Déménager à la campagne ...

[Adeline]

Je voudrais mettre en garde les citadins qui rêvent de "s'installe au vert". J'ai quitté Lyon, il y a six ans pour des réalités qui concernent aujourd'hui nombre d'entre nous. Je me suis retrouvée seule avec mes enfants en bas âge, et sur mon seul salaire, rester en ville signifiait galères de logement et quartier difficile. J'ai eu une opportunité professionnelle en Bourgogne et j'ai mis les voiles. Je me suis installée dans une petite ville, près de l'autoroute, pas trop loin de ma région d'origine. J'ai pu acheter une jolie petite maison pour abriter mon précieux trio et ai mis tout mon cœur à m'intégrer dans cette région rurale.

Bien entendu, j'ai participé de mon mieux à la vie locale, malgré le peu de temps que j'avais avec mon travail et mes deux tout petits ! C'était un réel changement de décor. Ici, il y a une énorme majorité de personnes du troisième âge, et les trentenaires ou quadra sont tous des enfants du pays. Il n'y a pas de garderie le mercredi (tout le monde se débrouille avec les grands-parents). Il faut faire des kilomètres pour trouver un centre aéré. Qu'à cela ne tienne ! J'ai donc fréquenté allègrement les soirées choucroute et loto du village, et fait des crêpes pour les écoles. J'ai aussi embauché une dame qui venait à la maison les mercredis, et invité les camarades de classe de mes enfants les week-ends. Je n'ai pourtant pas réussi à m'intégrer. Pour tout un tas de raisons...

suite du témoignage ...

Je vis à la campagne, et même si parfois je regrette la proximité des "loisirs citadins", je m'y sens bien. Toutefois, c'est vrai que c'est un monde à part, qu'il n'est pas toujours simple de s'intégrer dans la monde rural, quant on n'y est pas né.

Avez vous des expériences à nous raconter, de difficultés d'intégration, dans le monde rural ?

[El Fredo]

Je suis un rat des villes, j'aurais du mal à vivre à la campagne.

[Ramdams]

Je suis plutôt un citadin mais j'ai besoin de me ressourcer à la campagne, temporairement. Je déteste le bruit, l'agitation et la circulation... et il devient difficile de trouver la "vraie campagne", au moins dans ma région. Désormais, ce sont des petites communes pavillonnaires sans charme.

Mais par contre, je ne pourrai pas me passer de la ville pour la simple raison que j'aime profiter de tous les services. Et étant donné que je n'ai ni de voiture, ni de permis, je suis dépendant des transports en commun, naturellement plus nombreux en ville qu'à la campagne.

[Narbonne]

Je suis né et j'ai vécu 18 ans dans un petit village, quand j' y retourne au bout d'une semaine j'en ai assez. J'ai l'impression de tourner en rond, Paris me manque.

[johanono]

On voit souvent des témoignages de gens qui ont déménagé, à la campagne ou bien dans une autre ville, et qui font part de leurs difficultés d'intégration. Alors ils en déduisent parfois que, dans la ville ou la commune où ils sont arrivés, la population est plus fermée et moins accueillante. Ce n'est pas comme ça qu'il faut voir les choses. Quand on quitte un endroit où l'on a grandi, où l'on a toujours vécu, où l'on connaît tout le monde ou presque, pour rejoindre un endroit où on ne connaît personne, alors forcément, l'intégration est difficile, parce qu'il faut nouer de nouvelles conséquences, tisser un nouveau lien social, et que tout cela n'est pas facile et prend du temps. Ce n'est pas une question de ville ou de campagne. Ce n'est pas une question de région. C'est le changement qui est dur et douloureux, et ceci indépendamment de la société d'accueil.

Concernant la campagne, il y a ce mythe du monde rural à part, où les mentalités seraient différentes des mentalités citadines. Ainsi les mentalités rurales seraient-elles plus conservatrices, plus "fermées", limite plus arriérées. Mais ce distinguo entre villes et campagnes me semble aujourd'hui assez largement dépassé. Bien sûr, dans les campagnes, il y a encore quelques personnes âgées qui continuent d'aller à la messe et qui sont restées bloquées au temps de la querelle entre école laïque et école libre. Mais à part ça... Les gens qui habitent à la campagne ont les mêmes modes de vie que ceux des villes : ils ont internet, ils ont la télé, ils amènent leurs enfants à l'école le matin, puis partent travailler, et reviennent le soir... Les gens des campagnes ont globalement les mêmes préoccupations que ceux des villes (la scolarité de leurs enfants, leur emplois, etc.). La population des campagnes est aussi sécularisée que celle des villes. Les potins et les commérages existent partout : la différence, c'est qu'à la campagne, tout le monde se connaît plus ou moins, ce qui donne peut-être plus d'écho aux commérages. A condition encore d'accorder de l'importance à ce que les gens disent de vous (parce qu'il y en a qui s'en foutent).

