L'intégral: http://www.contrepoints.org/?p=120594[...]Gauche et droite sont des sensibilités politiques.
Il n’y a donc aucune idée qui soit de gauche ou de droite. Au contraire, historiquement, les idées politiques voyagent dans le champ des sensibilités politiques, toujours de la gauche vers la droite. [...]
Qu’est-ce que « la gauche » et « la droite » ?
Gauche et droite sont des sensibilités politiques, c’est-à-dire des tendances non raisonnées, des ensembles de préoccupations instinctives qui dépendent du sujet considéré.
Imaginons un axe allant de l’extrême-droite à l’extrême gauche. De tout temps on trouvera :
Dans cet ensemble, on constate aisément que les extrêmes partagent leur mentalité du bouleversement, alors que progressistes et conservateurs se retrouvent dans leur adhésion au système en place. Dans le groupe des extrêmes on trouve toujours une minorité d’individus, la majorité étant constituée de ceux qui adhèrent globalement au système en place.
- à l’extrême-droite : les réactionnaires, soit ceux qui pensent que c’était mieux avant, qu’il faut renverser l’ordre politique existant et revenir au statu quo ante, généralement un passé idéalisé.
- à droite : les conservateurs, soit ceux qui pensent que les choses sont plutôt bien telles qu’elles sont, et que si l’on change ce sera pire
- à gauche : les progressistes, soit ceux qui pensent que les choses peuvent être améliorées et que si l’on change, cela sera mieux|*]à l’extrême gauche : les révolutionnaires, soit ceux qui pensent que le système est entièrement mauvais, que ce qu’il y avait avant était aussi mauvais ou pire, et qu’il faut instaurer un nouveau modèle idéal.
Rien, dans cette répartition suivant la sensibilité, n’est dû à une réflexion. Personne n’est de droite ou de gauche pour des raisons intellectuelles, puisqu’il n’est pas question d’idées. Droite et gauche sont des réalités sociologiques, voire anthropologiques, mais certainement pas rationnelles.
Le fait qu’il s’agisse de sensibilités, et qu’elles soient ce qu’on en a dit, distribue logiquement la population comme suit :
[...]
- À droite une population globalement plus âgée/plus installée économiquement, qui a tout intérêt à la préservation du système et voit d’un œil inquiet tout changement éventuel : la droite se caractérise par la tendance au pessimisme ; c’est le camp qui porte le discours décliniste et dont les valeurs sont l’ordre, l’autorité, la tradition, le respect des institutions.
- À gauche une population globalement plus jeune/moins installée économiquement, qui pense gagner à des réformes et porte un regard critique sur ce qui se fait traditionnellement : de tendance optimiste, la gauche porte le discours idéaliste, qui est contestataire et se définit principalement en opposition avec ce que défendent les conservateurs.
- Aux extrêmes on trouve nécessairement des gens qui auraient beaucoup à gagner d’un changement brutal de paradigme, mais ce qui les distribue est l’origine de leur situation d’exclus du système : ceux qui appartenaient jadis à une population favorisée et ont été déclassés seront d’extrême-droite, nostalgiques d’une période plus faste pour eux (exemple : les nobles ruinés déchus d’Ancien Régime au XIXe siècle), alors que ceux qui appartiennent à une population défavorisée d’origine nouvelle seront d’extrême-gauche (exemple : les ouvriers de l’industrie du XIXe siècle).
La variation de sens
Dans n’importe quel système politique, les idées naissent à l’extrême gauche et meurent à l’extrême droite. De la façon suivante :[...]
- À l’extrême-gauche sont ceux qui, contestant absolument l’ordre existant ou ce qui a précédé, sont ouverts aux idées nouvelles de changement le plus radical ; c’est donc ici qu’apparaissent, systématiquement, les idées nouvelles dans leur formulation la plus violente.
- À gauche sont ceux qui cherchent à améliorer l’existant, mais ne sont guère enclins à la violence ; ils s’inspireront souvent de ce que la critique extrémiste peut avoir de plus aiguisé, mais le transposeront pour proposer des réformes plus mesurées, allant dans le même sens.
- À droite sont ceux qui veulent maintenir le statu quo. Ils cherchent donc à conserver ce qui existe déjà, le défendent comme bon en soi, et répugnent aux changements d’un système qui leur semble d’expérience avoir fait preuve d’efficacité.
- À l’extrême-droite sont ceux qui regrettent le temps passé et cet ordre précédent que les conservateurs de l’époque n’ont pas réussi à maintenir
Qu'est ce que çà vous inspire?