuste, puisque arbitraire et autoritaire. De plus il est patent que, partout dans le monde, on continue à s'entretuer au nom des droits de l'homme ou de la liberté. Ce type de "sur-droit" n'engage que ceux qui y croient et ne saurait servir de garde-fou à quoi que ce soit.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

pierre30
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Message non lu par pierre30 » 23 avr. 2011, 20:50:00

Je ne suis pas d'accord. La démocratie directe n'empêche en rien de multiplier les instances de décision, de les spécialiser ni même de les concevoir sous forme de contre-pouvoirs. Proudhon par exemple, qui était un type très épris des équilibres économiques et sociaux, propose dès le milieu du 19ème siècle une Europe fédérale fondée sur une double organisation : d'une part les fédérations de communes et de régions au sein de cette Europe (organisation sociale), et de l'autre une fédération de syndicats (organisation économique). Cela laisse de la place pour une cour de justice et différentes institutions, temporaires ou permanentes en fonction des besoins.

===================
Le modèle est très intéressant. Mais les communes ne mandatent-t-elles pas des représentants ? même chose pour les syndicats. Disons qu'au mieux on rapproche les représentants des représentés en en multipliant le nombre. Alors se pose le problème de l'organisation des prises de décision.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 23 avr. 2011, 21:00:00

Oui,sauf que dès qu'on les a mandaté,ils se préoccupent le plus souvent de leur intérêt que du notre,parce qu'une fois élu ils ont tous les pouvoirs ou presque et encore quand ils ne multiplient pas différents mandats qui leur donne dans ce cas carrèment la possibilité d'avoir la main mise sur toute une région.

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racaille
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Message non lu par racaille » 26 avr. 2011, 19:31:00

Pierre30 a raison de poser ces questions/objections.

En plus de la multiplication des représentants, il y a aussi l'idée de rétroaction populaire par le mandat révocable. Le mandat cesse d'être un chèque en blanc signé au mandaté, il doit aussi s'engager à faire ce pourquoi il a été élu sous peine de se voir remplacer illico.
Et aussi l'idée que la représentation par le mandat impératif et révocable empêche la formation d'une élite politique de carrière.

Pour l'organisation de la prise de décision, ça serait pas mal que Un Artisan se mêle de la discussion parce qu'il semble qu'il ait l'habitude de la pratique de la démocratie directe. Ce qui n'est pas mon cas. Il répondra certainement bien mieux que moi et peut-être même avec des exemples précis.

En tout cas je sais que certains anarchistes individualistes reprochent l'"organisationite aïgue" de la démocratie directe qui tend selon eux à aliéner l'individu à l'organisation, fusse-t-elle aussi démocratique que peut se faire.
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Tryphon
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Message non lu par Tryphon » 26 avr. 2011, 20:05:00

A noter, la proposition stupide de la fondation strauss-kahnienne Terra Nova:
La suppression du scrutin majoritaire à deux tours et son remplacement par le « jugement majoritaire ».
Il demande à l’électeur d’évaluer les mérites de chacun des candidats (au lieu d’en désigner un seul), dans le cadre d’une échelle de mentions : Très bien, Bien, Assez bien, Passable, Insuffisant, à Rejeter (au lieu d’un vote binaire). Chaque candidat obtient ainsi une « mention majoritaire » : celle qui réunit plus de 50% d’opinions égales ou supérieures à cette mention. Le vainqueur est celui qui a la meilleure mention majoritaire.
http://www.tnova.fr/note/rendre-les-lec ... ment-major…

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 26 avr. 2011, 21:18:00

On parle d'ailleurs de ce mode de scrutin baroque ici : http://actu-politique.xooit.com/t3647-C ... de-de-scru…
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Message non lu par racaille » 26 avr. 2011, 21:30:00

C'est une idée stupide parce qu'elle vient de Terra Nova ou elle est juste stupide en elle-même ? ;)
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Message non lu par El Fredo » 26 avr. 2011, 21:36:00

Elle est stupide en elle-même icon_mrgreen (cf le sujet susmentionné).
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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Message non lu par racaille » 26 avr. 2011, 22:42:00

Je ne l'ai pas lu en entier je crois, même si je me rappelle d'être intervenu icon_cool

Je ferai ça plus tard là j'ai déjà de la lecture. (Pas la peine de m'expliquer ici pourquoi c'est débile, je verrai bien dans le topic en question et ça fera moins hors-sujet).
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Michel Poulat
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Message non lu par Michel Poulat » 09 mai 2011, 11:48:00

Mais alors quels remèdes ?

