LE PLUS. Chercher un appartement à Paris, ou dans toute autre ville où la demande est très forte, relève du parcours du combattant. En désespoir de cause, certains candidats se plient à tous les desiderata des propriétaires… Quitte à s’exposer à des arnaques, comme cela a été le cas pour notre contributeur Thomas Lorette* via Le Bon Coin.
Le gros problème à Paris, c’est que quand tu cherches un appartement de particulier à particulier, les propriétaires n’hésitent pas à te demander ton dossier avant de faire la visite, histoire d’écrémer les candidatures.
Ils se permettent de passer au-dessus des lois tellement la demande est forte, et tu es obligé d’accepter sinon, il y a 50 autres personnes qui prennent ta place.
La demande de dossier avant la visite est une pratique courante sur beaucoup de sites comme PAP ou Le Bon Coin en l’occurrence. Je dirais que dans 90 % des cas, cette condition était formulée. Bien entendu, il n’est pas possible d’envoyer les documents via la plateforme web, mais après le premier échange de mails.
Rien de plus étrange que d’habitude
En janvier 2014, avec ma copine, on cherchait un deux-pièces de 30 m2 dans la capitale pour environ 1.000 euros par mois. À l’époque, j’habitais encore chez mes parents, et elle logeait toujours dans son studio d’étudiante de 15 m2. On a décidé de s’installer ensemble dès qu’on a trouvé tous les deux du travail.
Sur Le Bon Coin, on est tombé sur un 30 m2 dans le centre de Paris à 1.000 euros par mois, pile ce qu’on voulait dans le quartier qu’on voulait. Ça n’avait l’air de rien de trop luxueux, ni de trop bon marché pour être bizarre.
Le propriétaire nous a donc demandé notre dossier avant la visite, et nous n’y avons rien vu de plus étrange que d’habitude. Ensuite, il a prétendu qu’il était gérant d’une SCI (Société Civile Immobilière), et a exigé qu’on lui règle la somme de 20 euros pour les frais de dossier. Là, on a commencé à avoir un doute, mais on a pensé que ce n’était pas trop cher, surtout qu’il avait l’air optimiste et qu’on voulait vraiment cet appartement.
Peu de temps après, il me demande un scan de ma carte nationale d’identité. Dans mon dossier, je lui avais transmis une photo de mon permis de conduire, mais il disait que ça n’allait pas, que ce n’était pas lisible. Toujours dans l’espoir d’avoir ce logement, je lui envoie le document.
(...)
Avec ma copine, nous avons recommencé nos recherches pour finalement trouver un autre appartement qui nous convenait, mais pas dans le même quartier.
Il ne devait pas en être à son premier coup
Arrive le mois d’avril et, de passage chez mes parents, je récupère du courrier qui m’était adressé. Je découvre alors la lettre d’une entreprise de recouvrement me disant que je n’avais pas répondu à leur mise en demeure et que je leur devais un peu plus de 200 euros.
Je n’y comprends rien et, peu de temps après, je téléphone à cette entreprise pour leur demander de quoi il s’agit. Une femme m’explique que c’est une société de domiciliation qui a fait appel à eux pour impayé. "Mais, je n’ai jamais ouvert de boîte aux lettres chez eux", je lui répond. Sur quoi, elle soutient qu’elle ne peut pas se tromper, car elle a toutes les copies de mes papiers avec elle : permis de conduire et carte nationale d’identité.
Là je fais le lien avec mon dossier pour le fameux appartement puisque c’est le seul dans lequel j’avais inclus ces deux documents. Donc je lui dis que j’ai dû être victime d’une usurpation d’identité. "Oh, putain !", elle me lâche. Visiblement, ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait.
Elle m’explique qu’il faut que j’aille porter plainte pour que cela suspende la démarche de recouvrement à mon encontre.
Dans les papiers qu’ils m’ont ensuite transmis, j’ai effectivement retrouvé la photo de mon permis de conduire et le scan de ma carte d’identité. Par la même occasion, je découvre que cette société de domiciliation était la même à laquelle j’avais envoyé mon dossier pour le logement. Cela signifie que le lien semble assez clair entre le prétendu propriétaire et la personne qui a utilisé mes documents. Mais aussi que l’escroc ne devait pas en être à son premier coup.
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Après, j’ai consulté un avocat, mais il m’a expliqué que pour le moment, il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire de plus.
Seulement, au mois de juillet, je tape mon nom sur Google, et je découvre que je suis le dirigeant d’une société unipersonnel (EURL) de vente de matériel informatique. Encore une fois, je me dis m.... ! Et je commande un extrait de K-bis (sorte de carte d'identité d'une entreprise) sur Infogreffe. Une société dont le début d’activité date de juin 2014.
(...)
Le drame dans cette histoire, c’est qu’un mec se balade avec mes papiers, qu’ils peuvent circuler d’une boîte mail à une autre, et que je peux encore me faire filouter à n’importe quel moment.
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