Qu'en pensez vous ?Avec la hausse des prix de l'immobilier parisien, les accédants à la propriété dans la capitale sont désormais, pour plus des deux tiers (69 %), des célibataires et des couples sans enfant, selon les estimations de l'agence départementale d'information sur le logement (Adil 75). Nous avons demandé aux lecteurs du Monde.fr ce qu'il en était, avait été ou serait pour eux.
"Le contraste est saisissant entre mes parents et moi", par Ex-Parisien
Le contraste est saisissant entre mes parents, arrivés à Paris dans les années 1980 et qui ont pu louer un grand appartement dans un quartier plutôt bourgeois, et moi. Au même âge maintenant, avec des revenus a priori équivalents voire supérieurs par rapport au coût de la vie, je peux louer la moitié de la même surface. Quant à acheter, même pas la peine d'y penser avec des rez-de-chaussée moches à 8 000 euros le m². Avec un ou deux enfants, on peut s'entasser, mais il y a un moment où il faut choisir : dormir dans le salon, faire dormir trois enfants dans la même chambre, aller voir ailleurs. C'est la raison principale qui nous a fait quitter Paris.
"4 700 euros de dépenses pour 5 000 euros de revenus", par Christophe
Ne pouvant plus supporter la pression financière, nous avons quitté Paris en janvier pour vivre à la frontière de la banlieue et de la province. Avant la naissance de notre troisième enfant, nos données économique sur Paris par mois étaient les suivantes : un peu moins de 5 000 euros net en revenus pour un coût logement (prêt, taxes et charges) de 2 200 euros et un coût de la vie quotidienne (nourriture, garde enfant, déplacement, téléphone, Internet, eau) estimé à 2 500 euros. Au final, le seul luxe était clairement de vivre à Paris car nous étions extrêmement limités en consommation de loisirs. Dans notre entourage, beaucoup de couples s'arrêtent à un ou deux enfants pour essayer de rester à Paris.
"Nous avons fait le choix du retour en province", par Hélène L.
La question de quitter Paris s'est posée pour nous quand je suis tombée enceinte de notre premier enfant. Malgré des salaires corrects, notre budget nous permettait seulement d'acheter un petit deux pièces de 30 m². Pas la peine de s'endetter sur 25 ans pour acheter plus petit que ce que nous avions déjà. Louer alors ? Impossible pour nous de mettre 1 500 euros dans le loyer d'un appartement avec une chambre en plus. Hors de question aussi de partir en lointaine banlieue, pour subir matin et soir les interminables trajets en RER. Nous avons fait le choix du retour en province. Nous sommes maintenant installés à Nantes où, pour le montant de notre loyer parisien, nous louons une grande maison avec jardin. Et nous sommes entourés de jeunes familles qui ont eu le même parcours !
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"Pas compétitifs pour les banques ni pour les agences immobilières", par Mickaël
A l'arrivée d'un troisième enfant, notre quatre-pièces en location est devenu trop étroit. Nous nous sommes mis en quête de l'introuvable à Paris pour des familles de classes-moyennes vivant de leurs seuls revenus. N'étant ni héritiers ni traders, cette recherche nous a laissé une impression pénible. Durant six mois, nous avons tenté de trouver un cinq pièces en location, l'achat s'étant vite avéré inenvisageable, alors même qu'avec mon épouse nous gagnions près de 7 000 euros à deux. Malgré ce revenu, les banques, sans apport ou presque, nous accordaient une capacité d'emprunt nous permettant de rêver à un trois-pièces.
Pas "compétitifs", nous l'étions aussi pour les agences immobilières. Pour un loyer de 2 500 euros, le prix à payer pour un cinq-pièces en bon état dans un quartier modeste, il nous était exigé quatre fois le loyer en revenus, sans parler des demandes de caution aberrantes pouvant représenter jusqu'à huit mois de loyer. Un agent immobilier nous a finalement avoué que sur le créneau des cinq-pièces, le marché était inaccessible pour des familles comme la nôtre, concurrencées par des néo-fortunés en mal de placement ou de grandes entreprises à la recherche de logement spacieux pour leurs familles d'expatriés. Nous avons donc déménagé en banlieue. Paris est maintenant pour la famille une destination touristique.