Ce qu'il nous faut ce sont de nouvelles institutions plus démocratiques, qui développent les scrutins comme celui des régionales avec des listes, des fusions de listes etc.
La démocratie n'est pas la dictature d'un parti disposant d'une majorité relative, il faut que cela devienne un besoin de travailler ensemble, d'établir des programmes communs, ensemble.

Le scrutin présidentiel (désigner un chef de tous les français) est le moins démocratique de nos scrutins au suffrage universel, mais les français aiment cette désignation du chef. Sur ce site, ils proposent une désignation plus démocratique du chef (qui conserve bien entendu des imperfections puisqu'il a été prouvé qu'il était IMPOSSIBLE de désigner le meilleur candidat à tous les coups) Cette proposition constitue néanmoins une avancée démocratique : http://www.tnova.fr/note/rendre-les-lec ... mment-1263

  
Pour rappel, le scrutin des régionales :

Scrutin de liste à deux tours.

Premier tour :
a) une liste remporte plus de 50% des voix = il n'y aura pas de 2nd tour. Elle gagne 25% des sièges, les autres sièges sont répartis à la proportionnel selon les scores de chaque liste. Cela permet de voir chaque parti représenté et de dégager une large majorité grâce au bonus de 25% des sièges.

b) sinon, toutes les listes ayant obtenu au moins 10% des exprimés peut se maintenir au second tour. Les listes ayant eu au moins 5% des suffrages peuvent fusionner, à la proportionnelle, avec des listes ayant obtenu au moins 10% des voix. (Cela impose le vivre ensemble, l'écriture d'un programme commun, pour améliorer le report des voix au second tour)
Au second tour, la liste arrivée en tête a un bonus de 25% de sièges qui lui permet en général d'obtenir une majorité en siège. Sinon, mais le cas est vraiment théorique, il faudra également envisager de vivre ensemble et de dégager une majorité "d'union régionale" pour que la région soit gérée.
Pour plus de démocratie.

un artisan
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Message non lu par un artisan » 09 mai 2011, 12:55:00

Ce qu'il nous faut ,une démocratie directe. Seul concept innovant qui écarte de facto ,tous les incompétents que l'on voit sans cesse revenir et qui n'ont en fait que des casseroles ou un bilan désastreux à leur actif depuis plus de 20 ans....
Démocratie :le pouvoir pour les poux de manger les lions Clémenceau

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Michel Poulat
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Message non lu par Michel Poulat » 09 mai 2011, 13:15:00

La démocratie directe, quand je vois et j'écoute mon entourage, je me dis que nous ne sommes pas prêts, mais alors pas prêts du tout... Ou alors la fin du monde aura effectivement lieu fin 2012.
Pour plus de démocratie.

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Message non lu par un artisan » 09 mai 2011, 13:51:00

Propos que je partage.. Cela suppose trop de changements , un peuple plus intelligent collectivement ,Durkhein réfutait cette thèse  il y a plus d'un siècle cette possibilité..
Jamais nos gouvernants ne laisseront leur place ,bien rémunérées et permettant tous les abus, la commune n'a duré que deux mois c'est dire sur 12 siècles ,depuis la naissance de notre pays... Ils privilégient la révolution qui s'en suivra tôt ou tard, , car l'histoire a démontré que toutes révolutions débouchent ,sur le même concept que précédemment...Tunisie et Egypte en témoignent. Il n'en serait pas de même avec une contestation majoritaire, calme et pacifique née du peuple....
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