Est ce que la crise de 1929 peut se répéter ?

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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 03 nov. 2010, 17:11:00


La crise économique de 1929

C’est le 24 octobre 1929 que la fameuse crise se déclencha aux Etats-Unis ; on appela ce jour le « jeudi noir » ou Black Thursday; c’est le krach boursier de Wall street qui plongea l’économie américaine, et bientôt l’économie mondiale, dans la tourmente. Les profondes crises sociales et économiques qu’engendra le « jeudi noir » tiennent une place importante dans l’émergence des différents fascismes européens.
Mais pour mieux comprendre revenons un peu en arrière. Les années 20, aux Etats-Unis, furent surnommées les « Années folles » ; la croissance explosait et ne semblait pas devoir subir de récession. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. En Europe le climat n’était pas aussi idyllique ; plongée dans une profonde crise au lendemain de la guerre, l’Europe amorçait pourtant une remontée dans les années 1925-1926. La balance commerciale française devint même excédentaire. En Allemagne la situation était autrement plus critique puisque le règlement des lourdes indemnités d’après-guerre semblaient devoir empêcher l’assainissement de l’économie dévastée. Ce sont les prêts octroyés par les banques américaines qui vont permettre à l’Allemagne d’amorcer également une légère remontée. Du côté de la Grande-Bretagne la situation n’était pas mirifique non plus; le système industriel britannique était obsolète et il ne permit pas à l’Angleterre de sortir de la crise latente traversant les années 20 ; en 1926, le paroxysme du contentieux entre ouvrier et patronat fut atteint avec la Grève générale.
Malgré l’apparente santé de l’économie américaine les bases de sa croissance étaient pourtant faibles ; bientôt la surproduction industrielle, la spéculation boursière, l'endettement généralisé et la persistance de la crise de l'agriculture firent plonger le pays dans le chaos. A la mi-octobre 1929, l’annonce de la baisse des bénéfices des industries poussèrent les spéculateurs à vendre leurs actions pendant que le cours de Wall street était encore élevé. Cette vente entraîna une chute encore plus rapide des actions et bientôt la panique s’empara de tous. L’apogée de ce phénomène se situe donc dans la journée du 24 octobre où plus de 16 millions de titres seront bradés sur le marché, sans trouver toutefois preneur. Bientôt des centaines de milliers d’actionnaires se trouvèrent ruinés ; les banques ne purent se faire rembourser leurs crédits et les épargnants retirèrent leur argent de leurs comptes ; un grand nombre de banques n’ayant pas les moyens de rembourser, leurs clients firent faillites. En moins de 3 ans la plupart des banques américaines fermèrent leurs portes.
Pour s’en sortir le seul moyen des banques fut de stopper les prêts à l’étranger et de réclamer le remboursement de ceux déjà effectués ; de plus les capitaux américains cessèrent de circuler autour de la planète, la conséquence inévitable fut l’expansion de la crise à l’ensemble des pays industrialisés. C’est une banque autrichienne, la Kreditanstalt, qui ferma la première ses portes. Vinrent ensuite la Danat Bank allemande qui fit s’effondrer l’ensemble du système bancaire allemand.
La baisse des prix fut générale et atteint environ 30% de 1929 à 1932 ; le secteur agricole était encore plus gravement touché avec une baisse deux fois supérieure à celle du secteur industriel. La décennie précédente avait vu une surproduction importante et des stocks entiers de denrées et de marchandises durent être détruit. L’Allemagne et la Pologne, privés des investissements étrangers, et les Etats-Unis et le Canada où le crédit avaient explosés, furent les premiers pays lourdement touchés.
En septembre 1931, la Grande-Bretagne devait dévaluer la valeur de la livre sterling de près de 40% et abandonner l’étalon-or. Cette chute entraîna celle de monnaies liées à la livre, ce furent les économies scandinaves et portugaises qui furent le plus touchées. En 1932 le commerce international était à son point le plus bas, les mesures maladroites (protectionnisme) prises pour surmonter la crise ne firent que l’accentuer. La France, jusque là relativement épargnée, allait compter en 1933 près d’ 1,5 millions de chômeurs. On estime qu’en 1929, environ 10 millions de chômeurs se débattaient déjà au milieu du marasme économique, en 1933 ils étaient 3 fois plus… Logiquement la consommation chuta et les troubles sociaux se succédèrent. Une importante partie de la population était menacée de famine.
Début 1933 la crise était au plus haut aux Etats-Unis ; le nouveau président, fraîchement élu, Franklin D. Roosevelt, lança le New Deal (intervention accrue de l’Etat, infrastructure pour lutter contre le chômage, assainissement des finances). Roosevelt s’inspirait des doctrines keynésiennes. La dépression recula un peu, mais c’est surtout l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1941 qui la fit disparaître.
En Allemagne et en France on adopta aussi les théories de Keynes : les dépenses publiques devaient compenser le manque d’investissements privés. En 1934 le gouvernement de Laval décida le blocage du salaire des fonctionnaires ; les résultats économiques furent infimes mais l’agitation sociale s’en trouva renforcée. L’extrême droite française s’était aussi renforcée, devant elle se dressait le Front Populaire, il remporta les élections en 1936. La France ne parvint pas à résorber la crise avant le début de la guerre (il faut comprendre qu’elle avait connu la crise plus tardivement que les autres nations européennes car elle était faiblement insérée dans le système bancaire international.). En Allemagne la situation ne se stabilisa pas vraiment, mais surtout la crise avait permis à un homme de parvenir au pouvoir : Adolf Hitler.