"Notre fille envisage de quitter la France", par Harba D.
Nous avons quitté Paris en 1990. Nous n'avons jamais pu revenir et vivons aujourd'hui à Montrouge. Notre fille âgée de 25 ans travaille à Paris. Toutefois, les prix tant à la location qu'à l'achat lui interdisent de se loger tant à Paris qu'à Montrouge - qu'elle n'aime guère d'ailleurs. Aussi, elle vit encore avec nous, ce qui ne la satisfait nullement. Elle envisage de quitter la France. Tous ses collègues de sa promotion de Sciences Po sont, sans exception aucune, à l'étranger. Nul doute que le logement constitue une des raisons importantes de cet exil.
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"Impossible d'imaginer la vie à Paris d'ici vingt ans. Qui peuplera la ville d'ailleurs ?" par Claire R.
Ma fille a un an, elle commence à courir et à manger seule et mon 55 m² dans le 12e arrondissement déborde de panières de linge et de jeux en tout genre. Mes placards de cuisine sont au bord de l'explosion, une partie de mon garde-manger est déjà dans le couloir. Pour une pièce de plus, mon appart vaudrait environ 450 000 euros... Mon mari et moi avons fait des études, nous avons deux CDI stables et bien payés, mais impossible de débourser de telles sommes.
Nous faisons actuellement des démarches pour nous installer en proche banlieue. Ma fille et mes futurs autres enfants seront des citadins... ou pas! Impossible d'imaginer la vie à Paris d'ici vingt ans. Qui peuplera la ville d'ailleurs ? Uniquement des rentiers, des héritiers et des entreprises ?
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"Je fais le constat plutôt amer d'être d'une génération qui vivra moins bien que ses parents", par Laure A.
Nous sommes un couple de cadres plutôt aisés. Toute ma famille et nos amis vivent à Paris. Je suis enceinte de notre premier enfant et nous comptons pour l'instant rester à Paris, parce que nous vivons dans un trois-pièces et que nous pouvons donc accueillir ce premier enfant. Mais lorsque la famille s'agrandira encore, nous n'aurons pas les moyens d'acheter un appartement plus grand tout en payant une nounou ou la crèche.
Nous serons donc contraints de faire un choix entre vivre à Paris ou avoir plusieurs enfants. Je fais le constat plutôt amer d'être d'une génération qui vivra moins bien que ses parents, alors même que mon mari et moi gagnons mieux notre vie que nos parents à leurs débuts. Mes parents ont eu trois enfants en vivant à Paris, ma mère ne travaillait même qu'à mi-temps lorsque nous étions très jeunes. Impossible pour moi aujourd'hui !
"Je m'y accrocherai aussi longtemps qu'on le pourra", par Iris L.
Je suis parisienne, je loue un deux-pièces de 50 m² ; mes deux enfants occupent la chambre. Je ne pourrais pas louer une pièce de plus, et je ne pourrais pas acheter non plus. Un jour, je devrai donc quitter Paris (j'ai un garçon et une fille...) mais je m'y accrocherai aussi longtemps qu'on le pourra parce que j'adore la qualité de vie qu'on a tous les trois à Paris - notamment le fait que je suis au bureau en 15 minutes à pied, et qu'on peut donc vivre ensemble au lieu de se croiser furtivement matin et soir.
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"Aujourd'hui notre logement social est estimé autour de vingt fois nos revenus annuels", par Nancy W.
Couple de fonctionnaires travaillant dans l'enseignement et la recherche, nous n'avons pu rester à Paris, en 2009, que grâce à un logement social obtenu par notre mairie. Pour ne pas créer des ghettos de riches et de pauvres, la maire aide les classes moyennes à louer. Quant à acheter un logement à Paris, cela aurait sans doute été possible jusqu'à la fin des années 1990, mais nous étions encore étudiants, habitant dans des studios. Aujourd'hui notre logement social est estimé autour de 900 000 euros, soit vingt fois nos revenus annuels ! A Paris, la crise du logement ne se limite pas aux gens pauvres. L'intégralité de cet article sur Le Monde.fr
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