Bien sûr, il y a des différences entre ville et campagne. A la campagne, il y a moins de densité de population, donc moins de bouchons, moins de stress, une vie globalement plus reposante. A la campagne, la population est moins "diversifiée", donc il y a moins de délinquance (encore que c'est en train de changer : même sur ce point, les campagnes tendent à se rapprocher des villes). En revanche, à la campagne, on n'a pas toutes les commodités à côté de chez soi : il faut bouger, il faut avoir une voiture. Ceux qui sont en manque s'ils n'ont pas une galerie marchande ou un cinéma ou un théâtre à moins de cinq minutes à pied de chez eux risquent en effet de souffrir à la campagne.

Mais à part ça, et à l'exception de quelques anciens, les mentalités à la campagne sont désormais à peu près les mêmes qu'en ville. Je ne suis pas certain que l'intégration à la campagne soit aujourd'hui plus difficile que quand on arrive dans une nouvelle ville.

[Narbonne]

En ce qui me concerne la différence est que la campagne est un monde dénombrable alors que la ville non. Il y a plein de surprises en ville, à la campagne c'est routinier (même personnes, même magasins, même loisirs ...). La ville est un monde qui bouge, la campagne beaucoup moins.
Pour s'intégrer, le plus simple est de se mettre dans des associations.

[Golgoth]

Dans mon département il n'y a pas de distinction claire ville/campagne/nature. Ce sont des notions que j'ai du ma à appréhender du coup. Pour vous faire comprendre, j'habite une ville entouré par un aéroport et l'autoroute A7, avec un des plus grand carroufs de France et à 15 minutes d'Aix la vile des intellos, et pourtant je croise un cortège de vignes, d'oliviers et de tracteurs tous les matins pour aller bosser, en faisant juste 20 minutes de trajet.

[Narbonne]

Tout dépend ce qu'on appelle ville. Par exemple, vivre à Narbonne (50 000 habitants) est, pour moi, vivre à la campagne.

[johanono]

@ Narbonne : la routine existe tout autant en ville. Quand tu habites dans une grande ville, et bien tu prends le métro le matin pour aller bosser, tu te retrouves dans la foule, puis tu rentres le soir. Il te reste le week-end pour te distraire. Alors tu vas faire tes courses au supermarché d'à côté, tu vas acheter ton pain à la boulangerie d'à côté, etc. Parfois, tu croises dans la rue quelques visages familiers, et vous vous dites "bonjour, bonsoir". Certes, la densité de population est plus importante, mais qu'est-ce que tu partages avec eux ? Rien. La routine est présente aussi. Pour briser cette routine et tisser un lien social, il faut fréquenter les associations, tu l'admets toi-même. Mais ce constat vaut pour la ville comme pour la campagne.

@ Golgoth : Il y a beaucoup de départements qui sont relativement densément peuplés, où, même à la campagne, on n'est jamais à moins de 20 ou 30 km d'une ville d'au moins de 10000 habitants où, souvent, on va travailler. Dans de tels départements, je persiste à penser que le distinguo entre ville et campagne n'a plus guère lieu d'être : les gens qui habitent en campagne ont les mêmes valeurs, la même façon d'être, les mêmes centres d'intérêt, que ceux des villes, à part qu'ils se déplacent en voiture. Mais peut-être qu'il reste des endroits très reculés, notamment en montagne, où le moindre gros bourg est à 30 ou 40 km : peut-être que, dans ces endroits reculés, assez rares cependant, les mentalités sont différentes, et peut-être que la distinction ville/campagne a encore un sens.

[johanono]

Tout dépend ce qu'on appelle ville. Par exemple, vivre à Narbonne (50 000 habitants) est, pour moi, vivre à la campagne.

Si tu considères Narbonne comme la campagne, il risque d'y avoir malentendu. icon_mrgreen

D'après l'INSEE, une commune est considérée comme unité urbaine si elle appartient à une unité urbaine d'au moins 2000 habitants.

[Narbonne]

Il y a 10 fois moins de routine en ville qu'à la campagne. En ville tu as énormément de choix sur n'importe quel sujet (magasins, restos, cinéma ...).
C'est sur que Je n'ai pas la même définition de la ville que l'insee. Une ville est quelque chose qui vit. A Narbonne, à partir de 21h00 c'est le désert.

[Golgoth]

J'ai une autre définition : tant que tu ne croises pas les chasseurs du coin en train de dépecer un sanglier sur le parking du centre village, c'est la ville

[Narbonne]

Dans mon village, les chasseurs de sanglier se cachent pour dépecer la bête

[El Fredo]

Si le dimanche tu entends des détonations de chez toi, c'est que tu habites à la campagne.

[johanono]

Dans certaines cités HLM aussi, parfois, on entend des détonations. A bien y réfléchir, je préfère encore les détonations que l'on entend à la campagne.