Cet article a le mérite de bien synthétiser les données du problème. Mais ça n'est qu'une synthèse, c'est-à-dire que ceux qui s'intéressent de près à cette question n'apprendront rien de plus que ce qu'ils savent déjà. Quelques remarques toutefois :
- Concernant l'affirmation selon laquelle "les jeunes générations n'auront pas de pension de retraite" : l'article commence par nous dire que cette affirmation est fausse, avant d'admettre que, peut-être, les pensions de retraite qui seront versées aux jeunes d'aujourd'hui seront plus faibles. Il est pourtant évident que les différentes mesures adoptées ces dernières années ont et auront pour effet de baisser insidieusement le montant moyen des pensions de retraite : suppression de l'indexation sur l'inflation, calcul de la pension de retraite sur les 25 meilleures années, carrières "à trous" ayant pour conséquence que beaucoup de pensionnés n'auront plus cotisé suffisamment longtemps pour avoir une retraite à taux plein, etc. Certes, le système de retraites par répartition existera probablement encore dans 50 ans : mais les pensions versées seront beaucoup plus faibles.
- Cette perspective d'une baisse future et progressive des pensions de retraite ne me gêne pas : je pense qu'on n'a pas le choix, qu'on ne peut pas éternellement augmenter les cotisations, et qu'on n'a plus les moyens de garantir des pensions élevées à un si grand nombre de retraités. Ce qui me gêne, c'est que toutes ces mesures adoptées ces dernières années mettent surtout à contribution les jeunes générations, et pas vraiment les retraités actuels (ou si peu). Certes, cela changera bientôt, mais en attendant, c'est la belle vie pour beaucoup de retraités. D'ailleurs, l'article nous dit bien que les retraités actuels ont en moyenne un niveau de vie plus élevé que celui des actifs. Je connais plusieurs retraités de mon entourage qui gagnent plus que moi, et pourtant, je suis loin d'être un smicard... Certes, ils ont bossé pendant 40 ans, voire plus, mais quand même : est-il normal que des inactifs gagnent plus que des actifs ayant pourtant une bonne situation ? J'aimerais qu'un gouvernement ait le courage de mettre les retraités actuels à contribution, par exemple en baissant forfaitairement les pensions de 10% ou 15%, ou à défaut, en alignant travers la CSG payée par les retraités sur celle payée par les actifs. Bien sûr, cela ne se fera pas, car les retraités représentent un corps électoral très puissant. A défaut, nous avons une sociétés de rentiers où les retraités actuels ont (pour beaucoup d'entre eux) la belle vie, et où les jeunes travailleurs actuels se trouvent étranglés financièrement par le chômage de masse et par la nécessité de cotiser pour une génération dorée née dans l'immédiat d'apès-guerre et qui aura connu le plein-emploi.
- L'affirmation selon laquelle il n'y aura pas plus de retraités que de cotisants doit tout de même être très nuancée. Certes, il est possible que le ratio d'un retraité pour un cotisant ne soit pas atteint. Mais on s'en approchera. L'article nous dit qu'il y a actuellement 1,76 retraité pour 1 cotisant, mais il ne nous dit pas qu'il n'y aura bientôt plus que 1,2 retraité pour 1 cotisant. Compte tenu du grand nombre de personnes concernées, cette évolution représentera un enjeu financier de plusieurs dizaines de milliards d'euros. C'est tout de même assez dramatique. Et comme indiqué plus haut, ce n'est pas parce que la natalité augmente qu'il y aura davantage d'actifs.
- On notera encore que seules des hypothèses de croissance très optimistes (pour ne pas dire fantaisistes) permettraient d'assurer l'équilibre financier du système sans aucune réforme supplémentaire. Or on ne peut pas faire dépendre d'hypothèses de croissance fantaisistes l'équilibre financier de ce système. Des réformes s'imposent.
- Il convient par ailleurs de s'attaquer à une autre idée reçue, que l'article n'évoque qu'incidemment : c'est une idée reçue très en vogue à l'extrême-gauche de l'échiquier politique, chez ceux qui refusent toute réforme consistant à allonger la durée de cotisation ou à baisser les pensions, et qui croient que "de l'argent, il y en a", et qu'il suffit donc d'augmenter les prélèvements pour garantir l'équilibre financier du système. Et bien non, de l'argent, il n'y en a pas. Dans un pays où le taux de prélèvements obligatoires est d'environ 45%, dans un pays où les cotisations n'ont jamais été aussi importantes (ce qu'admet l'article), il n'est pas possible d'augmenter encore et encore le fardeau pesant sur les actifs.