Par son ampleur et sa durée, la crise de 1929 constitue un événement majeur du début de notre siècle. Nombreuses sont les questions qui restent posées sur ses origines et surtout sur le pourquoi de son extension mondiale. Je n’ai, dans les quelques lignes qui précèdent, qu’évoqués des pistes probables ou attestées, mais de nombreuses autres explications rentrent en ligne de compte. Faut-il considérer la crise de 29 comme étant un événement unique dans l’histoire du capitalisme ou faut-il l’apparenter aux autres crises, même récentes, qui bouleversent nos économies ? La question reste posée…

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artragis
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Message non lu par artragis » 03 nov. 2010, 17:48:00

pourrais-tu enlever cette mise en page qui déforme la page s'il te plait? (un simple quote du texte suffirait).
Ensuite, ma réponse est : non, nous ne sommes pas comme en 1929 même si les résultats sur les économies sont les mêmes, voire pire (quoique...).
La crise n'est ici pas issue d'une surproduction à l'échelle du monde, mais d'un surendettement au niveau des USA/RU/Espagne, et surtout les USA.
Lorsque la "crise des subprimes" se déclencha, elle resta assez confinée, surtout en France, en Allemagne, en Chine et dans les pays nordiques. Seulement la crise des subprimes a donné une crise de consommation aux USA et comme chacun le sait, une crise de consommation s'entretient elle même une fois lancée car elle a un effet dévastateur sur la psychologie des gens.
Dès lors deux choses se sont passées : chômage technique d'un côté (économie réelle), surendettement et effondrement des fonds de pensions d'un autre (économie financiarisée).
Sous un fond de crise alimentaires et de multiples bulles immobilières (RU/Espagne/USA) on se rendit compte que l'économie financière avait créé des "fonds toxiques" dont les plus connus sont les CDO, CDO² (c'est à dire des CDO de CDO, en gros des montages complexes qui contiennent eux mêmes des montages complexes) sur lesquels on avait en plus des positions spéculatives (je paris que ça augmentera/baissera).
Autre choses, qui fit le lien direct entre économie financière et économie réelle : les CDS : crédit default swap, en gros un titre créé à partir de dettes. Si cette dette est public, il est clair que le CDS sera sécurisé et que sa valeur augmentera lentement (mais sûrement), par contre si la dette est privé, cela devient spéculatif et dès que les emprunteurs faisaient défaut ce sont les banques et entreprises (qui se protégeaient de la spéculation sur le pétrole, la nourriture, les métaux grâce à ces CDS) qui ont vu leur capital fondre. Ne pouvant plus assurer des prix fixes et raisonnables, elles ont perdu des clients et donc se sont retrouvé en sur-effectif.
D'ailleurs preuve que cette crise n'est pas celle de 1929, celle de 1929 a mis du temps à arriver en France si on prend comme point de départ le "jeudi noir", or ici, il y a eu un gros crash boursier à NY et le lendemain paris perdait 10%.
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 03 nov. 2010, 19:28:00

Je n'ai pas fait de mise en page particulière,donc je ne vois pas comment la changer.

Si non ,j'entends d'autres points de vue car avec la dévaluation des monnaies Chine et US avec le système ponzi il y a de quoi s'inquiéter je crois. La FED va signer un "pacte avec le diable" ?

