Qu'en pensez vous ?Excès de graisse, de sel, de sucre, risques liés aux polluants chimiques... L'industrie agroalimentaire nuit-elle à la santé? Elle dispose en tout cas de puissants lobbys, actifs auprès des pouvoirs publics. Dans la lutte contre l'obésité et la malbouffe, la bataille fait rage. Nouvelles du front.
Propriété privée. A Bruxelles, l'hôtel Tassel, bijou de l'Art nouveau classé au Patrimoine mondial, n'accepte plus les touristes. A quelques encablures du Parlement européen, les volutes de ferronneries, mosaïques et vitraux abritent désormais les bureaux du Conseil européen de l'information sur l'alimentation (Eufic), faux nez de l'industrie alimentaire. Il n'est pas seul dans le quartier. Deux rues plus loin, le puissant lobby officiel du secteur, Food Drink Europe, occupe tout un immeuble. Et le cabinet d'avocats Fleishman-Hillard, l'un des plus influents du monde, est tout proche. C'est vers lui que Food Drink Europe s'est tourné, en 2010, lorsqu'il a fallu déminer le projet de label "santé" initié par plusieurs députés européens.
Que les accros aux plats sous vide se rassurent: le projet a été enterré. Il s'agissait d'indiquer sur l'emballage du produit, dans une pastille verte (sain), orange (moins sain) ou rouge (pas sain du tout),
(...) Les industriels auraient dépensé pas moins de 1 milliard d'euros dans cette bataille. Pour le bien-être général? Eux seuls l'affirment. Les croisés de la santé publique sont moins sûrs. Fléau de la malbouffe et de la sédentarité, l'obésité menace désormais tous les continents. En France, le nombre d'adultes obèses a quasi doublé en vingt ans. Pire: entre 3 et 17 ans, près de 1 enfant sur 5 est déjà en surpoids. Et si rien ne change, 1 sur 3 le sera en 2020.
Or rien ne change, ou si lentement! Dix ans après le lancement du Programme national nutrition santé (PNNS) et ses incontournables "cinq fruits et légumes par jour", le lobby de l'industrie a certes lâché du lest, mais contraint et forcé. Il aura fallu plusieurs années de bras de fer avant que les distributeurs de confiseries disparaissent, enfin, des écoles. Idem pour la taxe sur les sodas, appliquée depuis le 1er janvier après moult tergiversations. Quant aux promesses d'aliments prétendument capables de faire baisser le cholestérol ou de renforcer les défenses immunitaires, elles sont actuellement passées au crible par les autorités sanitaires européennes, mais après deux décennies d'un laxisme effarant. 94% des 4000 déjà analysées se révèlent infondées!
Les industriels ont six mois pour revoir leur copie. Mais, en attendant, d'autres sujets graves restent en jachère. Comme la présence de polluants chimiques dans les produits alimentaires, sur lesquels commencent à sortir des études fiables et indépendantes. Ainsi, on attend toujours une décision sur le bisphénol A,
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Fort de ses 200 rendez-vous par an auprès des pouvoirs publics, la puissante Association nationale des industries alimentaires (Ania) défend efficacement les intérêts de ses membres. Le documentaire Les Alimenteurs, programmé sur France 5 le 19 juin, en apporte un brillant aperçu. Il raconte, notamment, l'un des échecs les plus cuisants de la politique de lutte contre l'obésité menée par les pouvoirs publics: la surexposition des enfants aux publicités alimentaires (voir page 88).
Des aliments équilibrés: un enjeu pour François Hollande
Là encore, les fabricants sont en ligne de mire. En dépit de leurs engagements, leurs investissements publicitaires à la télévision n'ont pas diminué. Au contraire, ils ont augmenté de 20% entre 2006 et 2010, et plus encore pour les marques plébiscitées par les enfants, comme Ferrero (Nutella, Kinder bueno...) ou Coca-Cola, affirme l'association de consommateurs UFC Que choisir.
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Moins de pubs alimentaires sur les chaînes Disney
Il devra composer, comme eux, avec un autre lobby, aussi puissant que le premier: celui des patrons de télévision, inquiets pour leurs rentrées publicitaires. Le Pr Serge Hercberg, qui pilote le PNNS depuis sa création, se rappelle les attaques virulentes entendues il y a seulement trois ans: "Par votre faute, 19 chaînes dédiées aux enfants vont mourir... Vous allez assassiner la création française!" Aux Etats-Unis, pourtant, le groupe Disney vient de montrer l'exemple. Les publicités alimentaires destinées aux enfants seront bannies de ses programmes à partir de 2015 si les produits sont jugés trop déséquilibrés, annonçait le groupe le 5 juin.
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