Qu'en pensez vous ?Longtemps tenue pour un secteur dépassé, l'agriculture se trouve au coeur de la mondialisation. La croissance démographique portera la population mondiale à 9,5 milliards d'hommes en 2050, urbains à plus de 60 %, ce qui nécessitera une hausse de 70 % de la production agricole. D'un côté, la nouvelle classe moyenne des pays émergents, soit plus d'un milliard de personnes, diversifie et améliore son alimentation. De l'autre, 925 millions d'hommes souffrent de sous-alimentation, dont 77 % sont des fermiers. Les écarts se creusent entre la localisation des hommes et des richesses et celle de la production agricole. En outre, trois révolutions sont à l'oeuvre.
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L'agriculture française est confrontée à un tournant majeur, avec la fin du modèle économique fondé sur la subvention. Depuis 1945, trois mouvements se sont succédé. La mécanisation et l'exode rural réduisirent fortement le nombre d'exploitations et d'agriculteurs (respectivement 2,3 et 6,2 millions en 1955). La rationalisation des structures par les lois d'orientation de 1960 et 1962, associée à la mise en oeuvre de la PAC, favorisa le basculement vers l'agriculture intensive. À partir des années 70, la hausse de la production et la baisse des prix trouvèrent pour contrepartie les subventions européennes, contingentées dans les années 80, réorientées vers les aides directes aux producteurs en 1992 puis progressivement découplées de la production à partir de 2003. Or ce modèle est aujourd'hui caduc.
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Enfin, les 9,6 milliards de fonds européens, auxquels s'ajoutent 3,4 milliards de budget national et plus de 1,67 milliard d'aides d'urgence depuis 2006, sont insoutenables pour une France surendettée (90 % du PIB en 2012) comme pour une Europe dont l'objectif consiste à réduire le poids de la PAC de 40 à 33 % du budget sur la période 2014-2020.
L'agriculture à crédit a vécu.
La France ne restera une grande puissance agricole que si elle fait le choix de la production, de l'innovation et du marché mondial. Les atouts français restent considérables, qu'il s'agisse de l'espace (30 millions d'hectares), de la productivité de certains secteurs comme les céréales ou la betterave, de la qualité et de la réputation de nombre de ses produits, du dynamisme de l'industrie agroalimentaire, de la qualité des infrastructures ou des capacités de recherche. Ils peuvent être mobilisés pour refonder un modèle original autour de six priorités. Rompre avec l'économie administrée. Lier l'ouverture des marchés et des investissements au strict respect des normes européennes, notamment en matière sanitaire. Concentrer et spécialiser les exploitations afin de disposer de la taille critique pour financer les investissements nécessaires à une agriculture bio-intensive.
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