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artragis
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Message non lu par artragis » 03 nov. 2010, 19:31:00

tu l'as mis sous forme de tableau (balise [table] etc )
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 03 nov. 2010, 19:35:00

Je ne l'ai pas fait volontairement et je viens de regarder comment effacer et je n'y arrive pas,désolée.

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Message non lu par artragis » 03 nov. 2010, 19:47:00

pas grave, je suis passé en 16:9 ça va mieux qu'en 4:3...
Sinon les dépréciations du dollars et la revalorisation progressive du Yen ne sont pas des signes d'une crise style 1929 car elles arrivent bien plus tard.
Et si on se disait "c'est en 2010 que le mécanisme se met en marche" ça serait faux car la pluspart des marchés boursiers sont encore timides, les bulles ont éclatés et on n'est plus dans les années folles. Sans compter que les pays émergents tirent (faiblement) l'économie alors qu'ils ne pouvaient le faire avant.
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 03 nov. 2010, 19:58:00

Il est certain que les choses ne se reproduiront pas à l'identique.

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Message non lu par artragis » 03 nov. 2010, 20:14:00

Cobalt a écrit :Il est certain que les choses ne se reproduiront pas à l'identique.
elles ne se sont pas reproduite à l'identique en 2007/2008.
et comme les situations de "départ" (en partant de 2010) sont différentes que celles de 1929 même à échelle mondiale, le parallèle sera forcément un bidouillage ou une interprétation obscure des évènements. En gros, non ça ne sera pas une crise type 1929, s'il y a une nouvelle crise d'ici 2012 elle ne sera "identique" que dans le fait qu'elle augmentera le chômage et réduira la production, mais pour le reste, les causes et les mécanismes seront différents.
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Message non lu par Incognito » 03 nov. 2010, 23:45:00

Peu probable. Ce qui s'est passé en 2008 ressemblait fort à ce qui a déclenché la crise 1929, càd un quasi-effondrement du secteur financier par effet de cascade. Mais la crise de 1929 a été prolongée et approfondie par quantité d'erreurs de politique économique. A l'inverse, les gouvernements ont bien réagi aux évènements de 2008: sauvetage du secteur financier, augmentation des déficits budgétaires, assouplissement de la politique monétaire, pas de poussée protectionniste. On n'a pas pu éviter une récession très sérieuse, mais on a évité une dépression.
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Message non lu par Nombrilist » 04 nov. 2010, 11:30:00

Ah, la crise est finie ? T'en es sur ? Il paraît qu'une seconde vague nous attend.

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Message non lu par Libre Plume » 09 nov. 2010, 15:54:00

Les nations et gouvernements d’aujourd’hui ont une meilleure compréhension de l’économie qu’il y a un siècle, non ? En tous les cas ils peuvent influencer sur les tendances économiques jusqu’à un certain point, si on peut espérer éviter une dépression comme celle 1929.
Si le monde est en crise, les récessions et les variations de la conjoncture ne s’élimineront pas du jour au lendemain.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 09 nov. 2010, 16:05:00

Oui,je pense que libre plume a raison tout de même,quoique ....ils jouent vraiment avec le feu.Mais bon on peut espèrer que les autres continents mettront le haut là.

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Message non lu par El Fredo » 09 nov. 2010, 16:24:00

La crise de 1929 ne va certainement pas se répéter, en revanche la décennie perdue japonaise si, vu les orientations économiques que suivent nos décideurs.
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Cobalt

Message non lu par Cobalt » 09 nov. 2010, 16:32:00

El Fredo a écrit :La crise de 1929 ne va certainement pas se répéter, en revanche la décennie perdue japonaise si, vu les orientations économiques que suivent nos décideurs.

Désolée,qu"est ce la décennie perdue Japonnaise ?

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Message non lu par El Fredo » 09 nov. 2010, 16:41:00

En gros la période depuis l'éclatement de la bulle spéculative en 1991, jusqu'au début des années 2000, et on considère même qu'elle continue aujourd'hui vu le marasme économique japonais.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bulle_spéc ... _japonaise

L'un des plus grands spécialistes du phénomène est justement le Prix Nobel d'économie Paul Krugman, qui considère que les conditions actuelles aux USA et dans une grande partie du monde développé sont très similaires. Malheureusement nos chers dirigeants semblent reproduire exactement les mêmes erreurs que les japonais il y a 20 ans (et notamment une peur irrationnelle de l'inflation et de la réaction des marchés), ce qui fait qu'on risque parfaitement de connaitre nous aussi une période prolongée de marasme.
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